- Oui, mais maintenant tu viens le voir avec moi. Si tu ne veux pas le faire pour lui, fais-le pour maman... et pour moi.
Chris cherchait désespérément une force surnaturelle qui l'aiderait à se ressaisir :
Ses parents l'avaient pratiquement mise à la porte, ils avaient signé les papiers pour la faire interner, Tom lui-même lui avait refusé l'hospitalité et l'avait dénoncée comme un vulgaire mouchard et maintenant on venait lui demander qu'elle assiste en fille exemplaire à l'agonie de son père. Comme s'il s'agissait d'une famille modèle !
- C'est à dire que ... Hans et moi on touche un salaire triple pour chaque voyage à Ponse.
- Travail dangereux, expliqua Hans. Le gaz que nous transportons dans la citerne est très sensible à la chaleur. La moindre petite erreur dans les proportions, ou une défaillance dans les valves, le gaz se dilate, et ... boum ! - Il lança son bras en l'air, tous les doigts écartés - La citerne en mille morceaux, et nous aussi. Vous comprenez ?
Chris déglutit. Ainsi, une horrible menace invisible pesait sur eux en permanence. Elle transpira à grosses gouttes. Personne ne lui payait un centime, à elle, pour être là tranquillement assise en attendant que le soleil des Caraïbes les fasse tous sauter comme un puzzle. Il y avait sûrement un autre moyen d'aller à Ponce.
Malgré tout, Chris avait imposé à Wanda une discipline de fer : pas de sexe, pas de vols, tant qu'elles seraient ensemble. Elle savait d'expérience que c'étaient les plus sûrs moyens pour les précipiter dans les bras de la police.