Peter Clines

Il entendit un bruissement. Un cafard vert vif aussi long que son annulaire passa à vive allure sur un de ces chauffe-eau. Sans doute s'agissait-il d'un cafarosaure, le lointain ancêtre de la blatte qu'il avait vue dans son appartement le premier jour. Ses petites pattes crissaient sur la surface métallique - c'était toujours très mauvais signe, quand la vermine grossissait au point qu'on pouvait l'entendre se déplacer.

Les amis de Clive passionnés de robotique et de jeux video avaient un terme bien à eux pour qualifier cela. En parlant de "vallée dérangeante", ils définissaient le seuil psychologique à partir duquel une chose pouvait sembler à la fois normale et anormale. C'était pour cette raison que certains mannequins fichaient une trouille de tous les diables et d'autres pas, et que les monstres en images de synthèse etaient souvent moins angoissants que des personnages qui se voulaient humains.

Nate réfléchit, le visage grimaçant. "D'accord. Tu vas trouver ça incroyable, mais j'avais déjà vécu cet instant"
-- Quoi ?
-- J'ai rêvé de toi et Xela...
-- C'est bien d'un mec.
-- Pas ce genre de rêve.
-- On était habillées ?
Il s'accorda un instant de réflexion. "Tu l'étais"
-- Je dois m'en sentir soulagée ou insultée ?
-- Si tu avais l'habitude de te balader à poil dans cet immeuble, je t'aurais probablement imaginée toute nue.
-- Même pas en rêve.

- Vous n'avez jamais imaginé ce qui ferait votre bonheur ?
- Pas depuis un certain temps, en tout cas. Quand je poursuivais mes études, tout me semblait très simple. Trouver la fille de mes rêves, un boulot agréable et un endroit où me poser, point final. J'ai découvert depuis qu'il y a bien plus que cela.
Tim secoua la tête.
- Non, il n'y a rien d'autre, vous pouvez me croire.

- Comment t'es devenu comme ça ? C'est de naissance ?
Cesar fit non de la tête.
- [...] Un jour, après mon seizième anniversaire, j'étais en train de lui donner un coup de main, je changeais un alternateur et...
- Et alors ?
- J'ai été frappé par la foudre, conclut Cesar. [...] Comme ça, au bord de la route, un jour de soleil sans nuage. L'éclair m'a grillé les cheveux et a bousillé l'alternateur. [...]
- T'as été frappé par la foudre en réparant une voiture ?
- Ouais.
- J'ai jamais entendu un truc aussi débile.
Cesar lui jeta un regard noir.
- Et toi, comment t'as eu tes pouvoirs ? T'as été mordu par un dragon radioactif ?
- Non, répondit le héros. J'ai... en fait, j'ai été frappé par une météorite. Et aspergé de produits chimiques expérimentaux.
Le jeune homme eut un rictus.
- C'est l'hôpital qui se fout de la charité...
(P 108-109)

- Le démon ? Je croyais que c'était un Ex maintenant ?
- En effet, mais pas à l'époque. C'est d'ailleurs elle qui l'a mordu. [...]
- Mais comment elle a réussi ? Je croyais qu'il était couvert d'écailles, quelque chose comme ça. Comme un lézard.
- Il était ignifugé. Et suffisamment robuste pour se moquer des Tasers et des fusils à pompe.
- Alors, comment elle a fait ?
Cerberus tourna la tête et le fixa de ses viseurs étincelants.
- Il n'est pas couvert d'écailles partout.
- Comment ça, il... non !
- Eh si.
- Tu veux dire qu'ils ont... Il... avec une morte ?
- Je n'ai jamais rencontré ce type, mais Zzzap et St George affirment tous deux qu'il était plutôt barré dans sa tête, et que ça ne se limitait pas à ce truc de sorcier maléfique. Une histoire de personnalités multiples. Du coup, il prenait parfois des décisions malavisées. (P 151)

- T'en serais capable ? demanda-t-elle.
- De quoi ? De retenir un mur ?
- Ouais.
- Ca dépend pour quelle femme, répondit-il en secouant la tête. Sans doute pas, en fait. Je ne peux pas soulever plus de trois tonnes et demie. Quatre au plus, si je me fâche.
- Alors, Spider-Man te ficherait une raclée.
- Ouais, admettons. Si Spider-Man existait et qu'on décidait de se battre pour une raison mystérieuse, oui, il me casserait sans doute la figure.
Bee hocha la tête.
- Ah, tu vois ? T'es pas si costaud, finalement.
- Si tu le dis, soupira St George en retournant vers Melrose. C'est comme ça que tu flirtes ?
- Peut-être.
- Je crois pas que tu sois très douée, alors.
- Va savoir, conclut-elle en pivotant stratégiquement de nouveau. Superman te laminerait. On pourrait même pas appeler ça un combat. (P 42)

il faut les tuer plus vite qu'eux ne vous tuent. Voila la leçon que nous avions assimilée, mais trop tard. Tous ceux qu'ils massacrent reviennent à leurs cotés. S'ils descendent un des vôtres et que vous descendez un des leurs, votre effectif décroit, mais pas le leur. Les Zombies, c'est comme les mensualités de remboursement d'un crédit à trés long terme. Si vous n'acquittez pas la somme minimale à chaque versement, ça n'en finit jamais.

- Hé, s'exclama le barbu en pointant du doigt une Ex qui venait de surgir des ombres. C'est pas Sandra Oh ?
- Je crois pas, non, répondit Bee en visant de nouveau. La chemise en jean.
Son fusil émit une détonation sèche et l'Ex tomba, raide comme une souche.
- Qui c'est, Sandra Oh ? demanda Cerberus.
- Dans Grey's Anatomy, expliqua Jarvis. L'Asiatique peau de vache, tu sais ?
[...]
- Si c'est une célébrité, je veux les points.
Cerberus s'avança lourdement et abattit son poing d'acier sur la tête de l'Ex. Le crâne se brisa avec un bruit de paquet de chips écrasé et la créature bascula en arrière, dans l'ombre.
- Les points, ça ne compte que sur le mur d'enceinte, gronda Cerberus en repoussant d'un revers de l'autre main une morte en uniforme de police.
Le cadavre s'envola pour finalement s'écraser contre un bâtiment d'en face.
- Il s'agit de survivre, ici. Allez, c'est pas le moment de chômer.
- La pétasse en bleu, grommela Jarvis.
Cerberus lui jeta un regard noir et l'Ex s'affala, le crâne perforé par la balle qu'il venait de tirer. (p 102)

St George opina du chef et passa la main dans ses cheveux courts.
- Alors ? De quoi j'ai l'air ?
Zzzap inclina la tête.
- Tu sais ce que c'est le nec plus ultra de la mode après une invasion de zombies ? Les chapeaux.
- Sérieusement.
- Tu te rappelles quand t'étais gamin et que ta mère te faisait une coupe au bol genre petit page ?
- Comment t'es au courant ?
- Toutes les mères le font.
- C'est à ça que je ressemble ?
- Ouais, en légèrement pire. On dirait qu'un aveugle t'a fait une coupe style écuyer médiéval avec un taille-haie.
(P 31)