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Citation de enkidu_


Les hommes tombent dans le flot du temps, dans la mesure où ils sont ouverts à l'augmentation de la réalité. Si ces croissances constituent une menace dépassant la mesure du vivable, ils tentent de s'ancrer dans le passé ou l'immuable. Leurs instruments principaux, dans cette défense contre la nouveauté, ce sont l'habitude et le mythe - à supposer que l'on définisse le mythe comme le système d'exploration du monde ayant connu le plus grand succès dans l'évolution, et offrant parallèlement une atténuation de l'ouverture au monde.

L'intuition précoce de Heidegger a été de comprendre le caractère défensif qui s'attachait aussi à la métaphysique grecque classique. De fait, la métaphysique voulait supprimer l'ouverture au monde en transformant une fois pour toutes le devenir en être. C'était le sens d'une pensée qui utilisait des concepts d'essence et de substance : soumettre le mouvement au repos, dompter l'événement au moyen de la répétition contrôlée par l'eidos originelle. Après l'avoir compris, Heidegger a cherché de nouvelles voies pour préparer un lien plus authentique, et pas forcément défensif, entre la « pensée » et l'ouverture à l'événement. Ce qu' il a voulu, de là, désigner par le terme d'« Être » c'est la surabondance inépuisable de ce qui va encore « arriver », être dévoilé, de ce qui pourra encore être dit sur ce qui est advenu, a été dévoilé et dit jusqu'ici. Correspondre à ce qui a été ainsi dévoilé et à sa surabondance : voilà seulement ce que signifie penser d'une manière conforme à l'Être. Dans la pensée, ce qui était déj à ouvert est mieux élucidé encore. Dans cette acception, la pensée n'est jamais que l'éclaircissement de la clairière. (pp. 68-69)
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