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Citations de Odyssèas Elỳtis (93)


Odyssèas Elỳtis
Voilà, cela pourrait être une définition de plus de la poésie : l'art de nous rapprocher de ce qui nous dépasse.

Extrait discours Nobel - décembre 1979
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Odyssèas Elỳtis
" La poésie existe pour que la mort n'aie pas le dernier mot." Odysseus Elytis

« Omorphi ke paraxeni patrida ». 1971
Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée
Elle jette les filets pour prendre des poissons
Et c’est des oiseaux qu’elle attrape
Elle construit des bateaux sur terre
Et des jardins sur l’eau
Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée
Elle baise le sol en pleurant
et puis elle s’exile
aux cinq chemins elle s’épuise
puis toute sa vigueur reprend
Elle menace de prendre une pierre
Elle renonce aussitôt
Elle fait mine de la tailler
Et des miracles naissent
Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée
Avec une petite barque
Elle atteint des océans
Elle cherche la révolte
Et s’offre des tyrans
 
Elle enfante cinq grands hommes
et puis elle leur brise l’échine
quand ils ne sont plus
elle chante leurs louanges
Belle mais étrange patrie…
(Poème d'Elytis traduit par Angélique Ionatos album O Erotas)
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Devant la crête de l'île de Sérifos, quand monte le soleil, les canons de toutes les grandes théories du monde échouent dans leur mise à feu. L'intelligence est vaincue par quelques vagues et une poignée de pierres - chose étrange peut-être, et pourtant capable d'amener l'homme à ses véritables dimensions. En effet, qu'est-ce qui, sinon, lui serait plus utile pour vivre ? S'il aime commencer de travers, c'est qu'il ne veut pas entendre. Sans qu'il en prenne conscience, la mer Égée dit et redit sans cesse, depuis des milliers d'années, par la bouche du clapotis de ses vagues, sur l'immense étendue de ses côtes : voilà qui tu es !
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Parmi les trouvailles des fouilles archéologiques que nous, les Européens d'aujourd'hui, avons omis de recueillir et d'étudier, se trouvent aussi quelques concepts qui gisaient dans cette même terre aux côtés des objets d'art. L'humilité par exemple...
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COMME LANGUE on m'a donné le parler grec;
comme maison un pauvre abri sur les syrtes d'Homère.
Mon unique souci cette langue bâtie sur les syrtes d'Homère.
Là-bas sont sargues et perches
verbes qui vibrent sous le vent
soulevant leurs verdeurs à travers l'azur
tant que j'ai vu dans mes entrailles s'allumer
éponges et méduses
avec les premiers hymnes des Sirènes
coquilles d'or rose avec leurs premières fièvres noires.
Mon unique souci cette langue avec ses premières
fièvres noires.
Là-bas sont, dieux basanés,
cognassiers grenadiers, cognats et gens associés
versant l'huile translucide au fond des gigantesques jarres
et souffles divins qui montent des ravins fleurant bon
la lentisque et l'osier
les gingembres et les genêts
avec les premiers pépiements des pinsons
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La distance infinie qui sépare une statuette cycladique d'un galet, il nous est impossible de la mesurer avec la même aisance que nous le faisons quand il s'agit de centaines d'années-lumière. Cela précisément constitue notre talon d'Achille ; et c'est pourquoi nous rivalisons désespérément avec le savoir.
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MES MAINS SOUILLÉES d'iniquités, comment les ouvrirais-je?
Mes regards hallucinés par la chiourme, où les porterais-je?
Ah fils des hommes, qu'ajouter?
La terre endure bien des horreurs mais l'âme endure cent fois pire!
Oh bravo ma prime jeunesse et à toi lèvre indomptable
qui du galet appris l'art de la tempête
et face aux rafales, la riposte du tonnerre
oh bravo ma prime jeunesse!
Tu m'as enraciné si fort dans le sol, que ma pensée a reverdi!
Mis tant de clarté dans le sang, que mon amour a même pris
le pouvoir et la signifiance du ciel.
Je suis à présent pur de bout en bout
tout ensemble objet inutile aux mains de la Mort
et proie décevante, entre les griffes du rustre.
Ah fils des hommes, qu'ai-je à redouter ?
Mes entrailles-prenez-les-moi,;j'ai chanté!
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LOUÉE SOIT sur le belvédère de pierre
dominant la mer Myrthô droite dans la lumière
comme un splendide huit ou comme une amphore
avec dans une main le paillis de l'aurore
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Vendredi1er mai
Je prends le printemps avec précaution et je l'ouvre :

Me frappe une chaleur arachnéenne
un bleu qui embaume l'haleine du papillon
toutes les constellations de la marguerite mais aussi
beaucoup de reptiles ou volatiles
petites bêtes, serpents, lézards, chenilles et autres
monstres bigarrés aux antennes en fil de fer
écailles lamées or aux rouges paillettes

On dirait que tout ce monde est prêt à se rendre
au bal masqué d'Hadès.

Journal d'un avril invisible, 1984 p 99
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ET CELUI que j'étais véritablement Le pur devancier des siècles
Le brin toujours vert dans le nimbe ardent Point façonné de main d'homme
avec son index a tracé
dans la distance
ces lignes
qui grimpent de temps en temps vers l'altitude à angle vif
et d'autres fois en bosses plus moelleuses s'avachissent
les unes dans les autres
amples continents dont j'ai senti
que leur odeur de terre était celle de l'esprit
C'était si fort la vérité
que docile à suivre mon parcours
le sol
accumulait aux plis secrets plus de rougeur
et ailleurs tout un fin duvet d'aiguilles de pin
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JEUDI, 7 M

A FORCE DE ME VOIR ne rien méditer ni ne m'émouvoir de rien, le temps s'est payé d'audace et m'a rendu la liberté au beau milieu des mers crétoises.

J'ai atteint les mille ans et déjà j'utilise l'écriture minoenne avec une telle aisance que le monde en est surpris et crie au miracle.

Le coup de chance c'est qu'il ne vient pas à bout de me lire.
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Est-il vrai qu'à la lumière il arrive de jaillir de l'intensité suprême du noir ? L'amour le confirme d'une autre façon. Quand deux corps nus parlent, la part anecdotique de leur histoire - son côté accablant - s'efface.
Le baiser, qui n'a pas subi la moindre évolution depuis la nuit des temps, se trouve être la chose la plus nouvelle et la plus neuve dont nous disposions.
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PETITE MER VERTE

Petite mer verte qui vas sur tes treize ans
Je voudrais t'adopter
T'envoyer à l'école en Ionie
Pour que tu apprennes la mandarine et l'absinthe Petite mer verte qui vas sur tes treize ans
Sur le petite tour du phare en plein midi
Reverse le soleil et écoute
Comment le destin se défait et comment
De colline en colline se parlent
Toujours nos lointains parents
Ceux qui gardent le vent comme des statues
Petite mer verte qui vas sur tes treize ans
Avec ton col blanc et ton ruban
Entre à Smyrne par la fenêtre
Et recopie pour moi les reflets que font sur la voûte
Les Kyrie Eleison et les Gloria
Puis avec un peu de vent du nord un peu de vent d'est
Reviens, vague après vague
Petite mer verte qui vas sur tes treize ans
Pour que je dorme avec toi clandestinement
Et que je trouve ainsi au plus profond de ton étreinte
En éclats de pierre les paroles des dieux
En éclats de pierre les fragments d'Héraclite.


(extrait de "L'Arbre de lumière et la Quatorzième Beauté", 1971) - p.33
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LA CYCLISTE


En bord de mer j'ai marché sur la piste
      que parcourait tous les jours la cycliste

J'ai retrouvé les fruits de son panier
      Le bracelet tombé de son poignet

J'ai retrouvé sa sonnette son châle
      sa roue avant son guidon sa pédale

et aussi sa ceinture et une pierre
      telle une larme on voyait au travers

J'ai ramassé son fourbi pêle-mêle
      et me disais où est-elle où est-elle

Un autre jour je l'ai vue à vélo
      qui passait sur la mer sans toucher l'eau

Puis à la nuit tombante au cimetière
      j'ai vu au ciel s'allumer ses lumières.
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Un crépuscule sur la mer Égée porte en lui tant de joie et tant de tristesse qu'en sa fin ne reste plus que la vérité.
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Minuit passé dans toute ma vie

Les hommes dorment sur un flanc, l'autre
Béant pour que tu voies monter vague
À vague la vie et que tendue soit ta main
Comme celle du mort à l'instant où on lui prend la première vérité

(p. 45-47)
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Plus loin très loin la nappe sereine - la rencontre
Bonjour mon petit fleuve, je suis seul, nous sommes seuls tous les deux
Le cristal embaume, il ne nous manque qu'un navire
Il ne nous manque qu'un mouchoir pour dévider notre destin
Car j'ai reçu tant de messages emplis d'orages et de nuages
Que j'ai soif d'une bouche qui me dira : azur
Pour partir avec elle sur le delta de l'espérance...
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ET DU FAIT QUE LES HEURES tournaient tout
comme les journées selon les larges feuilles violacées au cadran du jardin
Moi j'en étais le style

Mardi Mercredi Jeudi
Juin Juillet Août
J'affichais la nécessité qu'il m'arrive eau saline
en plein visage Insectes velus des filles
Lointains éclats des fulgurations d'Iris
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Ecaillé, tout tailladé, et dessus ce mot
- je t'aime- encore lisible

Le mur! Et la rampe de l'escalier elle aussi

De bois brut et, de toutes les douces mains qui sont passées, lisse!

Chargé de vieillesses et de jeunesses à nouveau je monte

Et je sais où le vieux plancher va grincer, quand

Va me regarder depuis son cadre tante Mélissini

Et s'il va pleuvoir demain
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(...)
Loués soit la larme sans raison
montant avec lenteur dans la beauté des yeux des enfants
des enfants qui se tiennent par la main
des enfants qui se regardent sans se parler

Le balbutiement des amours sur les rochers
un phare qui se défoule du chagrin des siècles
une laine délaissée dans la bise

Axion Esti, 1959 (extraits)
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