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Critiques de Paul Colin (2)
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Terre Paradis

Tout d'abord, honneur à Monsieur Jaenada car j'ai quitté l'univers de "La Serpe" avec ce livre sous le bras ; picorer une once de sa culture est toujours bien tentant !

C'est la curiosité qui a motivé mon désir d'aborder l'auteur de "Les Jeux Sauvages " , prix Goncourt 1950 ( oublié et contesté *).

J'ai choisi son second (et dernier roman ) car il me semblait hors normes, ludique et déjanté .

Et là, je n'ai pas été déçue !



Je passe sur le résumé car encore une fois ,la quatrième de couverture dévoile plus que largement l'intrigue et on va dire que la lecture se déroule sans surprises, tout est dit !

Mais , très vite , on est emporté dans une sorte de cavalcade au rythme effréné où foisonnent péripéties, pensées profondes, situations burlesques et sarcasmes.



Alors, voilà : il s'agit d'une sorte de fable divisée en quatre chants , écrite dans un style rabelaisien , foisonnant , provocateur, iconoclaste .

Un traité sur la liberté et le bonheur aux couleurs anarchistes, à l'aspect antisocial pour mieux glorifier une quête d'absolu , un rêve puriste .



Maxime, le héros croit qu'il est possible de prétendre au bonheur sur terre en renouant avec la vie sauvage ,la plus naturelle qui soit ,en se rapprochant le plus possible de la vie animale .

Une utopie qui abolit les barrières sociales , qui réunit les espèces du vivant pour permettre une existence autarcique en excluant totalement le travail .

Le cadre est tout trouvé en la propriété d'une comtesse dévolue à la cause , bousculant de facto les théories sur la possession et il fallait bien un moyen pour vivre isolés de la société conventionnelle ! ( soit... je pinaille )



C'est un livre étonnant , un texte souvent poétique emporté par de grandes envolées lyriques qui alternent entre situations cocasses , pensées philosophiques et humanistes , satire sociale et désespérance . Plus d'une fois, j'y ai vu l'ombre de Boris Vian .



Mais, en revanche, j'ai été désagréablement surprise par le sort fait aux femmes : un monde meilleur fait d'égalité , de renoncement au pouvoir, aux richesses, un monde d'amour , ce monde là réserverait à la femme le rôle de génitrice et d'amante décérébrée , des femelles bien grasses ! Plusieurs fois un parallèle avec les vaches se voulant humoristique m'a cependant paru bien maladroit et violent tant il était insistant .

Alors, je dirais que cet ouvrage est une curiosité à replacer sans doute dans son époque . J'y ai vu , malgré tout comme un regret de l'émancipation de la femme avec le thème éternel de "la maman et la putain" ...pour le rêve, on repassera !



Cependant en matière d'écologie , l'auteur apparaît plutôt comme un visionnaire ; il met en garde contre la maltraitance de la terre , de la faune , de l'écosystème .

Des préoccupations bien actuelles nées il y a déjà soixante ans ...



C'est aussi un pamphlet , un plaidoyer contre la religion , la colonisation et l'anéantissement des valeurs propres aux peuples premiers .

Un traité sur la liberté , dénonçant les méfaits de la civilisation qui peu à peu vole les grands espaces .



C'est une quête d'absolu .

C'est un poème empreint de rêve et de sensibilité mais aussi de révolte et de violence animale .

C'est un cri de désespoir.



Un livre étrange qui me restera en mémoire.







* c.f. "Le Monde des Livres"

article de Pierre Assouline du 28 Août 2008 .





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Les jeux sauvages

Je me suis amusée à suivre les péripéties de ce Goncourt oublié, évoqué dans le roman de Philippe Jaenada "La Serpe", paru chez Robert Laffont en 2017, lui même sur la liste des "goncourables" de l'année.



« Cette année-là, on trouve quelques pointures sur les rangs (à cette époque, il n'y avait pas de sélections préalables, les jurés choisissaient parmi tous les romans publiés) : Hervé Bazin pour La Mort du petit cheval, la suite de Vipère au poing, Marguerite Duras pour Un barrage contre le Pacifique... le favori est, plus modestement, Serge Groussard, qui a écrit La Femme sans passé. Mais il n'aura pas une voix et, en fin de compte, un duel titanesque a lieu au sommet entre Bernard Pingaud (L'Amour triste) et André Dhôtel (L'Homme de la scierie). Colette est pour Bazin et s'y tient, tandis que la « médiocrité discrète » (quelle merveille) de Georges Arnaud semble avoir échappé aux deux ringards qui le soutiennent, Pierre Mac Orlan et Francis Carco, dont on connaît l'absence de style et la pauvreté formelle. (André Billy se joint peut-être à eux au premier tour, en souvenir de son ami Georges Girard.) Les partisans de Pingaud et Dhôtel refusant férocement de céder après quatre tours, un juré élu l'année précédente, Philippe Hériat (assis face au septième couvert, celui de Despentes en ce moment), pour débloquer la situation, suggère timidement un outsider à qui personne n'avait songé, Paul Colin, dont le premier roman, Les Jeux sauvages, est sorti chez Gallimard le 18 octobre (côté délais, c'était un peu plus tranquille qu'aujourd'hui, la rentrée littéraire – si je ne rends pas ce manuscrit le 15 mars (au rythme où je suis parti, et sans Maxiton, je ne me sens pas tout à fait le profil d'un vainqueur), il sortira en 2018). Il se fait tard, on a déjà pris trois calvas, ras le beignet, d'accord, Colin l'emporte au cinquième tour avec cinq voix. Robert Merle en 1949, pour Week-end à Zuydcoote (il a peut-être croisé Pauline Dubuisson à Dunkerque en 1940, au moment de l'opération Dynamo, lorsqu'il a été fait prisonnier), Julien Gracq en 1951 pour le Rivage des Syrtes : ça fait comme un couac au milieu – Pierre Assouline, en 2008, quatre ans avant de s'asseoir sur la chaise de Mac Orlan, racontera dans le Monde cette triste matinée, évoquant un « choix accablant » et une « insondable médiocrité ». Paul Colin, pas bête, saura se contenter de sa chance : il prendra ce qu'on lui a donné, achètera une exploitation agricole dans le sud de la France avec ses droits d'auteur tombés du ciel, et ne fera plus parler de lui, ne réapparaissant dans la vie littéraire que neuf ans plus tard, et très humblement, avec un deuxième et dernier roman, dont le titre est peut-être une sorte de clin d'oeil : Terre paradis. »



Extrait de : Philippe, Jaenada. « La Serpe. » 2017 Groupe Robert Laffont.
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