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4.06/5 (sur 124 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Nantes , 1964
Biographie :

Olivier Donatien Rey est un mathématicien, philosophe et écrivain français.

Diplômé à l'École polytechnique, en 1986, il est brièvement officier de marine, avant d'obtenir un doctorat de mathématiques. Chargé de recherche au CNRS depuis 1989, il enseigne les mathématiques à l’École polytechnique de 1991 à 2006, avant d’intégrer la section philosophie du CNRS en 2009.

Il enseigne également la philosophie dans le master de philosophie de l'Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne.

Parallèlement à ses activités de mathématicien, il a développé une pensée critique sur la place prise par la science dans la société postmoderne, exposée dans un essai intitulé "Itinéraire de l’égarement, Du rôle de la science dans l’absurdité contemporaine", paru au Seuil en 2003.

En 2011, avec la publication du "Testament de Melville, Penser le bien et le mal avec Billy Budd" chez Gallimard, Olivier Rey s’est attaché à montrer à travers une étude du chef-d’œuvre posthume de Herman Melville, la puissance de la littérature pour explorer les questions éthiques et esthétiques.

Olivier Rey a aussi publié deux romans. Le premier, "Le Bleu du sang" (1994), reprend une légende du XIIe siècle, "Après la chute" (2014) est d'une facture radicalement différente: il transcrit, à la première personne, les interrogations, les désarrois, les aventures d'une jeune femme, étudiante en histoire.

Il a obtenu le Prix Bristol des Lumières 2014 pour "Une question de taille".

Il est actuellement membre de l'Institut d'histoire et de philosophie des sciences et des techniques (IHPST).
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Citations et extraits (121) Voir plus Ajouter une citation
C’est triste à dire : la parole sert surtout à exprimer ce qui ne va pas, ou ce qui allait quand cela ne va plus. Quand tout va bien, quand on est au comble du bonheur, on est transporté. Transporté où ? Hors du langage probablement.
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De toutes les extravagances dont notre monde est envahi, les contes sur le triomphe de l’intelligence artificielle et le transhumanisme comptent parmi les plus maléfiques. Ils incitent, en annonçant la mort de la mort, à persévérer sur une voie qui conduit à la mort de masse ; ils alimentent des fantasmes de surpuissance à un moment où il faudrait, plus que jamais, accepter de mettre des limites à la puissance ; ils flattent l’individualisme alors qu’il serait urgent d’assumer une communauté de destin, ils engagent à ignorer et mépriser toutes les sagesses élaborées par les hommes au fil des millénaires, en une conjoncture où celles-ci seraient nos plus précieuses ressources, ils bercent de chimères quand il faudrait se confronter à la réalité. (page 178)
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Selon Girard, c’est le judéo-christianisme qui nous a appris à repérer le mécanisme sacrificiel par lequel les sociétés conjurent la violence mimétique en la polarisant sur une victime émissaire. La Bible hébraïque et les Evangiles révèlent ce qui doit demeurer caché pour que le procédé jouisse de sa pleine efficacité : la victime qu’on élimine est innocente de la gangrène sociale dont on la rend responsable. […]
En retirant aux sociétés humaines l’usage libre et innocent d’un moyen aussi efficace pour se purger de la violence mimétique qui menace périodiquement de les emporter, le judéo-christianisme a davantage fragilisé ces sociétés qu’il ne les a renforcées. […]
Contre le déchaînement de la violence mimétique, les sociétés modernes, interdites de rites sacrificiels – ou plutôt, très contraintes sur ce chapitre – ont dû recourir à d’autres instruments de régulation sociale. Entre autres, la production de masse, chargée de calmer momentanément – très momentanément – l’envie ; l’apparition d’une instruction obligatoire prolongée, dont une des fonctions est d’inculquer à tous les enfants les principes de la vie commune ; la place croissante prise par le droit, saisi de tous les conflits et appelé à les trancher avant qu’ils puissent s’étendre ou prendre de dangereuses proportions ; le développement de la police, veillant au respect des lois et arrêtant les contrevenants, ainsi que la multiplication des prisons maintenant ces derniers à l’écart. Sans parler d’une multitude d’autres instances régulatrices comme les hôpitaux psychiatriques, l’industrie pharmaceutique pourvoyeuse de neuroleptiques, l’industrie des loisirs charge d’épuiser les surplus d’énergie en dérivatifs inoffensifs.
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Quand les choses sont trop petites, il faut les faire croître. Quand elles sont trop grosses, il faut les faire décroître. A l'heure actuelle, il n'y a aucun doute sur la direction qu'il est opportun et urgent d'adopter. Cela signifie nullement que cette direction sera prise. Car lorsque les choses sont de venues trop grosses, elles s'autonomisent, échappent à tout contrôle et continuent de grossir sans qu'on y puisse rien.
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Quoi qu'il en soit, les dirigeants voient dans la crise sanitaire un accident très fâcheux, mais aussi une fenêtre d'opportunités à saisir, afin d'accélérer les mutations en cours et de mettre en place les dispositifs de contrôle qu'en temps normal la population aurait refusés. Une fois ces mutations accomplies (la numérisation d'à peu près tout en particulier et l'obligation de tout faire en ligne), il ne sera plus question de revenir en arrière, une fois les nouveaux dispositifs installés ils resteront en usage - d'autant qu'au train où vont les choses, il y aura toujours une autre crise, une autre urgence, une nouvelle menace à invoquer pour justifier leur existence. Tel est le programme en bref : emprise totale de la technologie, standardisation accrue des comportements, extension sans limite du domaine du management 
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il nous faudrait enfin abandonner notre condition de 'dépendants à prétention d'indépendance' 1 - la figure dominante de l'époque. Il nous faudrait réapprendre, collectivement et individuellement, à compter sur nous-mêmes. Bien entendu les dirigeants politiques et économiques n’ont pas l'intention d'encourager ce genre de fantaisie, ni même de les autoriser
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Le retournement dans les poussettes le murmure à sa manière. On prétend œuvrer pour le bonheur des enfants. Mais, dans les poussettes ainsi conçues, ils ne sourient plus. A qui, à quoi adresseraient-ils leurs sourires ? Au monde ? De là où ils le découvrent, il n’y a pas de quoi rire. Au ras du sol, sans regard pour les rassurer, ils jouent le rôle d’étrave pour fendre la foule, pour frayer un chemin à travers la circulation urbaine. Impossible de parler. Et si jamais une souffrance ou un tourment s’emparent d’eux, ils pleurent dans le vide, sans aucun visage pour seulement réfléchir leur chagrin.
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Lorsque l’automobile paraît, le message est : « Maintenant, grâce à la voiture, tu peux aller beaucoup plus loin qu’à pied » ; un siècle plus tard, il faut dire : « Maintenant, tu dois aller beaucoup plus loin qu’à pied, et tu as donc besoin d’une voiture. » C’est un mouvement général, qui détruit les moyens qu’ont les êtres humains de subvenir par eux-mêmes à leurs besoins, et les oblige à en passer par des objets ou des services qui s’achètent.
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Le Credo chrétien se termine par une attente de la résurrection des morts et de la vie future. La "sortie de la religion", par contraste, concentra l'attention sur la vie présente. Les activités économiques y gagnèrent une nouvelle dignité. Alors qu'elles étaient jusque-là demeurées "enchâssées" dans la vie des communautés, l'effacement du cadre religieux leur permit de s'organiser en système autonome et d'imposer progressivement leur logique à la société tout entière. La polarisation sur la vie dans sa matérialité s'en trouva renforcée. A ce mouvement contribua aussi l'esprit scientifique moderne, identifiant la vie à ce qui était accessible à ses méthodes d'investigation. Les définitions des dictionnaires témoignent de l'évolution. Dans ses quatre premières éditions (1694, 1718, 1740, 1762), le dictionnaire de l'Académie française donnait pour premier sens du mot vie : "L'union de l'âme avec le corps", ou "l'état où est l'homme quand son âme est unie à son corps (De même, le dictionnaire de la langue anglaise de Samuel Johnson (1755) donne pour premier sens du mot "life" : "Union and cooperation of soul with body." Une telle définition fait concevoir la mort comme séparation de l'âme et du corps, et la vie future comme union de l'âme à un corps ressuscité - la croyance en la résurrection de la chair et en la vie éternelle sont solidaires). Avec la cinquième édition, en 1795, les choses changèrent : la vie devint "l'état des êtres animés tant qu'ils ont en eux le principe des sensations et du mouvement". Dans la huitième et dernière édition en date (1935), la vie est définie comme "l'activité spontanée propre aux êtres organisés, qui se manifeste chez tous par les fonctions de nutrition et de reproduction, auxquelles s'ajoutent chez certains êtres les fonctions de relation, et chez l'homme la raison et le libre arbitre". De la vie comme "union de l'âme et du corps" à la vie comme "activité spontanée propre aux êtres organisés" - ou "ensemble des phénomènes et des fonctions essentielles se manifestant de la naissance à la mort et caractérisant les êtres vivants" (Trésor de la langue française) -, on mesure l'ampleur de la transformation. L'invariance du terme, toutefois, a permis et entretenu la confusion. La sortie de la religion, en effet, n'a pas aboli le religieux, elle a laissé derrière elle une grande quantité de religiosité errante en quête de points de fixation. La 'vie" s'est proposée comme l'un de ces points. D'un côté, les définitions actuelles du mot ont quelque chose de rassurant : elles certifient qu'en exaltant la vie, on ne se laisse pas abuser par des chimères, on ne cède à aucun emportement mystique. D'un autre côté, le terme retient quelque chose de l'aura qui lui était attaché du temps où il désignait l'union de l'âme et du corps, et où on se rappelait la parole du Christ : "Je suis la vie." Qu'est-ce que la vie? Si on me le demande, je pourrai répondre que c'est "l'ensemble des phénomènes et des fonctions essentielles se manifestant de la naissance à la mort et caractérisant les êtres vivants" ; si on ne me le demande pas, j'ai tout loisir de me laisser aller aux belles harmoniques qui le mot éveille en moi. Une telle combinaison, d'héritage religieux et de déni de l'héritage, est vraiment une aubaine. Ainsi prospère l'idolâtrie de la "vie".
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C’est cette conscience de la précarité interne qui a conféré, pendant si longtemps, une force écrasante à la tradition, érigée en rempart contre les risques permanents de dissolution. […] Aussi erronée qu’elle nous paraisse, une telle pensée témoignait d’un savoir implicite : le plus grave danger dans un fléau s’abattant sur une communauté était non le fléau en lui-même, mais la décomposition interne qui pouvait en résulter.
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