....... aux yeux du plus grand nombre .... Gauguin est, avec Vincent le « sacrifié » et Picasso le « démiurge » -, celui qui symbolise l’Artiste avec un A majuscule.
L’Artiste mythique. L’Artiste absolument.
Contrairement à d’autres artistes incontournables de l’histoire de l’art, son mode de vie et son œuvre sont indissolublement liés : il crée une manière de vivre – plus proche de la nature, plus élémentaire, plus dépouillée, plus jubilatoire aussi de l’homme désirant que reprendront à leur compte la jeunesse libertaire et utopiste des années 60/70 des sociétés matérialistes du XXème siècle ; et, en tant qu’artiste fasciné par l’âge d’or et la doublure mélancolique des civilisations lasses d’elles-mêmes, les premières icônes oniriques de la modernité qui unissent la sensation et l’émotion, la chair et l’esprit, la pensée et le spirituel.
A la fois peintre, sculpteur, céramiste, écrivain, musicien, architecte, ses œuvres captent l’énergie première du « sacré anthropologique » : non plus la vie et la mort irrémédiablement séparés – le clivage ontologique de l’être – mais « l’unidualité » selon le terme d’Edgard Morin, ou « le devenir », « la ligne de fuite » selon Gilles Deleuze, au bénéfice de ce qui est plus intense et plus durable que nous-mêmes : un humanisme cosmique.