Par une sorte de choc en retour, la fiction travaille le monde. L'univers cinématographique, avec ses codes, ses lois, ses archétypes, influence celles ou ceux qui produisent des images à partir du réel. Il n'est qu'à voir comment les membres des organisations criminelles moyen-orientales, pseudo-religieuses, filment et post-produisent les décapitations d'otages pour se rendre compte que c'est bien à l'Occident hollywoodien, qu'ils désignent pourtant comme le réceptacle de valeurs qu'ils honnissent et combattent, qu'ils empruntent leur langage. Leur pouvoir, leur pouvoir d'effroi, ne tient d'ailleurs qu'à l'image car les meurtres qu'ils perpétuent n'auraient qu'un effet limité sur l'opinion si aucun site, aucun réseau n'en diffusait la captation.
(p. 179)