Paula Daly

"Les questions de vie et de mort ne prennent pas les mêmes significations selon les individus."

- Le pardon est un cadeau que l'on se fait à soi-même ,[...]

[...] chez un homme, l'imprimé léopard produit le même effet que la camelote brillante chez une pie. Cette vision provoque une réaction primaire. Un réflexe. L'image passe directement de la rétine à la bite, sans transiter par le cerveau.
(p. 69)

Essayez de vous représenter toutes les nuances de vert possibles et imaginables rassemblées en un seul tableau - kaki, vert bouteille, vert cendré, olive, citron vert, pistache ... toute la gamme jusqu'au vert tendre de l'herbe sur la lande - , et vous obtiendrez à peu près la vue que j'ai depuis ma fenêtre .

" Si vous ratez l'éducation de vos enfants , tout ce que vous pourrez réussir à coté , n'aura pas grande importance" .



( Jackie Onassis )

Je ne sais pas si vous êtes au courant , mais les vrais amis se comptent sur les doigts d'une main . En dehors de ce tout petit cercle , il n'y a que de simples relations . Des gens qu'il vaut mieux oublier en cas de pépin car il ne sont jamais présents quand on a réellement besoin d'eux .

Moi je cours comme une dératée d'un bout à l'autre de la maison pendant que lui , il reste au lit ou vautré sur le canapé à jouer avec la télécommande , et il ose me dire :" Fais une pause , Nat, tu n'as pas besoin de t'agiter comme ça dans tous les sens ." Quand il me sort ça , j'ai envie de lui donner des coups d'aspirateur dans les tibias . C'est agaçant , à la fin . Si je ne m'agite pas , si je ne fais pas en sorte que tout soit propre et bien rangé , si je ne veille pas à ce que tout se passe dans les temps , qu'il ne manque de rien ... alors je me demande qui le fera à ma place .

J'entends quelques chose remuer à l'étage, des petits pieds martèlent le plancher, on tire la chasse d'eau, on souffle dans un mouchoir. Je me compose une attitude car j'ai lu quelque part que les enfants se basent sur l'expression de votre visage pour mesurer l'estime qu'ils ont d'eux-mêmes. Or, à ma grande horreur, je me suis rendu compte que j'accueillais souvent mes enfants [le matin] avec un air plutôt vague.
(p. 20)

[...] j'ai renoncé à concourir pour la médaille de la mère parfaite dès le jour où le premier-né de ma belle-soeur est apparu. De toute manière, à cette époque, quoi que je dise, Penny [la mère de mon mari] était persuadée que Lucy [sa fille] était une femme responsable et pas moi. Avant de donner la vie, Lucy avait mis de l'ordre dans la sienne - aussi bien du point de vue sentimental que financier.
Au cours de ces dernières années, il m'est arrivé d'oublier que Lucy était une fille vraiment sympa. En fait, Sean et moi nous entendons merveilleusement bien avec elle. Mais à force de vous comparer aux autres membres de la famille, les parents vous pousseraient presque à les détester.
(p. 27)

Qu'est-ce qu'ils ont, ces vieux bonshommes ?
Parfois, quand elle fait un créneau dans sa rue, ils s'arrêtent pour la regarder en branlant du chef comme si, d'après leurs estimations, l'espace était insuffisant. Une femme n'aurait jamais ce genre de comportement. Jamais une femme ne s'arrêterait pour vous avertir que vous allez heurter un obstacle ou vous aider à manoeuvrer en agitant les bras comme si vous pilotiez un putain d'avion.
(p. 139)

Mais il faut prendre soin de son mariage , sinon il se fendille et , quand il menace de s'écrouler , il y a toujours une femme dans les parages . Une femme cynique qui attend son heure pour fondre sur votre foyer et voler tout ce qui vous appartient .

Joe intervint en bredouillant : "C'est une histoire entre soeurs, Lise. Tu ne peux pas comprendre vu que tu es fille unique." Et il avait raison : je ne comprenais pas. [...]
J'ai rétorqué : "Oui, bien sûr, Joe. Toi tu sais ce que c'est."
Joe s'entendait d'autant mieux avec sa soeur qu'il ne la voyait jamais.
(p. 86)

Aujourd'hui , j'ai recommencé à m'alimenter . Postée devant l'évier, j'ai brisé des crackers en petits morceaux que j'ai méthodiquement glissés entre mes lèvres comme des pièces dans la fente d'un distributeur automatique . Mon estomac ne supporte rien d'autre , le reste me donne envie de vomir . Et j'ai toujours la nausée quand je les imagine en train de baiser .

Le problème quand on jouit bruyamment [...] c'est qu'on n'entend pas toujours les gens approcher. Et après, c'est trop tard.
(p. 252)

« - Apparemment, elle prenait des antidépresseurs ?
- Oui.
- Vous paraissait-elle déprimée ?
- Pas du tout, mais vous savez, ça ne veut vraiment rien dire. Tout le monde en prend, de nos jours. Enfin, pas moi. Un jour, j'ai dit à mon médecin que je me sentais déprimée et il m'a répondu qu'en réalité je m'emmerdais... ce qui n'est pas exactement la même chose. »
Joanne sourit : « Je crois que nous avons le même généraliste. [...] »
(p. 288-289)

Je n'y ai jamais pensé auparavant mais la conduite sur autoroute est une activité à haut risque . Elle suppose une certaine dose de confiance entre automobilistes . Mais qui nous dit qu'ils sont toujours saints d'esprit , qu'ils n'ont pas de tendances suicidaires ? A la seconde où je parle , si je le décidais, je pourrais non seulement me tuer mais probablement causer la mort de trente personnes .

Il a l'impression de faire de la figuration dans une émission de télé-réalité, un de ces trucs exaspérants qui consistent à reloger des familles, avec ces bonnes femmes qui répètent à tout bout de champ que la cuisine est « le coeur de la maison » car elles veulent « un endroit pratique où tout le monde peut se retrouver », pendant que les ados font la gueule en se demandant ce qu'il pourrait leur arriver de pire.
(p. 104)

Joanne a remarqué que les filles affirment leur personnalité vers douze ou treize ans. Elles font preuve d'une témérité et d'une assurance que les garçons n'acquièrent que plus tard, vers leur seizième année. C'est à cet âge critique qu'ils deviennent impertinents et que les garçons les plus sages et réservés se révèlent soudain capables d'agir comme des voyous.
Pas plus tard que la semaine dernière, ils avaient reçu au commissariat une circulaire de l'armée qui lançait une campagne de recrutement auprès des adolescents, se proposant de "changer radicalement leur vie pour peu qu'ils acceptent de suivre les règles".
Il était écrit : "Ces jeunes ont beaucoup à offrir à l'armée britannique." Elle en était persuadée : ces gamins, quasiment dépourvus d'instinct de conservation, se lanceraient à corps perdu dans la bataille, se croyant invulnérables, indestructibles. Pas étonnant qu'ils intéressent ces foutus militaires.
(p. 36)

Il tourne les yeux vers le compteur de la pompe et appuie doucement sur le piston à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'il arrive au chiffre voulu. Sean fait cela, lui aussi, même s'il paie son essence par carte. Pourquoi chercher à atteindre une somme ronde, disons soixante livres, si on ne règle pas en espèces ? Mais Sean le fait quand même, et cette habitude semble lui procurer un réel contentement. C'est sûrement un truc de mec.
(p. 305)

"ESPÈCE D'ENFOIRÉ ! Salopard d'enfoiré"
Il recule, ferme les yeux, accuse le coup.
"Comment peux tu être amoureux d'elle ? Comment ? Parle !
- Je crois que je ne pourrais pas l'expliquer même si je le voulais.
- Essaie.
- Je ne sais pas. On ne décide pas de tomber amoureux, Natty. C'est une chose qui vous prend au dépourvu.
- Arrête tes conneries.
- Ni elle ni moi ne l'avons cherché, tu peux me croire. "