Que la Littérature prolétarienne soit une forme de la colère , cela parait incontestable.Mais les plus grandes choses n'ont-t-elles pas été réalisées grâce à une certaine dose de colère ? Grandes colères de Moberg contre le nazisme, les entorses à la neutralité, les scandales judiciaires, colère profonde et digne de Kjellgren devant le sort des marins de l' Émeraude, grogne de Fridell et de l'ouvrier d'usine, tout cela nous paraît participer du même souci: rendre à la Littérature sa dignité, qui est de parler de choses sérieuses (,même si on le fait de façon divertissante, au moyen de la satire par exemple).L'écrivain prolétarien digne de ce nom est un empêcheur de danser en rond, celui par qui le scandale arrive, qui crie que le roi est nu ou qui, tel Dagerman, veut "mettre du verre pilé dans la baignoire de ceux qui disent avoir cherché et trouvé le bonheur"
( p.173)