Adaptateur de "La Célestine" de Fernando de Rojas, qui fut un des plus éclatants succès au Théâtre de ces quinze dernières années, translateur à la scène "des liaisons dangereuses" de Choderlos de Laclos et de "Via Mala" de John Knittel, Paul Achard a pu être défini par Guy Verdot, dans "Franc tireur", comme "notre plus grand spécialiste du découpage".
Nul, mieux que lui, n'était qualifier pour "dramatiser" le roman-fleuve de Victor Hugo, "Les misérables", qui depuis sa sortie en librairie, en 1862, n'a jamais cessé d'être lu dans le monde entier. Déjà, dès cette même année 1862, Charles Hugo (fils de Victor) et Paul Meurice avaient tenté l'aventure, sans rencontrer, il faut bien le dire, auprès du public parisien la réussite à laquelle ils pouvaient prétendre.
Aujourd'hui, grâce à Paul Achard, Jean Valjean, Cosette et Thénardier entrent à la Comédie Française et s'y sentent aussitôt chez eux, en compagnie d'Hernani, de Dona Sol, de Ruy Blas, et autres héros sortis, tout vivants, de l'imagination Hugolienne.
Et pourtant l'entreprise n'était pas aisée...
- Qu'est-ce qu'on vend ici, qu'il y a tant de monde?
- Je ne sais pas, madame.
- Et vous faites comme ça la queue sans savoir?
- Vous la faites bien, vous.
- Ça, c'est mon affaire, monsieur.
- Et moi la mienne.
- Alors pourquoi le demandez-vous?
- En tout cas vous n'allez pas m'apprendre à faire la queue. Je connais ça mieux que vous.
- Je vois ce que c'est! Vous êtes une professionnelle!
- Une professionnelle! Et de quoi?
- De la queue, pardi! Ne rigolez pas, mademoiselle, il y a des faiseuses de queue, on les voit à toutes les queues, elles font ça pour d'autres. Paraît que ça rapporte.