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Citation de Ledraveur


Comme leurs pairs d'autres régions, les artistes de Chauvet-Pont d'Arc ont respecté certaines conventions stylistiques traduisant certainement une sorte de contrôle exercée par les groupes, dans la forme générale des animaux et la manière de figurer les yeux, les oreilles et les membres. Pour autant, ceux qui ont orné la grotte Chauvet-Pont d'Arc ont également exprimé une créativité, une liberté dans le trait associée à une qualité d'observation et de reproduction tout à fait hors du commun. Pour dessiner avec une telle précision certains détails anatomiques des membres, de la tête ou du poitrail, il est probable, d'après la préhistorienne et membre de l'équipe scientifique Valérie Feruglio, que les Aurignaciens aient longuement observé au préalable leurs modèles dans leur environnement. Voire même, qu'ils aient réalisé l'équivalent de dissections anatomiques sur les animaux chassés ou retrouvés morts. Au moment d'effectuer leurs figures au fond de la cavité, ils se sont ensuite affranchis de certains codes graphiques et du « bain culturel aurignacien » évoqué par Valérie Feruglio, pour s'autoriser, dans le secret du sanctuaire, une « véritable liberté créatrice » à l’œuvre.
À la fois artistes remplissant cette fonction de nature spirituelle au service du groupe et créateurs à part entière, les peintres de Chauvet-Pont d'Arc ont investi la cavité dans son intégralité, en alternance avec l'ours des cavernes qui y hivernait, comme l'indiquent les griffades superposées à certains dessins. La présence de l'homme est en effet avérée jusqu'aux moindres recoins du sanctuaire, même non ornés. Ainsi, dans la galerie des Croisillons, à plus de 200 mètres de l'entrée, des empreintes de pas d'un préadolescent ont été découvertes, témoignage émouvant d'une exploration qui s'est déroulée il y a peut-être 36 000 ans à l'Aurignacien, ou plus récemment lors du deuxième passage des hommes. La présence humaine, troublante, est également palpable face aux figures dont les traits semblent avoir été dessinés la veille. Ou devant ces émouvantes empreintes apposées sur la roche, paumes ou mains complètes négatives et positives. L'étude scientifique a montré que certaines mains étaient celles d'une femme ou d'un adolescent (le même que celui de la galerie des Croisillons ?). Et que d'autres ont appartenu à un homme de grande taille, 1,80 mètre environ, dont l'auriculaire légèrement tordu se retrouve en plusieurs points de la cavité. Magie incomparable de Chauvet-Pont d'Arc où Homo sapiens est là, présent sur les sols et les parois, dans toute son humanité.
p. 79
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