Comme dit maman, il vaut mieux se taire et passer pour une idiote, que parler et lever le doute...
Parfois, ce qui se passe n'est la faute de personne, vous savez. Les choses arrivent, sans qu'on sache pourquoi. C'est comme ça.
Je ne m’étais jamais sentie aussi moche de ma vie. J’étais aussi grise que le ciel du New Hampshire, en moins menaçant — et en beaucoup moins mystérieux. Avant de venir à Manderley, je m’étais toujours considérée comme une fille plutôt sympa à rencontrer — pas à admirer, pas sur qui fantasmer comme Becca mais tout de même. Ce soir-là, j’avais l’impression d’être franchement minable. J’étais prête à parier que Becca n’avait jamais porté une chaussette trouée, qu’elle n’avait jamais eu le teint brouillé, les yeux gonflés ou la gueule de bois. Elle devait être top même avec des lunettes, en admettant qu’elle ait eu à en porter, ce dont je doutais, les nanas comme elles ayant en général une vue parfaite. Et pour couronner le tout, elle devait être super, même sans maquillage. Le matin, ses cheveux décoiffés ajoutaient à sa sensualité naturelle, alors que moi, je ne ressemblais à rien, au réveil.
- Moi aussi. Bon sérieusement, regarde-moi, que je voie bien la couleur de tes yeux.
Je me suis penchée sur le côté pour qu'il puisse les examiner à la lumière du jour.
- Je confirme. Ils sont verts, avec une nuance de brun, là... en plein milieu de l'iris.
- C'est vrai ? ai-je demandé d'un air un peu bête, alors que je le savais pertinemment.
- Il y a aussi un peu de... Oui. De bleu. En fait, tes yeux ont la couleur de... d'une mare.
J'ai ri si fort qu'on m'a entendu dans toute la salle. Du coup, je me suis mordue la lèvre, d'un air faussement penaud.
Max a l'air amusé, lui aussi.
- Quoi ? Qu'est-ce-qui te fait marrer comme ça ?
- Une mare ? Donc, tu es en train de me dire que le brun de mes pupilles te fait penser à de la boue, et le vert à ce dépôt répugnant qui flotte à la surface, c'est ça ?
- Non, a -t-il dit en se rasseyant, sans se départir de son sourire. Ce n'est pas ce que je voulais dire.
J'ai levé les yeux au plafond sans réussir à dissimuler mon amusement, et je me suis remise au travail.
Si elle avait appris une chose, dans la vie, c'était qu'on ne souffre que par les gens qu'on aime sincèrement.
Elle a distribué les copies.
- Écrivez- bien vos noms en haut à droite !
Son enthousiasme m'irritait.
J'ai enfin reçu ma copie. Après avoir écrit mon nom, j'ai lu la première question.
Qu'est-ce que " manipulation électorale" pouvait bien vouloir dire ?
J'ai jeté un coup d’œil en direction de Brett, qui avait déjà répondu à trois questions sur la première page. J'ai entouré la lettre a en réponse à la première question et me suis dépêchée de copier les autres. Mais il allait trop vite, je n'arriverais jamais à suivre.
- Ralentis ! lui ai-je ordonné dans un murmure.
Il m'a regardée, regardé la prof, puis a déchiré un coin de la première page du contrôle. Mlle Smithson a levé la tête et nous nous sommes efforcés d'avoir l'air très concentrés.
Chaque fois que j’entendais le mot elle, je me demandais si on parlait de Becca ou de moi. Parfois, j’étais tellement certaine que c’était de moi que j’avais envie de réagir. Seulement pour dire quoi, au juste ?
Pendant toute une année j'avais étais jalouse d'un famtome ! Je ne m’étais jamais sentie aussi moche de ma vie. J’étais aussi grise que le ciel du New Hampshire, en moins menaçant — et en beaucoup moins mystérieux. Avant de venir à Manderley, je m’étais toujours considérée comme une fille plutôt sympa à rencontrer — pas à admirer, pas sur qui fantasmer comme Becca mais tout de même. Ce soir-là, j’avais l’impression d’être franchement minable. J’étais prête à parier que Becca n’avait jamais porté une chaussette trouée, qu’elle n’avait jamais eu le teint brouillé, les yeux gonflés ou la gueule de bois. Elle devait être top même avec des lunettes, en admettant qu’elle ait eu à en porter, ce dont je doutais, les nanas comme elles ayant en général une vue parfaite. Et pour couronner le tout, elle devait être super, même sans maquillage. Le matin, ses cheveux décoiffés ajoutaient à sa sensualité naturelle, alors que moi, je ne ressemblais à rien, au réveil ! Chaque fois que j’entendais le mot elle, je me demandais si on parlait de Becca ou de moi . Parfois, j’étais tellement certaine que c’était de moi que j’avais envie de réagir. Seulement pour dire quoi, au juste ?.