On ne sait pas bien quand le propre et le sale se sont séparés dans les sociétés et les consciences des hommes. […]
Le sacré n’a jamais été aussi omnipotent que dans les sociétés modernes. On ne s’est jamais à ce point séparé des cadavres, sang des mois, crachats, morves, urine, fèces, croûtes, poussière, boue.
Nous sommes tous des prêtres maniaques dans nos cuisines.
Nous sommes des tyrans fous dans nos salles de bains.
Il est difficile de dissocier les notions d’hygiène, de morale, de sacrifice, de pensée, de racisme, de guerre. Nous épions l’autre, le non-classifié social ou sensoriel, le parasite, la souris, la salive, le marginal, les habitants des interstices (les araignées et les mulots ou les scorpions je sont jamais ni dedans ni dehors), les universitaires autodidactes, les mammifères poissons, les juifs chrétiens, les mères célibataires, l’eau non potable, les habitants des frontières qui s’agisse des territoire des pays ou des corps, le sperme, les épingles, les rognures d’ongle, la sueur, la glaire, les revenants, les phobies, les fantasmes (qui piratent le mur qui devrait séparer la veille du sommeil). L’art est une production parasitaire.
Celui qui fait surgir ce qui jusqu’à lui n’est pas appartient au règne de l’inapproprié.
Il n’est pas à sa place. C’est la définition même de la saleté : Quelque chose n’est pas à sa place. Un soulier est propre sur le plancher. Il est sale pour peu qu’on le pose sur la nappe, parmi les fleurs, l’argenterie et les verres alignés.