Sur l'air le vol du bourdon de Rimsky-KorsakovAnimal totem , de Agnès Domergue (Auteur) Clémence Pollet (Illustration) (Editions Hongfei Culture)
L e travail de rédaction auquel je m’étais livré sur les partitions de Glinka fut pour moi une école inattendue. Jusqu’à présent, je connaissais et j’admirais ses opéras, mais en rédigeant ses partitions, je devais examiner la facture et l’instrumentation de Glinka jusqu’à la plus petite note, et mon admiration pour cet homme de génie n’eut pas de bornes. Comme tout est chez lui fin et en même temps simple et naturel ! Quelle connaissance des voix et des instruments ! Je m’imprégnai avidement de tous ses procédés, j’étudiai sa façon de traiter les instruments de cuivre qui donnent à son orchestration une transparence et une légèreté inexprimables.
Né en 1844, à Tikhvine, dans ce gouvernement de Novgorod qui fut à l’origine une république autonome et dont les chants populaires l’ont plus d’une fois inspiré, le jeune Nicolas Rimsky-Korsakov montra de bonne heure d’exceptionnelles dispositions musicales. Il les tenait tant de son père que de sa mère, mais c’est surtout son oncle paternel qui était doué d’une vraie nature de musicien, jouant au piano des ouvertures entières et autres morceaux compliqués, sans connaître une note et ne se guidant que sur son ouie.
Il est une fort curieuse lettre, datée de 1877, où Tchaïkosky, précisément, déplore fi influence exercée sur Rimsky-Korsakov par Balakirev et son groupe. Certains passages sont à citer, parce qu’ils décrivent assez exactement Tétât d’âme où se trouvait, à cette époque, le plus jeune des membres de ce groupe, et caractérisent en même temps l’auteur de la lettre, le représentant le plus autorisé de l’école méthodique, fondée en Russie par Antoine Rubinstein.
Il était inévitable que la soudaineté même de ces manifestations d’une musique peu connue du public occidental nous fît commettre certaines erreurs de jugement qu’il n’est pas indifférent de redresser, en puisant à une source aussi sûre que le témoignage de celui-là même qui fut l’un des fondateurs de cette musique. C ’est l’un des motifs de la traduction que nous donnons des mémoires de N.-A. Rimsky-Korsakov.
J’avais onze ans, raconte-t-il, quand l’idée me vint de composer un duo vocal et son accompagnement au piano. J ai pris les paroles dans un livre d enfant. J ai réussi a écrire ce duo et, autant que je me souviens, ça se tenait assez bien.