Le mal moral, la barbarie, la perversion, le meurtre en meutes : on s’en passerait bien. Le mal naturel, la maladie, la vulnérabilité, la fragilité, psychologique et physique : nous pouvons difficilement les aimer. Nous ne les regretterions pas, si nous en étions exemptés. Nous sommes donc tentés de croire que, si cela était en notre pouvoir, nous devrions coûte que coûte nous en débarrasser. C’est ainsi que nous userions de la toute-puissance, si elle nous était prêtée, ne fût-ce qu’une semaine. Visiblement, ce n’est pas comme cela que Dieu en use. Prend-il plaisir à laisser tous ces fléaux s’abattre sur nos têtes ? Certainement pas. Il serait étrange qu’il ait créé un monde pour se repaître des souffrances de ses créatures. Mais visiblement, Il a jugé bon que notre destin ne soit pas celui de marionnettes insensibles. Notre vulnérabilité et notre exposition à la méchanceté sont les conditions de notre responsabilité. Elles rendent irremplaçable chaque moment de chaque existence.
Le mal demeure un mystère, et un scandale. Nous n’avons pas à nous y résigner. Dieu non plus : seulement, s’il y remédie, ce n’est pas en intervenant constamment ou en abusant de sa toute-puissance. (pp. 74-75)
Et si la chose est vraie, s'il existe un Dieu qui a donné l'existence au monde, on peut supposer qu'il ne l'a pas fait pour rien. Et, s'il nous a faits capables de reconnaître cette donation, il devient probable que nous avons quelque chose à y faire, que nous pouvons répondre à ce don de Dieu. Chercher à le connaître, à l'aimer -qui sait ? à le rencontrer.
Je n'ai pas dit que Dieu était barbu. J'ai dit que le sujet était barbant.