J'avais souvent vu mon maître et Dick lisant, et j'étais fort curieux à l'idée de parler aux livres comme je croyais qu'ils le faisaient, afin de savoir comment toutes choses avaient commencé ; pour ce faire, je prenais souvent un livre et lui parlais, et le plaçais à mes oreilles, lorsque j'étais seul, dans l'espoir de l'entendre me répondre ; et je fus très déçu quand je remarquai qu'il restait silencieux.
Nous avions déjà perdu notre pays, notre maison, et presque tous ceux que nous aimions. Les acheteurs et les vendeurs auraient pu se débrouiller pour ne pas nous séparer de nos derniers parents ou amis. Notre souffrance et notre labeur ne leur suffisaient-ils donc pas? Que gagnaient-ils de plus à faire preuve d'une telle cruauté? Mais c'était leur façon d'agir et ensuite ils allaient à l'église le dimanche, et se disaient chrétiens.
p.53
Je ne crois pas que les marchands d'esclaves soient nés plus mauvais que les autres hommes. C'est le commerce des esclaves et l'avidité qu'il engendre qui ont endurci leur âme et tué leur aptitude à la bonté. Si ces hommes avaient suivi une autre voie, ils seraient peut-être devenus aussi généreux, justes et sensibles qu'ils sont devenus insensibles, rapaces et cruels.
p.109-110
Souvent j'ai eu envie de dire aux marchands d'esclaves: "Lorsque vous réduisez des hommes à l'esclavage, vous les privez de la moitié de leur vertu. Votre exemple les incites à la supercherie, au pillage, à la cruauté.
Vous les volez, et vous les forcez à travailler pour vous et à vivre dans un état permanent de révolte. Et vous les plaignez ensuite qu'ils ne soient ni honnête ni fidèles! Vous les abrutissez à force de coups de fouets, vous les laissez dans l'ignorance. Et vous dites ensuite que leur cerveau sont imperméable à la culture. Pourquoi utiliser vos instruments de tortures sur des hommes tout aussi capable de raisonner que vous?..."
[...] and compel them to acknowledge, that understanding is not confined to feature or colour.
Le premier objet qui s'offrit à ma vue quand j'atteignis la côte, ce fut la mer ainsi qu'un bateau au mouillage qui attendait sa cargaison. Ce spectacle m'emplit d'un étonnement sans bornes, qui se mua bientôt en terreur quand on me transporta à bord. Aussitôt quelques hommes d'équipage me tournèrent et me retournèrent en tous sens pour voir si j'étais solide, et j'acquis la certitude que j'avais pénétré dans un monde de démons et qu'ils allaient me tuer...Je demandais aux Noirs qui m'avaient amené à bord si ces hommes blancs au regard effrayant, avec leurs figures rouges et leurs cheveux flottants, n'allaient pas nous manger. Peu après, les Noirs s'en furent, me plongé dans le désespoir. Je me vis alors privé de toute chance de retrouver mon pays natal.