Pour Myron et son adorable épouse indienne Rachel, une bonne soirée en ville, c'était un steak à la rôtisserie de l'ambassade américaine et une demi-bouteille de rosé, assez pour les rendre tous deux délicieusement pompettes.
Je regardais Sheela, je regardais Eda allaiter le bébé, et je me disais : voilà, voilà la Mère et l'Enfant. Le Pouvoir de la Femme. Nous autres hommes avons sans doute nos qualités, mais les femmes, elles, sont reliées à des forces primitives qui nous sont inaccessibles.
Redoutant toujours quelque dégât à l'intérieur de la boulangerie, je laissais la chienne dehors, solidement attachée au panneau de stationnement qui se dressait devant la porte. Mme Collin ayant un faible pour notre petite chérie, souvent, elle me glissait avec un clin d'oeil un biscuit ou une madeleine pour Zelda. Pas sûr que Proust aurait approuvé...
...Une fois louée la maison dans Jor Bagh, Myron me dit que je devais m'atteler à l'embauche du personnel : il me fallait quelqu'un pour la cuisine, un autre pour les sols, un autre pour le linge, etc.
- Myron, je ne veux pas de tout ça. Je ne veux aucun domestique d'aucune sorte ! Je peux tout faire moi-même.
Il s'esclaffa.
- Primo, tu n'auras ni le temps ni l'énergie de faire quoi que ce soit toi-même. On a une actu énorme à couvrir. Quand vas-tu trouver le temps de t'occuper des courses ou de la lessive...par plus de trente-huit degrés ? Qui plus est, nous sommes en Inde : si tu n'engages pas de domestiques, tes voisins vont prendre ça pour un affront : ils diront que tu refuses d'aider financièrement les leurs.
La vie est un grand mystère Sahib. Tout ce qu'on peut faire c'est suivre son cœur.