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3.3/5 (sur 20 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1975
Biographie :

Une licence de droit en poche, Olivier Benyahya, vit durant trois ans de petits boulots (vente de jus d'orange, affichage promotionnel, permanence téléphonique, distribution de choses dans la rue), puis travaille durant neuf ans dans un Laboratoire industriel et voyage durant trois ans.

Outre ces cycles en multiples de trois, il possède une excellente collection de disques.

De l’héritage juif, il admire l’art de l’exégèse, la roublardise et la sincérité. "Zimmer" a été écrit, dit-il, au son de la Radical Jewish Culture, la musique incarnée entre autres par John Zorn, cette «chasse au trésor à l’intérieur de la tradition, pour créer avec elle une relation vivante".

Source : www.librairielafontaine.com/
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MAURICE GARREL donnera à entendre « ZIMMER », un monologue dOlivier BENYAHYA mis en en scène par Vanessa MIKOWSKI au Théâtre des Petits Mathurins


Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Je suis rentré d'Auschwitz le onze avril 1945. Je fêterai demain mes quatre-vingt deux ans. D'un point de vue strictement juif, je n'ai jamais été plus détendu qu'après Auschwitz. S'appeler Zimmer et habiter Paris après avoir été déporté là-bas, c'était quelque chose dont on ne mesure pas la portée. Ça vous avait des parfums de sainteté. Je le dis tel que je le ressens, et n'en déplaise à certains, jamais je n'aurai été plus apaisé qu'à l'époque où je suis rentré des camps. Encore que le mot apaisé me semble mal choisi. Mes nuits étaient agitées. Il y avait tout de même des choses dont je peinais à me défaire. Mais ne pinaillons pas. Il fallait s'appeler Zimmer à la Libération et flâner aux abords du Vélodrome d'Hiver en arborant un numéro à l'avant-bras. C'était quelque chose.
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En 2019, dans les semaines qui avaient suivi ma décision, un Brésilien de vingt-sept ans avait été accusé de viol. Ce Brésilien était l’un des footballeurs les plus populaires et les lieux rémunérés de la planète.
Et deux animateurs radio avaient fait remarquer que la plaignante était quand même une semi-moche, et qu’avec un salaire de deux millions d’euros par mois et le monde à ses pieds, il était difficile de comprendre comment le footballeur avait pu payer un billet d’avion à une semi-moche pour la faire venir à Paris et tenter de coucher avec elle sans son consentement et en la brutalisant.
Et ils s’étaient mis à faire des blagues sur le physique de la plaignante comme quoi elle était d’un calibre Ligue 2 alors qu’on aurait pu s’attendre au minimum à du huitième de finale de Champions League.
À la vérité, la grande majorité des hommes nés avant 1981 se disait à peu près la même chose que les deux animateurs.
Le visage d’un homme politique était revenu à mon esprit. Un partouzeur social-démocrate souriant et charismatique à qui la présidence de la République française avait semblé promise jusqu’au jour, en 2012, où il s’était fait arrêter à New York.
L’homme dirigeait la plus importante institution monétaire internationale au moment où il s’était retrouvé sous le coup d’une plainte pour tentative de viol.
La plainte avait été déposée par une employée de chambre afro-américaine objectivement très peu attirante et travaillant dans l’hôtel new-yorkais de grand standing où l’homme politique avait passé la nuit et s’était fait arrêter alors que l’attendait un vol pour l’Allemagne et une rencontre officielle avec la chancelière de la République Fédérale.
Et certains, sur les réseaux sociaux, écrivaient : mdr !! le mec il a préféré se faire coffrer plutôt que d’enchaîner deux cadavres dans la même journée :))
Dans le sillage de la plainte, un proxénète belge élevé chez les jésuites avait été accusé d’avoir fourni des jeunes femmes au partouzeur social-démocrate et à certains de ses amis dans un hôtel de grand standing du nord de la France.
L’hôtel de grand standing du nord de la France avait été bâti à l’initiative de la reine d’Angleterre et inauguré en 1920, l’année où l’Empire ottoman cédait officiellement ses provinces arabes. L’Empire ottoman avait régné sur une partie du monde pendant plusieurs siècles, et le partage de ses dépouilles proche et moyen-orientales par la France et la Grande-Bretagne avait largement contribué aux conflits devenus incessants dans cette région.
L’année de l’inauguration de l’hôtel de grand standing du nord de la France, en 1920, naissait le fondateur du Club Méditerranée. Le Club Méditerranée était un club de vacances implanté sur tous les continents, connu pour ses buffets à volonté et pour les opportunités sexuelles qu’il offrait à ses G.M. – les séjournants, appelés Gentils Membres – et à ses G.O. – les Gentils Organisateurs, le personnel chargé de veiller au plaisir des G.M.
L’incident de New York avait mis un terme à la carrière politique du partouzeur social-démocrate souriant et charismatique.
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En 2019, j’avais misé sur l’extinction de l’espèce. Je venais d’avoir 44 ans. Un rapport rédigé par un organisme international venait de paraître, indiquant que tout serait plié en 2050 : terminé pour l’humain. Épuisement total des ressources. Conditions climatiques transformées. Catastrophes naturelles récurrentes. Les perspectives étaient tellement sombres que certaines instances se demandaient de quelle manière on allait pouvoir coloniser Mars ou la Lune.
Plusieurs paramètres avaient sans doute contribué à asseoir ma résolution. Je n’avais pas d’enfant, plus de petite amie, je n’en avais rien à branler de la flore ou des animaux. J’avais réussi et raté un certain nombre de choses, et j’avais assez d’argent pour un enterrement sur trente ans. Ça, et puis ce qui me restait d’enthousiasme. Ce qui me restait de carburant.
Les premières années, je dois le dire, j’ai souvent eu des doutes quant à la pertinence de mon choix. Mon argent commençait à filer, et les dérèglements à l’échelle de la planète, durant ces années, ne rendaient pas encore la fin véritablement tangible. Des foules se mobilisaient un peu partout parce qu’elles étaient déterminées à éviter l’extinction. Ces gens avaient construit des familles. Ou bien ils étaient jeunes. Et ils aspiraient de bon droit à une existence raisonnablement longue. Ça ne faisait pas mes affaires.
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Il est difficile, aujourd’hui, de comprendre les incertitudes de l’époque. Nous étions tous déçus. Beaucoup estimaient que s’ils voulaient survivre, un changement devait s’opérer. Quelques années après les troubles, Lazar consacra plusieurs jours à la relecture de ses notes. Il fut étonné de l’écart entre la conception qu’il se faisait désormais de son passé et les événements de son passé réel, rapportés aussi fidèlement que possible de sa propre écriture. C’est peut-être que, se dit-il, à la longue, tout ce qui est arrivé à l’un est arrivé à l’autre. Il y a des gens qui racontent leur vie, et ils la racontent toujours de la même manière. Cela signifie que le souvenir a disparu. Seule reste une histoire que l’on récite par coeur. La conviction s’imposa à Lazar qu’il fallait aborder chacun de ces moments sans préjugés, les isoler des systèmes explicatifs construits autour d’eux.
On pouvait reprocher un certain nombre de choses à Lazar. Oublieux des gens qui l’entouraient, capable de se montrer insultant, grave : c’était l’image que le temps avait contribué à forger. Tous les témoins, cependant, auraient dû s’accorder sur le fait que Lazar constituait une unité plutôt accueillante et activement disjointe. Beaucoup de ceux qui éprouvaient de la méfiance à son égard diront que je me suis trompé. Peut-être produiront-ils des preuves pour contredire ma version des faits, mais toute histoire présente de multiples faces. Lazar pensait simplement que les phénomènes de l’esprit étaient pareils aux autres – des phénomènes qui n’avaient rien d’inviolable et que nous ne devions pas renoncer prématurément à comprendre – même si une meilleure compréhension de leur essence était susceptible de troubler ce que nous considérions comme le plus personnel dans ce qui fait de nous les personnes que nous sommes persuadés d’être. Je me rappelle être allé avec lui dans une boutique crasseuse au fond d’une cour. L’homme qui tenait cette boutique avait une armoire remplie de souvenirs nazis. Il développait une mythologie originale et parfois extrêmement artificielle, construite à partir d’échafaudages sophistiqués. En vérité, presque toutes ses citations étaient apocryphes et n’apparaissent nulle part dans les textes originaux. Murs, sol, plafond. Autour de nous, tout était nazi. Et cet homme construisait des choses. Il avait un liquide qu’on pouvait se verser sur le corps et enflammer sans que la peau se mette à brûler.
Ce soir-là, Lazar a prié avec nous. Il avait dîné quelque part, pas en notre compagnie. À la fin du shabbat, je l’ai aperçu de nouveau, à l’écart, recueilli. Ses doigts s’étiraient de manière délicate, des cils étrangement longs donnaient à ses yeux une expression lointaine.
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Le krautrock est un courant musical apparu à la jonction des années 1960 et 1970 et dont l’appellation – dérivée du mot allemand kraut / chou – est attribuée à la presse anglaise.
Les formations les plus spontanément associées à ce courant étaient originaires d’Allemagne, prenaient beaucoup de drogues et avaient opté pour des patronymes en un mot – Can, Neu!, Faust -, en deux – Amon Düül -, ou en trois – Ash Ra Tempel.
Bien que chacune des formations développât sa propre couleur dominante, le krautrock s’apparentait à un mélange d’influences disparates, selon un canevas volontiers progressif. La forme progressive se caractérise par une propension aux structures fluides.
À la fin des années 1970, un commentateur avait écrit du krautrock qu’il n’était rien d’autre que de la musique progressive jouée par des avant-punks dans un pays d’ancien nazis, de gauchistes radicaux, et de grands empires capitalistes.

Alain Finkielkraut était un intellectuel français né en 1949. Il est mort durant la première moitié du XXIe siècle.
Au milieu des années 1960, comme un grand nombre d’intellectuels et de militants révolutionnaires, il avait apporté son soutien à la rhétorique anti-capitaliste et anti-bourgeoise du dirigeant chinois Mao Zedong. Alain Finkielkraut était devenu très présent dans les médias à partir des années 1980 et durant les décennies suivantes. À mesure que le temps était passé et que la France avait été gagnée par les discours minoritaires et l’influence des gender studies – cette littérature théorique autour des identités non dominantes -, Alain Finkielkraut en était venu à incarner, pour certains, une figure du conservatisme et de la Réaction.
Le problème d’Alain Finkielkraut, dans la seconde moitié de sa vie, avait pu apparaître comme un problème de volonté : penser à travers des voix souvent justes sans vouloir tirer les conséquences de ce que le temps avait fait d’elles des voix mortes ; ne pas accepter d’entendre que ces voix ne pouvaient plus donner la mesure de ce qui les avait animées, sauf à faire l’effort, peut-être vain, de les retranscrire dans un langage audible par le Présent. La faute d’Alain Finkielkraut, en somme, avait tenu au refus de cet effort, à la mobilisation délibérément inadéquate d’une part de son intelligence. Et sa pensée – la pensée d’un homme fondamentalement intègre, la pensée d’un homme habité par le tragique de l’expérience collective – n’était plus devenue audible que sous la forme d’un amas de mots dictés par la peur.
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Le magistrat avait vu des choses durant sa marche de l’après-midi, et ces choses, telles que rapportées par le langage qu’il tentait d’assimiler à travers les exposés des commentateurs, ces choses n’étaient pas ces choses. L’ascenseur ne fonctionnait plus lorsqu’il était revenu chez lui, et il avait monté l’escalier à la hâte, sans prendre garde à une fenêtre ouverte dont le verre s’incrusta dans sa tête. Sur l’écran, le Ministre s’exprimait face à des journalistes. Ses traits, son expression, avaient gagné cette souplesse, cette « paix » qui n’appartient qu’à ceux chez qui le renoncement a été totalement métabolisé. Il faut toujours se garder de scruter le visage d’un homme en ayant fait à l’avance son procès. Assis devant l’écran, le Magistrat songea : le meurtre du langage. Il aurait pu, pensa-t-il, regarder vingt ou cent vidéos sur lesquelles le Ministre s’exprimait, et, c’était peut-être ce qui le troublait le plus, il ne trouvait pour ne pas juger cet homme que cette carapace que le Ministre s’était forgée – au prix de quels efforts ? – et qui ne laissait transparaître qu’une chose : le souci de ne rien dire qui puisse l’amener un jour à ne plus avoir sa place au sein du vide. Son évidage de la langue avait si bien fonctionné qu’il n’était plus possible de blâmer cet homme pour une seule conviction au cours de ses décennies au sommet de l’Etat : dans sa bouche, aucune conviction n’en était une à proprement parler. Une conviction, dans la bouche de cet homme, semblait être, précisément, une série de mots agencés de telle sorte qu’aucune réalité ne puisse y être associée, et, de ce fait, lui être imputée. Si les choses tournaient comme il l’avait escompté, cette série de mots serait revendiquée comme porteuse d’une vision. Si elles tournaient autrement, les mots n’auraient qu’à être entendus que comme ils avaient été prononcés, circonstanciels et aléatoires. Voilà comment le magistrat se figurait celui dont on retrouverait le corps sur la chaussée. Un homme qui avait consacré son existence à désarmer le langage.
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J’ai repris contact avec W en décembre 2012. Quatre ans s’étaient écoulés depuis l’opération Plomb durci menée par l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Déclenchée au terme de six mois particulièrement tendus, son objectif officiel était de mettre fin aux tirs de roquettes sur le sud du pays en détruisant des réseaux de tunnels. Plus de mille Palestiniens, dont de nombreux gosses, laissèrent la vie durant ces trois semaines. Les Nations unies s’étaient fendues d’un rapport au moment des faits, dans lequel le principal signataire, le juge Richard Goldstone, sud-africain, juif, soulignait qu’en l’absence de coopération avec les enquêteurs de l’ONU, et au regard de ce qui avait été constaté sur le terrain, les deux parties encouraient l’accusation de crimes de guerre. La publication de ce document avait fortement irrité les dirigeants israéliens. De manière tacite, le feu vert était donné pour l’application du droit criminel international à l’encontre de suspects détenteurs du passeport hébreu ; ils pourraient être appréhendés sur la base du rapport, partout dans le monde, et être extradés.
Trois ans plus tard, par une tribune dans le Washington Post, le même Goldstone était en partie revenu sur ses conclusions. « Si j’avais disposé, à l’époque, de tout ce que je sais à présent, le rapport aurait été un document différent. » Cette prise de position avait interpellé les autres magistrats signataires du rapport. À leur connaissance, en dépit de ce que leur confrère laissait entendre, et malgré la coopération tardive des autorités israéliennes, aucun nouvel élément susceptible de blanchir Israël n’avait été porté au dossier. Il était de notoriété publique, par ailleurs, que certains groupes de pression juifs en avaient fait baver au juge. Goldstone lui-même s’en était fait l’écho publiquement. On l’avait ainsi dissuadé d’assister à la Bar Mitzvah de son propre petit-fils. De se rendre à la synagogue pour y entendre le gosse intégrer la communauté.
Je pensais qu’il y avait de quoi faire un bon papier.
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Dans ce café, quelques semaines avant le scrutin qui amènerait Mitterrand au pouvoir, Lazar évoqua pendant un long moment les liens de l’ultradroite collaborationniste avec une grande part des figures de la IVe et de la Ve République. Les noms que j’entendais de la bouche de Lazar, je ne me rappelais pas les avoir déjà entendus, Albertini. Corrèze. Schueller. Soulès, rebaptisé Abellio. Les un avaient bâti des empires dans les affaires, d’autres avaient opté pour la carrière littéraire ou les arrière-chambres de la politique, mais tous avaient en commun d’avoir activement servi la collaboration et bénéficié, au lendemain de la guerre, d’une justice conciliante. J’avais trente-et-un ans. Lazar parlait de ces choses sans passion, à froid, comme de simples éléments du réel dont on pût seulement regretter qu’ils ne fussent pas mieux connus. Ce qui était important, de son point de vue, c’était de mesurer la solidité de la structure, son aptitude à tout digérer, à nourrir et à canaliser l’effarement. Plus on maintient l’effarement à son point de fusion – dès lors qu’on a fait le pari que les masses sont avant tout vouées à l’effarement et à l’inertie -, plus on maintient artificiellement en vie le sentiment de dignité. D’existence. Malgré son peu d’estime pour le candidat socialiste, il ne l’accablait pas. S’il arriva à Lazar de se montrer méprisant cet après-midi là, ce fut à l’encontre de ceux qui, dans la presse, menaient leur combat sur le socle du manichéisme. Que ces individus soient incapables d’exprimer la misère de leur posture, qu’ils prêtent à leurs adversaires les pires vices, et, plus drôle encore, qu’ils imaginent sortir du processus sans avoir été fondamentalement corrompus – c’est-à-dire fondamentalement corrupteurs -, cela lui arracha un ou deux sourires d’une amertume glaçante. Ses yeux étaient bleus, clairs. Plusieurs fois, j’eus le sentiment que mon propre regard se perdait dans la fissure qui passait entre ces yeux, cette ligne creusée au-dessus du nez et qui montait jusqu’à son front.
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J’allais parfois le retrouver dans un taudis du IXe arrondissement où il passait une partie de ses samedis, jouant des parties de belote hallucinées avec des RMIstes octogénaires et des millionnaires semi-analphabètes, des types capables de dealer des terrains à Miami sans parler un mot d’anglais. Tous les habitués étaient juifs, rapatriés d’Algérie, carburaient à l’anisette, et certains ne quittaient l’endroit que pour s’assurer que leur femme n’avait pas rendu l’âme depuis l’heure du petit déjeuner. Quarante mètres carrés maximum. Un ventilateur pour la saison chaude. J’y avais serré la main d’un vieillard pied bot qui s’était pointé un jour dans un bar, avait sorti un calibre et arrosé de plomb un gars pour une histoire de femme. Si, par Arabes, on entendait : avenants, dotés d’un fort esprit de troupeau, culturellement bloqués au XIIIe siècle, la plupart de ces mecs étaient clairement arabes. Mais puisque mon père et ses potes entendaient par Arabes : feignasses, butés, systématiquement enclins à confondre bêtise et affirmation de soi, ils revendiquaient avec véhémence leur identité judéo-européenne. En continuant de trouver les Arabes plus attachants que les Français.
De leur point de vue, la solidarité intra-blanche n’existait pas. Blanc c’était trop abstrait pour la solidarité. Pour eux, les Blancs, dans leur immense majorité, étaient des êtres prêts à se niquer sans vergogne, et tout juste bons, une fois qu’ils s’étaient trop baisés entre eux, à refaire l’unité blanche sur le dos d’un bouc émissaire, noir, juif ou arabe. C’était ça, les Blancs. Et c’était ce qu’ils disaient aux blancs avec lesquels ils étaient amis, et avec lesquels ils étaient heureux et fiers d’être amis. Fondamentalement, mon père et les siens restaient des Juifs d’origine modeste élevés comme Européens en terre musulmane, et devenus financièrement à l’aise dans un pays, la France, qu’ils avaient cru être le leur depuis l’enfance, mais qui les avait accueillis en lépreux après un exode brutal.
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On n'est jamais seul quand on est juif.
Où qu'on aille, dans n'importe quelle grande ville, on peut être certain qu'une place, une rue, une plaque ou un bâtiment nous accordera l'honneur du souvenir.
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