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Critiques de Pierre Barillet (7)
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Quatre années sans relâche

Je ne connais Pierre Barillet que par les adaptations cinématographiques des pièces qu'il a co-écrites avec Jean-Pierre Grédy, Fleur de cactus de Gene Saks et plus récemment Potiche de François Ozon.

Issu d'un milieu favorisé, il est passionné de théâtre depuis l'enfance, se lie avec Jean Cocteau et Christian Bérard qui le conseillent.

Agé de 17 ans en 1940, le jeune Barillet fréquente assidument les cinémas, les théâtres, les bars et les soirées mondaines.

Dans Quatre années sans relâche, il nous livre ses souvenirs de la vie culturelle sous l'Occupation. Et aussi paradoxal que cela puisse paraitre, elle est d'une grande intensité, malgré une double censure, celle de l'Allemagne et celle de Vichy, malgré le « cahier des charges » de la propagande, malgré les spoliations, les aryanisations, les dénonciations…Paris s'en accommode, les cabarets, salles de concert, cinémas, théâtres, sont pleins.



En lisant les souvenirs de Barillet, on songe à Sartre: « Jamais nous n'avons été aussi libres que sous l'occupation allemande. » Barillet qui étudie le droit (et en lisant son livre on se demande quand) est souvent seul, sort sans relâche, peut vivre pleinement son homosexualité, ne souffre pas de privations grâce à ses parents qui possèdent une résidence à la campagne et à ses amis privilégiés.



« J'ai vécu ces quatre années comme des grandes vacances sur une toile de fond tragique. »

Conscient du chaos ambiant, mais passionné, il assiste à toutes les premières, à la Comédie Française, aux Bouffes Parisiens, à L'Athénée, aux projections des Visiteurs du soir, de L'Eternel retour, de Douce, du Corbeau… Sous l'Occupation, on créé sous tutelle, on redoute la censure et surtout la presse, symbolisée par Alain Laubreaux, soupçonné d'avoir dénoncé Robert Desnos et qui inspira à Truffaut le personnage de Daxiat dans le Dernier Métro, et par Lucien Rebatet. La Milice ne se prive pas d'interrompre des représentations qui lui déplaisent avec des bombes lacrymogènes et des mitraillettes, comme celle d'Andromaque, qu'André Castelot, dans La Gerbe tourne en ridicule (sauf les « cuisses superbes de Jean Marais »).



L'ouvrage regorge donc d'anecdotes sur le Tout Paris des Arts et Lettres. Quelques les figures émergent, Cocteau et Marais bien sûr, Jany Holt, Charles Trenet, Pierre Fresnay et Yvonne Printemps, Corinne Luchaire… de nombreuses personnalités sont depuis tombées dans les oubliettes, ressuscitées de temps en temps par des auteurs comme Slocombe ou de Lucovich. Barillet parle du cinéma comme Pascal Sevran parlait de la chanson française. C'est agréable à lire, même si le lecteur a l'impression de se retrouver coincé dans une bulle de champagne géante alors que tout autour le monde entier s'écroule, ambiance « «Un cocktail, des cocteaux », petite vacherie amusante signée Queneau
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Une rose au petit déjeuner

Une rose au petit déjeuner ? Petit marivaudage, année soixante-dix, entre jeunes gens vivant en collocation. C'est charmant et bien démoder, cela pourrait convenir à ceux qui apprécient le vieux mais pas trop, autrement dit le « vintage ».



Deux jeunes femmes plus ou moins étudiantes partagent un appartement. L'une d'elles part en vacances avec un amoureux, un parmi d'autres, la révolution sexuelle est en cours. L'absence de la copine laisse l'appartement complètement disponible pour l'autre. Elle va donc pouvoir vivre quasiment maritalement avec son amant du moment. Seulement voilà, elle s'ennuie, car si au jeu de l'amour son amant d'étudiant en médecine vaut son prix, en revanche il ne brille ni par le goût ni par l'esprit : aucune discussion, horizon borné à la médecine, un humour de carabins en âge d'être interne : affligeant ! Mais voilà qu'un ami d'enfance entre en scène. Cette amitié était si forte qu'on pouvait parler de relation fraternelle. Bien entendu tout le sujet de la pièce est là ; comment va s'opérer la transition vers une relation amoureuse. Tous les personnages semblent percevoir la naissance d'un véritable lien affectif, qu'ignorent complètement les intéressés. L'amoureux en titre manifeste sa compréhension par une jalousie qui n'aura d'autre effet que de rapprocher les deux ingénus. Faut dire qu'en plus d'être un interne surmené et bas du plafond il cogne dur ; le frangin est mis KO. Les soins sont une occasion d'un rapprochement physique entre ces deux innocents. Ce qui les troublent beaucoup et les met mal à l'aise. La résistance à ce penchant leur permet de lutter efficacement contre ce malaise, auquel s'ajoute la terrible crainte de l'inceste. Implicitement, se met en place une confrontation entre une conception « naturelle » des relations sentimentales et le dogme de l'amour libre qui refuse tout affectivité. Confrontation qui se manifeste dans une espèce de point d'orgue dans un épisode où intervient une Suédoise totalement décomplexée qui propose la solution de la partouze pour clarifier la situation et rester dans des rapports hygiéniques, dégagés de toutes conceptions archaïques et aliénantes. Ce personnage est présenté comme ridicule, stupide et sentencieux, il agit comme repoussoir. Pour les deux auteurs il est clair qu'ils se placent du côté du sentiment et d'une certaine fidélité. Car ce qui doit arriver, arrive, nos deux ingénus découvrent qu'ils sont l'un pour l'autre l'âme soeur et vont se marier. Sans doute auront-ils tout pleins d'enfants.



Encore une fois, sous des dehors badins et galants, Barillet & Grédy sont des auteurs qui prônent une morale somme toute assez traditionnelle. Mais à leurs décharges je dirais qu'ils le font avec délicatesse et parfois de l'élégance ; on ne peut pas en dire autant de tous les prêchi-prêcha qui pullulent ces temps-ci. Maintenant est-ce que cette pièce est encore d'actualité ? Je ne sais pas trop ; sans doute peut-elle faire le miel d'une troupe qui voudrait marivauder en « Vintage-seventhies ».
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Fleur de cactus

Voici une comédie boulevardière qui a connu un regain de notoriété grâce aux nominations qu'elle a reçues lors des derniers molières. Manifestement la mise en scène de Michel Fau a fait mouche. Pour ma part, je ne peux rien en dire car je n'ai pas vu cette version de la pièce, ni même d'ailleurs aucune autre. Par contre j'ai eu l'occasion de la lire. Et ma foi parmi la production dramatique du couple Barillet & Grédy c'est effectivement l'une des plus plaisantes, qui de plus conserve une certaine fraîcheur lui permettant à plus 52 ans d'être encore jouable : ce qui pour ce type de répertoire est à tout le moins remarquable.

En parfait virtuoses du vaudeville les auteurs réussissent à en prendre le contre-pied, ce qui leurs permet de renouveler ce type d'intrigue, échappant ainsi aux stéréotypes du genre. L'astuce consiste à contraindre le personnage central à mentir, non pour dissimuler une liaison extra-conjugale à une épouse, mais l'inverse. C'est-à-dire à donner corps à une épouse qui n'existe pas pour rassurer une maîtresse quelque peu scrupuleuse. Pour ce faire le monsieur en question (dentiste de profession) parvient à convaincre sa secrétaire de prendre le rôle de la légitime. Mais voilà, celle qu'il avait toujours prise pour une employée compétente et zélée cache, sous des dehors peu amènes, un amour enflammé pour lui. S'ensuit une série de chassé-croisés et de quiproquos, car au fur et à mesure que la fiction matrimoniale s'incarne de nouveaux personnages interviennent bousculant les plans du dentiste amoureux. Au cours de l'action, semble se former des couples dont la principale caractéristique est une grande différence d'âge entre les deux partenaires. Heureusement après bien des errances sentimentales, la proximité des âges dans l'appareillement des couples est respecté et donc la morale aussi. Jusqu'à présent dans ce que j'ai pu lire de Barillet & Grédy après quelques errements on retourne toujours aux conventions sociales ( en tout cas celles des années 50/60 ).

Quoi qu'il en soit, comme dans la plupart des comédies du duo, il se dégage de cette petite Fleur de Cactus un léger parfum suranné, qui en fait tout le charme.
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Le don d'Adèle

Pièce sympathique, légèrement fantastique, mais dont le principal attrait est dans le fait qu'elle est terriblement datée. Elle a tout le charme de la désuétude d'une France disparue. On se situe peu de temps après la libération, les tickets de rationnement ont encore cours et le poêle à charbon trône encore dans les salons : la première eut lieu en novembre 1949. Bien entendu, la pièce prend pour cadre une famille bourgeoise et parisienne.



Donc femme de ménage, mais femme de ménage extralucide ce qui est tout de même plus rare. Il s'agit d'Adèle nouvellement recrutée. La famille et plus particulièrement la mère de famille, tente d'exploiter ce don à son profit. Or la pauvre Adèle vit ce talent comme un handicap voire une malédiction et refuse de le mettre au service de ses patrons. Mais à force d'alcool, de cajoleries, de promesses matérielles et financières elle cède et fait des prédictions. Malheureusement l'amour, l'amour... ce grand perturbateur détruit ce petit arrangement. Car elle tombe amoureuse du fils de famille et bientôt dans le lit de celui-ci. Ce qui a pour conséquence de lui faire perdre sa virginité et avec elle son don de voyance. Devenue fille impudique sans plus aucune vertu elle peut enfin exploiter le don qu'elle n'a plu, c'est sur cette note joyeuse et insouciante que s'achève cette comédie.



Le don d'Adèle est une lecture à conseiller aux amateurs de curiosités dramatiques.
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Simone Simon la féline

L'inoubliable panthère du chef-d'oeuvre de Jacques Tourneur collectionna des amants comme Gershwin ou Gabin, avant de sombrer dans l'oubli. Pierre Barillet, qui fut son confident, consacre un livre émouvant à celle qu'il appelait "Sim' Sim'".
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
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La réponse

Beaucoup connaissent Pierre Barillet comme l'auteur de "Fleur de cactus", "Potiche" ou encore "Folle Amanda". Il est néanmoins une pièce de l'auteur beaucoup moins connue, loin de toutes ces œuvres dites de "théâtre de boulevard". Cette pièce, malheureusement très peu jouée, est restée pour ainsi dire inconnue du grand public, sans doute en raison du registre bien différent par rapport au reste de l’œuvre de l'auteur.



Nous suivons ici Thierry, un vaillant jeune homme, et Daniel, un homme d'âge mûr au rythme de leurs rencontres sur la terrasse d'un café parisien. Les deux hommes, assis comme deux amis, abordent des sujets divers comme le regard du critique, la dépression, etc. Ces sujets de conversation sont néanmoins secondaires et les sujets abordés ne le sont que le temps de quelques répliques. Ce qui est important ici, c'est l'évolution de la relation entre les deux hommes. On assiste à une sorte de romance homosexuelle sans clichés, sincère et par moments émouvante. Ayant lu le livre et vu l'une des rares représentations au théâtre de cette pièce, je dois admettre avoir versé quelques fois ma petite larme. Je la recommande absolument à tous les fans de théâtre. Je trouve que son manque de reconnaissance du grand public n'est ni plus ni moins qu'une injustice à laquelle il faut remédier.
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Fleur de cactus

En 1964, année de sa sortie, la pièce de Barillet et Grédy a connu un triomphe rarement égalé sur les planches, au point qu’elle est restée à l’affiche durant trois ans avant de connaître une adaptation cinématographique avec Walter Matthau, Ingrid Bergman et Goldie Hawn cinq ans plus tard. On le sait, Barillet et Grédy, couple emblématique du théâtre de boulevard, se sont fait les ambassadeurs de l’étude de nos névroses en les analysant sous la loupe du rire. Les héros de leurs comédies sont souvent des gens introvertis, un chouia égocentriques, impulsifs et même pathétiques, avec de la séduction dans la manière de faire virevolter leurs contradictions. Avec « Fleur de cactus », on se trouve en terrain conquis d’avance, sans mauvaises surprises, avec des dialogues affûtés en amont et des scènes éblouissantes qui génèrent quiproquos et retournements de situation comme on les adore. Rien de plus fragile qu’une fleur, dit-on… Pourtant, celle-ci ne cesse de s’épanouir depuis sa création en France, il y a six décennies par Sophie Desmarets et Jean Poiret.
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