- Mon grand-père était shintoïste, il me répétait souvent que l’homme ne valait pas plus qu’une goutte de rosée… Je ne pouvais lui donner tort… Même si ce n’était pas forcément à des gouttes de rosée que j’aurais comparé notre espèce…
Je me souvenais de chacune des paroles prononcées par mon grand-père lorsqu'il m'avait emmené pour la première fois avec lui au petit lac de montagne.
"Avant de fermer pour la dernière fois les yeux, je voulais pouvoir contempler librement les étoiles...Et pas à travers un dôme, la visière d'un masque ni les barreaux d'une cage...Je ne voulais qu'il n'y ait rien entre mon âme et l'éternité..."
C'était aussi ce que je voulais.
Ces scientifiques sont des psychorigides névrosés sociopathes. Le jour où ils auront le pouvoir, l’humanité sera définitivement et irrémédiablement dans une merde noire.
- Grand-père : Quand j'essaie de me souvenir du Japon de mon enfance, celui d'avant, tout ce qui me reste, ce sont des images pour touristes, ses temples, ses cerisiers... Les temples ont été détruits et les cerisiers sont presque tous morts. Le Japon n'est plus qu'une terre sans passé et sans avenir...
- Petit-fils : La faute à qui ? Ce sont les vieux comme toi qui ont pourri le pays !
Malgré les manques, le régime dictatorial, la peur et le désespoir, la vie poursuivait sa trajectoire... Des couples se formaient, se déchiraient, se trompaient. Des enfants naissaient, les petits drames du quotidien venaient adoucir une réalité sans concession. Tant qu'il y aurait une femme et un homme pour se reproduire, l'humanité serait aussi immortelle que pathétique... On pouvait abandonner sa propre planète, mais on n'échappait pas à sa condition d'animal conscient. Ou plutôt inconscient. Car c'est ce qui nous définit le mieux... Un animal aveugle, encore plus terrifié par ce qui se cache au fond de lui que par les confins de l'univers.
On était tous enfermés dans nos petits mondes. je l'avais compris très tôt. À chacun ses espoirs et ses souffrances. À chacun ses morts.
Avant de fermer pour la dernière fois les yeux, je voulais pouvoir contempler librement les étoiles et pas à travers un dôme, la visière d'un masque ni les barreaux d'une cage...
...Je voulais qu'il n'y ait rien entre mon âme et l'éternité...
Désolé pour les horreurs qu’on pratique sur ton peuple.
Désolé pour ta planète qu’on finira tôt ou tard par ravager...
Désolé d’être un humain, mon pote. La prochaine fois, choisis mieux tes amis...
Ceux qui croyaient qu’on pouvait coucher un géant avec une fronde étaient des abrutis...
Il faut de gros canons pour abattre un gros gibier !
Nous sommes des animaux définis par un instinct de survie impitoyable...