Ce travail de vérité nous a convaincus qu'à l'époque du génocide, les autorités belges auraient pu-et dû-agir différemment afin d'empêcher le génocide contre les Tutsis. Dès lors, il était normal que la Belgique accepte d'assumer une responsabilité morale dans le drame rwandais. Ignorer ou nier les manquements de nos autorités laissait injustement porter aux seuls Rwandais le poids de ce traumatisme.
En ce dimanche 3 avril, toutes les cloches du Rwanda sonnent. Dans ce pays ultra-catholique, les fidèles se pressent dans les églises pour fêter Pâques, jour de la résurrection du Christ. Dans quatre jours, des dizaines de milliers de ces bons chrétiens se transformeront en tueurs sanguinaires.
Le million de morts du dernier génocide du XXème siècle méritait mieux qu'une enquête manipulée.
Le juge n'a donc pas l'arme du crime. Il va tout faire pour retrouver ses fameux lance-missiles. Officiellement, ils ont été retrouvés par hasard par des paysans le 24 ou le 25 avril 1994 près du lieu-dit la Ferme Cebol, en contrebas de la colline de Masaka. La chose est pour le moins surprenante. Cette zone était contrôlée à l'époque par les FAR et devrait être l'une des plus sécurisées du pays. Pendant près de trois semaines, les FAR n'auraient même pas pensé à effectuer des fouilles à l'endroit supposés des tirs. Ils n'ont pas plus relevé l'identité des paysans qui auraient retrouvé les lance-missiles qui accuseraient le FPR.
Il n'y aurait en toile de fond un million de morts, on se croirait dans un mauvais polar. L'imbroglio dans cette affaire de missiles est total. Les témoins se contredisent, Paul Barril les auraient eu en main, ainsi que des responsables des FAR, voir le maréchal Mobutu; mais in fine, ils ont disparu au Zaïre, future République Démocratique du Congo.
Comme d'autres témoins dans ce dossier, ses déclarations sont à géométrie variable. Ainsi, en mai 1994, il disait "qu'il y avait dans les bananeraies plus de cadavres que de bananes" et qu'on ne pouvait comparer l'œuvre des miliciens Interharamwe (la milice de l'ex-parti du président Habiyarimana) "qu'à ce qu'on fait les nazis".