AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pascal Bruckner (333)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Trois jours et trois nuits

En 2020, les chanoines de l’abbaye de Lagrasse ont invité des écrivains à partager trois jours et trois nuits de leur existence.



La COVID a compliqué le scénario et finalement quatorze écrivains publient leurs témoignages. A noter que Boualem Sansal « athée en recherche de Dieu », n’a pu se rendre sur place « j’attends ce jour comme un fiancé attend de rencontrer sa promise » mais offre une belle réflexion sur l’Islam, que Michel Onfray semble avoir honoré l’invitation sans témoigner, et qu’il n’était pas nécessaire d’être chrétien ou catholique pour être sollicité comme le précise Jean-Paul Enthoven.



La préface de Nicolas Diat, les quatorze chapitres et la postface du Père Le Fébure du Bus, ont nourri durant ce mois de janvier mes médiations et certains chapitres méritent lectures et relectures. Chaque contribution est riche de la diversité des écrivains, de leur rapport à la culture, à la religion, à la vie.



M’ont particulièrement marqué « La fondation » de Camille Pascal qui restitue la chanson de Rolland et la fondation de l’abbaye par Charlemagne … une épopée lyrique contée miraculeusement par une plume savoureuse.



« Les soldats de la grâce » de Jean-René van der Plaetsen interroge notamment sur la vocation de trois Saint Cyriens devenus religieux, à l’exemple de Charles de Foucauld.



« Le refuge » de Frédéric Beigbeder, témoignage poignant d’un noceur assumé, s’échappant de l’abbaye pour suivre un match de foot au bar local … Mais pas que !



« La résurrection » de Frantz-Olivier Giesbert évoque le siège d’Hippone en 430, observe notre actualité et conclut « Laisse pousser en toi les racines de l’amour » car c’est à chacun, par son comportement, de repousser la barbarie.



« Tolle lege, tolle lege » (prends et lis) de Xavier Darcos réfléchit sur la culture latine, la civilisation romaine, sa transmission grâce aux abbayes et sa disparition décidée par les idéologues et pédagogues commettant les réformes successives de l’éducation nationale.



Certaines contributions, dont celles de Simon Liberati, sont de réelles méditations de textes bibliques et exigent une lecture attentive.



Ces chapitres illustrent des approches diverses et variées le Lagrasse. Certains ont été attentifs aux religieux et à leur ouverture à l’extérieur (écoles, hôpitaux, paroisses) , d’autres à l’abbaye, certains à la lecture des Confessions de Saint Augustin fondateur de ce ordre religieux, plusieurs à la liturgie et au rythme immémorial des offices. D’où la richesse et l’originalité de cet ouvrage.



J’ai découvert ces chanoines il y a plus de quarante ans, sur les chemins vers Compostelle, à Moissac, quand le Père Wladimir constituait un premier noyau de religieux et j’ai été séduit d’emblée par la beauté de la liturgie. Depuis nous sommes passés plusieurs fois à Lagrasse mais l’âge et les distances étant ce qu’ils sont je ne sais si nous aurons l’occasion d’y retourner.



Cet ouvrage offre une belle rencontre avec cette communauté en pleine croissance, toujours accueillante aux pèlerins et touristes parcourant les Corbières.
Commenter  J’apprécie          1192
Un an et un jour

Quel roman bien étrange...

Loin des idées que j’ai pu formatées suite au résumé de la quatrième de couverture. Cette chronique s’essaie à remettre les pendules à l’heure.



Jézabelle est une jeune femme de vingt-six ans. Elle doit se rendre à Montréal remettre la montre de son père décédé à l’un de ses amis. L’avion traverse une zone de fortes turbulences et est contraint d’atterrir aux Etats-Unis. Jézabelle fera escale une nuit au Piazza, hôtel aussi miteux qu’excessivement onéreux. À son réveil, ce n’est pas une nuit qu’elle a passée à l’hôtel mais un an et un jour. Étant dans l’incapacité d’honorer le montant exorbitant d’une année dans ledit hôtel, la voilà emmenée contre sa volonté dans un cagibi de l’hôtel, traitée comme un animal, une esclave, contrainte de travailler pour épurer sa dette.



Ce roman est vraiment étrange. Il y règne une atmosphère proche d’un manoir hanté, offrant une galerie de personnages sortis d’un chapeau de Merlin. Tout le roman se concentre sur l’autarcie de Jézabelle, rebaptisée Jazz dans cet hôtel plus que bizarroïde. Les chapitres donnent le ton aux personnages secondaires, s’attarde peu sur la condition de détention de Jézabelle. La jeune fille n’aura comme but de trouver l’argent demandé pour sa dette à travers des boulots pour le moins mystérieux et irréalistes pour certains (lectrice pour un américain de grands classiques, suceuse de lait pour une femme galactophorique,...).



On fait l’impasse sur cette montre dont la quatrième de couverture semble nous promettre un dérèglement du temps. On oublie vite que l’héroïne a perdu une année de sa vie à dormir.



C’est mon premier roman de Pascal Bruckner et j’ignore si cet écrivain s’adonne à ce genre sibyllin littéraire. L’atmosphère est tellement particulière. Néanmoins, je me suis sentie bien dans ce roman, déconnectée des histoires réalistes, dépaysée, déphasée dans un autre monde où le temps semble s’être arrêté. La plume de l’auteur est interpellante, avec de très beaux passages sur des thèmes diversifiés.



C’est ce que je qualifie, un roman étrange flottant entre science-fiction, fantaisie, philosophie et poudre de perlimpinpin. Agréable, intéressant et interpelant.
Commenter  J’apprécie          874
Le Divin enfant

Il est né le divin enfant. Et bien non. Non non, hors de question. Même sous la torture, il refuse de naître le divin enfant.



Au départ, nous avons une femme fraîchement mariée. Bourrée de tocs et de peurs, Madeleine ne conçoit aucun charme à l’enfantement, de l’acte au résultat. À moins de porter le futur Einstein, un chérubin dans son ventre ne l’intéresse guère. C’est sur cette petite idée de génie de rien du tout que va germer la fleur du savoir. Bien au chauds dans le ventre de Madeleine, Louis et Céline sa jumelle se nourrissent de savoir, forts d’une expérience médicale hors norme. Encyclopédies, musique, physique, littérature, philosophie, ils enregistrent tout. Finissent par devenir de vrais génies érudits doués de parole dans le ventre de leur mère.



Quand arrive la découverte de l’actualité, Louis s’offusque et crie à la rébellion « moi sortir d’ici, jamais ». Avec ses guerres, ses maladies, ses conflits, ses catastrophes naturelles, le monde est laid, dangereux et ce serait pour Louis une grave erreur d’en faire partie.



Le voilà donc bien décider à faire barrage à sa naissance et à user de tous les stratagèmes et répliques cinglantes pour rester hors de portée de la vie.



Voici mon deuxième roman lu de Pascal Bruckner avec toujours ce même plaisir. Le sujet est original, piquant, drôle, fantaisiste. L’auteur s’adonne au droit de chaque tête blonde à exister ou pas. Il donne le ton à ces milliards d’enfants qui n’ont rien à dire. Il décortique habilement les succursales du choix, du savoir absolu en lieu et place du bonheur, des limites d’une vie en autarcie. Sous des airs d’une Amélie Nothomb inspirée, c’est rocambolesque, psychédélique. Une lecture dépaysante et bien originale. Un bon deuxième moment avec Pascal Bruckner. Si vous aimez l’amie Nothomb, je vous conseille de tenter Bruckner. Ça décoiffe.
Commenter  J’apprécie          805
Trois jours et trois nuits

Une envie de sérénité avant les vacances : je me suis offert trois jours et trois nuits… dans un monastère ! Bon en vrai, j'aurais bien aimé mais par manque de temps, je me suis offert cette retraite par procuration, grâce à la littérature. Avec moi, une quinzaine d'auteurs a été invité à vivre une retraite de trois jours et trois nuits au coeur de l'abbaye de Lagrasse, en clôture, c'est-à-dire dans le carré VIP avec les chanoines. En retour, chacun d'eux a offert un texte que leur a inspiré cette expérience. A mon tour d'en commettre un retour.





La liste des auteurs est variée mais étonnamment, l'ensemble des écrits est plutôt homogène, et leur complémentarité rend l'ensemble harmonieux. Sur les quinze, seuls trois ou quatre m'ont paru plus hermétiques, principalement ceux qui décryptaient le plus précisément certaines paroles ou histoires bibliques. Je les ai trouvé moins accessibles et moins intéressantes car moins focalisées sur l'expérience personnelle de leur auteur. J'ai apprécié en revanche les contributions où les auteurs livraient beaucoup d'eux-mêmes, soit en anecdotes personnelles, soit en réflexions, émotions, observations et descriptions de leur expérience à Lagrasse. C'est ce que j'ai trouvé le plus intéressant parce que le plus généreux, le plus humain… Des qualités qui sont à l'origine de ce livre, puisqu'en échange de cette expérience, les auteurs reversent leurs droits aux chanoines de Lagrasse, pour la restauration de leur abbaye. Cette fois, vous ne culpabiliserez pas d'ajouter un livre à vos PAL !





Même si l'ensemble est homogène, je ne me suis pas ennuyée parce que chaque récit étant personnel, ils sont tous différents, évoquent un vécu et/ou un ressenti différent. Et puis les plumes et anecdotes sont savoureuses selon les auteurs. Allez, je le confesse ici : je connaissais très peu d'auteurs dans ce panel, mais avec certains je me suis régalée. J'ai trouvé Beigbeder particulièrement émouvant et drôle, dans son texte, alors même que je connais très peu l'auteur et encore moins la personne. On y retrouve aussi Sylvain Tesson, qui ne pourra s'empêcher de descendre le clocher en rappel, entrainant avec lui une poignée de frères ! Même le récit totalement historique de Camille Pascal, que je craignais de moins apprécier, est en réalité hyper enrichissant et joue un rôle très important dans l'enchainement des textes.





Mais si l'approche est différente selon les personnalités, on retrouve dans la plupart des textes des thèmes récurrents : la beauté de l'endroit et la sérénité que l'on y ressent, la crainte d'attaques terroristes, la bonté des chanoines, leur bonne humeur, le silence comme espace de pensée, l'importance de la liturgie et du mystère (du cérémonial comme de la langue utilisée pour les messes) dans l'attractivité de la foi, la langue latine comme approche poétique de la religion, des rapprochements avec la vie militaire, à laquelle ont d'ailleurs goûté certains auteurs comme certains chanoines ; le côté rassurant d'une vie bien réglée, et son efficacité pour retrouver du temps. Les confidences entremêlées sont intéressantes et donnent envie de faire l'expérience de cette humanité qui fait du bien, loin de l'agitation mercantile et de la course à l'individualisme du siècle. Et l'on y trouve quelques références littéraires à explorer.





Le calme, ainsi que la paix intérieure qui m'envahit dans ces lieux, m'ont toujours attirée. le silence m'y remplit, et je peux enfin entendre et ressentir toutes les émotions qui souvent crient et se bousculent, ignorées, remises à plus tard, quand on aura enfin ce temps qu'on ne prend jamais. C'est souvent un moment très intense, que j'ai éprouvé de nombreuses fois en m'arrêtant dans de tels lieux sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle. Je me suis toujours dit qu'un jour je m'offrirai ce genre de retraite même si, pour l'instant, l'occasion ne s'est pas encore présentée.





Pour l'anecdote, elle s'est en revanche présentée de manière inattendue pour l'une de mes meilleures amies : Très croyante, et ayant organisé son mariage presque entièrement, elle a laissé le soin à son mari d'organiser le voyage de noces contenant la FAMEUSE nuit de noces ; Depuis des mois elle me confiait, avec les yeux qui pétillent, ses tentatives de deviner où l'homme de sa vie avait décidé de l'emmener passer cette folle nuit… Vint enfin le moment fatidique de vérité et là… SURPRIIIIIISE !! Voyage de noce dans un… Monastèèèèère !!! Incompréhension de mon amie qui rêvait de sa nuit de noces, tandis que son mari était absolument convaincu de lui faire plaisir !! Résultat : nuit de noces en cellules, et dans le silence… L'histoire ne dit pas s'ils y sont restés trois jours et trois nuit, mais peut-être que vous, vous aurez envie d'en faire l'expérience avec ce livre ! L'avez-vous faite en vrai ?
Commenter  J’apprécie          6850
Trois jours et trois nuits



« Quand chacun des interlocuteurs vient de si loin, il faut du temps pour se comprendre. On s’écoute, mais on ne s’entend pas, ne fût-ce sur le plan du vocabulaire. Sauf pour ce qui touche les points sensibles en chacun de nous. En fin de compte, une rencontre authentique se situe toujours à un niveau plus profond ou plus élevé, ouverte sur l’infini. Par-delà les paroles, un regard, un sourire suffit pour que chacun s’ouvre au mystère de l’autre, au mystère toute autre. » François Cheng « L’Eternité n’est pas de trop »



Suis-je agnostique ou athée ? A mes yeux, cela n’a pas d’importance. Je suis une mécréante qui cherche la Lumière et ce n’est pas faute d’avoir prospecté. De temps en temps, mes pas me ramènent vers cette quête, j’éprouve toujours une attirance pour les lieux consacrés quels qu’ils soient, qu’importe l’Obédience, ils m’apaisent. Je me sens en communion avec ceux qui m’ont précédée, le temps n’existe pas. Etre touché par la grâce tel Eric-Emmanuel Schmitt dans Sa Nuit de Feu m’interpelle. Il se veut sans église, sans dogme, une très belle expérience.



Ce sont souvent des livres qui croisent mon chemin comme celui-ci qui, eu égard à mes lectures, me fut recommandé par Babelio. Les commentaires d’Aquilon62 et de Migdal m’ont motivée à partir en compagnie de ces quatorze écrivains et des moines sur les chemins de l’Abbaye de Lagrasse. Abbaye du pays cathare, née de la volonté de Charlemagne, j’entends « La Grâce », elle en a connu des vicissitudes, des destructions et des reconstructions jusqu’à l’arrivée de quelques chanoines qui mènent, entre ses murs, une vie de prière sous l’égide de la Règle de Saint-Augustin. La restauration a démarré en 2014 et comme pour toute rénovation, il faut de l’argent. Il a été convenu que le produit de la vente de ce livre reviendrait à l’Abbaye.



N’avez-vous jamais ressenti le besoin de vous isoler, loin de l’agitation extérieure et de ses tourments, l’impérieuse nécessité de vous retrouver face à vous-même, ce n’est pas une fuite mais plutôt un besoin de reprendre contact avec votre moi intime, de se recentrer. Il y a de très beaux endroits où se ressourcer mais pour avoir été en plein hiver, au moment des grandes marées, le Mont-Saint-Michel reste pour moi la halte idéale, propice à la méditation, pour demeurer seule avec moi-même.



Nicolas Diat nous offre une belle préface et le Père Abbé, Emmanuel-Marie Le Fébure du Bus, conclut cette insolite mais féconde expérience qui a réuni une quarantaine de moines et quatorze écrivains aux croyances et sensibilités tellement différentes.



Les hôtes comme les invités ont tout partagé dans le silence de ce lieu consacré. Imaginez les moines glissant sur le sol carrelé au petit matin pour se rendre à l’office, tous vêtus de blanc, psalmodiant les prières, entonnant les chants grégoriens, la liturgie latine reprenant toute son épaisseur et son mystère, imaginez les invités, basculant dans un monde qui leur est tellement étranger, déjeunant d’un modeste repas, partageant le pain qu’il soit celui de l’officiant à la messe ou celui du réfectoire, sans un mot, concentrés sur la lecture du jour , attendant patiemment les échanges qui se font autour du café. Ils ne rencontreront que la Paix, l’amitié, l’écoute, des contraintes aussi qui viennent rompre avec l’immédiateté de notre vie moderne mais qui donnent toute l’intensité aux instants vécus.



Bien évidemment, certains d’entre les écrivains se questionneront sur la vie en communauté, après tout, les moines sont des êtres humains même s’ils sont parvenus à domestiquer leur égo, si leur être tout entier semble porter la lumière, il n’en reste pas moins qu’ils sont des hommes. Leur emploi du temps est intense et laisse peu de place aux aspérités, le rituel les relie. Les journées sont rythmées par les Offices (sept), la prière, l’étude, le travail manuel, le jardinage – j’ai beaucoup aimé la description du jardin et des essences diverses - les visites aux malades, les hôpitaux dans les services de soins palliatifs. Saint-Augustin veille sur eux, dans chaque cellule, ses confessions les rappellent à l’ordre. Il guide les frères dans sa vision de l’amour fraternel.



Ce livre représente la somme des différents dialogues ou écrits de chaque écrivain. Ils y ont apporté une part d’eux-mêmes, que ce soit l’athée qui humblement parle de son questionnement, que ce soit celui qui se réfugie derrière l’histoire de l’Abbaye pour éviter de se livrer, que ce soit le tourmenté comme Beigbeder ou Liberati ou la lucidité de Boualem Sansal, ce livre est très beau ! C’est le cheminement pendant trois jours d’hommes différents qui ne cherchent que la bienveillance en toute simplicité, dépouillés de leurs préjugés, sans jamais chercher à convaincre, C’est le dialogue – dias logoi – deux visions différentes qui se complètent et non qui se censurent, s’interdisent. Toutes les réflexions sont à savourer, à relire aussi. Certaines pensées m’ont particulièrement émue que ce soit par la beauté ou par l’humilité.



« Et penser à ces hommes agenouillés, m’aide à tenir debout » Frédéric Beigbeder



NdL : Pour @afriqueah, notre Francine dont je lis les mémoires, une page du livre s'ouvre sur une pensée de Saint-Augustin. J'aime ces clins d'œil de l'Univers.

Commenter  J’apprécie          6318
Une brève éternité

Pascal Bruckner nous offre-là un essai philosophique sur la maturité, la vieillesse, la vie et la mort.



Je ne me suis pas reconnue dans les personnes matures dont il fait état : des gens pathétiques qui nient leur âge, s'imaginent encore trentenaires, ne veulent rien lâcher de leur gloire passée et refusent de laisser la place. Nous ne devons pas vivre dans le même monde, Pascal Bruckner et moi, car je ne connais pas de ces personnes-là. Dans mon petit monde à moi, un monde de gens simples, nous avons profité de tous les âges de notre vie et n'avons tout bêtement plus envie de faire à 60 ans ce que nous faisions à 20 ou 30 ans. Ni envie ni regrets. Nous sommes passés à autre chose et cet "autre chose" nous comble tout autant.



Je ne me suis pas plus reconnue dans ces citations de grands philosophes tels que Platon, Montaigne, Sénèque, Diogène... Autant je goûte pleinement, lors de petites parenthèses, le plaisir de m'émerveiller devant un arbre, une rivière, une campagne ; autant, méditer pendant des plombes sur la condition végétale, le cul dans l'herbe, à bader devant une touffe de verdure, me rendrait neurasthénique.

Je dois être trop terre-à-terre pour la grande philosophie et trop épicurienne pour l'ascétisme.



J'ai, par contre, nettement apprécié ces encarts où il nous livrait son point de vue personnel sur le sujet évoqué à chaque chapitre. Son analyse était mesurée, sensée et réaliste.



Bien que le discours purement philosophique a été, pour ce qui me concerne, ressenti, parfois, de manière pesante et longuette, j'en ai trouvé l'essai non moins enrichissant. Il a répondu à des questions que je ne m'étais jamais posées ; et, bien m'en a pris car si je m'étais torturé l'esprit sur le sujet, j'aurais sans nul doute sombré dans la dépression.
Commenter  J’apprécie          5910
Un bon fils

Une lecture très tonique en dépit d’un sujet douloureux. Le mérite de de récit filial est que l’auteur évite le sordide règlement de comptes avec un père à la personnalité difficile ; transforme cette relation au père , si décourageante et négative, soit-elle… en une construction positive ; Que ce père soit raciste, antisémite obsessionnel, il y a aussi les moments de répit, de souffle d’un père et grand-père qui peut être aimant et attentionné.



Les thèmes m’ont fait songer à une autre autobiographie, plus sombre, plus douloureuse qui est celle du peintre Gérard Garouste, avec « L’Intranquille »…le fils choqué et culpabilisant sur les idées antisémites de son père , souffrira de dépressions intenses , et même au-delà… La souffrance et la culpabilité seront transformés à travers l’Art et la peinture ainsi que par le soutien indéfectible de l’épouse de l’artiste.



Le récit de Pascal Bruckner est plus « léger », plus distancié… avec des moments certes, de découragement et d’exaspération croissants du fils… mais au bout du compte ce fils se construira « Contre »… grâce à cette phénoménale opposition au Père…



l’extrait suivant que j’ai choisi donne le ton de l’ensemble de cette autobiographie :

Les pères brutaux ont un avantage: ils ne vous engourdissent pas avec leur douceur, leur mièvrerie, ne cherchent pas à jouer les grands frères ou les copains. Ils vous réveillent comme une décharge électrique, font de vous un éternel combattant ou un éternel opprimé. Le mien m'a communiqué sa rage: de cela je lui suis reconnaissant. La haine qu'il m'a inculquée m'a aussi sauvé. (p.17)



« Je n'ai qu'une certitude : mon père m'a permis de penser mieux en pensant contre lui. Je suis sa défaite : c'est le plus beau cadeau qu'il m'ait fait. » (p.251)



« Le doigt de la sorcière s'appelle les liens du sang, les lois de l'hérédité, le poids de la mémoire, de la génétique, qu'importe l'explication que l'on donne, ce doigt me retient et fait de moi, quoi que je veuille, toujours un fils et un fils de. S'émanciper, c'est s'arracher à ses origines tout en les assumant. » (p.186)



Un livre qui évite tous les écueils des larmoiements ou ressassements accusateurs… pour rester dans l’amour de la vie, des autres et de l’écriture. Un texte plein d’humour , de dérision et d’auto-dérision …

regorgeant au-delà des souvenirs pesants, de « joyeusetés »…



Ce récit en dépit de ces rapports père-fils éprouvants, sombres, est un texte relativement apaisé, où l’auteur répète qu’en réaction à toute cette haine , cette agressivité contenues dans son père, il a choisi, construit son chemin personnel aux antipodes . Il a développé un désir démultiplié d’apprendre, de connaître, d’expérimenter, d’aimer doublement les gens , l’existence, de prendre des engagements contraire à tout le poison idéologique distillé dans son enfance et adolescence…. De se construire son univers par l’écriture et ses rencontres personnelles dont un mariage avec une compagne de confession juive !!!



« Le monde est un appel et une promesse : il y a partout des êtres remarquables, des chefs d'oeuvre à découvrir. Il y a trop à désirer, trop à apprendre et beaucoup de pages à écrire. Tant qu'on crée, tant qu'on aime, on demeure vivant. «





Commenter  J’apprécie          582
Un bon fils

Autobiographie de Pascal Bruckner.

De lui je n'ai lu qu' "un petit mari", qui ne m'a pas laissé un souvenir impérissable. C'est donc quelqu'un que je ne connais pas plus que ça.

Et dès le début ça démarre très fort. Petit garçon élevé dans la tradition catholique, il adresse des prières pour que son père décède. Faut dire que le papounet y va fort, on pourrait résumer par : un gros con. Violent, antisémite, raciste, il tape sur sa femme, son fils aussi, parfois c’est juste pour soulager une journée trop chargée. Son attitude forgera le caractère de son fils et celui-ci deviendra en tout son opposé.

Malgré toute cette violence, on ressent tout au long du livre un certain amour de la figure paternel. L'écriture est débridée, empreinte de pudeur et de sensibilité, l'auteur visiblement ne cache rien. Un livre qui n'est pas un règlement de compte mais qui est plus un bilan pour faire le point sur le passé peut-être tout simplement pour mieux l'évacuer.

Commenter  J’apprécie          570
Un bon fils

Certains ont espéré, enfant, être adoptés pour rejeter et nier la filiation douloureuse dont ils sont issus. D'autres, comme Pascal Bruckner, âgé alors de 10 ans, à même prier pour que son père meurt.

La filiation de Pascal Bruckner est très douloureuse, elle ressemble beaucoup à celle de Gérard Garouste qu'il décrit dans: L'intranquille, autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou.

Tous deux auront eu un père violent, colérique et antisémite. Évidemment, leurs parcours respectifs vont laisser des séquelles irréparables. Garouste en devient fou, il est sauvé par la peinture, Bruchner par l'écriture.

Pour moi, Pascal Bruckner se met courageusement à nu dans ce livre. Car bien sûr, il a aussi une mère qu'il va voir s'humilier, se faire violenter et se sentir coupable.

C'est un des nœuds fondamentaux dans ces tragédies familiales, on se sent coupable et il faut des années pour sortir de ce cercle infernal.

Pascal Bruckner énonce aussi dans ce roman son parcours intellectuel, ses pairs qui l'ont aidé à se forger. J'aime beaucoup ces remarques et ses analyses pertinentes sur nos " erreurs de jeunesse", nos emportements don't aura raison notre "vieillesse"

En lisant ce livre, et même il s'agit d'une relecture, j'ai eu beaucoup de tendresse pour ces enfants " maudits" que certains ont été et leurs parcours néanmoins réussi à l'âge adulte.

Reste le titre: Un bon fils", faut-il encore se justifier aux yeux du père ?, des autres ?

À rapprocher aussi du titre de Laurent Seksik : Un fils obéissant.

La culpabilité dévore et rogne l'esprit.
Commenter  J’apprécie          524
Un bon fils

Cinq étoiles... mais, je l'admets, accordées plus subjectivement qu'objectivement, étant trop impliquée pour juger avec le recul qui s'impose.



Egalement enfant unique, même génération, "même" père, mêmes idéologies extrémistes...

Même ressenti, mêmes contradictions, mêmes ambiguïtés dans les sentiments...

Je suis entrée dans ce livre comme on entre en thérapie.

Psychothérapie que je n'aurais, d'ailleurs, jamais sollicitée. Dans un premier temps parce que j'ai tendance à nourrir une certaine méfiance envers tout ce qui commence par "psy". Dans un second, parce que je pense que l'on ne peut comprendre vraiment certaines situations que lorsqu'on les a vécues de l'intérieur et que tous les lieux communs, plus ou moins "guimauve", dont vous assènent ceux qui n'ont qu'une vision théorique de la chose sont aussi stériles qu'accablants.



Soixante ans que je me débats dans cette confusion et Pascal Bruckner vient, enfin, d'y apporter un éclaircissement salutaire.

En effet, on s'expose à la critique en formulant son désamour quand on n'a pas été enfermé dans un placard, torturé, abandonné... situations tragiques où narrer sa douleur est acceptable car les "cicatrices" sont visibles.

Pourtant, je le cite : "Les vraies blessures sont verbales, les jugements négatifs, les vexations qui s'inscrivent en vous en lettres de feu. Mon père voulait absolument me persuader de mon infériorité."



Le mien a failli faire une crise d'apoplexie le jour où, en réponse à ses insultes et reproches, je lui ai annoncé en toute sérénité : "Je ne te dois rien, Papa. Je ne t'ai rien demandé. Ne te fatigue pas à déverser tout le mépris que tu as pour moi. Je connais tout ça par coeur et ça ne m'atteint plus. Ton entreprise de démolition est arrivée à son terme."



Tout comme l'auteur, je ne ressens à son égard ni haine ni colère. Juste de la résignation après avoir tenté tout ce qu'il m'était possible d'espérer. Et, paradoxalement, de la reconnaissance aussi, car il m'a inculqué le goût de la lecture, de la musique classique, du jazz, des bons vins... éléments non négligeables dans ma construction personnelle.

Aucun être n'est ni foncièrement bon ni foncièrement mauvais. C'est ainsi. Mais il faut cependant avoir la sagesse de renoncer à changer les rayures du zèbre.

"Je n'ai qu'une certitude : mon père m'a permis de penser mieux en pensant contre lui. Je suis sa défaite, c'est le plus cadeau qu'il m'ait fait."



Merci, Monsieur Bruckner d'avoir osé ce courageux témoignage.

Ce faisant, vous vous êtes exposé, et certains y ont vu le déballage d'une intimité familiale dont il eût été séant que vous vous absteniez. Je suis, pour ma part, heureuse que vous l'ayez, au contraire, partagée.

Et, vu que je viens d'en faire de même avec ma critique, je m'en excuse par avance auprès des personnes qui, à juste titre, pourraient la juger déplacée.

Fin de ma thérapie.
Commenter  J’apprécie          4412
Un bon fils

Les critiques de "Un bon fils" ne sont pas très élogieuses, certains lui reprochent d'être nombriliste et que tout est prétexte pour se mettre en avant. Ce n'est absolument pas comme cela que j'ai ressenti ce récit j'y ai pris beaucoup de plaisir et trouvé très intéressant la façon dont l'auteur s'est construit dans un climat tel que fut le sien. Père antisémite violent et mère soumise. Pascal Bruckner s'est construit en opposition à ce père. Il nous livre dans ce récit son cheminement , ses réflexions. toute sa vie est entachée par ce père qui lui fait horreur. Heureux d'être considéré comme "la défaite" de son père, il est malgré tout "un bon fils" puisqu'il sera présent pour lui jusqu'au bout. Il aurait d'ailleurs fallu de peu pour qu'il le prenne dans ses bras, voilà toute l'ambiguïté. Ce récit donne aussi l'occasion de croiser des personnalités comme Althusser, Barthes, Sartre.

Je n'ai pas eu le sentiment que c'était un livre règlement de compte ou encore un livre gégniard mais plutôt un livre dynamique, positif,constructif. L'épilogue est étonnant...
Commenter  J’apprécie          411
Un bon fils

Voilà un père détestable, pour de multiples raisons privées et publiques, qui n'a probablement pas livré les véritables raisons de son antisémitisme (craignait-il d'être reconnu comme juif ?). Voilà un bon fils qui n'est pas attachant pour toutes sortes de motifs. D'abord parce qu'il ne parle que de lui, de ses amitiés prestigieuses citées pour nous faire penser qu'il est leur égal. Ensuite parce que son parcours de jeune bourgeois gauchiste et les pseudo confidences ou confessions sur le caractère libéral de sa pensée n'ont que peu d'attrait (sauf censément pour lui). Le seul élément qui aurait pu être intéressant - la description des rapports conflictuels avec le père - apparaît dépourvu de sincérité et sert encore à l'étalage de la bouffissure du fils. Ecrire sur son père ou sa mère est dans l'air du temps, d'autres auteurs m'ont semble-t-il mieux réussi l'exercice que Pascal Bruckner.
Commenter  J’apprécie          410
L'Euphorie perpétuelle : Essai sur le devoir ..

Après avoir fondu sur ce livre en me disant : « Enfin ! A partir de maintenant, je ne vais plus être obligée de faire semblant d’avoir été frappée par la grâce à chaque fois que je croise un visage humain »… j’ai été bien vite rattrapée par la réalité du contenu de cet essai…





Absorbée à donner un intérêt profond à ce livre sitôt tenu entre mes mains, sa première limite n’a pourtant pas tardé à se révéler…Après un développement intéressant expliquant comment nous sommes passés d’une morale du repentir au Moyen Âge à une obligation de jouir aux 20e et 21e siècles, ma déception trouve résonnance avec le sujet traité par le livre : finalement, je n’ai pas été émerveillée plus que de raison par les propos de Pascal Bruckner. Victime d’une époque rongée par la grisaille, comme le dit si bien l’auteur? Je m’attendais à un texte engagé, ou qui ouvre tout du moins l’esprit à de nouvelles idées ; j’ai trouvé un texte monotone, surtout inspiré des réflexions des autres (une phrase sur trois est constituée de citations d’auteurs) et qui n’a pas honte d’énoncer des banalités. Finalement, ce livre illustre bien le propos qu’il contient : arrêtons de rechercher le bonheur, la nouveauté ou l’originalité à tout prix ; continuons à lire des livres qui, de préférence, nous laissent de marbre.



Faisons toutefois honneur aux références de Pascal Bruckner. Si lui-même ne brille pas dans cet essai, il permet toutefois à des auteurs qui le méritent de se faire une belle place entre ses lignes. Merci donc de m’avoir permis de découvrir Mars de Fritz Zorn –un livre autrement plus remuant que L’Euphorie perpétuelle.





Essayons malgré tout de susciter un peu de rire –à défaut d’un bonheur perpétuel… Parmi tous les clichés contenus dans ce livre, je vous offre la perle… Le sujet ? Le téléphone portable… car la technologie est l’ennemie de l’humanité, nous le savons tous !





« Et quel meilleur exemple de cette urgence que le portable : dès la première sonnerie il convie chacun à se ruer sur son sac, ses poches pour attraper le petit animal clignotant et bourdonnant. C’est d’ailleurs tout le développement technologique qui met en demeure ceux qui n’y adhèrent pas d’être écartés du groupe. Il faut souscrire ou périr, surtout chez les adolescents. »





Ah, euphorie de la lecture, quand tu t’échappes…

Vite, allons chercher le bonheur ailleurs !

Commenter  J’apprécie          375
Un bon fils

"Il est l'heure d'aller dormir. Agenouillé au pied du lit, la tête inclinée, les mains jointes, je murmure à voix basse ma prière. J'ai dix ans. Après un bref recensement des fautes du jour, j'adresse à Dieu, notre Créateur tout-puissant, une requête. Il sait comme je suis assidu à la messe, empressé à la communion, comme je L'aime par-dessus tout. Je Lui demande simplement, je L'abjure de provoquer la mort de mon père, si possible en voiture. Un frein qui lâche dans une descente, une plaque de verglas, un platane, ce qui Lui conviendra.

« Mon Dieu, je vous laisse le choix de l'accident, faites que mon père se tue. »"



Quelle entrée en matière ! Quelle violence !

De quoi s'indigner : quel monstre est donc ce fils ? Mais on va rapidement comprendre que le monstre n'est pas celui que l'on croit.



Enfant, Pascal Bruckner a tout eu : coups et réflexions humiliantes de la part d'un père antisémite, raciste, manipulateur, pervers, violent... Haïssable à tous points de vue.

Comment s'étonner alors que le petit garçon prie tous les soirs pour la mort de celui qui le martyrise ?

Pascal Bruckner est ce que son père a fait de lui. Enfant, il s'est construit contre celui qu'il nomme le Tyran, le Despote, le Souverain, ou le Caractériel ; adulte, il a réussi à prendre du recul et a su avancer dans sa propre vie. Mais que de souffrances pour en arriver là !



Dans cette autobiographie, Pascal Bruckner ne se limite pas au personnage du père et son récit est riche d'événements et de réflexions que j'ai trouvées très intéressantes et qui en font le témoignage d'une certaine époque.

J'ai également été touchée par l'évocation de sa rencontre avec Alain Finkielkraut et de la relation amicale forte qui le lie à tout jamais avec celui qu'il appelle son "frère d'encre".



Arrivé en fin de lecture, on comprend parfaitement la prière du petit garçon des premières pages et l'on ne peut qu'être en totale empathie avec lui.



S'il s'agissait d'une fiction, cet ouvrage serait drôle parce que l'auteur met beaucoup d'humour et d'ironie dans son récit, mais savoir que ce qui est raconté est vrai rend le tout nettement moins amusant.

Comment grandir avec un tel père ?

Entre souffrances physiques et morales, comment se construire ?

Sans parler de la culpabilité.

Oui, culpabilité, car par un effet pervers bien connu les victimes de ce genre de violences ressentent de la culpabilité et se disent consciemment ou inconsciemment qu'elles doivent mériter ce qui leur arrive. Et s'ajoute ici celle de ne pas avoir su protéger sa mère, victime elle aussi.

Terrible. Quel poids énorme sur les épaules d'un enfant !



« Rien de plus difficile que d'être père : héros, il écrase de sa gloire ; salaud, de son infamie ; ordinaire, de sa médiocrité. » Oui, être père est difficile et d'une façon générale, aucun parent n'est parfait. Mais dans l'échelle des notations, le père dont il est question ici se situe tout en bas.

Pascal Bruckner garde certainement des séquelles de ce qu'il a subi, mais il a su se libérer à travers sa vie intellectuelle et "réussir" d'une certaine façon, si tant est que cette expression ait un sens.

Nombre de ceux qui ont vécu les mêmes horreurs que lui n'ont pas un destin aussi favorable, et dans notre société nous devrions faire de la lutte contre l'enfance maltraitée une priorité absolue.

Défendre les plus vulnérables est un impératif moral et l'on ne rappellera jamais assez le 119, numéro de téléphone de l'enfance en danger, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept.
Commenter  J’apprécie          327
Une brève éternité

Le livre de Pascal Bruckner explore les questions soulevées par l'allongement de la durée de vie humaine: chaque année, nous gagnons trois mois de vie supplémentaire, et le grand âge est en croissance aussi: si l'espérance de vie maximale n'a pas l'air de dépasser 110 ans, le nombre de centenaires croît en France de 7% par an.



Une nouvelle catégorie apparaît dans la population: celle des seniors en bonne forme physique et ayant souvent de meilleurs moyens financiers que le reste de la population.

Cette longévité va modifier notre relation à l'existence et nous inciter parfois à repenser nos relations familiales.

Cette longévité qui s'étire est-elle vraiment un cadeau?

Pas si sûr, ce que tend à penser l'auteur...



Vieillir oui mais sans connaître la dégénérescence...

Les tenants du transhumanisme ont de beaux jours devant eux....



Pascal Bruckner nous donne un tableau, au cours des âges, de ce qu'on appelle communément "l'automne de la vie".. au cours de l'histoire et dans les différentes civilisations.



L'enjeu est important; il est économique, démographique, sociologique et philosophique...

N'attendez pas ici de remède miracle sur la manière qu'auront les Etats à gérer cette nouvelle donne, ni de recettes pour mieux vieillir...

Toutefois le livre se lit bien et fait prendre conscience des nouvelles données en matière de population.
Commenter  J’apprécie          320
Dans l'amitié d'une montagne

J’ai boudé longtemps Bruckner à cause des erreurs ou incohérences souvent rencontrées. J’en avais relevé plusieurs dans Le prix Renaudot de 1997. Allez on oublie, parce que celui-ci parle de montagne ! Eh bien cela n’a pas changé, en voici quelques exemples :

. Page 66 il parle des Aiguilles vertes à Chamonix. Or, ce sont l’Aiguille verte et les Aiguilles rouges.

. Messner n’est pas Italo-Autrichien mais italien de langue allemande.

. Les myrtilles se cueillent au milieu de l’été et non en fin d’été comme écrit.

. Accident de Tesson dans le chalet de Rufin à Chamonix. Or son chalet est à 32 kms de Chamonix sur les hauteurs de Saint Gervais.

Et pourtant jamais vu quelqu’un qui partage autant les mêmes lectures et auteurs que moi. Il y en a bien une vingtaine. Je suis d’accord sur certains de ses avis sur la montagne mais je le trouve bien acerbe sur d’autres. Le point positif au final : bien pour ceux qui cherchent des livres de référence sur la montagne et les alpinistes.
Commenter  J’apprécie          311
Trois jours et trois nuits

Livre lu en 3 jours, coïncidence ? Peut-être ou peut-être pas ?



Tolle legge, tolle lege (Prends, lis ! Prends, lis !)

Saint Augustin (Confessions, VIII, 29) : "Je disais, et je pleurais dans toute l’amertume de mon cœur broyé. Et tout à coup j’entends une voix partie de la maison voisine, voix de garçon ou de jeune fille, je ne sais, qui chantait et répétait à diverses reprises : « Prends, lis ! Prends, lis ! » Et aussitôt, changeant de visage, je cherchai très attentivement à me rappeler si c’était un refrain en usage dans quelque jeu d’enfant ; et rien de tel ne me revint à la mémoire. Réprimant la violence de mes larmes, je me levai ; la seule interprétation que j’entrevoyais, c’est qu’un ordre divin m’enjoignait d’ouvrir le livre de l’Apôtre, et de lire le premier chapitre sur lequel je tomberais"



Intrigué par la couverture et le sous-titre de ce livre et de ce projet fou, j'ai pris et j'ai lu...



Tout d'abord pourquoi une citation de Saint Augustin car c'est dans le monastère de Lagrasse qu'une communauté des chanoines vivent sous la règle de Saint Augustin.

Une abbaye de 1200 ans bâtie avant Charlemagne et dominée par un clocher du XVIeme avec ses 4 gargouilles d'angle représentant la cupidité, l'orgueil, la concupiscence et le désunion. Les quatre tentations auxquelles on renoncé les chanoines en entrant à Lagrasse et qu'ils contemplent tous les jours comme pour se mesurer à elles.



Et c'est dans ce lieu que 14 écrivains tous aussi différents les uns que les autres ont accepté de passer 3 jours et 3 nuits venus chacun à leur tour.



Et il ressort 14 expériences différentes, des rencontres fortes,, des anecdotes savoureuses (celle de Sylvain Tesson est à son image) et pourtant :

Chacun a séjourné dans une cellule aux côtés des moines ;

Chacun a mangé avec les moines, en silence, à l'écoute de la lecture depuis un pupitre Chacun a participé au chapitre ;

Chacun a participé aux promenades, aux récréations, aux travaux ;



Et pourtant chacun livre un récit différent mais avec un point commun chacun de ces. textes reflètent des interrogations.

C'est certainement le point commun qui relie les auteurs à ces expériences vécues différemment.



Le parallèle entre le monde des écrivains et celui des chanoines est souligné par Xavier Darcos pour qui il existe une parenté invisible entre la fréquentation d'une abbaye et le miracle de la lecture. Un monastère est comme un livre. Sa porte d'entrée pivote sur des gonds, et nous passons d'un monde à un autre, comme la couverture d'un livre plie suivant la reliure, ouvrant à l'esprit de nouvelles perspectives.



Et d'ajouter : "Un monastère est comme un livre, car l'un et l'autre n'ont pas été écrits ou construits pour nous. Nous ne connaissons pas personnellement leurs auteurs ou leurs bâtisseurs, qui ont souvent vécu il y a des siècles. Et pourtant nous allons vivre, en séjournant dans un monastère comme en lisant un livre, une expérience personnelle et unique, qui ne ressemblera pas à celle d'un autre visiteur, comme ma lecture d'un livre pourra n'avoir rien de commun avec la lecture de mon voisin. L'ancienneté du livre n'est pas un obstacle, bien au contraire. Les plus grands et les plus vieux classiques sont les lectures qui peuvent le plus abreuver notre esprit d'aujourd'hui"



Et on referme ce livre avec le sentiment d'avoir vécu par procuration une expérience forte, inédite, et oh combien enrichissante...

Commenter  J’apprécie          314
Un an et un jour

Jézabel, le personnage principal de ce roman, a du temps une perception traumatique, elle qui longtemps fut incapable de lire l’heure, car “pour elle toutes les heures étaient inégales, s’étiraient ou se contractaient à volonté et certaines excédaient l’espace d’une semaine ou d’un mois”. Elle est la fille unique d’un ancien pasteur que ses prêches apocalyptiques ont conduit à une retraite anticipée et qui voue aux mécanismes horlogers une passion violente, voisine de la démence : Dieu, dit-il, “ a inventé la montre pour capter le temps et Il a inventé le temps pour punir les hommes”, et il se croit investi de la mission d’ “inventer la montre qui effacera le temps et réparera la faute originelle”.





Jézabel se retrouve à son tour investie de la mission de confier à un orfèvre québécois cette montre à visée théologique que son père lui a confiée sur son lit de mort. Mais rien ne se passe comme prévu : échouée pour la nuit dans un gigantesque palace au milieu de nulle part, elle se réveille au matin en constatant qu’elle est victime d’une étrange distorsion du temps, une sorte de faille temporelle qui fait d’elle, désormais, l’esclave d’un univers carcéral impitoyable et inquiétant...





Intriguée par les paramètres de départ de cette histoire, je me suis lancée avec entrain dans la lecture de ce roman. Mais je me suis vite lassée car l’idée, que je trouvais excellente et prometteuse, d’une réflexion et d’un jeu autour de la notion du temps, n’est en réalité que le prétexte à la création d’un monde carcéral avec ses règles, sa hiérarchie, ses sanctions et sa cruauté. Mais beaucoup d’autres auteurs, avant Pascal Bruckner, ont déjà inventé des univers carcéraux autrement plus riches et plus puissants que celui-ci, qui ne m’a pas captivée, et la réflexion sur le temps qui avait attiré mon attention tourne court au bout de quelques pages...





Une construction que j’ai trouvée malhabile, avec des scènes qui se répètent à l’identique (par exemple la vendetta du père dans les boutiques de montres de luxe) au fil du récit, un personnage principal assez peu sympathique et auquel je n’ai pas su m’attacher, un style sans charme particulier, beaucoup de longueurs (en dépit de la brièveté du roman) et, au final, un roman qui n’avait pas grand-chose à (me) dire... Une lecture, au moins pour moi, tout à fait dispensable.





[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]

Commenter  J’apprécie          300
Un bon fils

C'est l'histoire d'un fils qui toute sa vie aura souhaité la mort de son père. Un fils qui toute sa vie se sera volontairement mis en marge de la tradition familiale : le respect de l'ordre, des conventions, la haine de l'autre, celle du Juif notamment. Un fils qui s'opposera toute sa vie à un destin pourtant tout tracé : enfant de bonne famille catholique, élevé chez les jésuites, promis à une carrière sans vague et sans relief dans la bureaucratie. Au lieu de cela, ce bon fils sera écrivain, il sera de gauche, aura pour meilleurs amis des philosophes, des Juifs et pire que tout, sera souvent associé à eux, identifié comme romancier juif. Quelle pire bravade, quel pied de nez à la figure paternelle honnie. Ce fils c'est Pascal Bruckner et ce roman autobiographique est une claque inouïe, un cri de haine mais aussi d'amour lancé à un père qui incarnait cette France raciste, traditionnaliste, haineuse, cette bourgeoisie de province étriquée, repliée sur elle-même, fermée au changement. Ce père admirateur du 3e Reich, antisémite notoire et assumé, violent avec sa femme, méprisant avec son fils, et pourtant grand-père adorable, est-ce possible ? Il faut croire.



Au fil de ces centaines de pages, Pascal Bruckner nous livre un récit familial sans concession à travers un prisme mouvant : de gentil garçon très pratiquant et obéissant à l'Homme adulte et bien établi de 50 ans qui pardonne un peu plus les erreurs de son père, en passant par l'ado rebelle 68huitard qui provoque et rejette en bloc son géniteur et tout ce qu'il incarne, ce roman d'une rare puissance est une plongée en apnée au cœur d'un marasme familial, un naufrage annoncé. Une claque littéraire qui provoque et choque, nous laisse KO et vidés, spectateurs incrédules de cette violence sourde, insidieuse et perverse qui incarnera le fil rouge de la vie de Pascal Bruckner. Comme se construire après cela ? L'auteur n'en est pas sorti indemne, cela se sent à chaque page : la souffrance, le sentiment d'être déchiré, apatride au sein de sa propre famille. Et pourtant, au coeur de l'horreur, fruit d'un monstre de haine, surgit un talent tel que celui de monsieur Bruckner fils, humaniste ayant foi en l'autre. Un grand roman pour un grand auteur.
Commenter  J’apprécie          282
Le sacre des pantoufles : Du renoncement au..

Et si le "monde d'après" COVID existait bien, mais pas comme on l'imaginait. Agoraphobie, paranoïa méfiance pour ne pas dire défiance ? Quand s'embrasser devient suspicieux pour pas dire irresponsable ; les hésitations à la place des élans de politesse, d'amitié, de partage des moments et/ou des corps. Le naturel humain abîmé par les peurs, l'individu caché derrière l'uniforme : quand le masque n'est plus jeu ou fête mais protection. Il faut presque du courage, de l'abnégation pour sortir de chez soi. Et j'en passe tant ce livre donne des exemples de nos comportements qui ont tant changé. L'équivoque a remplacé l'harmonie, et la complication la sérénité. Sans parler de la sécurité qui étouffe la liberté, et la discrimination le bon sens. L'enfer, c'est les autres, Sartre pensait-il que ce serait une pénitence dans l'action, dans le quotidien ? Le virtuel a de l'avenir, l'importance des réseaux sociaux inversement proportionnels au rétrécissement de l'espace public : le "social" est ailleurs. Énorme travail psycho-sociologique que voilà et qui donne franchement à réfléchir. : Pourquoi on s'enferme, privilégiant le Dedans et abandonnant le Dehors. Chaque phrase est une punchline, surtout sur la première moitié de cet essai.. Plutôt que d'investir dans un costume-cravatte ou une tenue de soirée, préférez le duo pyjama/robe de chambre et... des pantoufles.
Commenter  J’apprécie          260




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pascal Bruckner (2342)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz Harry Potter (difficile:1-7)

De quoi la famille Dursley a-t'elle le plus peur?

des voisins curieux
des hiboux
de Harry
de tout ce qui peut les faire paraître étranges

20 questions
8107 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}