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Critiques de Paul Guimard (88)
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Le Mauvais temps

Bien que ce livre ne soit pas une nouveauté (loin de là, il a même été publié avant ma naissance), c'est ma belle-mère qui m'en a vivement recommandé la lecture et me l'a donc gentiment prêté. J'avoue avoir été un peu déroutée, voire même un peu déçue en commençant cette lecture mais au final...ouawh. Je comprends maintenant ce qu'elle voulait dire en qualifiant cet ouvrage "de livre qui doit absolument être lu".



Robert Duchesne (Monsieur Robert pour l'histoire) est un quinquagénaire, veuf, qui a brillamment réussi sa carrière professionnelle et qui, de plus, est amoureux (et ce, de manière réciproque) d'une jeune femme au doux prénom d'Anne. Bref, on pourrait dire que cet homme a tout pour être heureux, et, en un sens, il l'est, si ce n'est que cet homme n'a jamais accepté réellement de vieillir. En effet, le lecteur découvre ici les deux facettes de cet homme étrange : le brillant cadre respecté avec un peu de surpoids et celui de ses vingt ans, alors surnommé Bob, passionné de peinture et ignorant encore tout de la vie. Si ces deux personnalités ne forment en réalité qu'Une seule et même personne, il arrive qu'elles entrent en conflit et que Bob et Monsieur Robert ne s'entendant plus.

Je ne sais pas si j'ai été bien claire dans ce bref résumé et si je ne l'ai pas été, tant mieux car j'espère au moins avoir réussi à éveiller votre curiosité et à vous plonger dans le même état que moi, à savoir l'incompréhension et l'interrogation, voire même la perplexité, lorsque je me suis plongée dans cet ouvrage.



Ce livre, qui n'est pas de prime jeunesse n'a cependant pas pris une ride et si vous vous laissez vous aussi tenter par l'aventure, savourez précieusement le troisième et dernière partie de ce dernier ! Si j'avais pu en recopier chaque mot, je crois d'ailleurs que je l'aurais fait mais tel n'est pas le but ici. Sachez seulement que ces précieuses pages sont remplies de philosophie, de sagesse mais aussi d'amour : Amour de l'Autre, amour de soi mais surtout amour de la vie ! A découvrir !

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Journal amoureux

Comme tant de lecteurs, j'ai été enthousiaste et marquée par le texte avant-gardiste, « Ainsi soit-elle « de Benoîte Groult, bréviaire …féministe, lu dans les années 80... !



Quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre par les commentaires d' Olivia de Lamberterie l'origine de la naissance ce « Journal": Paul Guimard, qui encouragea Benoîte à écrire ce journal à 4 mains., afin qu'elle prenne confiance ; nous apprenons ainsi avec stupéfaction que Benoîte Groult était maladivement timide et réservée… manquait d'assurance , ne songeait pas à écrire , et encore moins à être publiée!

Encouragement généreux de Paul Guimard vis-à-vis de sa compagne, surtout que l'on sent qu'écrire lui aussi ce journal n'est pas un exercice habituel, ni qu'il affectionne particulièrement...



Une lecture plaisante , touchante, drôle nous plongeant dans les années 50…dans des milieux aisés et intellectuels… mondanités nombreuses, mais aussi fantaisie, humour, indépendance de vie , de pensée de Paul et de Benoîte…originaux facétieux…même si , en dépit d'un amour certain, lumineux…la « guerre des sexes » n'est jamais loin… Voyages , leurs moments d'intimité dans leur maison de Valmondois où Benoîte se prend de passion pour la botanique et le jardinage, le côté pratique du quotidien pour lequel Paul n'est pas doué, la vie commune d'un couple avec ses aléas…



Ils se racontent, parlent de la vie, de leurs lectures, leurs métiers, leurs différences et parfois divergences … et puis il y a aussi les discussions autour de la fidélité, la jalousie… j'allais omettre le rôle, et pas des moindres. Celui de « mère » de Benoîte pour ses deux petites filles, enfants du premier mariage avec Pierre de Caunes, Blandine et Lison, etc. Ses deux filles qu'elle aime infiniment tout comme Paul Guimard, qui s'occupe d'elles, les voit grandir... [Lison et Blandine sont en adoration devant leur beau-père ]

[** la fin du Journal s'achève sur l'attente de leur et en enfant..."Constance" qui naîtra en 1953]



*** Curieusement, contrairement à mes idées en débutant cette lecture, j'ai finalement plus apprécié le style et les propos de Paul Guimard, à la fois très détaché , caustique et lucide sur leur milieu social privilégié et la " comédie humaine" les entourant, à laquelle ils participaient... J'ai ri, entre autres pour son "refus d'idolâtrie'" envers son ami Mitterrand, quant au pélèrinage à la Roche de Solutré à laquelle il n'a aucune envie de participer. Au bout de trois années d'insistance du Président... Paul Guimard finit par trouver une" excuse" des plus malicieuses pour échapper à la "corvée" et au "sacro-saint rituel" !!



L'amour perce mais avec retenue, toujours… le journal semble aider Benoîte à exprimer par écrit des émotions, des convictions, des réactions parfois emportées sur les différences entre les femmes et les hommes…qu'elle ne parvient pas à dire de vive voix…. Paul Guimard constate parfois qu'il lui est plus facile de connaître sa femme par son journal… … car tous les deux, Paul comme Benoîte restent en dépit de leurs complicités ,de leurs désaccords, de leurs discussions, leur mauvaise foi , souvent… restent extrêmement pudiques.



Avec ce journal s'installe un jeu de lectures réciproque, assez drôle, parfois à la dérobée car l'un est trop curieux de ce que pense, et transcris l'autre d'un quotidien amoureux, commun ! … de « quotidien » , ce journal à 4 mains subit une certaine lassitude réciproque et ne devient que « mensuel » en 1952, encore plus rarement en 1953, puisque ce journal s'achèvera en mars...



Je retiens parmi les passages retenus un portrait fort touchant de Benoîte par Paul :

» 21 octobre [1952]

Je viens de feuilleter un petit agenda qui traîne sur mon bureau: Hermès 2e trimestre 1948.

Extraordinaire sensation. Avec soin, comme toujours, Benoîte y a consigné les événements quotidiens. (...)

Et cela me paraît subitement incroyable que Benoîte, il y a quatre ans, ait vécu cette vie sans moi, ait fait des enfants, pleuré pour le départ d'un homme et invité les Guimard à dîner.

Les Guimard sont devenus Guimard, lequel est devenu Paul (...)

Je connais assez mal les réactions de Benoîte vis-à-vis de son passé, des deux hommes qu'elle a aimés au point de les épouser, de sa vie sans cesse en mouvement. Je la crois capable de songer à tout cela très calmement tant elle possède à un point inégalable la faculté de vivre dans le présent.

(p. 224)”



Après ce « Journal amoureux »…envie peut-être ultérieurement de lire le texte de sa fille, Blandine de Caunes « La mère morte », comme pour percevoir d'autres facettes de cette femme de conviction et d'engagements, dévorant la vie…



***[mardi 6 avril 2021] Dans la suite de cette lecture, j'ai éprouvé également une vive curiosité pour Paul Guimard, son parcours et ses écrits...Je suis ravie d'avoir fait cette démarche car j'ai ainsi découvert son essai sur Giraudoux : "Giraudoux ? tiens !" [Grasset], souhaitant "dépoussiérer" cet écrivain trop méconnu à son goût. J'ai regardé et écouté d'anciennes archives de l'INA... Je suis tombée sous le charme de la malice , l'élégance et l'intelligence caustique de cet homme...



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Les choses de la vie

Pierre Delhomeau est avocat. Il a un rendez-vous à Rennes et, installé au volant de sa MG, il file à toute allure. Il est pressé, un peu stressé, pense à des tas de petites choses, à Hélène avec qui il veut rompre, à ce qui sera servi au repas, à son fils.... à des petites choses qui font la vie.

Au détour d'un virage, une bétaillère en panne. Pierre tente de la dépasser. Un poids lourd arrive en face. L'accident est inévitable et fatal... Deux petites secondes de perdues et l'accident n'aurait jamais eu lieu.

Entre le début du virage et le champ où la vieille MG finit sa course, il ne s'est pas écoulé plus de dix secondes. Dix longues secondes de presque cent pages, pendant lesquelles Pierre a largement le temps de penser à ce qui lui arrive. Il a le temps de penser à des choses utiles ou futiles, de penser à l'essentiel, à Hélène à qui il a encore beaucoup de choses à dire, le temps de penser à ce qu'il est... et le temps de se voir mourir.



Paul Guimard signe ici un roman réellement atypique sur le temps qui passe, sur la fatalité, la renaissance et la mort.

Un roman d'une grande force et d'une rare intensité, intemporel.

Un roman poignant où se mêlent tragédie et humour, futilités et priorités, espoir et désespoir...

Un roman très bien adapté au cinéma par Claude Sautet, avec Piccoli et Schneider.

Un roman haletant, passionnant et troublant où les petites choses de la vie prennent une place importante.

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Les choses de la vie

C'est une réflexion sur la vie, la mort, sur l'existence. Un homme, après un accident de voiture, se trouve dans le coma, et pendant quelques instants, se souvient de certains passages de sa vie, de sa maîtresse, de sa femme, de son fils. Il aimerait changer les choses. Il ne se rend pas compte qu'il est sur le point de mourir. Il s'étonne du mouvement autour de lui, des gendarmes, du médecin, du prêtre, du chauffeur de la bétaillère qui lui a coupé la route… Difficile de se détacher des personnages du film de Claude Sautet, Michel Piccoli et Romy Schneider dans les rôles principaux.

Guimard resserre plus l'action autour de l'accident et des conséquences directes. Ce qui donne une impression étrange, un décalage entre les pensées de cette homme et la réalité de la mort.

Une heure de lecture qui représente presque une unité d'action, de temps et de lieu.Une écriture fluide. Une interrogation salutaire sur l'existence humaine.
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Rue du Havre

Pour ma troisième lecture de Paul Guimard, j'ai choisi le dernier arrivé dans mon container à lire: Rue du Havre... Dans son édition du Livre de poche de 1967. Numéro 2125. Avec la tranche rose des pages, et le format moindre du volume en hauteur.

Bonne pioche, bon choix: Rue du Havre raconte trois tranches de vie d'avant la Noêl, rythmées par l'arrivée des trains de banlieue à la Gare Saint-Lazare.

Saint-Lazare qui expulse ses flots d'existences livrées à leurs journées travailleuses.

Julien les voit passer, lui qui vend sans grand art ni conviction, ses dixièmes de la Loterie nationale. "Tentez votre chance".

Julien a ses deux favorits: François et Catherine, qu'il pressent faits l'un pour l'autre, même s'ils ne peuvent se rencontrer... Leurs trains respectifs arrivent l'un après l'autre. C'est ballot! C'est triste. C'est la vie.

Paul Guimard, dans trois parties plus une, va nous raconter non sans humour, légèreté et gravité juste comme il faut, l'itinéraire de ces trois êtres. Singulière triangulation, dans laquelle l'auteur (c'est son deuxième roman) affute son style, sa marque... Triangle du hasard et de la destinée, que le lecteur entraîné se demande s'il sera refermé.

Chacun des trois personnages, en tout cas, est à un carrefour de son existence: Julien, le vieil homme; François, le trentenaire et Catherine avec ses dix-huit ans.

Il y a, sur Rue du Havre, cette patine du Paris des années d'après-guerre.

Guimard (Paul), se montre le digne chroniqueur de la respiration de la capitale qui inspire, expire. Ce flot, cette marée dont Julien Legris observe le mouvement.

Du bel ouvrage, à lire sans restriction et à relire à l'occasion.
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Un garçon d'honneur

"Un garçon d'honneur ", une pièce en quatre

actes donnée pour la première fois le 18 mars 1960 au théâtre Marigny.

Une pièce adaptée du roman d'Oscar Wilde : " le crime de Lord Arthur Savile".

Un drame cornélien, ou presque : "... entre deux scandales, mon honneur me dicte de choisir le moindre et qu'il vaut mieux renoncer à épouser Sybil que de lui faire partager qu'elle risque de courrir à mon côté. " un drame où l'on retrouve une des préoccupations mageures de Paul Guimard : "savez vous qu'il y a de la noblesse à corriger les décrets de la fatalité ?" le hasard, le grain de sable qui vient bouleverser la marche tranquille du temps et des événements qui le sous-tendent.

Arthur et Sybil fêtent leurs fiançailles. Il y a du beau monde : un général, un évêque , un ambassadeur... et un devin, le professeur Nadar qui fera une révélation désastreuse à Arthur concernant son avenir... Arthur en fera une affaire d'honneur et n'aura de cesse que de conjurer le sort avant d'officialiser son mariage avec la belle Sybil ; un "garçon d'honneur" en quelque sorte...

Une pièce alerte et bien menée jusqu'au denouement.

Une pièce où l'on devine les thèmes chers à l'oeuvre de Paul Guimard et la verve d'Antoine Blondin pour certaines répliques bien de son style.

Un bon divertissement.
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Rue du Havre

La force du destin ou le hasard du destin, l'un ou l'autre, l'homme se perd toujours. Il faut se méfier des marchands qui restent des journées entières devant leur étal, ils connaissent tous les passants réguliers, leurs habitudes quotidiennes du moins celles qui se révèlent à leurs yeux, le physique, les fringues, les horaires, l'air qu'ils reflètent le stress ou la détente. Julien Legris, posté sur la rue du Havre à l'entrée de la gare Saint-Lazare pour vendre des billets de lotérie, se familiarise discrètement avec chaque passant, il récite les horaires de chacun avant que celui-ci ne se présente. Mais deux jeunes personnes vont attirer son attention...si sa vie, à lui, a filé aussi vite qu'il ne se souvient plus d'avoir connu des moments assez extraordinaires, puisqu'il est dans la soixantaine, il aimerait créer une surprise pour ces deux jeunes gens qui, d'ailleurs, ne se connaissent pas. Lui, c'est François, elle, c'est Catherine, onze minutes les séparent dans leur horaire respectif, Julien Legris mijote un moyen de créer une rencontre des jeunes gens, il faut trouver une occupation à l'un pendant onze minutes...entre temps, des deux jeunes gens, chacun a une vie...aussi vide que celle de Julien Legris, seulement dans la jeunesse, on espère bien rattraper les choses...

Un livre saisissant sur l'étrangeté de la vie, des rencontres, du temps, des circonstances, et l'homme est l'être qui subit tout, qu'il crie, qu'il crève, pas de pitié, la vie suit son cours, que l'homme veuille une chose, en tout cas la vie n'en fait qu'à sa tête....

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Le Mauvais temps

Paul Guimard ? Ah oui, cela me disait quelque chose... Les Choses de la vie, un joli film...

C'est bien tout ce que je savais de lui.

Le Mauvais temps publié chez Denoël était là dans un carton, moi qui hésitais encore.

C'était en 2017, une fin de mois de juin, sur un vide-greniers.

J'ai encore attendu quelques années avant de me décider à l'ouvrir.

En cette fin de confinement, j'avais envie de lire des auteurs pour la première fois. Après Christine de Rivoyre que j'ai eu le tort de faire attendre si longtemps me voilà en tête à tête avec Paul Guimard.

Une entrevue qui n'a pas duré cinquante pages, bien content de me débarrasser de ce visiteur encombrant. Son histoire n'a éveillé en moi aucun écho. J'ai longtemps cherché ce qui "clochait" dans son style afin de trouver les mots exacts : C'est m'as-tu-vu, faiseur, vulgaire.

Heureusement que Paul Léautaud ne l'a pas lu. J'imagine ses sarcasmes devant cette phrase : "la végétation rase de la dune est amicale aux pieds nus".

Je mettrais quelques citations sur Babelio en guise d'arrêt de mort, car c'est bien de cela qu'il s'agit, bien convaincu de ne jamais racheter un livre de Paul Guimard même à 1 euro 70.

J'ai vu qu'avant moi deux lecteurs ont fait des critiques enthousiastes. C'est bien la preuve qu'il faut de tout pour faire un monde...
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L'ironie du sort

On est en 1943, en zone occupée, à Nantes.

Antoine Desvrières, résistant sait que s’il ne tue pas ce soir à 23h00 le lieutenant allemand Werner, son réseau sera démantelé avec toutes le conséquences que l’on peut imaginer. Antoine est donc embusqué sous une porte cochère, l’arme à la main, sur le trajet de Werner. Encore faut-il que tout se passe comme prévu. Tout dépend du Feldgendarme Eideman et du démarreur de sa traction avant…

Je suis entré dans l’univers de Paul Guimard avec ce petit livre après avoir vu le film d’Edouard Molinaro, en 1974.

Il s’agit bien là d’une pièce maîtresse de l’œuvre. Paul Guimard continue en effet à creuser le sillon qui constituera son thème favori : un détail est changé et le cours des choses peut en être grandement modifié. A ceci près qu’ici, il ne fait pas le choix et nous propose différentes variantes selon que démarrera – ou pas – l’auto du Feldgendarme Eidemann ; à la manière d’un mathématicien qui étudie les différentes solutions d’une équation dont l’unique inconnue serait : démarrera, démarrera pas…

« L’ironie du sort » est quelque chose comme une U-chronie du présent, comme une illustration de l’expression populaire : petites causes, grands effets… Superbe

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L'ironie du sort

J'avais lu ce livre adolescente et il m'avait laissé une marque profonde. C'est pourquoi, depuis plusieurs années déjà, je tenais absolument à le relire car je voulais comprendre pourquoi il avait eu tant d'impact sur moi. Voilà qui est chose faite et je ne suis pas déçue. Le temps ayant fait son œuvre, j'ai été moins impressionnée par les bouleversements de « la Providence » mais je reste admirative de la forme, de la clairvoyance de l'auteur (voisin ignoré de mon village de naissance...) et de la simplicité avec laquelle il nous laisse entrevoir que nous ne sommes maîtres de rien et que nos vies ne sont accrochées qu'aux battements d'ailes de papillons invisibles à nos yeux. Pour moi, après tant d'années, cela reste un roman formidable.
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Journal amoureux

Paul Guimard propose à sa femme Benoîte Groult qu'ils écrivent leur journal chacun de leur côté.

Cette aventure durera trois ans, de 1951 à 1953.

Blandine de Caunes a retrouvé ces carnets et les publie, précédés d'une longue préface de sa main.

J'ai aimé beaucoup de livres de Benoîte Groult, particulièrement « Les vaisseaux du cœur », mais là j'avoue ne pas avoir été très sensible à celui-là.

D'abord, c'était une histoire entre eux et je ne suis pas sûre qu'elle nous ait été destinée.

Heureusement ce n'est pas spécialement intime, donc ce n'est pas trop indiscret.

Ensuite je trouve que Blandine de Caunes n'arrête pas de jouer les prolongations avec sa mère.

C'est tout à son honneur, bien sûr, mais je me demande après ce livre comment elle trouvera encore prétexte à pouvoir prolonger Benoîte Groult.
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Rue du Havre

Comme tous les jours, matin et soir, Julien Legris est fidèle au poste, rue du Havre à quelques pas de la Gare Saint-Lazare. Il propose ses billets de loterie au flot pressé des habitués que la gare toute proche lui envoie chaque jour à heure fixe. Des anonymes, bien entendu…Et dans ce flot de passant grisâtres, deux personnages en couleur : François et Catherine. Pourquoi eux ? Julien n’en sait rien, mais chaque jour qui passe le conforte dans son idée : ces deux là sont faits l’un pour l’autre et l’ignorent. Comble de tout, la SNCF a mis onze minutes entre l’entrée en gare de leurs trains respectifs ; la rencontre est impossible. A moins que…

A moins qu’un le hasard ne vienne mettre sur la parcours de François un motif de retard, Julien hésite à intervenir mais un jour François s’arrête : le Grand Magasin qui l’emploie a besoin d’un père Noël pour les fêtes de fin d’année. Julien est-il intéressé ? L’occasion est trop belle pour lui ; alors il parle et parle, et parle encore… Onze minutes…

Toute l’œuvre de Paul Guimard, dont c’est ici le deuxième roman, sera construite autour de l’inéluctable d’une rencontre, du croisement des destinées. Inéluctable certes... Si l’on fait abstraction du hasard et de sa gestion toute particulière de l’impondérable.

A mon goût, un des meilleurs Guimard, une histoire ironique et tendre.

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Les choses de la vie

Un coup de poing dans la gueule des morts en sursis qui lisent ce court roman choc, comme l'est l'accident routier qui en fait la trame.

Un récit envoutant des quelques secondes précédant la collision puis le résumé de la vie de la victime, un avocat grièvement blessé mais conscient, et qui s'accroche à l'espoir en fantasmant une résurrection possible et un nouveau départ, avec une vérité en main, la préciosité de chaque instant qui s'annonce et la jouissance des modestes plaisirs du quotidien pour en faire de grands bonheurs.

Mais la résolution de vivre n'est qu'une idée devant l'absolue nécessité que le corps exprime de mourir.

Et même ce que l'on a voulu taire, n'échappe pas à la précipitation du temps soustrait....



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Les choses de la vie

C'est l'excellente adaptation au cinéma de Claude Sautet qui m'a donné envie de lire le roman "Les choses de la vie".

Pourtant, un livre qui commence par une scène de chasse me fait hésiter à poursuivre ma lecture.

Eh bien, je suis tombée sous le charme, non pas de la chasse mais de l'écriture de Paul Guimard dont le livre m'a profondément touchée.

C'est un roman introspectif d'un homme qui a un accident de voiture.

Nous suivons la route empruntée par l'avocat Pierre Delhomeau qui part de Paris au volant de sa MG 1100 pour aller retrouver un confrère à Rennes.

La situation est propice à laisser divaguer ses pensées dont certains souvenirs de jeunesse (ce qui explique la scène de chasse).

Pourtant, sur la N13 au lieu-dit La Providence (on n'aurait pas pu trouver mieux) l'accident est inévitable. C'est Pierre qui raconte de façon très précise cet accident dont il est victime. C'est assez époustouflant et je suis restée haletante. Comme dans le film, on vit la scène au ralenti alors qu'elle n'a duré que quelques secondes.

Alors que l'avocat est allongé dans l'herbe, inerte, il continue à raconter ce qu'il ressent. Il ne souffre pas mais n'est pas capable d'ouvrir les yeux. Ce qui l'inquiète c'est la lettre de rupture pour Hélène qu'il a laissé dans sa poche alors qu'il ne comptait plus lui donner.

Alors que l'ambulance l'emmène à l'hôpital de Laval, il prend conscience qu'il est en train de mourir sans pouvoir communiquer.

C'est le premier roman de Paul Guimard que je lis et je comprends pourquoi le hasard dans les relations humaines et un de ses thèmes de prédilection.

Alors que le film laisse une place importante à la relation amoureuse entre Pierre et Hélène, le roman reste centré sur ce que ressent le quadragénaire dans le coma.

Très impressionnant !





Challenge Riquiqui 2021

Challenge XXème siècle 2021

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Rue du Havre

A Paris, St Lazare, les passants sortant de la gare défilent sous les yeux de Julien, modeste vendeur de billets de loterie. Il observe, Julien, il imagine, il fait même des projets pour ceux qu'il voit passer. François et Catherine font partie de ceux-là et Julien aimerait les voir un jour ensemble. Mais...

Chaque chapitre entre dans la vie de chacun des personnages, dans leur intimité, leurs espoirs et leurs rêves. Une belle écriture, un roman tendre et doucement ironique.
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L'ironie du sort

J'ai trouvé ce livre par hasard, en fouillant dans la bibliothèque de la maison de famille par une après-midi normande pluvieuse. Autant dire que je n'avais aucun a priori, d'autant que je ne connaissais pas cet auteur.

J'ai adoré. Je me suis laissée prendre au jeu, rondement mené, de l'ironie du sort ; ou comment, un acte de résistance, réussi ou échoué, change la vie de toute une foule de personnage. Un roman très agréable à lire malgré la figure de style utilisée : réécrire l'histoire selon que l'officier allemand s'en sort mort, ou vif. A découvrir !
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Journal amoureux

A la lecture de ce livre, on constate que Benoîte Groult est venue assez tardivement à la littérature. Paul Guimard a cru en elle, et le dessein ici est de lui mettre l'eau à la bouche. A part ça, je n'ai pas trop compris la manoeuvre (en eau douce). Un Journal à quatre mains avec sa soeur Flora Groult, . Ils écrivent au lit sur ce que leur inspire la journée basée sur l'état de leur relation, l'un à part l'autre, d'abord sans lire le travail de l'autre, mais il semble que c'est bien plus amusant quand l'un subrepticement lit le travail de l'autre..



Personnellement pour moi, le maître c'est Paul Guimard, il a un beau style et signe de magnifiques feuilles au milieu du livre. Il agrémente ses textes de poésie. La troisième personne qui entend prendre sa part du gâteau, Blandine de Caunes qui n'est autre que la fille de Benoîte Groult, signe la préface assez abondante voulant ainsi marquer qu'elle existe et profiter de l'ombre des deux écrivains pour y mettre sa patte personnelle. C'est elle qui a réuni ces textes aux fins de publication. Il manque d'ailleurs des feuilles, des fois 15 jours se passent sans que les deux protagonistes ne produisent de textes. Doit-on appeler cela Journal, je suis perplexe. Ce sont des exercices amoureux ! .;



L'ouvrage est cela dit intéressant si l'on est intéressé par le défrichage permanent de leur jardin de Valmondois, contrée de Duhamel, de Daumier.. C'est Benoîte qui s'y coltine et qui s'en plaint, lui il fait plutôt le pacha.. Si on n'est pas de cette partie, il est intéressant de voir comment se comportait cette gauche intellectuelle des années cinquante qui se relevait de de la guerre avec une relative morgue. Sous des faux airs de liberté reconquise, je trouve qu'on était assez dans le quand dira t'on malgré tout . Le puritanisme en prenait plein son grade, il semble qu'un nouvel ordre idéologique prenait place, plus d'ailleurs chez Benoîte Groult qui va devenir la grande féministe que l'on sait..
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Le Mauvais temps

« Le mauvais temps » c’est le roman de l’âge mur. Paul Guimard revient sur sa vie et commente les les petits malheurs et les grands drames de l’entrée dans la vieillesse, non sans amertume et tendresse dans un roman que l’on peut imaginer largement autobiographique.

Un narrateur double : adolescent, tout d’abord et qui tient à le rester ; bohème, artiste-peintre, adepte de l’amour avec un grand A, platonique… En fait, tout ce que n’est pas l’homme devenu mûr, cinquantenaire, veuf, un peu Don Juan.

Le doublon jeune rêve d'une relation angélique avec une jeune femme dont il est amoureux, mais le cinquantenaire finit de faire l'amour avec elle. Il est invité à la rejoindre à Amsterdam, mais finalement sa conscience adolescente le ramène dans sa Bretagne natale, sur son bateau. Il sera surpris en mer par le mauvais temps et l’homme qui sauvera la situation est bien l’homme mûr et non pas l’adolescent inexpérimenté.

Une très belle illustration de la difficulté d’abandonner ses rêves d’adolescent pour s’assumer en tant qu’adulte, même vieillissant.

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Les choses de la vie

Paul Guimard offre au lecteur fasciné, ce flash-back qui précède la mort.

La vie s'en va, et les souvenirs affluent chez la malheureuse victime d'un accident de la route.

Et qu'est-ce qui importe vraiment, en ces instants d' agonie?

C'est magistral et très moderne... cinématographique, aussi.

Le film, avec Piccoli et Romy Schneider est une adaptation fort réussie, donc.
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L'ironie du sort

Lu en seconde, je me demandais si mon souvenir d’un bon livre était justifié ou influencé par l’admiration que je vouais à ma prof de français cette année-là.



Tout d’abord, j’ai trouvé le style riche et très soigné, tout en restant agréable et fluide. Première bonne impression.



« La sœur d’Albert avait été sa « bonne amie » à l’époque où Antoine, apprenti de soi-même, découvrait les exigences du corps à travers des contacts furtifs et de maladroites manipulations. Plus âgée que lui, moins timide surtout, comme sont les campagnardes, Janine avait été sa complice dans cette exploration d’un pays plein de hontes et de bouleversements. Leurs deux ignorances conjuguées procédaient par étapes incertaines. Dans le foin sec des granges, dans les creux moussus des écarts, ils avaient appris ensemble les premiers gestes de ce qu’il faut bien appeler l’amour puisque le désir n’appartient pas au vocabulaire de l’adolescent. »





L’histoire est intéressante et habilement déroulée : une première partie nous expose l’intrigue « de base ». Dans les parties suivantes, à partir d’un détail qui change, disons au milieu de l’histoire, la suite est déroulée de manière différente et cela à plusieurs reprises, tout le début, qui est identique, n’étant pas repris.

Antoine commet un acte de résistance pendant la seconde guerre mondiale. Du démarrage d’une voiture dépendra le bon déroulement de celui-ci. Et du déroulement de celui-ci dépendra le reste de la vie d’Antoine et, par ricochet, d’autres personnes.



Ce livre nous porte à réfléchir à la notion de hasard, en opposition à celle de destin. Il nous rappelle que les choix que nous faisons ne sont pas suffisants à déterminer nos vies.

De cela découle des remarques sur la personnalité, qui fluctue en fonction de l’entourage, des circonstances, tout en restant la même.



« On se fait mal à l’idée qu’un même individu soit différent selon les interlocuteurs sans cesser d’être fidèle à lui-même. Les relations humaines se trouveraient simplifiées si l’on tenait pour évident qu’un homme pût préférer les abricots chez son père, les fraises chez son camarades et les cerises chez sa femme sans être incohérent pour autant. Cette élémentaire vérité n’étant généralement pas admise, on trébuche sur les contradictions aussitôt qu’on aborde des domaines plus souterrains que celui des prédilections fruitières. »





Enchantée par cette relecture, elle confirme la chance que j’ai eu d’avoir cette prof-là (pour ceux qui me suivent, elle nous a fait lire aussi Gary et Ajar lors de cette année).











Finalement en contrepied de ce qui est développé dans le livre, mais pour rigoler un peu, le petit air, hein…

« Eh les keufs eh les meufs dans le RER

La banlieue c’est pas rose la banlieue c’est morose

Alors prends-toi en main c’est ton destin c’est ton destin

Prends, prends, prends toi en main c’est ton destin

[…] »



Extrait de « C’est ton destin », Les Inconnus :

https://www.youtube.com/watch?v=ChoF3CzIzg8


Lien : https://chargedame.wordpress..
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