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3.85/5 (sur 89 notes)

Nationalité : Belgique
Biographie :

Nicole Roland est un ancien professeur de lettres en classe de terminale à Namur, en Belgique.

Elle a créé un théâtre universitaire et l'a animé durant vingt ans.

Elle est mère de trois enfants.

"Kosaburo, 1945" est son premier roman.

Son second roman "Les veilleurs de chagrin" est paru chez Actes Sud.
Il est lauréat du "Prix Littéraire des bibliothèques de la Ville de Bruxelles 2013".

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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Lui qui n'avait même pas encore eu l'audace d'embrasser Mitsuko devinait les rafales de désir, les emportements délicieux que leur amour leur réservait, car il lui suffisait d'approcher la jeune fille pour que tout son corps l'appelle ; le timbre de sa voix lui-même répandait des ondes de plaisir dans tout son corps.
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Parfois, quand nous nous retrouvions pour la prière à la tombée de la nuit, Kosaburo lisait à voix haute l'une des recommandations du maître Oki Hyobu. Celui-ci avait coutume d'exhorter les jeunes gens : le courage n'était digne de ce nom qu'enraciné profondément dans le cœur. Quand le sabre était brisé, il fallait attaquer avec ses mains ; quand les mains étaient amputées, il fallait se servir de ses épaules ; quand les épaules étaient coupées, il fallait mordre le cou de dix, voire de quinze ennemis. Voilà ce qu'était le courage.
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Cette histoire n'est qu'une histoire : celle des jeunes kamikazes fanatisés par le code des samouraïs, qui ont dû imposer le silence à leurs terreurs pour apprivoiser la mort (...)
qui ont fait taire leur âme en obéissant à des ordres fous.
Elle est aussi un hommage à leur jeunesse fracassée, recueillie dans les plis du temps. Kosaburo, Akira et les autres ont bien existé et leur gloire ne s'éteindra pas.

Mitsuko n'a pas existé. Son histoire est inventée de bout en bout. Elle s'est introduite parmi ces jeunes aviateurs, effigie du corps de ma fille morte, si jeune, elle aussi. Elle était passionnée d'Orient, les livres qu'elle m'a laissés et où j'ai cherché sa trace m'ont familiarisée avec ce monde inconnu de moi.
Voyageant dans leurs mots, j'y ai retrouvé l'ombre de ma disparue adorée, et pour conjurer le chagrin et empêcher à jamais Hélène de disparaître, je lui ai donné la forme de
Mitsuko dans cette histoire où, recréée de mots, elle brille dans toute sa jeunesse .(p. 131)
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Nous apprenions les techniques du combat et la discipline de fer qui nous était imposée était si terrible, nous étions si mal traités qu'il nous semblait impossible de souffrir davantage du fait de l'ennemi. Un bol de riz pour la journée, courir, ramper, faire des exercices d'équilibre, celui qui tombait était roué de coups ; quand le soir venait, nous étions épuisés, démoralisés, pleins d'appréhension sur ce que nous réserverait la journée suivante. Tout découragement, toute plainte étaient considérés comme preuve de faiblesse et nous valaient coups et humiliation. Nous n'étions que de pauvres enfants apeurés. On ferait de nous des hommes, dût-on pour cela nous tuer. Nous ne devions jamais oublier que notre vie n'avait aucune importance : elle ne nous appartenait pas. Nous étions la propriété de l'empereur et de l'Empire nippon.
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La guerre qui frappait à sa porte rendait ses aspirations tellement dérisoires : il s'agissait maintenant de défendre son pays, de vivre ou de mourir, de tuer. Une lame de désespoir envahit Kosaburo. À l'âge où la vie s'ouvre enfin, on était en passe de la perdre. Plus de création possible, plus d'amour. Ses pensées le ramenaient toujours à Mitsuko : à son beau visage, à ses mains fines qui, lorsqu'elle lui parlait, voletaient autour d'elle comme de précieux colibris.
Mitsuko qu'il aimait. Et la guerre venait de déchirer sans bruit la page qu'ils auraient pu écrire.
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Vers le milieu de la nuit, j'ai pris Mrs Dalloway, le livre de chevet de la première Esther. Si j'en juge par l'état de ses pages, il a dû être lu très souvent. Par elle. Puis par moi. Ouvert, refermé, emporté, porté contre le cœur. Avec ses partitions, cet exemplaire est la seule trace que j'aie de ma grand-mère maternelle.
Les passages qu'elle a soulignés me sont parvenus intacts, malgré la texture défraîchie des feuillets. Et cette femme que je connais seulement par les photos que l'on a conservées d'elle, cette femme si belle, m'est devenue intime au point d'avoir l'impression, parfois, que c'est elle qui pense en moi. Il suffit que j'ouvre le livre au hasard: les mots qu'elle a aimés, ceux qu'elle a notés dans la marge d'une écriture élégante ont fini par ne s'adresser qu'à moi, qui les recueille et m'y blottis tour à tour. De ces mots, je suis sûre. De l'amour qu'elle avait pour eux aussi. Celui que je leur porte me prouve qu'elle m'aurait aimée, elle, sans qu'il soit besoin de lui plaire, de lui obéir aveuglément, de capituler devant elle au point de tuer tout désir.
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Akira réfléchissait. Peut-être ce doute était-il entré en lui en même temps que ses lectures.
Parfois, le soir venu, penché sur ses livres, il se sentait angoissé, écartelé malgré lui entre les études traditionnelles que comportait sa formation et le choix qu'il avait fait de s'initier à la littérature française. Deux mondes s'entrechoquaient : l'un, gardien des habitudes et des préceptes anciens, l'autre, ouvert à la recherche d'issues insoupçonnées, poussé par un vent de liberté, mais aussi de retour sur soi, d'écoute et d'analyse de ses émotions.
Dans la langue de ces livres, on pouvait penser l'impensable, éprouver jusqu'à la brûlure, se sentir vulnérable et fort, amoureux et désespéré-oui-aller au bout de la désespérance. Mais rester en vie. (p. 18)
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Au coin des rues, des jeunes-filles présentaient à chaque passante une large bande de coton sur laquelle elles invitaient à broder un point. Je connaissais cet usage par les lettres que m'adressait à présent ma famille. Partout, des femmes se penchaient sur ces points de broderie qui, au nombre de mille, étaient censés nous protéger et nous rendre invulnérables. Recevoir cette bande protectrice faisait partie du rituel des adieux. Quelque part, ma ceinture m'attendait. Je songeai à tous les visages qui se seraient penchés sur elle, aux doigts fins ou malhabiles qui auraient tiré l'aiguille, incrustant dans l'étoffe un nouveau signe chargé de sortilèges. Et cela raffermit mon âme. J'étais un combattant. J'allais combattre pour elles, pour eux tous. J'honorerais mes ancêtres et je ferais barrage à l'invasion ennemie, soudée à mon avion comme un samouraï à son sabre.
___________

Qui pouvait dire ce qu'était le courage ? Ne pas éprouver la peur ? Ou au contraire connaître une angoisse mortelle, du fait d'être contraint à attendre l'exécution de la sentence ?
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Je ne pouvais supporter l'idée qu'il était trop tard pour tenter de nous apaiser, pour dire à ma mère : "je t'aime. Ne t'inquiète pas, j'ai tout oublié" Trop tard pour la tenir dans mes bras, la bercer, sentir battre son cœur.
Je lui prenais la main, elle se dégageait d'une secousse et recommençait à marcher, comme une automate, d'un bout de couloir à l'autre.
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Mourir sans raison était absurde. Mourir pour sauver notre peuple était exaltant. Nous balancions entre les deux positions et d’un jour à l’autre notre humeur changeait, selon que la vie nous semblait insignifiante ou précieuse.
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