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Critiques de Pat Conroy (421)
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Le Prince des Marées

Ce livre est un tour de force monumental.



Un pavé de plus de 700 pages qui suit une famille dysfonctionnelle de Caroline du Sud ( les parents et leurs trois enfants ) en remontant sur les deux générations ascendantes.

Une thème central très mélodramatique : Tom Wingo part à New-York rencontrer la psychiatre de sa soeur jumelle Savannah, poétesse renommée, qui vient de tenter de se suicider pour la énième fois. C'est la dernière chance pour la sauver et comprendre l'origine de ses souffrances.

Des sous-thèmes en pagaille, tous très lourds : la ségrégation et le racisme aux Etats-Unis, les guerres du Vietnam et de la Corée, la violence au sein des famille, le viol, la résilience, les relations ambigues entre les ex-Etats sudistes et les autres ...



Là, tu te dis, rouch, ça va être too much en mode grand barnum à l'américaine, tire-larme au possible, bref complètement indigeste. Et ben pas du tout. C'est passionnant, foisonnant de vie, d'une densité romanesque juste inouïe.



Ce roman rebondit en permanence et entraîne son lecteur émerveillé de découvrir une écriture riche, des dialogues d'une intelligence rare, une construction fascinante qui enchâsse avec brio les différents arcs narratifs jusqu'à donner à comprendre la terrible famille Wingo.



Tous les personnages sont complexes et puissants, tous dotés d'une psychologie fouillée et riche : Tom, le narrateur qui déroule le fil familial, dont on ne perçoit pas immédiatement la souffrance intime tellement il s'est réfugié derrière une ironie cassante ; sa soeur jumelle qu'on voit peu mais dont on sent toute la sensibilité et la douleur derrière ses magnifiques poèmes dont nous gratifie l'auteur ; leur frère Luke, en retrait mais dont le caractère se dévoile sur la fin ; leur père crevettier si violent ; leur mère, si belle et si orgueilleuse, romantique et ambitieuse , ne songeant qu'à fuir la pauvreté pour s'élever socialement. Mais aussi la formidable psychiatre Susan qui est tellement plus que cela. Bref, ils sont inoubliables.



L'émotion éclabousse chaque page, j'ai vibré, j'ai pleuré, j'ai ri, j'ai été bouleversée en permanence ( incroyables chapitres 22 et 27 qui révèlent et éclairent tout le roman ). J'ai également été emporté par la magie de certaines scènes comme l'apparition quasi onirique d'un marsouin blanc ou l'irruption dingue d'un fougueux tigre du Bengale chez la famille Wingo.



Un roman exceptionnel qui joue sa partition d'orchestre symphonique complet avec une luxuriance littéraire d'une grande beauté.
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Le Prince des Marées

Voila un des plus beaux livres qu'il m'a été donné de lire ces derniers temps. Roman d'une rare intelligence sur le drame et la tentative de résilience qui s'ensuit, ce texte nous raconte l'histoire d'une famille de la Caroline du Sud avec ses névroses et ses joies comme toute famille, mais dont la vie insulaire et la relative pauvreté accentuent les effets. Savannah, la soeur du narrateur et poète de talent ira faire soigner sa schizophrénie latente à New York, et c'est à la demande de sa psychanalyste que son frère Tom racontera toute leur histoire.

J'ai dévoré ce pavé bien construit, bien écrit, avec beaucoup de simplicité mais aussi beaucoup de beauté dans les descriptions avec leurs interférences sur les personnages, de précision dans l'analyse psychologique des personnages et leurs rapports entre eux sans le moindre manicheisme, beaucoup d'efficacité dans les dialogues, beaucoup d'habileté dans la progression du récit qui nous fait parcourir un cheminement sûr et haletant, et dans lequel on ne s'ennuie pas une minute. Les temporalités sont justes et on passe du récit du narrateur à la réalité impitoyable peu à peu arrachée par la psy, et d'un passé un peu embelli à l'aveu ancré dans une réalité brutale : la folie de Savannah, sans être gêné le moins du monde.

Tout sonne juste, sans pathos, sans caricatures, les personnalités sont profondes et vraies, les réactions des personnages sont parfaitement ajustées aux situations et aux circonstances et la clarté du style contribue largement à donner une grande humanité au récit.

Ce livre, prêté par une amie, aura été une de mes plus belles découvertes. Un grand merci à elle, et à Conroy bien sûr !

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Le Prince des Marées

Cinq étoiles! pour ce livre, il n'y aurait presque rien à rajouter.

J'apprécie les récits de ce genre, qui s'étalent pratiquement sur une vie entière, qui donnent du temps au temps. Ici, l'histoire d'une famille déchirée par l'adversité, la dureté de certaines existences. On y trouve du tragique, de l'humour, des larmes mais également des joies, en fait, on y trouve la vie!

Un véritable moment d'évasion .Vous n'y trouverez pas une écriture " léchée"

mais vous y trouverez de l'humanité.
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Le Prince des Marées

La littérature est pavée de chefs d'oeuvres qui trouvent tout leur éclat dans les fameuses racines familiales. Pat Conroy est un cabossé de la vie. Il a décidé de glisser dans ses romans des pans de sa propre histoire familiale où la violence est toujours au centre.



Il nous raconte la fratrie Wingo, qui vit une enfance ancrée dans la beauté de la nature et de plaisirs simples de la vie mais au sein d'une famille complètement dysfonctionnelle. Un père violent, une mère démissionnaire et indigne de confiance, cruelle et arriviste qui contribue à installer l'anxiété et la schizophrénie chez ses enfants.

Les tragédies et les traumatismes s'acharnent sur la famille. Ils cacheront des secrets insurmontables dans un accord mutuel destructeur.



Relations conflictuelles, culpabilité, incapacité à se comprendre et se pardonner. Tous les membres, cabossés souffrent du manque de communication. Ils taisent les problèmes et font comme s'ils n'existaient pas. Ils vont chacun à leur façon essayer de survivre, de se reconstruire.

L'auteur va dérouler l'histoire de leur vie à travers des séances de psychanalyse afin de faire ressortir les traumatismes et les manquements en nous livrant un collage touchant de souvenirs et de sensations.



L'écriture de Pat Conroy peut être par moments fluide et poétique et devenir d'un coup dense et ironique.

Face à la tragédie et à l'indicible l'auteur nous sert de belles descriptions teintées de mélancolie, de résilience, de la tentative acharnée de faire corps avec la nature pour empêcher les drames et les horreurs du passé de tout anéantir.



Le prince des Marées est une histoire tragique mais aussi une belle histoire d'amour et de rédemption où Pat Conroy ouvre des pistes et fait naître de puissantes expériences humaines.





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Le Prince des Marées

« L’histoire des Wingo est une histoire faite d’humour, de grotesque et de tragédie. Avec une prédominance de la tragédie »



L’auteur lui-même définit en deux lignes dans ce fleuve littéraire gigantesque, l’essence même de son récit. L’épopée d’une famille dysfonctionnelle, foutraque, perdue dans ses mensonges et les chausse-trappes de sa mémoire, marquée par un grain de folie transgénérationnelle. Un grand-père mystique, un père en recherche éternelle de la bonne idée, une mère aussi grandiose que dangereuse : le narrateur , Tom tente de reconstituer et de comprendre la trajectoire des trois enfants issus de cette généalogie démente.



Tous les ingrédients de ce qui fait mon bonheur de lectrice y sont : le décor New-Yorkais, doublé d’une Amérique sudiste rétro à souhait, la psychanalyste juive, la folie en filigrane, qui sublime la poésie, les valeurs bafouées du rêve américain : carton plein. Et que l’ouvrage fasse trois cents pages (là j’en redemande), cinq cents ou mille (et là le compte est bon), c’est gagné pour des heures de plaisir. D’autant que l’écriture est magique, que ce soit dans les descriptions de paysage ou dans les épisodes de crise familiale d’une grande violence , les dialogues au top (l(humour du narrateur est sa principale défense), et les personnages analysés avec subtilité. Malgré l’épaisseur du pavé, pas d’ennui. Les chapitres se succèdent en réservant des surprises de taille : l’histoire du marsouin blanc ou de la tortue puante, non seulement sont drôles mais représentent aussi des éléments cruciaux dans l’histoire de la saga familiale et aident à comprendre les drames. nous avons même le droit aux cadeaux d’un conte pour enfants et des sublimes poèmes de Savannah.

Tout y est là , la guerre du Vietnam, la guerre froide, la lutte des classes, le racisme (on n’est pas dans le sud pour rien).



On peut se demander si Pat Conroy n’a d’ailleurs pas été l’initiateur de ces romans américains dont je listais les ingrédients ci-dessus. Il est paru en 1986 et pourrait être le chef de file d’une recette à succès. Est-ce une bonne idée de se jeter sur le film avec Barbara Streisand?
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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La mort de Santini

Après plusieurs romans inspirés de ses relations familiales conflictuelles, dont le plus célèbre est le Prince des Marées, Pat Conroy quitte ici le genre du roman pour une autobiographie qui éclaire sur une oeuvre qu'il dit lui-même hantée par son père.



Un oeuvre qui revient en effet constamment sur les relations haine-amour avec un père - de la grande famille des Irlandais de Chicago, colonel des Marines, brillant pilote de chasse pendant les guerres de Corée et du Vietnam - n'hésitant pas à lever la main sur femme et enfants. Ce que Pat ne peut lui pardonner, d'autant, quand tant qu'aîné, il se sent investi de la protection de ses six frères et soeurs, et surtout de sa mère qu'il vénère. Des mauvaises relations devenues obsessionnelles, à l'origine de la dépréciation de soi, des dépressions et des envies de suicide qui toucheront Pat une bonne partie de sa vie.



Mais si La mort de Santini revient encore sur les conséquences désastreuses de la violence paternelle sur sa famille, il est aussi un livre sur la réconciliation. Après le divorce de ses parents, la parution du roman, Le grand Santini (une charge en règle contre son père) et surtout le film qui en a été tiré - la vie de la famille avec sa folie jouée sous leurs yeux - ont été un révélateur, peut-être de ce qui se jouait vraiment entre eux , et ont rapproché Pat de son père. Et même si par la suite le père a su tourner les choses à son avantage, parlant de l'aspect romancé du livre et profitant de la célébrité de Pat pour se mettre en avant, c'est avec la complicité et pour le plus grand bonheur de celui-ci.



Dans La mort de Santini, avec son humour et sa belle écriture (bravo à la traductrice) Pat nous fait aussi découvrir La Caroline du sud qu'il apprécie tant, ainsi que l'ensemble de la lignée des Conroy et que toute son ascendance maternelle - des blancs pauvres des Appalaches - qui a abouti à Peg, la mère belle et fantasque tant aimée. Celle (avec son extraordinaire grand-mère) qui lui a donné peut-être le plus bel héritage : son ouverture d'esprit et son amour de la littérature, " grâce à un insatiable amour de la lecture et à la majesté des mots qui, dans un certain assemblage, pouvait rendre magique ce monde impitoyable. "



Merci à Babelio et aux Éditions le nouveau pont pour cette très belle lecture.
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Le Prince des Marées





"Ma blessure a pour nom géographie. Elle est aussi mon ancrage,  mon port d'attache."



***



Grande figure de la littérature du Sud des États-Unis aujourd'hui disparue, Pat Conroy signe ici un roman magistral à la fois sombre, poétique et déchirant. Ces quelques 1076 pages sont un véritable pavé lancé en plein cœur.



Puisant dans sa propre enfance meurtrie la matière de son oeuvre, l'auteur livre un récit éblouissant de justesse,  de profondeur et d'humanité où chacun pourrait bien (re)trouver un bout de soi.



*



"La folie attaque les regards les plus doux et larde les flancs les plus tendres."



Souffrant de troubles psychotiques, Savannah vient d'être hospitalisée après une énième tentative de suicide. Bientôt sortie du coma, elle reste mutique dans un état de prostration totale. 



Si le Docteur Lowenstein - psychiatre en charge de son suivi - veut l'aider à briser cette spirale infernale, il lui faut en apprendre davantage sur elle.



Prêt à tout pour sauver sa sœur, Tom accepte de s'abandonner aux confidences en exhumant les fantômes d'un passé qu'il s'efforçait jusque-là d'oublier.



"Je vivais depuis trop longtemps à la surface de la vie, et elle m'a entraîné doucement dans les eaux profondes où toutes les épaves, tous les squelettes, toutes les coques noires attendaient mon inspection hésitante."



*



D'anecdotes tendres en souvenirs douloureux se dessine peu à peu le portrait d'une famille dysfonctionnelle, engluée dans ses mensonges, rongée par la violence et le poids des non-dits.



L'auteur en décrit brillamment les ravages et explore avec grande acuité toute la complexité des relations filiales sur plusieurs générations.



Une lueur d'espoir naît de cette voix qui se libère enfin, venant soulever la chape de silence qui a ruiné tant d'existences.



*



Porté par un souffle narratif puissant et une prose envoûtante, ce livre m'a happée dès les premières lignes, emportée dans un tourbillon d'émotions intenses.



En dépit de sa tonalité dramatique, il parvient à éviter admirablement les écueils du pathos larmoyant et du manichéisme. 



C'est un patchwork de vies foisonnant, captivant, où se confondent joie et tragédie, douceur et âpreté, beauté et sauvagerie, loyauté et trahison, effondrement et reconstruction.



C'est une mélopée dont les accords ont résonné fort en moi et m'accompagneront longtemps. 



***



Famille,  je vous haime…

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La mort de Santini

Merci à Babelio pour cette Masse Critique privilégiée, à Marie Bisseriex (traductrice) et aux Editions du Nouveau Pont. Félicitations à Claire Mollaret, illustratrice pour cette très belle couverture à l'aquarelle d'un avion de chasse qui semble vous frôler.



Pat Conroy confirme son style précis, imagé et parfois sarcastique. Il est l'un de ces bons auteurs sudistes, comme William Faulkner et Tennessee Williams, qui excellent dans les drames et adorent le Sud américain.



Mes compliments s'arrêtent ici.

J'ai détesté ce livre et si je n'avais pas eu un engagement vis-à-vis de Babelio, je l'aurais abandonné. Je me suis donc appliquée à lire 360 pages en rageant.



Voilà un auteur qui puise dans les ravages de sa famille, causés par un père égocentrique et violent, pour écrire des livres. Rien d'anormal ou d'illicite sauf quelques égratignures pour les uns et les autres. Après tant de succès, autant de dépressions récurrentes et quatre adaptations cinématographiques, Conroy trouve qu'il n'en a pas fait assez et le voilà qui s'attelle à son autobiographie.



Et tout revient : le père, Irlandais de Chicago, pilote de chasse et héros de trois guerres, apprécié à l'extérieur et haï chez lui, mari et père qui bat sa femme et ses sept enfants pour un oui ou pour un non, qui les humilie et les insulte à tour de bras. Normal que tous soient un peu déstabilisés par cette vie chaotique, en raison des affectations du père, d'une part, et de la peur qu'il suscite dès qu'il atterrit, d'autre part.



Pat Conroy est l'aîné, il est en première ligne pour les gifles, les coups de poing et les tirs de ballon dans la figure. « Mon père était fait de la pire étoffe, mais comme je suis son fils, je suis fait de la même » (p. 102).

Le « Me, Myself and I » est omniprésent. Vous me direz que c'est une autobiographie, OK, c'est aussi de l'auto-flagellation, de l'autosatisfaction et très souvent c'est même Superman et Steve Austin réunis.



Sa mère, qu'il adule et qui fait connaître la littérature à ses enfants, finit par demander le divorce. Et là, changement de ton. le Grand Santini, surnom qu'il s'est donné lorsqu'il était pilote, du nom d'un type qui sort vainqueur de toutes les situations, commence à chialer. Dès qu'il est retraité du Marine Corps, il vient habiter près de chez Pat, marié, trois filles, ancien instituteur qui s'est mis à écrire. Et chaque jour, ce père s'invite à prendre le café avec son fils comme si de rien n'était. Lorsque paraît le Grand Santini, qui sera adapté au cinéma, le père redouble d'insultes mais accompagne son fils aux séances de dédicaces de son livre. Il arrive que le père ait de plus longues files que le fils. Pathétique.



Alors qu'il ne s'est jamais préoccupé de ses enfants, le grand Santini, une fois retraité, décide de rassembler le maximum de documents à leur sujet, jusqu'à constituer deux cents dossiers bourrés de photos, de bulletins scolaires, de correspondance, de coupures de journaux. Lorsque Pat Conroy décidera d'écrire la présente autobiographie, longtemps après la mort de son père, il consultera ces archives et constatera que son père passait derrière le facteur pour subtiliser son courrier. C'est ainsi qu'il trouve une lettre de Barbra Streisand suite à son adaptation du Prince des Marées, une lettre du président Jimmy Carter, une autre du metteur en scène Martin Scorcese, plusieurs de maisons d'édition ou d'amis qu'il a ensuite perdus de vue. A part quelques noms d'oiseaux à titre posthume, que pouvait-il faire ?



Il paraît que ce livre est celui de la réconciliation. C'est là où je n'adhère pas du tout. C'est évidemment un beau sentiment que le pardon – encore que ce mot ne soit jamais écrit - mais sur 360 pages, j'ai acquis la conviction qu'il s'agissait davantage de l'acceptation par le fils du déni total du père.



Lorsqu'il lui dit qu'il aurait dû être plus sévère, comprenez, plus cogneur ; lorsqu'il pleure comme un veau à n'importe quelle occasion et surtout lors du suicide de son plus jeune fils, la coupe de l'hypocrisie est pleine pour moi. Si Pat Conroy estime que père et fils ont finalement trouvé l'amour, ça le regarde, mais qu'il n'écrive pas trois pages plus loin qu'il garde une rancoeur inguérissable de ses souvenirs d'enfance. Et tout est de la même eau, une chose et son contraire. Amour et haine ont mille visages.



Le déni jusqu'au bout. Alléluia.





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Le Prince des Marées

Chef d’œuvre ! CHEF D'OEUVRE faudrait-il écrire. Read my lips.



Comment ai-je fait pour passer à côté de ce monumental bijou pendant toutes ces années ? Heureusement, il y a Babelio et Kirzy qui m'a incitée à me précipiter sur le prince des marées ¬– mille mercis à elle ! Les mots de Pat Conroy, découverts dans leur version originale grâce à la lecture merveilleuse de Frank Muller, ont illuminé mes semaines de confinement.



Dès les premières lignes, j'ai été époustouflée par la plume lyrique de l'auteur.



L'intrigue est tout simplement géniale, dans son arc général comme dans les multiples ramifications que Conroy déploie magistralement. Tom Wingo, de Caroline du sud, est appelé à New-York où sa soeur jumelle, la célèbre poétesse Savannah, a fait une tentative de suicide. Pour aider sa psychanalyste à cerner ses troubles, Tom va assembler les morceaux de la mémoire familiale et raconter l'extraordinaire histoire de la lignée Wingo. Une histoire d'amour, de folie, de violence et de silences intrinsèquement mêlés, tissée sur plusieurs générations, de la deuxième guerre mondiale aux années 1980. Une fresque faite de mille scènes toutes plus romanesques les unes que les autres. Si bien contées qu'on a l'impression d'avoir été là. Kaléidoscope de séquences singulières, souvent intimes, mais qui entrent puissamment en résonance avec l'histoire des Etats-Unis. Les aller-retour entre le passé des Wingo et le présent de sa narration par Tom au Dr Lowenstein donnent du rythme et de la légèreté.



J'ai rarement vu la magie de la littérature à l'oeuvre comme ici. On ressent dans notre chair la violence de la domination de classe, de genre et de race. Pat Conroy évoque avec beaucoup de finesse les ressorts des violences familiales dans leur spectre entier, l'enchevêtrement de souffrance, d'amour et de honte qui fait qu'il est si difficile de s'en extirper. le regard de Tom, grand costaud tout en fragilités, sur sa famille m'a beaucoup touchée dans sa lucidité douloureuse, mais vierge de tout jugement et indissociable d'un humour irrésistible sous lequel perce une indéfectible tendresse. Ses liens fraternels avec Luke et Savannah sont merveilleux, on rêverait de pouvoir faire les 400 coups avec les enfants Wingo…



Les déterminismes sociaux sont un leitmotiv pour cette famille qui regimbe décidément à se laisser enfermer dans son destin de modestes pêcheurs de crevettes. Chacun des membres de la famille se démarque à sa manière et cherche sa propre voie d'émancipation, avec plus ou moins de succès. Leur subversivité provoque les situations les plus inattendues, parfois terribles, souvent réjouissantes.



Il faut insister là-dessus. Je ne sais pas comment il est possible de proposer, sur ces thématiques, un roman aussi captivant, divertissant, et même jubilatoire. Est-ce l'attrait de la beauté sauvage et époustouflante de la nature sudiste ? Est-ce l'épaisseur et l'originalité des personnages dont certains sont tellement attachants ? Est-ce l'excentricité grotesque des Wingo, qui n'hésitent pas à essayer une sélection de cercueils, adopter un tigre du Bengale, délivrer un marsouin d'un aquarium ou menacer de laisser tomber un Stradivarius de la terrasse d'un gratte-ciel new-yorkais ? Est-ce l'art du dialogue truffé de répliques cultes, que Conroy maîtrise à la perfection ? L'humour féroce avec lequel il rhabille les rednecks du Sud comme les intellos new-yorkais ?



On se demande parfois si on lit un roman ou un poème, face à la beauté des mots et aux images et émotions qui jaillissent.



Ne comptez pas sur moi pour vous révéler qui est le prince des marées, mais le prince de mes semaines de confinement est incontestablement Pat Conroy.
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Le Prince des Marées

S'il est un infime reproche que je pourrais faire à ce livre, c'est qu'il me soit arrivé entre les mains après Beach Music que j'ai tant aimé.



J'ai mis un certain temps à lire Le Prince des Marées car, hormis le fait qu'il contient plus de mille pages, la Caroline du Sud et l'esprit sudiste n'avaient plus de secret pour moi depuis Beach Music. N'étant, de plus, pas franchement passionnée par le football, fusse t-il américain, les mystères de la pêche à la crevette et, encore moins, par tout ce qui, de près ou de loin, commence par "psy"... certains passages m'ont semblé un peu longuets et les descriptions quelque peu redondantes. Les éclats de lune qui scintillent sur la frange des vagues et la splendeur des couchers de soleil sur les marécages du comté de Colleton, ça va deux secondes.



Mais... car il y a un "mais". Et ce "mais" c'est l'écriture de Pat Conroy qui, immanquablement, me réveille dès que je commence à glisser vers la lassitude.



Aux deux tiers du bouquin, une parenthèse de trente pages dans laquelle est relaté un conte pour enfants. Diantre ! J'ai bien envie de le sauter mais je crains que cela n'entrave ma compréhension de la suite de l'histoire. Allez ! Je me lance, de mauvaise grâce toutefois.

Mon intuition légendaire (mais bien sûr que si !) a porté ses fruits car, à partir de cet instant, je suis restée cramponnée au roman jusqu'au dernier mot, de la dernière ligne, de la dernière page.
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La mort de Santini

J'ai fini " la mort de Santini " et j'avoue que c'est un soulagement.

Le plus dur reste à faire. Comment écrire une critique sur un tel livre quand le thème abordé est la violence conjugale et familiale. C'est avec mes yeux de lecteur que j'ai suivi la famille Conroy.

Dans "la mort de Santini" Pat Conroy à travers son autobiographie nous invite dans "son voyage au bout de la nuit". Pat est l'ainé d'une fratrie de sept enfants. Donald Conroy alias " le grand Santini" le père, est colonel dans l'armée de l'air, à chaque retour de mission il a la fâcheuse tendance à taper sur tout ce qui bouge, femme et enfants, il a horreur d'être contrarié.

Quand à Peg Conroy la mère, une femme plutôt coquette mais pas très maternelle, elle pense plus à sa garde-robe qu'à ses enfants. Elle même abandonnée à l'âge de 4ans par sa mère Stanny lors de la grande dépression.

Avec une famille pareil comment des enfants peuvent-ils se construire ?

Pat Conroy servira de tampon entre ses parents et ses frères et sœurs.

Son rôle de négociateur n'arrêtera les drames familiaux. Il aura même parfois un rôle ambigu face à Carol Ann sa sœur et Tom son petit frère.

Maintenant une question se pose; Peut on pardonner ?

Le pardon est un don, un cadeau que l'on fait à son bourreau. Encore faut-il pouvoir faire ce don . Pat Conroy a fait ce travail, il a pardonné "au grand Santini" .

Pour finir je vous conseille de découvrir l'écriture de cet écrivain avec ses romans phares " le prince des marées" ou encore " beach music" et si le cœur vous en dit " la mort de Santini".

Je voulais remercier babelio et sa célèbre masse critique ainsi que la maison d'édition " le nouveau pont".
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La mort de Santini

Après le succès remporté par son roman porté à l'écran, Le Grand Santini, dans lequel il dénonce le caractère violent du père avec sa femme et ses enfants, son père décédé, il écrit La Mort de Santini, un livre réconciliation en forme de mémoires. Dans ce livre, il évoque sa vie familiale, sa jeunesse, ses études, son métier d'instituteur dont il fut renvoyé au vu de ses méthodes controversées, Pat n'ayant pas le caractère raciste des gens du Sud. Suite à sa carrière d'enseignant interrompue, il se consacre à l'écriture. Lors des séances de dédicaces du roman Le Grand Santini, livre tout d'abord décrié par son père et toute sa famille, Pat et son père, le Colonel à la retraite, Don Conroy, se sont rapprochés. La présentation de ses romans le conduira à Chicago où vit la famille de son père et en Irlande leur pays d'origine. La maladie et la mort de Peg, la maman, et ensuite celle de Don, le père, rassemblent la fratrie et tous les membres de la famille.

En épilogue, le magnifique éloge funèbre de Pat Conroy pour son père, le Grand Santini, Colonel US Marine Corps.

L'écriture est fluide, une autobiographie qui se lit comme un roman.

La couverture est très belle, une aquarelle sur carton dessin, les pages en papier blanc de bonne qualité en font un bel objet livre.

Un grand merci aux Éditions Le Nouveau Pont pour cet envoi et à Babelio pour l'organisation de cette Masse critique.



Charleston Sud étant dans ma PAL, c'est avec plaisir que je retrouverai la plume de Pat Conroy.

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Le Prince des Marées

Etat de Caroline, 1950. « Je vécus mon enfance persuadé qu'un jour mon père me tuerait. «

Cette pensée montre l’angoisse dans laquelle Tom, mais aussi Savannah sa sœur, et Luke son petit frère vivent au sein de cette famille déséquilibrée : on a même dû admettre Savannah en maison psychiatrique. Elle y fait des poèmes pour essayer de se reconstruire. Henry, le père, pêcheur passionné est tout autre dès qu’il est à la maison : il devient brusquement colérique, et s’en prend aux enfants. Il sait qu’il ne répond pas au statut social que sa femme Lila espérait. Celle-ci, manipulatrice, ne protège aucunement les enfants de la maltraitance du père.

« Toi et moi, on n'est pas fous, Tom. On est normaux. « , se persuade Luke, dans cette atmosphère morbide.

"Le Prince" est Luke, baptisé ainsi par Savannah !

Ce drame se déroule sur fond de tradition sudiste, avec l’humour sudiste qui permet d'échapper aux situations gênantes. Tom monte à New York pour essayer de sauver sa sœur Savannah de la folie…

.

Le style est extrêmement brillant ! Je crois n’avoir jamais lu un livre avec un tel style ! Les mille pages sont avalées sans contraintes.

Cette histoire m'a bouleversé, surtout par l'analyse, par les enfants, des caractères des parents !

Et cela m’a aussi bouleversé car je me suis identifié à Tom.

Lila EST vraiment ma mère, mais aussi ma belle-mère (dont je connais maintenant les raisons de leur méchanceté ) ! Lisa défend Henry face aux enfants en dépit du bon sens !

Autant le fait d’être face à leur père angoisse les enfants, autant, face à leur mère, ils sont stressés.

Savannah s'évade par la prière et la poésie, mais elle est rattrapée par ses cauchemars et son monde imaginaire.

Luke EST quelque part une personne proche de moi : il s’évade dans les "roots", et un idéal jusqu'au-boutiste pour oublier les drames familiaux.

Tom, le narrateur, veut être normal, mais a l'impression de rater sa vie. Son accomplissement est dans la transmission de savoir face aux jeunes : c'est moi, y compris dans le caractère.

Difficile de sortir sain d'esprit dans une famille aussi déséquilibrée !

.

Mais d’où l’auteur tire t-il cette énergie et cette finesse d’analyse psychologique ?

Je pense que c’est une catharsis par l’écriture, car il a vécu personnellement l’expérience traumatisante de Tom, avec un père comme Henry Wingo :



« Le Grand Santini » sort en 1976. Pour ce roman, l’auteur s’est directement inspiré de son enfance et de sa relation difficile avec son père, homme violent et maltraitant. Si le livre est officiellement une fiction, le titre du livre est le surnom exact de son père pilote de chasse. La parution de ce livre provoqua un séisme dans la famille et dans la vie personnelle de Pat Conroy. L’auteur connut une grave dépression et divorça de Barbara.



En 1986, Pat Conroy publie « Le Prince des Marées »…

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La mort de Santini

En premier lieu, je tiens à remercier sincèrement les Éditions le Nouveau Pont pour m'avoir adressé gracieusement ce livre que, sans cette aubaine, je n'aurais pas hésité à acheter.

Je salue au passage l'excellente traduction de Marie Bisseriex. Il faut aimer les auteurs et la littérature pour s'acquitter de cette tâche avec brio et, force est de constater, que tous les traducteurs ne sont pas animés de ces louables motivations. Il convient donc de le souligner quand, comme présentement, la traduction est réalisée avec talent et respect de l'esprit de l'oeuvre et de son auteur.



Alors, sans doute est-ce parce que l'histoire de cette relation avec son père a pour moi une résonance particulière, mais j'ai trouvé que Pat Conroy avait très habilement mené son autobiographie. Il a, en effet, réussi à me faire passer par toute la palette des sentiments.

Avec lui, et graduellement, j'ai éprouvé : la détestation, la rage, l'acceptation, l'indulgence, l'empathie, la considération et, aussi inattendu que cela puisse être, une certaine tendresse pour cet homme invivable qui se serait pourtant contrefoutu de mon opinion, ou de celle de quiconque, à son encontre.



Aîné d'une fratrie de sept, Pat Conroy a très vite compris que le seul moyen de sortir plus ou moins indemne de cette relation destructrice était de se blinder, de prendre de la distance. À la violence, les vexations, les humiliations paternelles, il a opposé l'ironie, la dérision, la désinvolture, l'humour. Il s'est forgé une carapace sur laquelle Don n'a plus trouvé la moindre faille pour le dégommer.

Dans ce jeu de massacre qu'il avait lui-même instauré, le Grand Santini qui ne respectait que la force a, j'en suis persuadée, fini par nourrir de la fierté pour ce fils qu'il n'était pas parvenu à démolir et dans lequel il se retrouvait.



J'aurais aimé lire ce livre il y a vingt ans. Cela m'aurait permis de connaître la seule stratégie efficace dans ce genre de situation tordue. Je n'aurais pas attendu l'impossible, ne me serais pas bercée d'illusions, n'aurais pas offert le flanc par une attitude de fillette vulnérable... J'aurais eu conscience des véritables règles du jeu et pu poursuivre la partie jusqu'à son terme au lieu de déclarer forfait en fuyant cinq ans avant la fin.

Mais mon père n'était pas le Grand Santini, pilote de chasse dans les Marines et, surtout, surtout... je ne suis pas Pat Conroy.
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Le Prince des Marées

Magnifique !! Pour moi ce livre est un chef-d'oeuvre.

C'est l'histoire d'une famille de Caroline du Sud de trois enfants,les Wingo ,qui est relatée par l'un des trois . Un père violent ,une mère dont le statut social passe avant tout et qui n'a jamais les réactions attendus pour ses enfants et un cadre magnifique : les marais de Colleton .

C'est Tom ,à la suite de la tentative de suicide de sa sœur jumelle, qui raconte leur enfance mouvementée et difficile .

C'est un pavé de plus de mille pages mais on ne voit pas le temps passer ! C'est tellement bien écrit et Tom fait preuve d'humour à toute épreuve . Par exemple lorsque ses trois filles voient leur grand-père ,il leur dit "attention ,il cogne".

Plusieurs fois ,j'ai du reprendre mon souffle après certaines scènes particulièrement dure pour les enfants Wingo.

Au milieu de tout ça ,il y a beaucoup d'amour et d'entraide entre les trois enfants et avec leur grand mère un peu exubérante et aussi des moments très forts ,très beaux.

C'est un roman qu'on n'oublie pas ,qui vous fait ressentir beaucoup d'émotions ,qui a une atmosphère particulière .

A lire !!

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La mort de Santini

J'ai fini hier soir ce si beau livre. Très émue après l'avoir refermé, par l'éloge funèbre de Pat Conroy, pour son père martyrisant, égoïste à l'extrême, enfin, un père comme personne ne souhaiterait en avoir et que tout fils – ou fille – sensé fuirait comme la peste et laisserait à ses turpitudes, dès son indépendance gagnée. Mais pas Pat Conroy !



le récit qu'il fait de son enfance, sacrifiée, de ses relations familiales et de tous les excès de violence de son si célèbre père – Colonel des marines, aviateur multi-décoré, héros de trois guerres qui ont secouées l'Amérique – est captivant.



"Je ne pouvais pas supporter l'idée d'avoir écrit un roman de cinq cents pages seulement parce que j'avais besoin d'aimer mon père. Il ne m'était jamais venu à l'esprit que j'étais né avec un besoin d'aimer mon père. Que mon père puisse un jour faire en sorte de m'aimer me paraissait le fantasme le plus fou."



Et pourtant… Je suis restée bien souvent interloquée, incrédule, devant sa capacité à « pardonner », a toujours aimé ce père qui a mené à la dépression – voire à la folie – la majorité de ses enfants.

Je ne sais si c'est par faiblesse ou par grandeur d'âme qu'il ne rejette pas son géniteur. Sans doute, faut-il l'avoir vécu pour savoir quelle serait notre réaction : fuite et rejet, à l'image de Carol Anne, la soeur poète de Pat, qui « crache » tout ce qu'elle peut, au point d'en devenir folle, sur cette famille toxique et ses bourreaux – père et mère confondus, sans oublier Pat, fidèle défenseur d'une mère qu'elle exècre – , suicide comme Tom le dernier de la fratrie ou pardon et réconciliation comme le reste des sept enfants ?



Je n'ai pu m'empêcher de me poser cette question, mais cela n'enlève rien – au contraire – à l'intérêt et à la découverte de ce livre et de cet auteur. C'est un récit personnel – l'histoire aurait été tout autre racontée par Carol Ann, notamment quant à la figure maternelle, que Pat met sur un piédestal, là où on devine que la réalité était bien souvent tout autre… Mais ce n'est pas seulement cela : l'auteur nous donne une vision forte et juste « du sud », de la ségrégation et des combats menés pour en sortir, de ce racisme et de cette violence latente qui explique pour beaucoup les traits de caractère de ses parents, même si cela n'excuse rien.



"Nous nous étions retrouvées au sein d'une famille dans laquelle personne ne nous avait montré comment aimer. Pour nous, l'amour était un cercle et un labyrinthe dont tous les passages et les culs-de-sacs étaient gardés par des monstres, créés par nous mêmes."



J'ai aimé aussi, suivre au fil du récit, l'écriture et la sortie des livres de Pat Conroy, découvert avec ce livre, l'impact sur sa famille, sa ville et cet incroyable revirement que fut le tournage du film « le Grand Santini » !



Est-ce là un des nombreux pouvoirs de la création artistique, de l'art ?



En tout cas, ce fut un beau moment passé en compagnie de cette famille plus que déjantée et une belle découverte littéraire que je poursuivrai avec « le prince des marées » qui va venir grossir ma PAL.



Un grand merci à Babelio et aux éditions du Nouveau Pont pour l'envoi de ce livre.
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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Le Prince des Marées

« L’histoire de notre famille était une histoire d’eau salée, de bateaux et de crevettes, de larmes et de tempêtes ».



Il est vrai que le narrateur, sa jumelle Savannah et leur frère ainé Luke, n’ont pas sorti la bonne pioche lors de leur naissance dans cette famille de Caroline du Sud.

Les paysages sont magnifiques, la mer est omniprésente, mais les parents sont …foldingues, surtout le père, très violent à ses heures et risquant l’argent destiné à ses proches dans des entreprises complètement délirantes, comme racheter un tigre à un cirque et l’élever dans sa cage, derrière la station-service où personne ne se rend car à un mauvais endroit. J’en passe, et des meilleures.



Cette enfance, Tom (le narrateur) dit l’adorer, et puis critique dans le même temps sa mère et son père. Alors qu’il affirme ne pas pouvoir arrêter de les aimer quand même.

Sa sœur, poétesse géniale, qui avait déjà des hallucinations étant petite, fait au moins trois tentatives de suicide. C’est à l’occasion de la dernière qu’il se rend à New-York pour tenter de la sauver, et c’est là qu’il rencontre la psychiatre de Savannah. Il lui raconte leur vie, dans l’espoir de trouver ce qui n’a pas été.



Il y a manifestement un événement traumatique puissance mille, mais qui est révélé seulement à la page 752 (édition de poche comptant 1070 pages). Tout le reste, certes intéressant, et expliqué à l’aide de phrases flamboyantes, d’un vocabulaire choisi avec soin, de figures de style détonantes et poétiques (j’adore cela), …m’a ennuyée. Que de répétitions ! Que de tergiversations ! Que de dialogues loooooongs et continuellement traités de manière ironique ! (j’apprécie l’ironie, mais pas assénée à chaque coin de ligne).



Bref, ma lecture a duré des plombes. Si le roman avait été raccourci de la moitié, je l’aurais trouvé génial. En effet, il aborde divers sujets très accrocheurs comme la folie, la façon dont des citoyens peuvent considérer les autres venant d’une autre région que la leur, la relation parents-enfants, l’obéissance vis-à-vis des autorités de son propre pays, l’affirmation de soi par des actes hors normes, et si je réfléchissais, je pourrais encore en trouver, tellement ce roman est vaste.

Malheureusement trop vaste.

Dans le style roman américain psychologique, je préfère Joyce Carol Oates, qui resserre son sujet au fur et à mesure, alors que celui-ci n’arrête pas de l’élargir pour aboutir à un grand agglomérat bavard.

Dommage. Je sais que je vais à l’encontre de beaucoup d’internautes babéliotes, mais tant pis.

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Beach music

Quand j'ai reçu ce livre, j'ai eu une petite appréhension en constatant qu'il comportait 922 pages. Je craignais des longueurs... Inquiétude qui s'est totalement évanouie dès la dixième page.

Passionnant, riche, enlevé ! On ne s'ennuie pas une seconde.

Un style à la fois rythmé, subtil, romantique, réaliste et teinté d'un humour délicieusement sarcastique qui nous cueille de manière inattendue à l'instant même où l'on est gagné par la tristesse.

La relation entre les "mâles" de la famille Mc Call est vraiment surprenante, décalée, tranchante. Des écorchés vifs qui se protègent derrière un mur de sarcasmes et d'ironie mordante pour tenter de refouler l'expression d'une sensibilité qui les rendrait vulnérables.

Le récit de l'Holocauste par Georges Fox est insoutenable. J'ai du stopper ma lecture à plusieurs reprises pour respirer. J'avais l'impression de lire en apnée tant j'étais submergée par l'horreur.

Quand j'ai terminé cette extraordinaire saga du siècle dernier de ces Américains de Caroline du Sud j'ai ressenti une sorte de nostalgie de devoir quitter ces personnages auxquels je m'étais attachée et dont je me sentais proche.

Beach Music restera une de mes plus belles émotions littéraires.

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Beach music

Il y a très longtemps que je n'étais pas venue faire un tour par ici à cause d'une perte de goût pour la lecture et les échanges numériques...

Mais je viens de lire un livre qui m'a sorti de mon marasme et il faut que je vous parle sans tarder de Beach Music de Pat Conroy tellement j'ai adoré !



Beach Music est mon premier Pat Conroy !



Il s'est retrouvé dans ma PAL voilà bien 2 ans suite aux retours enthousiastes de plusieurs membres du #PicaboRiverBookClub sur "Le prince des marées" du même Pat Conroy... mais comme ce livre était épuisé, je me suis rabattue sur un titre qui était disponible.



Alors ? Qu'est-ce que j'ai pensé de Beach Music ?



Et bien sans mentir, c'est un des meilleurs livres que j'ai lu dans ma vie ! J'ai ri, j'ai pleuré ! j'ai adoré beaucoup de personnages et j'en ai détesté d'autres ! Pendant ces 924 pages, j'ai ressenti de la joie, de la colère, de la tristesse, de l'angoisse, du bonheur, de la peur, ... C'est un livre qui m'a "habité" et que je n'ai pas pu lâcher ! Je voudrais presque ne pas l'avoir déjà lu pour pouvoir ressentir à nouveau toutes ces émotions !



Dans Beach Music, Pat Conroy traite principalement de la trahison.



La trahison des parents, soit alcooliques, soit trop sévères, soit traumatisés, soit brutalisés eux-mêmes dans leur jeunesse et qui trahissent leurs enfants en les maltraitant et en ne sachant pas les aimer.



La trahison de l'amitié, de l'amour, de la patrie ou de la religion.



Mais Pat Conroy amène également ses personnages à la rédemption car comment vivre après avoir trahi ?



Il paraît que Le prince des marées (qui vient enfin d'être réédité en poche) est considéré comme le chef-d'œuvre de Pat Conroy... pourtant c'est l'écriture de Beach Music qui aurait provoquée une profonde dépression à son auteur (dixit Wikipedia). Peut-être parce que Pat Conroy explore encore plus sa vie dans Beach Music que dans ses autres livres ?



Je ne dirai rien de plus sauf qu'il faut ABSOLUMENT lire ce livre !

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La mort de Santini

Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio ainsi que les éditions le Nouveau Pont pour l'envoi de ce superbe ouvrage. J'ai d'abord pris peur en voyant ce petit "pavé", me disant que je n'aurais jamais le temps de le lire dans les délais impartis mais lorsque j'ai commencé la lecture, j'ai bien vu que la mention faite en quatrième de couverture comme quoi cette biographie se lisait comme un roman ne mentait pas.



J'ignorais jusqu'à présent tout de cet auteur ainsi que de son père, Donald Conroy, appelé Dan mais surtout surnommé "Le Grand Santini". Membre des Marines en tant que pilote de chasse aux Etats-Unis, ce dernier était fier d'avoir fait ses "trois guerres" mais malheureusement, celles qu'il faisait dans le ciel se rabattaient souvent sur sa famille. Pat, l'auteur de cet ouvrage et l'aîné d'une lignée de 7 frères et soeurs en faisait souvent les frais. Mari violent, père peu attentionné, le grand Santini était certes un as en tant que pilote de chasse mais également un homme qui a réussi à diviser sa propre famille. C'est bien connu, les apparences sont souvent trompeuses et c'est le cas de ce grand homme, d'origine irlandaise bien que né à Chicago. En tant que militaire, il a beaucoup voyagé à travers le pays, emmenant sa famille avec lui mais le principal port d'attache qui revient régulièrement dans cet ouvrage est celui de Beaufort. Pat, ayant deux soeurs et quatre frère fait souvent mention à Carol Ann . Cette dernière, devenue poétesse aurait très bien pu s'entendre à merveille avec son grand frère qui avait, tout comme elle, choisi de s'engager sur le chemin des lettres mais il en fut tout autre. Non seulement, elle était complètement folle (quoique avec ses moments de lucidité contrairement au plus jeune des frères qui finit par se suicider), mais elle pouvait également être d'une grande perversité. Bref, autant vous dire que parmi les enfants Conroy, cela n'a jamais été le grand amour et même si ils ont enterré ensemble leurs deux parents, ils n'ont jamais réussi non plus à se réconcilier réellement afin de se soutenir mutuellement dans ces étapes difficiles et douloureuses de la vie.



Pat Conroy étant lui-même décédé l'an passé, c'est un très bel hommage de la part de cette maison d'édition que d'avoir réimprimé cet ouvrage qui, quoique bouleversant sentimentalement parlant parce que très dur, est d'une qualité d'écriture remarquable. Auteur d'autres ouvrages sur son père avec l'un qui fut adapté au cinéma "The great Santini", je crois que je vais pousser un peu plus loin mes recherches sur cette grande figure de la littérature américains (certes, il m'est impossible de juger sur un seul ouvrage mais je ne pense pas me tromper en l'affirmant), tout comme son père fut une grande figure dans l'armée de l'air. Bien plus qu'une simple biographie, c'est avant tout la description déchirante d'une famille sur le déclin et sur la mort de celui qui fut autant admiré par ses pairs qu'exécré par ses propres enfants. A découvrir !
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