Le sable dans les rues
Le sable dans les rues attend
Que l’été lui donne des ailes.
Il est un peu comme du sel
Le long de frites de ciment.
Les enfants y plongent leurs mains
Comme en défi à leur maman.
Hivernal fils des grands chemins,
Le sable dans les rues attend.
Il sait que c’est lui le plus vieux
Et que le gris avril pluvieux
N’aura pas raison de ses grains.
En mai, il brille, ondule, griche
Tout comme une croûte de miche,
Et le printemps touche à sa fin.
Tout est aussi routinier pour toutes les personnes en présence, sauf une : Nietzsche. Enfermé en Sarah Bernhardt comme le sont les sectateurs du dieu Ganeça en son poupin corps éléphantesque lors des grandes processions en hommage à cette belle figure mythologique, notre bon Freddy se tape une vraie de vraie ballade culturelle. Faire l’amour de façon à demi convaincue avec un chevalier d’industrie ronronnant et pugnace en se lovant autour de lui sous la forme d’une mondaine expérimentée, voilà une aventure qui n’est pas sur le point de se laisser oublier. Le gai savoir, avez-vous dit ? Better believe it…
Sarah Bernhardt range son poudrier dans son sac à main et se tient les bras le long du corps, devant le miroir. Elle espère ne pas avoir opté pour un jupon confectionné dans une crinoline trop délicate. Cela la contrarierait fort que cette brute lubrique de Menlo le lui déchire. Ces rupins américains sont si fougueux. Cela ne manquerait pas d’ailleurs d’un certain charme viril s’ils n’étaient pas souvent si vulgaires et primaires aussi. Enfin, qu’y peut-on ?... Sarah Bernhardt est de toute façon bien décidée à se dévêtir elle-même.
"Jeannette est une petite Cassandre contemporaine qui s'ignore et elle ne parle jamais de ce qu'elle sait aux Troyens de ce temps, surtout pas aux Troyens adultes. Elle comprend, en fait, sans nécessairement le mettre en paroles, qu'à notre époque, l'adulte est blessé, esquinté, délétère, trouble et dangereux. Il boite, il claudique, il clopine dans une nuée de douleurs anciennes, héritées, venimeuses, déterminantes. L'adulte est dangereux et ce, toujours. C'est une machine infernale dont le mécanisme subtil peut s'enclencher n'importe quand. L'occasion fait le larron et le larron c'est l'adulte."
"Qu'est ceci ?"
Et Kimberley a encore le temps de se féliciter intérieurement du chic archaïque de ce joli tour interrogatif avant qu'Odile Cartier ne réponde :
"C'est un glottophore..."