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Citation de Ledraveur


Artistes confirmés, ceux qui ont peint et dessiné à Chauvet-Pont d'Arc devaient bénéficier d'une position à part dans le groupe, peut-être privilégiée.
Complètement immergés dans leur milieu naturel, ils se consacraient à plein temps à l'art et à leurs autres fonctions rituelles. Observant les animaux de longues journées durant, avant de les représenter sur les parois. Ils devaient aussi transmettre leurs savoirs rituels et picturaux à leurs successeurs, qui les accompagnaient peut-être au fond de la cavité. Cela explique-t-il la présence d'adolescents à Chauvet-Pont d'Arc, comme cela sera encore le cas dans d'autres sanctuaires plus tardifs ? L'hypothèse est plausible. Les artistes, peut-être aussi chamans, étaient certainement en charge de la vie spirituelle des tribus aurignaciennes, leur conférant la cohérence et la stabilité, seule à même d'expliquer l'extraordinaire longévité de l'art pariétal paléolithique, durant 25 millénaires.
À Chauvet-Pont d'Arc, les Aurignaciens n'ont pas seulement écrit le premier chapitre de l'histoire de l'art. Ils ont aussi retranscrit parmi les premiers mythes fondateurs de notre humanité, dont certains se sont perpétués jusqu'à nos jours. Ceux mettant en scène un ours servant d'intermédiaire entre humains et animaux, encore vivaces dans les cultures arctiques. Et d'autres, tel celui figuré dans la salle du Fond, où un sexe de femme s'enlace avec un bison. Rappelant, comme le souligne Jean Clottes, le mythe du Minotaure et au-delà, « tous ceux tirés de multiples complexes ethnographiques où des mortelles ont des relations avec des dieux ou des esprits transformés, aux formes partiellement animales ». Déesse souterraine de la fertilité enfantant le fantastique bestiaire qui l'entoure, selon Joëlle Robert-Lamblin, ou lointaine ancêtre des divinités de Crète et de Méditerranée, la Vénus de Chauvet-Pont d'Arc parle au plus profond de nous-même et nous interroge sur nos origines. Premier chef-d’œuvre de l'humanité, Chauvet-Pont d'Arc constitue le berceau mondial de l'art, l'écrin minéral des premières images connues à ce jour. Sur ses parois tourmentées, à la lueur vacillante des torches de pin sylvestre, se jouent les premiers épisodes de la vie symbolique des hommes, de leurs peurs, de leurs voyances et de leurs espoirs. Autant d'images bouleversantes, que la 3D nous révèle aujourd'hui dans toutes leurs dimensions.
p. 83
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