Patrick Zachmann est membre de l'agence Magnum (agence photographique créée notamment par
Robert Capa et
Henri Cartier-Bresson en 1947 à New York qui regroupe parmi les plus grands photographes du monde). Il est lauréat du prix Niépce en 1989 et du prix Nadar en 2016.
Il aime travailler ses sujets sur le temps long en s'appuyant sur de longues investigations. Son oeuvre s'inscrit davantage dans une quête sociologique - presque anthropologique - plus qu'esthétique. Mais sa démarche reste plus sensible que documentaire. Les questions du devoir de mémoire et de la quête d'identité juive sont deux thématiques qui traversent toute son oeuvre.
L'ouvrage "Notre-Dame, Histoire d'une Renaissance" (Bayard) est le fruit d'un travail de deux ans de
Patrick Zachmann au sein de la cathédrale Notre-Dame en ruine puis en chantier. Il a été le premier (mais non le seul) photographe autorisé à y pénétrer depuis l'incendie, bénéficiant d'un accès privilégié au site dans le cadre d'un partenariat entre l'établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris et Magnum Photo.
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En mai 1989, je travaillais sur la diaspora chinoise quand je me suis retrouvé à Pékin au cœur du mouvement de la place Tian'anmen. Pendant des jours et des nuits, j'ai partagé l'enthousiasme des étudiants qui défiaient les vieux dirigeants chinois. Ni moi ni personne n'anticipaient la tragédie du 4 juin. L'histoire a retenu le massacre. Mais avant le drame, il y a eut un formidable élan d'espoirs et de rêves, une sorte de Woodstock chinois.
Mes premières incursions chez les Chinois remontaient à la période d'ouverture de Deng Xiaoping des années 1980. Le pays allait vivre cette expérience unique de schizophrénie collective : être gouverné par un régime communiste mais soumis à la logique d'une économie de marché. Les Chinois découvrait la consommation, la Bourse, les paysans pouvaient vendre eux-mêmes les produits de leurs récoltes, les « camarades » étaient encouragés à créer leurs commerces, leurs entreprises. Les vélos étaient peu à peu troqués contre des voitures, de simples ouvriers devenaient millionnaires, les cadres du Parti s'enrichissaient, dopés par la corruption et la folie de l'argent.
La "condition de l'homme moderne", pour reprendre le titre du grand essai d'Hannah Arendt, c'est d'être dans une quête d'identité permanente, pour l'essentiel voué à l'échec .Aujourd'hui l'homme naît arraché, déraciné, et la grande question qu'il découvre n'est plus à quoi m'arracher pour être moi ?, mais : qui suis-je, moi qui ne suis plus inscrit nulle part, moi qui n'ai plus de chez moi?
J’ai découvert la Chine en 1982, à travers le cinéma chinois sur lequel je réalisais un reportage. La représentation de cette Chine était faite d’un curieux mélange d’images naïves, non dénuées de charme, et de clichés propagandistes.
C'est un véritable raquette ici. Selon W., "les prostituées sont chères à Taiwan et ne font ça que pour l'argent". Le font-elles pour autre chose, ailleurs?