En Ethiopie, l'histoire du café et l'histoire des religions sont étroitement mêlées. Le pays se compose de populations chrétiennes, installées essentiellement dans le nord, et de populations musulmanes, plutôt établies dans le sud. Mais le premier espace culturel du café en Ethiopie, et historiquement le plus ancien, est représenté par les populations dites païennes, qui pratiquent une religion traditionnelle fondée sur le culte des génies omniprésents, les "zar". En effet, le café constitue l'élément essentiel du culte des zar qui occupent ainsi une place très importante dans l'histoire du café et dans la définition de son rôle social.
Le jour où je pénétrai pour la première fois dans une plantation de café, j'eus la sensation d'entrer dans un monde à part. Le choc visuel et l'émotion que j'éprouvais alors m'habiteraient longtemps.
Après le succès grandissant que le café a remporté dans tous les pays, et au-delà des exploits de quelques aventuriers européens qui ont réussi à implanter les caféiers dans les colonies, une page noire de l'histoire du café s'ouvre : celle de l'esclavage.
La culture du café, à une si grande échelle, nécessite en effet une immense main-d'oeuvre, et les planteurs avides, associés aux commerçants sans scrupules, vont la chercher, soit sur place dans les populations autochtones, soit en Afrique parmi les populations noires.
En effet, il ne faut pas oublier que le développement du café n'a été possible qu'au prix de sacrifices humains considérables. L'esclavage n'est certes pas né avec l'expansion du café, mais le café n'aurait pu atteindre un tel développement sans le recours à l'esclavage.
Entre histoire et légendes, les origines précises du café demeurent incertaines. Les indices convergent toutefois pour localiser le foyer de son expansion au Yémen et pour attribuer aux mouvements soufis un rôle central dans sa propagation. A partir des cercles soufis yéménites, le café va désormais se répandre dans tout le monde musulman.