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Critiques de Nicole Lapierre (34)
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Sauve qui peut la vie

Nicole Lapierre, socio-anthropologue, revient sur son histoire et celle de sa famille, dans son intimité, sur sa carrière et quelques sujets qui lui tiennent à coeur. Elle se remémore notamment la mort de sa grand-mère, morte brûlée à la suite d'une explosion de gaz dans son appartement, l'exil de son père, polonais et juif, le suicide de sa sœur en 1982 ainsi que celui de sa mère en 1990, puis évoque ses convictions, ses doutes et ses espoirs.



Fille d'un juif immigré, elle part de sa propre histoire pour aborder des sujets qui touchent tout un chacun et tendre vers une réflexion plus large, notamment l'exil ou le suicide. Elle ne s'apitoie pas, bien au contraire. Ses blessures et son passé parfois tragique, elle tentera d'en tirer profit. Elle parie sur une certaine embellie.



Cette autobiographie, fort documentée, citant souvent le poète Saint-John Perse ou le philosophe Jankélevitch, relate avec sincérité ces vies passées, ces petits bonheurs et ces petits malheurs, cette volonté farouche de vivre. Nicole Lapierre nous livre un récit profondément humain, écrit de manière intelligente, et rend ainsi hommage aux siens.
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Sauve qui peut la vie

Nicole Lapierre, directrice de recherche au CNRS, entreprend ici un exercice difficile: associer le récit autobiographique, souvent tragique, d'une famille juive polonaise, immigrée en France dans les années 30 , sa culture philosophique et sociologique de chercheuse et d'intellectuelle, et même la poésie lumineuse de Saint-John Perse... pour élaborer une réflexion philosophique résolument constructive, combative et volontairement optimiste - une sorte de viatique "pour résister au mauvais temps présent".



On a d'abord le sentiment qu'on vagabonde un peu. On navigue à vue entre des expériences intimes et des raisonnements à visée plus générale. On passe du thème du suicide "familial", à celui de la judéité : l'exil - choisi , les persécutions -subies ; on parcourt les étapes "mémorielles" de cette judéité: cachée, oubliée, revendiquée, victimisée, officialisée, encombrante....



L'auteure mesure son propre discours philosophique - ses précédents livres - et celui de ses maîtres à penser (Arendt, Morin, Durkheim, etc..) à l'aune de ces expériences intimes, souvent douloureuses .



Lentement , mais très sûrement, un chemin se trace, du plomb aux plumes, de la chute mélancolique à la résilience dynamique, de la position de repli victimaire à l'ouverture combative vers des solidarités nouvelles.



L'immigré,( l'ancien et le nouveau) est la figure de cet homme nouveau, fraternel et solidaire, au regard dépaysé, décalé et critique mais à la volonté intense de s'intégrer, d'apprendre, de comprendre, de rebondir.



Dépassant la posture victimaire qui le fige sur son passé et le ferme sur lui-même. S'ouvrant aux problématiques angoissantes du temps présent avec la force et la richesse que donnent les épreuves de l'exil, les difficultés de l'intégration, les tiraillements de la culture et de la langue...



"Mémoire partagée et main tendue d'un même mouvement" pour "refuser le plomb et l'ombre"...



Un très beau livre,un essai convaincant. Un chemin personnel et universel, une quête exigeante et optimiste. Dont il faudrait faire son miel de toute urgence.
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Sauve qui peut la vie

Ce qu’a écrit ici Nicole Lapierre (socio-anthropologue et directrice de recherches émérite au CNRS) est un livre inclassable. A partir de sa propre histoire familiale (« Ecrire est ici une façon de bercer le souvenir de Francine et Gilberte, à défaut d’avoir su les prendre dans mes bras. »), elle rattache son propos au fruit de ses réflexions sur plusieurs sujets importants. Toujours documenté (et crédité), son texte est profond et formidablement intéressant. De manière très simple (c’est un compliment) et en citant souvent Saint-John Perse (c’est un remerciement), elle offre des balises à la réflexion que nous devrions tous mener en ces temps éminemment troublés où des milliers de personnes fuient des situations irrémédiables dans leurs pays.



« Peut-on comparer les immigrés d’hier et d’aujourd’hui, ceux venus d’Europe (les Polonais autrefois dans les mines du Nord, les Italiens, les Espagnols et les Portugais, les Juifs dans l’entre-deux-guerres) et ceux qui arrivent de plus loin (des zones de conflit du Proche-Orient ou de l’Asie centrale, dans anciennes colonies ou de l’Afrique Subsaharienne) ? Je le pense. Car comparer, ce n’est pas abraser les différences, c’est postuler qu’il y a à la fois du divers et du semblable : des spécificités culturelles et des singularités historico-sociales fortes, certes, mais aussi une expérience humaine commune. »



Elle expose le danger de penser les choses en général avec et dans l’émotion : l’empathie (« cette capacité à prendre et à comprendre le point de vue d’autrui, à concevoir son expérience, sa pensée, ses sentiments, sans pour autant se fondre ni se confondre avec lui ») laisse toute la place à l’action, le pathos de la compassion englue et paralyse.



Qu’elle mène sa réflexion sur le suicide, le changement de nom ou l’institutionnalisation de la Shoah, elle explique ce qui a motivé ses précédents ouvrages et les présente en quelques concepts simples (j’ai particulièrement apprécié « Pensons ailleurs ») hallucinante anecdote que cet étudiant new-yorkais pendant la présentation de « Causes communes » qui est intervenu pour déclarer qu’elle n’était « qu’une femme blanche, française, naïve et pleine de bons sentiments » !).



C’est aussi difficile de parler de ce beau document que de tenter de le classer, elle émet le souhait, en note d’intention, que cette lecture soit revigorante, « une sorte de fortifiant pour résister au mauvais temps présent » : la culture et la connaissance en sont les meilleures armes.
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Changer de nom

Un nom, c’est quelque chose de particulier. Même si on ne l’a pas choisi soi-même, il nous définit en grande partie. On supporte d’ailleurs difficilement que quelqu’un l’écorche, que ce soit à l’oral ou à l’écrit. Les parents ne s’y trompent pas, et le choix du prénom de l’enfant est parfois source d’âpres débats, soutenus par des livres décrivant l’histoire et les caractères associés à chaque prénom possible.



Pourtant, chaque année, l’état reçoit des demandes de changements de nom. L’auteure s’est ici penchée sur les demandes concernant les noms de famille, et le voyage qu’elle propose a été passionnant.



Rappelons d’abord que le nom de famille n’est pas si vieux que ça. Il n’est apparu que lorsque que l’État est devenu assez étendu et l’administration efficace. Les noms de famille évoquent d’ailleurs généralement un trait distinctif qui était suffisant pour distinguer un individu à l’échelle d’un village, soit de lieu (« Dupont », « Dupré », « Dujardin »), un nom de métier (« Lefebvre », « Mercier »), ou un trait physique (« Leroux », « Legrand »). Si le nom était assez souple au départ et pouvait changer de génération en génération, les lois concernant l’héritage et les passages de patrimoine ont fini par imposer la transmission du nom du père.



À quelques exceptions près donc, et très encadrée. Tout d’abord, le changement est possible si le nom peut porter préjudice à son porteur : des noms peuvent devenir sujet à moquerie avec le temps (« Labitte » (grosse pierre), « Bordel » (planche), …) ou être incompatible avec une profession (« Barbant » pour un professeur, « Poulet » pour un policier, …).



Deuxièmement, la transformation des noms étrangers pour les rendre plus « locaux », point qui cristallise le plus les débats, et qui divise tous les camps. Les uns chercheront à éviter aux immigrés le racisme et les discriminations en leur permettant d’adopter un nom plus passe-partout ; on leur répliquera que c’est alors aux mentalités de changer, pas aux noms de famille. Les plus xénophobes, reconnaissant que les étrangers sont là et qu’on ne peut plus rien y faire, seront un peu soulagé de rhabiller tout ça d’une consonance nationale, histoire que le pays ressemble à quelque chose vu de l’extérieur. D’autres soupçonneront des manœuvres de ces étrangers sournois, qui tentent de se fondre dans la masse des « vrais » citoyens à leur insu, et voudraient au contraire que cette marque leur colle éternellement à la peau ; des listes exhaustives de changement de noms sont d’ailleurs toujours tenues par certains groupuscules.



Du côté des demandeurs, les motivations sont également diverses : éviter effectivement les discriminations, avec un soulagement mêlé d’amertume en constatant que ça fonctionne, et en devant subir la réprobation de leur communauté d’origine et/ou de leurs parents directs qui se sentent reniés ; se débarrasser d’un nom trop connoté (« trop arabe », « trop juif ») qui date de plusieurs générations, et qui ne correspond plus vraiment à la situation actuelle de la personne, qui ne se reconnaît pas dans cette « identité imposée » ; ou au contraire vouloir adopter un nom qui correspond mieux avec sa nouvelle religion ou ses nouvelles idées politiques ; voire encore couper symboliquement les liens avec une famille abusive.



L’auteure prolonge aussi l’enquête chez les enfants des demandeurs. Certains vivent parfois mal le fait de se retrouver avec un arbre généalogique d’un seul étage, au point parfois d’essayer de retrouver le nom d’origine. Mais si passer d’un nom d’origine étrangère à un nom plus local est faisable, l’inverse est généralement impossible. D’autres au contraire relativisent beaucoup l’importance du nom de famille qui a parfois beaucoup varié lors des dernières générations (comme une famille arménienne dont le nom a d’abord été changé de force vers un nom turc, puis une nouvelle fois vers un nom français à leur arrivée en France)



Le changement de nom est donc une question complexe, car il touche à la fois à l’idée que se fait la personne de sa propre identité, mais aussi aux stéréotypes qui existent dans la société dans laquelle elle évolue. Des demandeurs mettent ainsi en avant leurs cheveux blonds, ou leur respect des autorités, pour justifier qu’ils ne « font pas du tout arabe ». Des alsaciens cherchent tout à coup se débarrasser d’un nom à consonance germanique à la fin de la seconde guerre mondiale. Ainsi que ceux qui portent un nom d’origine juive, sceptiques sur la pérennité du cri général « plus jamais ça ».



On se retrouve ainsi au carrefour entre psychologie, histoire personnelle, Histoire avec un grand H, politique, … L’instauration du nom de famille contient à la base tellement de décisions arbitraires (choix du nom initial, choix de transmettre le nom du père uniquement) que la moindre remise en question révèle toutes les crispations d’une société. Un excellent sujet de conversation, donc, lors d’un dîner de famille ennuyeux…
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Sauve qui peut la vie

L'auteur retrace l'histoire de sa famille, ses racines mais aussi ses morts.

L'auteur témoigne avec beaucoup de détails historiques et de références poétiques. Ce qui marque dans ce récit, c'est qu'elle fait face à ces souvenirs pourtant difficiles avec beaucoup de positivisme. C'est comme une leçon de vie, d'où certainement son titre...

C'est bien écrit et sa profession de sociologue apparaît parfois en fond de toile sur l'analyse des situations.
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Sauve qui peut la vie

Nicole Lapierre, Directrice de recherches au CNRS, nous livre un essai, plein d'érudition mais aussi de confessions très personnelles, qui mérite bien son Prix Médicis. Les révélations sur l'histoire de sa famille de juifs polonais réfugiés, souligne parfaitement combien ces familles doivent leur salut à leur solidarité, leur religion, leur histoire mais aussi à une formidable envie d'apprendre...les pages sur les suicides de sa grand-mère, de sa mère et de sa soeur nous interpellent très directement sur nos propres sentiments face au suicide.Son approche sociologique et politique des émigrés nous interrogent fortement sur le traitement actuel de ce terrible problème humain. Un très bel "Essai" qui nous donne matière à infléchir ou conforter notre point de vue...« S'en tenir aux différences justifie l'indifférence ."
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Sauve qui peut la vie

« Le sauve qui peut la vie, c’est la ligne de fuite, l’échappée parfois belle ».



L’auteure parle, entre autres, de parier sur l’embellie, d’appétence au bonheur, d’optimisme de la volonté. « J’aimerais que ce livre, écrit sur fond de drames passés, collectifs et privés, soit une lecture revigorante, une sorte de fortifiant pour résister au mauvais temps présent ».



Quelques remarques au gré de perceptions très subjectives.



Histoires, mémoires, passés et lectures au présent, souvenirs et reconstructions, regards lucides sur des mondes disparus, celles et ceux qui font famille, la chambre partagée « Quatre-vingts centimètres de distance pour huit ans d’écart, c’était trop peu », projections et interrogations « Car des rêves comme des cauchemars de ma mère, j’ignore presque tout », des noms, enfances et adolescences…



Je souligne les belles pages autour du suicide, personnelles ou distanciées par l’analyse, « En désespoir de cause »… « Il restera toujours une part d’énigme », ne pas faire violence à la personne qui n’a plus voix au chapitre, la/le suicidé-e un humain, respecter leur échappée…



Le lexique yiddish très limité, les lectures, « Cette génération-là, la mienne, protégée du passé, arrivait comme une promesse », les constellations imaginaires, « Dans ma famille, il y a des semelles de plomb, qui entraînent par le fond, et des ornements de plumes qui frémissent au vent ».



Famille dans la tourmente, Lodz, les migrations, des plumassiers, la mémoire et le réel, la seconde guerre mondiale, les frontières du Moi violées, les « Juifs de Kippour », les noms, les assignations intolérables, l’incorporation des bonnes manières jusqu’à l’intolérance…



J’ai apprécié particulèrement les paragraphes sur l’émigration, le saut complet dans l’inconnu, « Le Silence de la mémoire », la recomposition de mondes chaleureux « idéalisé dans une géographie affective », les liens perdus, les processus de discrimination, le stigmate « Il désigne, décrit, définit. Ce n’est pas seulement un signe, c’est un signal et un signalement ».



Mais aussi, « l’héroïsme des immigrés », ces « aventureux des temps modernes », les terres promises recherchées, les pays de droit sans persécution, les brillants attraits de la modernité espérée, le divers et le semblable, « S’en tenir aux différences justifie l’indifférence », un comparatisme ambitieux, la double fragilité économique et administrative, les oublis, le mépris et l’ostracisme, la « fidélité d’une mémoire en alerte », les expériences vives, faire cause commune, « ils ont beaucoup à nous apprendre », les accents, échos d’une langue dans une autre…



La mémoire et ses aléas, nous ne sommes pas des automates ventriloques de l’histoire ou des conditions sociales, le « combat juif pour la mémoire », le talmudisme révolutionnaire, « nous n’avons pas appris à durer », l’autonomie du sujet, les relais des « transmissions défaillantes », le coté plume et le coté plomb, « la résistance et la vitalité », les justes réflexions autour de la transformation d’un « génocide » particulier en « étalon du mal absolu », les affinités des combats d’émancipation, la commune humanité, les actions pour faire valoir ses droits, la compassion qui s’égare dans l’émotion et l’inaction…



Il n’y a rien d’inexorable dans l’histoire, pas d’hérédité du malheur, mais bien des héritages à assumer… « Voire même, ériger sur fond de fêlures et de mélancolies, une morale de la solidarité et de l’engagement », la part de liberté envers et contre tou-te-s.



Un livre plein d’échos, de l’urgence de l’heure, d’un « passé plein d’à-présent »…



« Mieux vaut apprendre du souvenir pour rebondir, résister et créer de nouvelles solidarités »
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Sauve qui peut la vie

Nicole Lapierre, dans son court essai ‘Sauve qui peut la vie’ nous amène à réfléchir sur deux thèmes très graves et douloureux dont l’un fait fortement écho à l’actualité, l’exil dernière solution des peuples pour sauver leur vie. L’autre thème étant le suicide.

Pour parler de ces thèmes douloureux et trouver des éléments de réponse venant étayer sa réflexion, la socio-anthropologue va puiser dans le passé de sa famille. L’exil de son père juif polonais l’a fait réfléchir sur l’immigration actuelle, et plus particulièrement sur ‘les vertus du déplacement et le regard de l’étranger’.

Le thème du suicide s’est imposé à elle. La mère et la sœur de Nicole Lapierre se sont suicidées.

La lecture de cet essai que je trouve bien écrit, mais pas toujours aisé à lire m’a fait réfléchir sur l’héritage familial. Le malheur est-il héréditaire ? Doit-on se résigner et subir ?

Ou au contraire, les différents drames personnels que chacun doit affronter sont une force pour aller au-delà de ce que la vie nous réserve et vivre heureux autant qu’il est possible de l’être malgré les malheurs qui nous touchent.

C’est un essai intelligent doublé d’une certaine tendresse qui fait du bien par les temps qui courent car il nous interroge sur notre façon d’appréhender la vie.



Merci madame Nicole Lapierre de nous faire réfléchir à notre existence et à notre rapport à l’autre.

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Sauve qui peut la vie

Nicole LAPIERRE reprend dans son livre son histoire et son héritage familial, issu de l’Histoire des immigrés juifs arrivés en France au début du siècle dernier. Elle y aborde l’arrivée de son père avec son amour et sa dévotion pour la France, sa terre d’adoption.

Elle retrace également les drames de la guerre, de la famille, personnels et communs qui sont liés à de telles trajectoires de vie.

Elle fait un lien entre les disparitions des hommes, et surtout des femmes, de sa famille et son amour de la vie, sa curiosité pour ce qui constitue la vie.

Dans le livre, Nicole LAPIERRE fait des allers-retours entre son histoire et l’Histoire.



Sauve qui peut la vie aborde l’histoire de vie sous de nombreuses coutures : l’identité, l’immigration, la filiation, etc.

Si l’on pouvait s’attendre, à travers la quatrième de couverture, à une biographie voire à une autobiographie, une introspection de la famille et des secrets de familles ; on est plutôt dans un essai sociologique. Ceci peut s’entendre en lien avec les intérêts professionnels de l’auteur.

Ce qui traverse l’ouvrage est très intéressant mais l’aspect familial et biographique se perd dans la généralisation proposée par l’apport d’éléments historiques et issus des recherches précédentes de l’auteure.



« Je relie les sujets qui m’animent au legs paternel ». Nicole LAPIERRE propose donc un essai sur la place prise et offerte à l’étranger dans une société selon son origine, son histoire, l’Histoire, les circonstances et les conditions de son arrivée.



On pourrait parler de biographie documentaire : on part d’une histoire pour en étudier les traits et les conséquences en creusant dans les faits de la société et de l’Histoire.

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Le Plus Menteur d entre nous

Ulysse la quarantaine décède soudainement. La narratrice décide de raconter sa vie. Raconter est un bien grand mot car qui connaissait vraiment Ulysse. Tout le monde connaissait ses mensonges mais il était tellement convaincant que tout le monde lui pardonnait.

Un destin imaginatif qui entraîne de mai 1968 à l'élection de François Mitterand.

Un petit livre sur l'amitié avec ses défauts.
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Faut-il se ressembler pour s'assembler ?

La co-construction possible d’un devenir commun



Un souvenir d’enfance. Nicole Lapierre aborde cette façon de « faire de l’amitié un devoir » ou de lien entre « identité et solidarité ». Elle discute de ressemblance et d’assemblage, « Nous n’avons nullement besoin de nous ressembler pour vivre ensemble », des frontières et des murs, d’intolérance et de méfiance, des nouveaux replis sur fond d’injustice, « Il nous faut donc aller au-delà d’une réponse de principe, pour approfondir la réflexion sur la valeur donnée à la ressemblance ou à la différence, à leur visibilité comme à leur invisibilité, et à ce qui les relie : la comparaison ».



L’autrice poursuit avec le monde enchanté des ressemblances familiales, la « nature évoquée » pour garantir la filiation, le refus des minorités telles qu’elles sont, l’obsession de la visibilité des différences, la tyrannie du regard et l’assignation de place, le miroir aux fantasmes, celles et ceux qui seraient acceptables et les autres…



« A l’opposé, je voudrais monter la nécessité d’une émancipation de la vision où les points de vue se déplacent et les regards se croisent ». Nicole Lapierre souligne que « la comparaison sur fond de hiérarchie et d’inégalité crée de l’injustice et du ressentiment », que l’humanité est « une et plurielle »…



« Comparer, c’est cela : constater l’évidence des différences, mais sans les hiérarchiser, et reconnaître le commun là où il est, c’est-à-dire dans les formes de l’expérience ».



Il m’a semblé nécessaire de m’attarder sur le premier chapitre « Une trompeuse évidence », les sociétés dont les membres devraient avoir une même apparence et une identité prétendue commune, les sociétés prônant l’inclusion autoritaire par l’assimilation des groupes minoritaires, l’idée que l’« autre » devrait être visible ou au contraire invisible…



« Au jeu des ressemblances, la famille est championne », Nicole Lapierre analyse, entre autres, ce monde familial enchanté, les processus d’inscription dans une lignée, la filiation comme « entrave à la liberté de se distinguer en devenant soi », le déterminisme étroit associé à l’ADN, la variabilité des traits, la construction des ressemblances, le choix de la PMA plutôt que l’adoption, « En fait, la recherche de l’enfant miroir dans lequel les parents espèrent se voir révèle moins leur rôle de géniteurs que la naturalisation illusoire des similitudes familiales », la filiation et la parenté comme construction sociale, le fétichisme naturaliste des ressemblances familiales, « ces traits communs soulignés et détachés des innombrables différences qui font la singularité de chaque individu », l’hérédité et l’héritage, le système patronymique et la confirmation de la « légitimité » du coté paternel, les liens sociaux et les liens affectifs…



La famille et la nation prise comme une grande famille, le fantasme de la « famille nationale », « Représenter la nation comme une grande famille renvoie à la fois à la nature, à l’émotion et à la hiérarchie », les discours nationalistes et l’idée saugrenue de « souche unique », sans oublier l’illusoire droit du sang contre le droit du sol…



Je souligne les paragraphes sur « les noces de la famille et de la nation », célébrée au détriment des femmes et des étranger·es, la grammaire des liens de parenté mobilisée à des fins politiques. L’autrice nous rappelle que « l’institution familiale ancre le système monarchique héréditaire dans une histoire éternelle et essentielle ». Elle discute d’affiliation et de filiation, de changement de nom, du refus d’étendre les droits individuels et d’imposer la liberté jusqu’au sein des familles, de la séparation entre sphère publique et sphère privée (voir par exemple le livre de Geneviève Fraisse, Les deux gouvernements : la famille et la cité, citée par l’autrice), le familialisme républicain, la fiction naturalisée de la famille et de ses effets concrets, la reconnaissance de la filiation pour ce qu’elle est « une institution », l’acceptation de tous les types de parentés…



De la famille à la nation, du nationalisme à la xénophobie et au racisme, le repérage et l’exclusion, la frontière et l’exclusion des populations minoritaires ou minorisées, « c’est la frontière qui cristallise la différence et non la différence qui délimite la frontière ». Nicole Lapierre revient sur le modèle ghetto, le ghetto de Venise, la relégation comme produit d’une violence directe ou indirecte, les murs construits dans de nombreux endroits, « En France également, les Roms subissent harcèlement, démantèlements réguliers de leurs campements, dénigrement par les hommes politiques de droite mais aussi de gauche, rumeurs malveillantes et lynchages, parfois mortels. Ils sont cernés par de hauts murs de préjugés et de brimades qui font d’eux des parias »…



L’autrice poursuit avec le fantasme du débordement, de celui de l’envahissement du « génocide blanc » ou du « grand remplacement » (en complément possible Jean-Paul Gautier : Le « Grand Remplacement », cri de ralliement de la mouvance identitaire)), les mécaniques idéologiques justifiant par avance des violences extrêmes contre des populations et accusant les victimes de projets génocidaires (en complément possible, Johann Chapoutot : La loi du sang. Penser et agir en nazi), l’antisémitisme, l’islamophobie, les fictions dangereuses exacerbant les tensions entre groupes minoritaires, la hiérarchisation des êtres humains, les obsédé·es par « la visibilité de la différence », les frénétiques du repérage, les symboles du stigmate directement inscrits sur le corps…



Si certain·es sont obsédé·es par la visibilité, d’autres développent l’effacement et l’assimilation (A lire, l’un des intervenants dans le débat de la Révolution française, Zalkind Hourwitz : Apologie des Juifs (1789)), une assimilation par ailleurs variable suivant les contextes. Nicole Lapierre analyse le refus du possible apparentement aux Antilles, l’aspiration à « être vu et reconnu comme un semblable » et sa force subversive, le « paradigme racial », la défense de l’égalité et de la justice sociale, la critique d’Aimé Césaire du « pseudo-universalisme stalinien », la proximité idéologique entre « l’idée d’assimilation et le familiarisme », l’uniformisation autoritaire des langues et des noms, la perspective ethnico-nationaliste de Mustafa Kemal, « L’homogénéisation des patronymes renvoie à la fiction d’un peuple ayant une origine commune », la transformation de l’« origine » en « destin », la suggestion ou la prescription de l’assimilation, « C’est un projet de domination culturelle et sociale qui implique la disparition de l’autre en tant qu’autre », le devenir national jusqu’à l’indistinction, l’exclusion de la diversité au nom du « principe d’égalité » (par ailleurs non tenu dans la république réellement existante), les citoyen·es éprouvant « le sentiment de n’être pas tout à fait des citoyens comme les autres », les relectures rigides et erronées de la laïcité, la confusion entre religion et intégrisme puis entre intégrisme et terrorisme, « à l’inverse de la logique d’exclusion, la logique assimilationniste, elle, est obsédée par la ressemblance au point de l’imposer »…



Visibilité ou invisibilité des minorités, « Une tyrannie du regard sépare ressemblants et différents, bien vus et mal vus, reconnus et exclus », Nicole Lapierre aborde des éléments de l’oeuvre d’Edouard Glissant, de William Faulkner, les classements sociaux aux USA et la « goutte de sang noir », la ligne de couleur, l’histoire des regards…



Hier ici les bidonvilles, aujourd’hui les camps pour migrant·es, la traversée clandestine des frontières et l’augmentation des risques, la violation des droits des migrant·es, l’externalisation et la délocalisation de la surveillance, « l’externalisation est à la fois sous-exposition et mise en danger ». L’autrice revient sur des invisibles dans l’histoire récente, Hannah Arendt, « La paria juive échappée d’Allemagne découvre les parias noirs, assignés à demeure dans leur couleur », les similitudes et les différences entre antisémitisme et négrophobie, la cécité des « Blancs » sur la diversité de leur société, l’invisibilisation des individus et des « collectivités en bloc » – « la Palestine sans habitants, l’Ouest américain dépeuplée et l’Algérie blanchie jusqu’à l’indistinction -, le mécanisme d’effacement, « Le fantasme et la légitimation de toutes les entreprises de colonisation de peuplement sont d’arriver dans un lieu vierge et vide »…



Je souligne le chapitre « Emancipation de la vision », la tyrannie du regard concernant à la fois les regardé·es et les regardant·es, les atours scientifiques du racisme au XIXème siècle, l’absence de représentation des minorités, « seul un espace de visibilité partagée peut faire advenir la diversité des expériences dans un destin commun », la place de la « marche pour l’égalité et contre le racisme », l’occupation de l’Eglise Saint-Bernard, le surgissement d’un mouvement noir et « la reconnaissance mémorielle de la traite négrière et de l’esclavage, et la dénonciation des discriminations subies par cette population », la non spécificité française du racisme mais la « spécificité de sa négation », le lien entre passé colonial et injustices du présent, le collectif Rosa Parks, l’épouvantail du communautarisme brandi « pour occulter l’inégal traitement des minorités », le croisement des expériences et le dialogue des mémoires, les réductions de soi-même dans la mise en avant d’une seule facette de son « identité », « nous sommes toutes et tous pluriels ». Nicole Lapierre rappelle, à très juste titre, que « Comparer, ce n’est pas ignorer les différences, c’est postuler qu’il y a à la fois du divers et du commun », que l’histoire des droits humains montre « qu’ils sont moins universels qu’universalisables », la réalité des « communautés fermées » (« La grande bourgeoisie, avec ses rites, ses codes vestimentaires, ses lieux et ses réseaux, en est un exemple ». L’autrice cite aussi les juifs Loubavitch du 20ème arrondissement de Paris), la désignation péjorative de toute visibilité des minorités stigmatisées dans l’espace public sous le mot « communautarisme »…



Nicole Lapierre termine sur l’empathie et la réciprocité, la co-construction d’un devenir commun possible, la rencontre et l’échange, « Sur les places et aux carrefours – là où il y a de l’espace, de l’air -, un esprit de liberté et d’égalité monte dans la rencontre », la qualité particulière de « ces sociabilités inhabituelles », les modalités et les visées de l’engagement sans négliger « la façon dont elles s’incarnent », la créolisation, « processus imprévisible et créateur », l’urgence et l’incitation « sans préalable, aux rassemblements, pour dégager l’essentiel de ce qui nous est commun et le défendre collectivement »…
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Sauve qui peut la vie

Nicole Lapierre part d’un récit familial qu’elle complète d’une analyse anthropo-sociologique ; livre étrange qui me laisse un peu sur ma faim.



Fille d’émigrés juifs polonais, Nicole Lapierre nous livre des bribes du roman familial, la famille polonaise, les nombreux suicides, la résilience qui se cache dans les histoires de cousinages… Elle trace un portrait sensible de son père, né à Lodz, venu en France pour faire ses études de médecine, qui a traversé la guerre de planque en planque avec sa jeune famille et qui a un amour démesuré de sa patrie française. Elle parle aussi un peu d’elle, de son parcours professionnel et militant.



Ces éléments, parfois décousus mais très personnels, servent de prétexte à évoquer le suicide, la mémoire, l’émigration en s’appuyant sur les grand auteurs de sciences humaines. Pour moi, le mélange n’a pas pris, j’ai trouvé ces analyses trop démonstratives et sèches.
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Sauve qui peut la vie

Je porte un avis plutôt mitigé sur cette lecture. Autant les pages autour du suicide et ce plaidoyer pour la non-justification de cet acte trop souvent incompris m'ont semblé justes et pertinentes, autant celles portant sur la comparaison des émigrations de peuplades diverses (Polonais, Juifs, Maghrébins) m'ont paru légères, insuffisamment approfondies.

Le fait de partir de sa propre histoire familiale était une jolie manière d'aborder des thèmes spécifiques concernant tout un chacun, mais peut-être aurait-il fallu se cantonner à un seul sujet; le suicide ou l'intégration des immigrés. Ces deux sujets étant en effet matière à de denses recherches et analyses.
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Sauve qui peut la vie

Un livre qui avait tout pour m’intéresser... et pourtant j’ai été gênée par le passage d’une autobiographie assez sommaire à une sorte de conclusions générales sonnant comme une leçon à prendre par le lecteur.

Cette famille de juifs polonais représentait une classe sociale qui a pu échapper au génocide. Elle montre bien leur volonté d’intégration qui remonte à bien avant la guerre et va de pair avec un certain patrimoine culturel qu’elle évoque de façon assez superficielle. Ces conclusions relèvent du bon sens.

Mais parler de courage quand il s’agit de survie me parait un peu abusif.

Une omission de taille : Que dire du patrimoine culturel des émigrés actuels sous couvert d’une religion machiste ? Pourquoi faire l’impasse sur cette question cruciale ?

Je n’ai pas beaucoup aimé le style (répétition et lourdeur) et les références à Saint John Perse.

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Sauve qui peut la vie

Je suis totalement passée à côté de cet ouvrage. Pourtant, c'est un sujet qui m'intéresse voir me passionne, je l'ai donc commencé avec beaucoup d'entrain et de curiosité mais... non. Impossible de suivre le fil de l'histoire, de son histoire. J'ai eu souvent l'impression d'être en pleine conversation avec une vieille femme que je connaitrais à peine et qui me parlerait de l'ensemble de sa famille sans que je connaisse un seul. Je l'ai terminé il y a quelques semaines et je suis obligée de constater qu'il ne m'en reste aucun souvenir. Un livre à relire dans quelques années certainement.
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Causes communes: Des Juifs et des Noirs

Le livre de Nicole Lapierre se divise en trois parties « Alliances », « Correspondances » et « Transferts ». L’auteure les présente ainsi : « C’est aux alliances, aux combats partagés, que la première partie de ce livre est consacrée », « La croisée des imaginaires et des questionnements identitaires, explorée dans la deuxième partie, conduit de Harlem à Paris, en passant par les Antilles » et « Les stratégies par rapport à la barrière de la couleur, envisagées dans une troisième partie, nous ramènent aux États-Unis. Longtemps, les Juifs y ont fait figure de tiers plus ou moins à part dans le face-à-face des Noirs et des Blancs. »



C’est un voyage dans le temps et les lieux où, au gré des différentes analyses se croiseront des intellectuels et écrivains afro-américains, antillais, juifs entre autres, certains cumulant les ‘origines’. Beaucoup d’hommes et peu de femmes.



Si le racisme et la lutte contre les discriminations les réunissent, et quelques fois, les séparent, les questions ou dimensions nationales, non traitées par l’auteure, ne sauraient être assimilées les unes aux autres. Ce qui peut expliquer les engagements différents dans les combats pour l’émancipation pris comme engagements politiques, voire partisans, au delà des envoûtements par le communisme réellement existant, par le stalinisme meurtrier qui se retournera quelques fois contre ceux là même qui voyaient dans l’URSS ‘la patrie du socialisme’



L’auteure montrent bien comment peuvent exister des croisements, des jonctions, des (re)prises en compte ou des unités des combats contre les discriminations racialisantes ou racistes. La concurrence des victimes n’est pas une donnée mais une construction dont une partie dérive de la non reconnaissance des persécutions, des oppressions des autres.



Je ne ferais qu’une citation de Martin Luther King, reprise par l’auteure : « Pour employer les termes de Martin Buber, le grand philosophe juif, la ségrégation substitue à la relation entre ‘moi et toi’ une relation entre ‘moi et celui-là’ qui finit par reléguer les personnes au rang de choses. »



En conclusion, Nicole Lapierre revient sur son projet « En particulier, je voulais explorer une histoire incarnée, entée sur les croisements de quelques personnages, juifs ou noirs ; étudier d’abord, en plan rapproché, leurs parcours, leurs pensées, leurs discours et, de là, élargir le champ en dégageant progressivement autour d’eux des paysages socio-historiques et des configurations idéologiques. » et au terme de ses causes communes fait ressortir deux éléments importants :



« L’intersubjectivité et les liens tissés à la faveur des collaborations intellectuelles, des fraternités de combat, des amitiés ou des amours, permettent d’approfondir une connaissance réciproque, indifférente aux différences construites comme des barrières ou de barrages, attentive en revanche à la diversité du semblable, aux analogies et aux disparités d’expérience, d’histoires, de mémoires et rétive à l’unité de l’homogène. »



« Les analyses en terme d’intégration, longtemps privilégies par la sociologie, ou celles en terme d’acculturation, utilisées en ethnologie, sont trop réductrices. Dans une logique binaire de gain ou de perte, elles négligent la plasticité des relations, la capacité des individus à se transposer vers un autre point de vue que le leur, à changer de perspective. »



Contre un certain fatalisme ‘communautaire’, un livre très attachant, qui donne envie de (re)lire certains auteurs croisés, invite à reconsidérer des pans d’histoire et redonne sens aux dimensions universelles des combats pour l’émancipation.



Aujourd’hui le racisme dominant en France et dans une grande partie de l’Europe concerne les Rroms, les Arabes, les Musulman-e-s (et pour partie, sous ces vocables, des femmes et des hommes qui ne sont ni l’un-e ni l’autre). Un autre inventé, (re)construit, un repli, un enfermement dans une mystifiante et mystifiée identité introuvable.



Pour celles et ceux qui n’ont pas de couleur, car la blanchitude leur semble si naturelle, nous restons toutes et tous, nous les autres, des schwartz.
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Changer de nom

Un livre très dense sur le pourquoi, comment et quand on change de nom. Il prend en compte la spécificité et je dirais même la rigidité française pour cela, son évolution dans le temps (c'était plus facile avant la révolution). Il montre aussi les subtilités des comportements au travers de trois groupes de populations : les juifs originaires d'Europe Centrale, les personnes avec des noms à consonnance arabe et les Arméniens. L'auteur termine aussi en parlant des personnes qui, une ou deux générations plus tard, veulent reprendre le nom d'origine de leur famille.

Nous pouvons lire ce livre comme un manuel si on veut changer de nom, un tableau de l'intégration, voire de l'assimilation en France, et un exemple très contemporain de nos fractures dans nos sociétés actuelles.

Livre lu durant la période des Présidentielles de 2022, il aide à comprendre certains discours.

Ce livre, facile à lire, est aussi ardu parce qu'il est écrit dans un style que je qualifierai d'universitaire : l'auteur travaille au CNRS et est psychanalyste. Ceci explique cela. J'ai l'impression d'une thèse qui aurait été revue pour être édité. Même si le livre date un peu (une quinzaine d'années), il est toujours d'actualité.

Pour le résumer, je citerai une phrase : "Fidélité ou trahison, continuité ou rupture". Tout est dit.
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Sauve qui peut la vie

Il y a quelque temps, ma mère m'a collé ce livre entre les mains. Elle m'a dit "Ce livre parle de résilience, ça devrait te plaire"... Si j'osais, je rajouterai : "Ou pas !". Je n'ai rien contre les récits de vie, les autobiographies ; mais là... Les histoires familiales de suicide de mère en fille sur fond de seconde guerre mondiale, je dis stop ! C'est bien joli de vouloir montrer l'exemple et d'expliquer que l'on peut s'en sortir sans reproduire le schéma familial. Cela valait-il 248pages à 8,30€ ? Selon moi, certes pas.

Pas réussi à le terminer. Me suis arrêtée à la 29ème page.



Courage et Bonne lecture :)
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Changer de nom

Changer de nom, pour qui, comment, pourquoi ?

Nicole Lapierre évoque les aspects législatifs, historiques, culturels, affectifs et sociologiques du changement de nom. D'un côté le législateur, dont elle décrit l'évolution au fil des siècles et des lois, dans un souci quasi constant d'assimilation (là où d'autres voient une dissimulation) et dont l'un des axes premiers est la francisation. De l'autre côté des individus, leur histoire, leur appartenance (souvent juifs maghrébins ou Arméniens ) à la recherche d'une identité salvatrice, que Nicole Lapierre a longuement interrogés, écoutés, et dont elle nous rapporte les témoignages avec une grande sensibilité et beaucoup de clairvoyance.

Ça n'a l'air de rien, comme sujet, « changer de nom », c'est en fait un livre passionnant, très instructif, attentif à l'autre, qui nous parle de d'identité, de paternité, de filiation, d'assimilation et de différence.
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Sauve qui peut la vie

Témoignage de l’auteur sur sa famille et les drames qui ont bouleversé sa vie, cette série de suicides qui ont touché les femmes de sa famille. Elle raconte aussi la grande histoire, l’émigration de son père de Pologne (Lodz) à Paris, la rencontre de ses parents. Les histoires et les légendes familiales dans la première partie du livre. La perte des disparus, la chance de la famille pendant la guerre et cette attraction pour la mort, dont même elle a été victime. L’ombre de sa mère et de sa sœur plane autour d’elle mais elle a choisit une autre voie, celle de la vie, de rassembler sa famille.



Mais l’auteur est avant tout une scientifique, elle analyse, dissèque son histoire pour en tirer une leçon. Elle donne de nombreuses références à des poètes comme Saint John Perse, George Pérec, des philosophes comme Jankélevitch, des sociologues. Le sujet est grave et pourtant on suit la plume de l’auteur qui se dévoile et explique les motivations de ses travaux en tant que chercheuse qui ont parfois rejoint son histoire sur les changements de noms, la mémoire.



Sujet difficile, intime et pourtant universel qui se lit rapidement, qui questionne sur le rapport à la mort, à la famille. Avec une écriture qui est très scientifique et une volonté d’analyse poussée.



L’auteur livre aussi une réflexion sur la transmission d’une mémoire juive, sur la mise en place du devoir de mémoire et la concurrence des victimes en histoire à partir des années 2000.Elle raconte son parcours professionnel, livre une analyse intéressante sur les migrations, la perception de l’autre. Elle délivre un message optimiste sur le fait qu’on peut se construire même avec un héritage difficile, qu’il faut continuer de se battre pour ses idées et s’ouvrir à l’autre. J’ai apprécié cette réflexion mais j’ai eu l’impression de lire 2 livres, un livre en partie témoignage et un essai sociologique sur le monde d’aujourd’hui, sur la mémoire ce qui est parfois déstabilisant, donc mon avis est plutôt mitigé. Même si je partage la philosophie de l’auteur sur l’ouverture aux autres, le fait de ne pas se laisser enfermer dans son passé ou une assignation identitaire.
Lien : http://eirenamg.canalblog.co..
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