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4.93/5 (sur 6 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Piennes Meurthe-et-Moselle et Moselle , le 27 juin
Biographie :

Nicole Mallassagne est née le 27 juin 1947 à Piennes, Meurthe-et-Moselle. Lorraine et Aveyronnaise de naissance. Gardoise et Nîmoise de cœur. Études au lycée Feuchères à Nîmes, à l’Université Paul Valéry à Montpellier. Professeur de lettres dans un collège de l’Eure-et-Loir, puis au Lycée Emmanuel d’Alzon à Nîmes. Après avoir, dans l’enthousiasme, partagé tous les grands auteurs avec ses élèves, elle a attendu la retraite pour s’adonner pleinement à l’écriture, un rêve enfin possible. Lectures, films, musées, voyages et... nourrissent son imaginaire.

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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
Cela faisait deux jours qu’il marchait, sans rencontrer âme qui vive, sans savoir où ce chemin, suivi au hasard, allait le mener. Il marchait, heureux de retrouver cette liberté perdue depuis … si longtemps.
Heureux ? Savait-il encore ce que ce mot voulait dire ? Mais ce qui était certain, c’était qu’il faisait ce qu’il voulait, plus personne pour lui donner des ordres, le bousculer, le réveiller, l’empêcher de dormir. Il marchait, suivait ce chemin qui s’ouvrait devant lui, les yeux rivés au sol. Il suivait l’ornière sans doute creusée par l’une des roues d’un engin forestier, ravinée par les eaux de ruissellement, sans même remarquer que des bifurcations s’offraient à lui. Il montait toujours du même pas régulier, redescendait en s’inclinant un peu en arrière, remontait penché un peu en avant sans même sentir le sac à dos, léger, qui ballotait sur ses reins.
Il était parti de Nîmes, avait suivi un canal dans la ville, puis les yeux toujours rivés au sol, s’était retrouvé sur une route à grande circulation. Il y eut une averse orageuse, un poids lourd s’arrêta sans qu’il n’eût rien demandé, le chargea, lui parla tout le long du chemin. Il apprit qu’il le laisserait à Alès où il devait décharger.
Un autre camion chargeait. « Je vais à La Grand-Combe mon gars, si tu veux je te prends. » Il le prit, le déposa à La Grand-Combe.
Il s’engagea sur un chemin ; il voulait être seul. Il aperçut des villages, des hameaux, il les contourna. Il coupa des routes qu’il traversa en courant, comme un lapin affolé par le bruit des moteurs qui se cachaient derrière les lacets.
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Mais plus que sa lecture, c’était elle qui me fascinait, ce n’était plus la même femme. Elle me dit alors - phrase qui paraissait tout à fait sortie du contexte, ce n’est que plus tard que je pus la rattacher à ce qu’elle venait de me dire - « le rêve est plus réel que le monde tel que je le perçois ; peut-être que le peintre, le musicien, l’écrivain, arrivent parfois à capter ce réel. » Je pensais à Cézanne et sa quête de la vérité à travers ses nombreuses tentatives sur la Montagne Sainte Victoire ; à Proust qui avait retrouvé ce temps perdu. Fallait-il s’isoler, hors du temps et des hommes pour trouver Sa Vérité ? Fallait-il au milieu des hommes, se laisser emporter par le temps, pour entrevoir la Vérité ?
Je ne comprenais pas encore pourquoi elle tenait tant à ce que je témoigne du chemin qu’elle avait parcouru grâce à l’écriture. Elle qui, dès le début de notre rencontre, avait bien précisé qu’elle ne souhaitait pas écrire mais simplement se retrouver, m’avait vite demandé de témoigner. M’autorisait-elle ainsi à prendre des notes quand je rentrais, ce que je ne pouvais m’empêcher de faire ! Était- ce en relation avec cette quête de la Vérité ?
N’étais-je pas en train de devenir le narrateur du livre qu’elle ne souhaitait pas écrire !
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La sonnette retentit, la voiture était devant la porte, le
moteur tournait. Un petit paquet ébouriffé, les yeux gonflés de
sommeil sortit en titubant, poussé par une main fébrile. « Dès
que je peux, je t’appelle. Merci pour lui, merci pour moi. Je
pars vite, j’ai un avion à prendre. »
L’enfant s’appelait Jean. Ils ne s’étaient jamais vus. Il
ne voulut pas manger, il ne voulut pas boire, il voulut bien se
coucher. Ils montaient quand la sonnette retentit à nouveau.
« Sa valise, il y a tous ses papiers dedans, encore merci » La
silhouette s’engouffra dans la voiture. Elle qui pense toujours à
tout, elle ne s’était même pas rendu compte que l’enfant était
sans bagages !
Elle se tourna vers Jean, prête à plaisanter, sur leur
étourderie, mais l’air hagard de l’enfant, épuisé, triste, l’arrêta.
« Montons, on trouvera un pyjama dans ta valise.
— Et mon doudou. »
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Elle était un montreur de marionnette, c’était cela. Le personnage inconnu, sans vie, petit à petit sous son récit devenait familier, s’animait, comme la poupée désarticulée prenait vie dans les mains du marionnettiste. Pierre avait raison, c’était une magicienne des mots. Et l’enfant sentait que si son pouvoir était si grand, c’était qu’elle le tenait de tout son vécu. Tous ses chagrins, toutes ses joies, lui donnaient ce pouvoir de divination. Elle était capable de sonder les cœurs, les âmes, les actions des hommes, parce qu’elle avait vécu. Elle avait aimé, elle avait souffert.
Il comprenait, sans pouvoir encore mettre des mots sur cette découverte, qu’elle ressemblait beaucoup à Pierre, ce loup blessé, qui avait souffert en silence dans sa montagne. Mamie racontait les histoires des autres pour taire la sienne. Elle reconnaissait, comprenait, imaginait, les moments heureux et difficiles des gens qui l’entouraient car elle les regardait, était à leur écoute, au lieu de ne s’occuper que de soi, comme la plupart des gens.
Elle ne s’était pas enfermée dans sa douleur de veuve, dans sa douleur de mère. Elle avait pensé à Laurent, à ses petits enfants, à Henri junior dont la fuite criait la souffrance, à Pierre qui avait eu besoin d’aide.
Loïc comprenait qu’il avait une sacrée chance, d’avoir une telle grand-mère, sans savoir encore pourquoi.
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Elles savaient bien que l’amour ne se commande pas. L’angoisse de Sylvie pour sa fille, puisait ses racines dans toutes les histoires d’amour malheureuses de la famille. La photo d’un jeune homme, son grand-père, revenait à sa mémoire. Le drame de Mamie, qu’enfant, elle avait senti sans pouvoir l’identifier. Sa détresse, quand Marc était parti, la détresse de Pierre, et... Nathalie ! Est-ce, qu'enfin, quelqu’un dans cette famille, peut-être sa fille, connaîtrait, un jour, un amour heureux ! Un amour, comme celui qui la rattachait à Pierre, aujourd'hui, mais qui avait réuni deux cœurs meurtris.
Ce n’était pas la différence d’âge qui l’effrayait, c’était l’amour. Et, aujourd’hui, sa fille, prenait le risque de souffrir. Ce qui est horrible, c’est de ne pas aimer. Elle se raccrochait à cette phrase de Mamie, mais c’était la phrase des cœurs meurtris. C’est ce que Nathalie lui avait dit, aussi, à sa manière : Ne t’inquiète pas, maintenant, je suis heureuse, heureuse de t’aimer, heureuse d’avoir pu te le dire, heureuse que tu acceptes cet amour sans t’effrayer. Et Sylvie avait entendu : Heureuse de souffrir.
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Il se souvint alors de ses premiers jours en prison. Pas ceux de la préventive, là, il y avait encore l'espoir, la certitude qu'on le reconnaîtrait non coupable, il ne pouvait en être autrement. Il avait confiance en la justice des hommes, en la justice de son pays. Mais ces premiers jours après la sentence, coupable ! Plus d'espoir. On lui fit la vie dure quand on apprit pourquoi il était là. Inutile de crier à l'erreur judiciaire, on ne le croirait pas. La Justice avait parlé. Il fit le dos rond, il se tut, cela déclencha encore plus d'agressivité. Il prit des coups, pire, subit des humiliations et on l'oublia dans un coin de cette cellule surpeuplée.
Il n'avait pas d'argent, pas de famille, il ne pouvait cantiner. Il demanda à travailler. Cela lui permit de sortir de la cellule, de ne pas devenir fou. Il étouffait ses cris, mettait sa douleur entre parenthèse, fuyait dans le travail. Mais la détresse était là, sœur de l'impuissance, de l'injustice. Il était en détresse, son âme, son corps.
Dans cet atelier, avec ce vieil artisan recyclé dans la pègre, ce qui lui avait valu son long séjour en prison, petit à petit il émergea. Le vieil homme parlait, racontait sa vie, Pierre écoutait. Ses récits le sortaient de son quotidien, ils le faisaient pénétrer dans un monde imaginaire qu'il ne connaissait pas. Les actions étaient laides, les hommes étaient bons. Il vivait, jour après jour, des contes, dans un monde parallèle. Et comme dans les contes, un jour la porte s'ouvrit sur la liberté. Alors il marcha tout droit devant lui, en fuyant la civilisation. Peut-être trouverait-il des hommes, comme dans les contes du vieil homme, bons ?
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Nicole Mallassagne
ELLE VENAIT DE visionner les films du dernier voyage dans l’archipel du Svalbard. À Ny-Ãlesund, petite ville du Spitzberg, elle avait découvert sur l’écran un petit renard arctique qui fuyait entre les constructions, la présence humaine. Invisible, il avait été capturé par l’œil de la caméra. Il serait le personnage de la nouvelle. Elle avait été impressionnée par la vie de ces chercheurs isolés, au bout du monde, dans cette immensité de glace ; elle se demandait maintenant ce que faisait ce petit renard apeuré, parmi ces hommes déracinés. Déracinée, ne l’était-elle pas, elle aussi à cette période ?
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FORMES DE VIE
Il en va toujours du bonheur.
« La parole n’a jamais un seul sens, le mot un seul emploi. Toute parole a toujours un au-delà, soutient plusieurs fonctions, enveloppe plusieurs sens. Derrière ce que dit un discours, il y a ce qu’il veut dire, et derrière ce qu’il veut dire, il y a encore un autre vouloir dire, et rien n’en sera jamais épuisé - si ce n’est qu’on arrive à ceci que la parole a fonction créatrice, et qu’elle fait surgir la chose même, qui n’est rien d’autre que le concept.»
J. Lacan Séminaire I Les écrits techniques de Freud (p.267)
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