Olivier LARRONDE Qui est Olivier Larronde ? (France Culture, 1981)
Une compilation des émissions « Albatros », par Jérôme dAstier, diffusée les 12/07, 19/07, 26/07 et 02/08 de lannée 1981 sur France Culture. Invités : Sylvaine Massart, Diane Deriaz, Jean-Pierre Lacloche, Nathalie Philippart et Jacques Baratier.
PARLER
Ton silence est un verre en cristal : je le brise.
L'aspic aime le verre et la faim fait la fin,
Sa feuille d’éventail disculpe la cerise,
Mais non les yeux des fleurs qui rêvent leur parfum.
Dans les fleurs de tes yeux, nul archer ne s’y loge.
Tu secoues sur ton coeur le safran de ta tête.
Déroulant leurs tissus ainsi que des éloges
Les marchands de la Crète ont un soleil pour crête.
La pluie montre ses dents, exige la lumière
Mon envie de crier, comme un doigt qu'on déplie,
Tire, tire les fils du nez de la mercière
Qui maigrit, mais qui tourne, embobinant la pluie.
Les Barricades mystérieuses
EN PROSE
AMOURS
Sans noms, la géographie des nuages manipule
nos presqu'îles, d'une stabilité dérisoire.
Un sage et beau pays peu imaginatif se laisse
transformer par elle qui passe le temps à se déformer
pour lui, comme pour d'autres.
p.62
MORCEAUX POUR ORGUE
FUGUE
Retirez-vous mon cœur d'un si grave appareil.
D'après, d'avant, les coups ont entre eux l'étincelle.
Constant, le choc muet de la mort vous cisèle,
Cœur vanté... brûle... saoûle un atroce organiste.
Va belle main écrite où l'idée s'organise
Déchire l'encre en moi quand le reste appareille.
p.47
LES SOIRS SONT...
Les soirs sont plus humains au foyer de mémoire
Où le vieux crépuscule est une lente histoire
Que la nuit de ce soir écoute à la fenêtre
Attentive d'entrer, sans pâlir puis renaitre,
Dans la tiédeur ardente du passé.
TOUT VA
VIPÈRE AFFREUSE...
Vipère affreuse harmonise tes nœuds
Ferme la boucle — ou méandrez en couple :
Deux corps sans chaleur sont rien qu'armes souples
Tracé de l'être à son pic vénéneux.
Tiède la mort près du métal de Toi !
Le froid dans l'homme (au face à face habile)
Vainc le Phœbus réciproque
O Reptile.
Droit se hasarde un regard sans émoi.
p.108
Le vent qui touche à tout, jeune fille sans aile,
Touche à toi, demoiselle où veut poser sa bouche
L'équilibriste qui tient sur un baiser d'elle
Et tourne sous son fard, dès que le vent le touche.
Sur tes genoux moins durs que les genoux du bois,
Votre baiser savant penche comme une fleur,
Penche vers une fleur : c'est la fleur qui vous boit,
Chavirés sous vos fards, comme boit un voleur
FEUILLE BLANCHE ET LES AUTRES
Mai, fou du vert, néglige une feuille à son flanc.
D'ombrage et frondaisons s'offre la haute égide
Quand cet esprit tigré se bute au papier blanc
Et le frelon rageur à la vitre rigide.
p.69
UNE BÛCHE
A bas!
Végétation
Poing entre haut et terre
Native gestation;
Ma cognée - c' est fait - Mère,
Fais ta soeur l'éphémère :
Fonds au foyer bref!
rire
Ou vivre, c'est mourir
Activement, sentir
Tes fêlures s'écrire.
HECATOMBE
Un vertical sans défaut
Tente et trouble la Faucheuse
. ...et un faucheur - gifle heureuse
Au monde ce porte-à-faux -
Rit à sa riante faux.