SPECIAL BD : Nicolaï Maslov
- À quoi ça sert d'aller défendre des gens au bout du monde, alors qu'il y a des bandits qui roulent des mécaniques sous notre nez?
Un jour, Pacha a rapporté de la ville un livre sur les impressionnistes et le journal des communistes français, l’Humanité Dimanche : à l’époque, nous n’avons que cela.
Cézanne… Cézanne et Monet m’impressionnaient particulièrement. Comment arrivaient-ils à transposer, avec une telle puissance, leurs sentiments sur la toile ?
Ensuite, j'ai fait des tas de boulots, mais partout c'était la même chose : tout le monde buvait de la vodka, y noyant ses peines et ses joies.
Où on allait? ...
Qu'est-ce qui nous attendait? ...
Personne ne voulait le savoir.
Un verre rempli à ras bord, voilà la meilleure réponse à toutes les questions...
Et plus la vie leur était dure, plus s'affirmait leur amour de Dieu, de la vérité et de la justice.
La Sibérie était une terre vierge, riche d'une flore et d'une faune abondante.
Longtemps, on est resté sans rien dire.
Moi aussi, Serioga…
… avant l’Afghanistan, je passais des heures à la fenêtre…
… à contempler sans fin cette immensité.
"L'important, c'est d'avoir ses entrées partout !" C'était le refrain préféré de Moscou, je l'entendais à chaque pas.
Visiblement, on n'y échappait pas...
Les peuples de Sibérie avaient le souci de la Nature. Beaucoup d'entre eux n'en tiraient que le strict nécessaire pour se nourrir et se soigner.
Il n’empêche que, si j’avais eu une bouteille de vodka au lieu d’un appareil photo, personne n’aurait fait attention à moi. Seulement, je ne bois plus depuis longtemps : dans mon pays, la vodka n’apporte pas la joie mais l’abrutissement, le chagrin, la déprime. Elle anéantit tout.
Je quittais la Sibérie le cœur gros… Sur ce banc qui tenait à peine debout, j’ai pris conscience d’une vérité simple à crever : quand on fait partie d’un troupeau, peu importe qu’on y soit le premier ou le dernier…