D'après Kierkegaard, le seuil conseil que l'on puisse donner à autrui est : "Désespère". Surtout ne pas essayer de consoler, mais au contraire inviter personnellement la personne en deuil à faire solitairement et souverainement face à ce quelque chose qu'elle ne peut pas éviter, et qui est la vérité du tragique. Je pense à la fameuse phrase de Faulkner à la fin de Si je t'oublie, Jérusalem : "Entre le néant et le chagrin, je choisis le chagrin". Un homme vient de perdre la femme qu'il aime et plutôt que de mettre fin à ses jours, il prend le parti de la peine qui lui permet de survivre et de maintenir le lien qui l'unissait à celle qui a disparu. Peut-être faut-il entendre la phrase en anglais : "Between grief and nothing I will take grief." En anglais, to grieve signifie "porter le deuil". Le chagrin est une forme de commerce avec la perte qui permet de se soustraire au néant.