Midi : le spectacle ensorcelé
Petite marionnette du désespoir
Vêtue du pourpre des regrets
Brûlure de volcan dans le noir
De mes rêveries calcinées
Petite poupée des hantises
Qui me poursuivent partout
Qu’il fasse jour ou bien nuit
Vêtues de l’orange des fous
Ces deux pantins cliquetant
De leurs clochettes de damnés
Me coursent d’un pas haletant
Si j’espère encore m’échapper
Seules régentes des coulisses
Du théâtre de mes obsessions
Elles me chuchotent, me glissent
Les mots de mon ultime confession
Guignols au sourire démoniaque
Leurs yeux sans joie et narquois
Assiègent mon esprit et attaquent
Les frêles fondations du Surmoi
Mettant en déroute mes armées
Moquant mes croyances et ma loi
Elles se vengent d’avoir été créées
Par mes souffrances et mes émois
Sinistres ombres reflétées ici-bas
Sur le lac de tant de larmes versées
Elles ne me laisseront qu’une fois
Tous mes vains espoirs abandonnés
Ou réalisés…
Le vieil homme regardait sa montre. C’était bien là l’image du temps qui se joue des humains : une fresque si commune, que l’on pouvait croiser partout, au détour d’un couloir ou d’une journée de travailleur fatigué… Les heures malicieuses s’étaient attardées sur cette aquarelle dans les tons de gris, peignant ce pardessus comme si la pluie de Paris l’avait délavé au point d’en faire une flaque à peine solide ; un vêtement impalpable, qui reposait sur le dos de ce vieillard fourbu tel un nuage attardé sur ses frêles épaules.
Le regard, lui, arborait l’azur étincelant des grandes sagesses mélancoliques. Il fixait ce petit cadran jauni, qui lui renvoyait l’image d’un siècle oublié.