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Citations de Olivier Frébourg (115)


Olivier Frébourg
Je tiens Le Crabe-tambour de Pierre Schoendoerffer pour l'un des meilleurs romans maritimes. Seul, je repasse souvent le film qu'il en a tiré, avec Rochefort, Perrin et Dufilho. Surtout la scène du début, l'appareillage de l'escorteur dans une aube grise, de Lorient. Un enseigne de vaisseau donne les ordres sur l'aileron de passerelle. Il suit une route dangereuse entre les coffres flottants. D'un coup, le pacha intervient : "Je prends." Il récupère la manoeuvre, corrige la position de barre. "Merci, commandant", dit le jeune midship pour l'avoir sauvé d'une collision certaine. La réponse est d'un autre siècle : "Un officier n'a jamais à dire merci, ni à s'excuser devant un supérieur. Jamais! C'est un de nos privilèges."
J'aime Le crabe-tambour pour ses dialogues, ses conversations au carré quand le navire roule, son cérémonial militaire. Je ne peux monter à bord d'un bateau de la Royale sans y penser. Janséniste de la mer, Schoendoerffer a fixé les rites religieux de la navigation. Il y a du moine trappiste chez cet homme, marqué par Dieu, la fidélité. Son roman est culte dans la marine.
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Je regrette le temps où l'on arrivait au Portugal par bateau. J'ai passé des heures devant un cargo grec, au coeur de la ville, à côté de la place du Commerce. Les vieux bateaux accostent les toits d'Alfama et de Lapa. Tout est maritime à Lisbonne. De la tour de Belém, "la loge du portier de l'Europe dont Lisbonne était l'antichambre", à la banque Ultramarine des Açores, aux boutiques d'accastillage de la rue de Sao Paulo. De l'azulejo bleu et blanc représentant frégates et caravelles à des écrivains qui sont les argonautes de notre littérature. De ses librairies contant des aventures de flibuste à ses cafés pareils à des embarcadères.
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Je ne suis rien
Jamais je ne serai rien.
Mais je porte en moi tous les rêves du monde.

Je me récite ce vers de Pessoa, en pensant comme lui prendre la route de Sintra à bord d'une Chevrolet noire. Pessoa, Ulysse resté à quai en faisant voguer ses hétéronymes sur toutes les mers du monde.
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Une propriété en bord de mer, c'est un rêve de Terrien, pas de marin.
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J'ai appris que le premier devoir du marin est de maîtriser ses émotions. Cela sert aussi à ça un uniforme.
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Edmond de Goncourt a toujours nourri des sentiments contradictoires à l'égard de Maupassant. Lancé dans le monde des lettres par Flaubert que Goncourt considère comme un génie, Maupassant connaît un succès fulgurant grâce au journalisme, qu'Edmond jugeait indigne d'un écrivain. Hyperactif et polygraphe, Maupassant, comme Zola, représente l'homme de lettres moderne bien ancré dans la société de son temps. En homme d'affaires avisé, il gère au mieux sa popularité et l'argent que lui rapportent ses livres. Il s'oppose à l'image de l'auteur retiré dans sa tour d'ivoire, au milieu des objets d'un autre âge, ciselant les mots avec une précision d’orfèvre, pour les happy few.
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Nous étions au mois de septembre. Un an plus tôt, le jour de mon anniversaire, j'avais reçu une lettre d'avocat me demandant le divorce "pour les raisons que vous savez". Non, je ne savais pas les raisons puisqu'elle était partie, sans préavis d'un coup, à la fin de l'été. Elle avait renversé notre monde comme un plateau d'échecs dans le fracas de toutes les pièces maîtresses et des pions.
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Il n'y a pas si longtemps les hommes labouraient les champs, juste derrière chez nous, avec des charrues : le soc traçait les sillons. Nous, nous avançons sur le macadam, aggripés à nos poussettes. Ce sont nos sillons de laboureurs urbains.
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Un jouet sans enfant est une nature morte.
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En mer, nous avons l'infini devant nous et nos cartes de navigation nous servent de cadre. Dans la peinture, nous avons un cadre dans lequel nous devons trouver l'infini.
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Olivier Frébourg
Un poème ressemble à une tige de bambou, à une aquarelle de Za Wou-Ki. Il permet d'avancer sur les chemins et sert d'arme d combat. Il donne à celui qui le tient une énergie de fer. Sa surface est polie par le temps.Il a des attaches régulières qui évoquent des anneaux d'or.Une tige de bambou invite à méditer sur l'infini, à se concentrer sur soi et la nature environnante. C'est un exercice spirituel et physique à lui tout seul, un voyage. Il caresse, lave les affronts, remet droit.
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Quand le livre s'efface, l'esprit de résistance s'effondre.
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Quand je vois à bord d'un train, ces familles sur leur mobile, immobiles, tétanisées, comme Gulliver enchaîné par les Lilliputiens, je mesure la menace sur l'esprit de notre civilisation. Il arrive parfois que cette famille soit la mienne. Et les sanglots m'étranglent.
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Les escaliers. Ceux qui conduisent à la maison. Ceux qui mènent aux chambres. Cette caisse de résonance que mes fils dévalaient en robe de chambre quand je rentrais de voyage, en criant "papa". Je les monte maintenant comme un poilu dans sa tranchée. A chaque degré, je mesure l'étendue du désastre. L'escalier est le mètre de notre mémoire. C'est un entre-deux, une suspension de quelques degrés.
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De Lisbonne, je devais glisser vers Buenos Aires, donner à la saudade une cambrure argentine. Ma vie n’est plus que tango et fado. Le Portugal et l’Argentine se confondent dans la même utopie, dans le même vacillement du monde, des corps et des êtres. Ligne de l’exil des Sudistes fuyant une Europe trop nordique. Si je voyage à bord d’un cargo, descendant le Tage, au point du soleil couchant, qui disparaît derrière Cabo da Roca, je sais que nous naviguons cap au 180 : Açores, Cap-Vert avant la mer libre qui nous emmène aux embouchures du Río de la Plata.
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Céder à son smartphone, c'est refuser de regarder en face la beauté du monde mais aussi sa tragédie.
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Troguer prenait un certain plaisir à susciter un sentiment de panique chez Laurieu. Une fatigue de fond remontait et
brisait le commandant. Il connaissait cette lutte avec la solitude, le malheur, la peur. Mais la présence de François Marcande à bord du Tamatave, rendait la mort plus proche, plus odorante. Marcande était son messager. Il allait le tirer vers le fond de l'océan. Troguer ne voulait pas mourir noyé.
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Lisbonne. Je m’y coulerai, j’y reviendrai. Ces allers et retours seront des caresses, des oscillations : les matins du Portugal, le ciel bleu au-dessus des maisons, l’air du Tage et l’incertitude déchirante qui gouverne notre fie portuaire. Longtemps, nous avons gardé ce mot de passe sur nous et entre nous : Lisbonne. Si l’aventure tournait mal, si l’histoire devenait trop noire, la ville blanche serait notre point de chute.
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A la vérité , nous ne savons plus vivre. Nous avons perdu en chemin la grâce des jours. Ce temps qui est le vent, le soleil sur notre peau. La numérisation de notre vie a entrainé une perte de sensualité. Où est passée la vaste disponibilité à l'enchantement de la nature, cet arbre d'oisiveté dont parle Lawrence Durrell dans ses poèmes et qui doit ressembler un peu à l'arbre voyageur?
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Le temps de la lecture d'un poème, de sa relecture, de sa mémorisation est antagoniste à l'impulsion" écranique". Un poème est une prière: silence exigé. Il faut se perdre dans le dédale des vers pour les respirer: c'est la plus belle des ouvertures sur les vents contraires du monde.
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