Les journaux français parlent beaucoup de ces sociétés depuis 1918. Très spécialement certains journaux républicains. Ils les montrent travaillant pour l'Allemagne ; mais ils ne disent pas ce qu'elles sont, parce que ceux qui utilisent ces sortes d'institutions comme moyens de lutte font ce qu'il faut pour que tout le monde demeure dans la plus complète ignorance, et, par suite, dans la plus tranquille indifférence à leur sujet.
Trente ans plus tard. Deschamps et Claudio Janet reprirent et développèrent la thèse de l'abbé Barruel et du protestant Eckert. Dans leur ouvrage : Les Sociétés secrètes et la Société, qui représente plus d'un quart de siècle de recherches documentaires, ils montrèrent la Maçonnerie inspiratrice et organisatrice de la Terreur, de la Révolution de 1830 et de celle de 1848. Ils lui attribuèrent la création de l'unité italienne, celle de l'unité allemande, la Révolution du 4 Septembre et la Commune.
Voici vingt-quatre ans que je suis aux prises avec la question maçonnique. C'est, en effet, en 1884, que je demandai l'initiation au F.*. Caristie Martel, pensionnaire de la Comédie-Française et Vénérable de la loge l'Avant-Garde maçonnique. J'y avais été amené par un ami franc-maçon. C'est à peu près toujours ainsi que les choses se passent. Cet ami, dont j'ignorais la qualité maçonnique, s'était mis en tête de faire ma conquête, lorsqu'il se fut aperçu que j'avais perdu la foi catholique. Pour y arriver, à différentes reprises, il m'avait vanté les mérites de la Franc-Maçonnerie. D'après lui, cette association était. une société d'élite dans laquelle toutes les vertus étaient pratiquées, en particulier celles de tolérance et de fraternelle solidarité. Cette dernière, m'affirmait-il, était étendue non pas seulement à tous les francs-maçons, mais à tous les hommes, sans distinction de cultes ni de nationalités. On ne s'occupait en loge que de philosophie, d'histoire, de sciences et d'œuvres d'assistance. On n'y faisait pas de politique. Jamais on n'y discutait sur les choses de religion, par cette raison que le respect de toutes les croyances y était admis comme un dogme.
Si les opportuno-radicaux se contentaient de soutenir que la situation faite à Boulanger par les événements constituait un péril pour l'avenir et qu'elle était par conséquent leur excuse dans la guerre sauvage qu'ils lui ont déclarée, je serais de leur avis. Mais puisqu'ils vont plus loin, puisque c'est toujours à l'honneur de leurs adversaires qu'ils en ont, il faut bien discuter.
L'immense majorité des Français ignore encore le premier mot de la question maçonnique. C'est ce premier mot qu'ils trouveront dans la présente brochure. J'ai eu l'occasion de constater, au cours de ma propagande et des centaines de conférences que j'ai faites, que les vues auxquelles je m'étais tout d'abord attaché peuvent servir d'entrée en matière de préférence à toutes autres.
Sans entrer dans des détails d'organisation et d'administration maçonnique auxquels le public doit demeurer étranger, il est permis de dire à ceux qui accueilleraient trop complaisamment ces commérages, que la Franc-Maçonnerie française est profondément républicaine et anticléricale et ne tend nullement à devenir une simple société de secours mutuel.
Il y avait deux catégories de républicains boulangistes : des libéraux et des démocrates à tous crins.