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Critiques de Pierre Bourdieu (152)
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La distinction

Je jette le livre loin de moi, stupéfaite : ce qui m’a poussée à le lire ne serait donc rien de plus, rien de moins, que la volonté de me distinguer en tant qu’individu propre (mais également, on le verra, en tant qu’individu déterminée par son appartenance à un milieu social particulier) par ce qui ressemble à des choix volontaires ? Rien ne serait donc anodin, pas même la décision du prochain livre que l’on aura envie de faire passer entre ses mains ? Où l’on apprendra que le goût, en matière littéraire comme ailleurs, dépend : 1) de son capital économique ; 2) de son capital scolaire ; 3) de la trajectoire individuelle que l’on est en espoir de suivre ; 4) de la trajectoire collective du milieu social auquel on appartient ; mais aussi de nombreux autres déterminants dont il semble difficile de faire l’énumération exhaustive.





Ceci dit, ce qui précède constitue-t-il vraiment une découverte ? Lire la Distinction, avant de dire quoi que ce soit sur la nature du lecteur, révèle déjà les soupçons que ce dernier pouvait nourrir à l’égard de l’apparente gratuité de ce que chacun défend et revendique en tant que goûts. Prenons l’exemple de la littérature : aussi différents que puissent être les habitus à cet égard –entre la lecture honteuse de B. C. ou la prétention scientifisante des Bernard Werber, entre l’étude maniaque de la Critique de la raison pure ou l’exhibition à seule volonté décoratrice et éloquente du Monde comme volonté et comme représentation-, les différents lecteurs se retrouvent à travers ce dessein : se définir et parler de soi par le biais de ses choix culturels. En langage sociologique, écoutez donc quelle serait la traduction de ce goût bien nommé, que l’on croit si individuel et propre à soi-même :





« Le goût, propension et aptitude à l’appropriation (matérielle et/ou symbolique) d’une classe déterminée d’objets ou de pratiques classés et classants, est la formule génératrice qui est au principe du style de vie, ensemble unitaire de préférences distinctives qui expriment, dans la logique spécifique de chacun des sous-espaces symboliques, mobilier, vêtement, langage ou hexis corporelle, la même intention expressive. »





Les choix culturels ne constituent donc pas l’unique référentiel mis en jeu dans le processus de la distinction, et c’est là où Pierre Bourdieu sait rendre son analyse complète, élaborée et stimulante. Nous ne cessons jamais de nous exprimer par le fait même que nous vivons, et tout mode de vie –qu’il soit totalement subi ou entièrement choisi- commence déjà à nous définir sur les échelles sociale et économique.





« L’effet du mode d’acquisition n’est jamais aussi marqué que dans les choix les plus ordinaires de l’existence quotidienne, comme le mobilier, le vêtement ou la cuisine, qui sont particulièrement révélateurs des dispositions profondes et anciennes parce que, situés hors du champ d’intervention de l’institution scolaire, ils doivent être affrontés […] en dehors de toute prescription ou proscription expresses […].»





En basant son étude sur des questionnaires culturels pertinents au moment de sa publication, dans les années 70, Pierre Bourdieu prend évidement le risque de limiter sa crédibilité à la seule décennie observée ; et s’il est vrai que certaines analyses semblent aujourd’hui dépassées, car encore trop profondément ancrées dans un contexte de classes sociales et économiques strictement distinctes, les références parfois obsolètes prises en considération dans ses questionnaires ne sont que des exemples emprunts à des catégories générales valables à chaque époque : art « difficile » contre art « facile », culture « populaire » contre culture «savante » ou avant-garde contre classicisme. Quelles que soient les références dont s’emparent les sujets comme prétexte à l’affirmation de l’identité sociale, les décennies passent mais les processus restent :





« Alors que l’ancien système tendait à produire des identités sociales bien découpées, laissant peu de place à l’onirisme social, mais aussi confortables et sécurisantes dans le renoncement même qu’elles exigeaient sans concessions, l’espèce d’instabilité structurale de la représentation de l’identité sociale et des aspirations qui s’y trouvent légitimement incluses tend à renvoyer les agents, par un mouvement qui n’a rien de personnel, du terrain de la crise et de la critique sociales au terrain de la critique et de la crise personnelles. »





La question du goût « inné », « acquis », que l’on ne « discute pas » devient, entre les pages de la Distinction, un objet mouvant difficile à cerner. L’acharnement de Bourdieu à en explorer tous les germes et incidences est grandiose, tant par la forme que par le fond. Dans la forme, le sociologue ne laisse rien au hasard et opte pour l’ascétisme et la rigueur du discours. Exemples et preuves à l’appui, il étaye ses considérations aussi largement que nécessaire, prenant à chaque fois une distance que l’on retrouve rarement chez ses pairs quant à la méthode sociologique. Les résultats de ses recueils de données sont ainsi interprétables à plusieurs niveaux : quant à ce qu’ils traduisent de l’image que les personnes interrogées ont cherché à refléter, et quant à ce qu’ils supposent de préjugés ou d’idées préconçues chez les chercheurs en sociologie.





« […] en imposant à tous, uniformément, des problèmes qui ne se posent qu’à quelques-uns, par une procédure aussi irréprochable que l’administration d’un questionnaire à réponses préformées à un échantillon représentatif, on a toutes les chances de produire de toutes pièces un simple artefact en faisant exister des opinions qui ne préexistaient pas à l’interrogation et qui ne se seraient pas exprimées autrement ou qui, exprimées autrement, c’est-à-dire par l’intermédiaire de porte-parole attitrés, auraient été toutes différentes […]. »





Dans le fond, Pierre Bourdieu nous entraîne également plus loin que prévu : le chemin emprunté par le goût individuel croise la route de la démographie, de l’économie ou du politique, renforçant cette idée que rien, dans les faits, gestes et pensées de l’individu, n’est gratuit ni provoqué par le hasard. Bien qu’il faille s’accrocher pour suivre les développements parfois complexes des analyses de Pierre Bourdieu, celui-ci tente toujours de se rendre le plus accessible possible en usant d’un vocabulaire clair et en multipliant les exemples révélateurs. Entre volonté de se rendre compréhensible et complexité du traitement d’un thème en apparence simpliste, il est simplement dommage que Pierre Bourdieu n’ait pas procédé à cette auto-analyse, qu’on imagine pourtant stimulante, qui aurait eu pour effet de chercher à comprendre quelle volonté de distinction entre en jeu dans l’écriture d’un essai forcément peu anodin…
Lien : http://colimasson.over-blog...
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La domination masculine

Cela pourrait être la Bible des Féministes.

Cet ouvrage a été publié en 1998, donc il y a 16 ans mais peu de choses ont changé depuis par rapport à l’analyse très claire et très pertinente que fait Pierre Bourdieu de la domination masculine qui s’exerce dans différents domaines de notre société.

Au départ, Bourdieu analyse le fonctionnement de la société kabyle mais très vite il nous montre comment les femmes, même en Occident, se trouvent enfermées dans un « corset moral » qui va déterminer beaucoup de choses dans leur vie.

Ce que j’ai surtout retenu (je dois reconnaître que certains passages sont plus ardus que d’autres..) c’est que la domination masculine a pour effet de placer les femmes dans un état permanent d’insécurité (ou d’inconfort) corporelle , l’analyse qu’il fait de la dimension symbolique des vêtements « féminins » est très claire à cet égard : les jupes droites et les talons ne permettent pas de courir, donc la femme est « entravée » au physique comme au mental.

La nature féminine, selon Bourdieu, qui rejoint ainsi la pensée de Simone de Beauvoir, n’existe pas ; selon lui, la "prétendue féminité" n’est qu’une forme de complaisance à l’égard des attentes masculines.

L’Eglise et l’Ecole ont pendant longtemps été le fer de lance de cette domination masculine, et encore maintenant force est de constater que l’appartenance à tel sexe est un critère qui joue encore un rôle important dans le choix d’une voie professionnelle.

Ce livre fait date, il est à lire et à relire.

C’est ma fille qui me l’a prêté et j’espère que si elle a une fille un jour, elle pourra voir un changement dans la situation des femmes.

Bref c’est pour moi un ouvrage de référence.

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La Misère du monde

Quand on achète ce bouquin, on ne sait pas trop si on a été attiré par le format (presque 1500 pages dans a collection « Point »), ou par nécessité professionnelle ou universitaire, ou par envie de découvrir un monde, un travail, voire notre société.



Et on se retrouve avec une masse d’informations, facile à lire, agréable qui présente des histoires de vie simples, quotidiennes, et souvent passionnantes.

Le travail réalisé par Pierre Bourdieu et son équipe d’enquêteurs, de sociologues, consiste à livrer un grand nombre d’interviews réalisées dans les cités dont on parle aux infos, ou dans des milieux plutôt défavorisés et toutes susceptibles de nous faire réfléchir, de nous conduire à voir différemment le monde qui nous entoure.



On y rencontre des gens qui vivent des situations souvent sans-issues.

Certains qui ont baissé les bras, d’autres qui se battent, ou qui n’ont pas conscience de leur situation.

Et puis, il y a aussi de nombreux acteurs sociaux, tour à tour enthousiastes, découragés, utopistes puis réalistes.

Cette étude réalisée au début des années 90 est finalement toujours très actuelle. Nous en avons pourtant entendu des discours magnifiques, et exploré des plans sur le sujet. Et on s’aperçoit qu’à part quelques emplâtres posés sur une jambe de bois, les choses n’ont pas vraiment évolué. Pour ne pas dire que rien n’a changé. Ce bouquin est donc encore très actuel.



Un seul défaut à cet ouvrage : Son côté un peu politiquement partisan, dû au choix des interviewés, au sujet lui-même, etc.

Mais comment faire autrement ? On peut toujours lire avec un peu de recul.



Pour finir avec une sorte de sourire, j’ai failli inscrire ce livre dans ma liste pour une île déserte, tant il est passionnant à lire, feuilleter, reprendre… Et j’ai fini par me dire que la sociologie des banlieues ou de la pauvreté sur une île déserte, ça n’avait pas beaucoup de sens.

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Sur la télévision

Tout et beaucoup trop a déjà été écrit sur la télévision. Dénonciation des calomnies, des manipulations, de l’asservissement, le politiquement correct rejoint la désignation de la télévision comme nouvel ennemi à abattre pour préserver une indépendance d’esprit hypothétique.





Pierre Bourdieu se situe dans un mouvement similaire. Dans une perspective sociologique, il démontre que la télévision ne peut et ne pourra jamais être le lieu d’exposition de débats constructifs à cause de son format, à cause de ses dirigeants, et à cause de sa volonté de plaire. Et pourtant, Pierre Bourdieu se distingue de la critique classique en définissant des concepts primordiaux.





Le premier : la domination des dominés.

« Mieux on comprend comment [un système] fonctionne, plus on comprend aussi que les gens qui en participent sont manipulés autant que manipulateurs. Ils manipulent même d’autant mieux, bien souvent, qu’ils sont eux-mêmes plus manipulés et plus inconscients de l’être. »





Le deuxième : la violence symbolique.

« La violence symbolique est une violence qui s’exerce avec la complicité tacite de ceux qui la subissent et aussi, souvent, de ceux qui l’exercent dans la mesure où les uns et les autres sont inconscients de l’exercer ou de la subir. »





Donner des noms à des phénomènes constitue la première étape qui permet de s’en détacher. Pierre Bourdieu ne se contente donc pas seulement de tirer une analyse de la télévision, il donne également à son lecteur les moyens de former sa propre critique. La perspective s’élargit, d’autant plus que ces concepts offrent la possibilité d’être transposés dans d’autres domaines comme la psychologie, de la psychanalyse et de la philosophie.





Pour le reste, ce pamphlet de Pierre Bourdieu n’est pas plus original qu’un autre : la télévision ne cherche pas (d’abord) à nous instruire, nous le savions déjà, mais peut-être faut-il le rappeler souvent ?
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Sur la télévision

Court essai d'une centaine de pages dans lequel Bourdieu présente rapidement les différents mécanismes qui mènent la télévision à piétiner de plus en plus la liberté de pensée : le passage à la télévision devient le seul « gage de qualité » des personnalités, la course à l'audimat mène à présenter des sujets qui ne dérangeront personne (faits divers qui suscitent l'indignation générale, résultats sportifs, voyages politiques à l'étranger sans conséquence), la course contre la montre pour être le premier à présenter un « scoop », quel que soit son intérêt réel (je me rappellerai toujours cet « envoyé spécial » lors de l'affaire DSK qui avait annoncé fièrement « c'est la première fois depuis son arrestation que DSK porte de nouveau une cravate ». Super !), les « débats » entre amis de longue date, ...



En cent pages, les idées présentées sont forcément compressées. C'est toutefois une bonne introduction sur le sujet et le livre permet de poser les bases pour une réflexion plus approfondie.
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Raisons pratiques : Sur la théorie de l'action

J'ai toujours beaucoup aimé Pierre Bourdieu. Je ne peux pas dire que je l'ai toujours compris, ça non. Mais pour moi les mystères de son écriture n'ont fait que renforcer l'aura qui l'a toujours entouré.



Dans l'absolu, c'est un problème. Il y a tant de livres à lire et de choses à faire que je me demande souvent si mon temps ne serait pas mieux employé à faire autre chose qu'à tenter de décrypter ce type d'écrits. Chez d'autres, que j'adore également, comme Deleuze, j'ai fini par abandonner.



Mais il y a chez Bourdieu comme une sorte de récompense qui suit l'effort et qui amène à penser qu'en fait la lecture en valait la peine, car elle aura permis de mieux appréhender la manière dont le monde fonctionne.



Cet ouvrage est "relativement" accessible car il s'agit d'une réunion de textes issus de divers cours et conférences. On peut donc en picorer des morceaux ici ou là (super texte sur l'intérêt au désintéressement) et, à la fin, se dire que la connaissance des déterminismes qui s'imposent à nous pourrait peut-être nous rendre plus libre. Ce serait déjà ça.
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La reproduction, éléments pour une théorie du s..

Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron ont écrit ce livre en 1970 montrant, statistiques à l'appui, que le système d'enseignement français tendait à reproduire, confirmer les classes sociales dans leur échec ou leur réussite.

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Depuis, d'autres chercheurs ont confirmé cette étude.

Déjà, en 1964, Bourdieu et Passeron avaient montré, dans "Les héritiers", que la position sociale des parents est un héritage culturel pour leurs enfants, les autres, fils d'ouvriers, étant déshérités.

Ainsi, les parents transmettent un patrimoine non seulement matériel, mais aussi culturel.

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La domination masculine

Ce livre comporte tout ce que j'aime et tout ce que je déteste chez ce grand monsieur...

Un propos novateur, des idées et des exemples fournis, un véritable travail de penseur...mais une écriture compliquée et parfois pénible et un fatalisme caractéristique de Bourdieu !

Il y démontre de façon magistrale le système de domination masculine passant par le symbolique, la linguistique mais aussi par le comportement des dominés justifiant eux-même ce système...

Tout cela pour terminer par une note plus que pessimiste quant à l'évolution de cet état de fait !

A lire, sans aucun doute, mais en n'en attendant aucune piste pour des solutions d'évolutions sociales !
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Sur la télévision

Dans Sur la télévision, Pierre Bourdieu se livre à une passionnante étude des mécanismes à l'œuvre derrière le petit écran, ainsi que des mœurs de l'univers télévisuel. Pour s'adresser au plus grand nombre, il s'exprime dans un langage simple, accessible de tous ( sans perdre en rigueur toutefois ).

Son analyse est très fine, explorant les mécanismes de censure à l'œuvre dans l'univers télévisuel, les problématiques liées au traitement de certaines informations, etc. etc.

A lire pour mieux comprendre l'influence que ce média de masse peut avoir sur certaines décisions.
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La domination masculine

Pierre Bourdieu, à la fin des années 90, se lance dans une analyse exhaustive des mécanismes de domination entre les sexes, ou comment l'homme à travers l'histoire a légitimé sa supériorité (qu'elle soit symbolique, sociale, ou dans les rapports amicaux, de travail, amoureux...) sur la femme.



La domination masculine s'exerce de façon inconsciente, il faut bien s'en rendre compte pour sortir de ses schèmes préétablis par la société patriarcale.

L'intelligence est dévolue au sexe masculin, il ne reste pour le sexe féminin que les émotions ou l'intuition. Par exemple, lorsque Hannah Arendt fit publier son essai sur le procès de Heichman, beaucoup lui reprochèrent son manque de chaleur et d'émotion, refusant par-là même à une femme le droit à l'analyse intellectuelle. Selon la société, les femmes doivent restées cantonnées aux rôles qu'on leur a attribué, c'est-à-dire en tant que ménagères, cuisinières, objets symboliques ou comme procréatrices afin de perpétuer la lignée filiale. Elles sont pour cette raison « exclues de tous les lieux publics, assemblée, marché, où se jouent les jeux ordinairement considérés comme les plus sérieux de l'existence humaine. »



Les hommes, en revanche, se trouvent prisonniers de cette domination car ils doivent en toute circonstance affirmer leur virilité face à leurs congénères par des jeux stupides, souvent violents, allant parfois jusqu'à mettre leur vie en péril afin de prouver qu'ils ne sont pas des « mauviettes » ou des « femmelettes ».



L'éducation a joué et joue toujours un rôle certain dans le maintien de cette domination, notamment par la famille, l'Église et l'École. Pour la famille, il n'y a qu'à fréquenter les magasins de jouets pour enfants pour s'en rendre compte par soi-même. Entre la caisse-enregistreuse, la table et le fer à repasser et les ustensiles de cuisine pour jouer à la dînette, le choix est vite restreint. L'École est aujourd'hui le deuxième facteur important dans ce conditionnement parce que les enseignants auront tendance à encourager les filles à davantage s'engager dans certaines filières que d'autres. L'Église a longtemps joué un rôle de connivence avec l'École ou est-ce l'inverse.



Ce qui a changé aujourd'hui, c'est surtout que la domination masculine ne s'exerce plus de façon aussi claire et directe qu'autrefois. Certaines caractéristiques demeurent : les hommes préfèrent les femmes plus petites de taille qu'eux ou encore lorsqu'une femme vient d'obtenir son permis, vous pouvez être sûr qu'il y aura une personne pour lui conseiller de commencer par conduire une petite voiture. C'est par ce genre de petits détails que la domination se perpétue malgré nous sans même que l'on s'en rende compte. Il y a tout de même, de nos jours, plus de femmes qui accèdent à l'enseignement supérieur bien qu'énormément d'inégalités subsistent encore.



Comme à son habitude, le sociologue s'exprime dans un jargon peu accessible. Ce qui le coupe d'emblée d'une partie de son lectorat potentiel, c'est-à-dire ceux qui seraient susceptibles d'être intéressés par le sujet mais qui ne possèdent pas le vocabulaire adéquat pour tout comprendre.

C'est là tout le paradoxe de Bourdieu. C'est un livre vraiment très bien pensé et documenté que tout le monde devrait lire.
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Leçon sur la leçon

Dans ce discours inaugural, prononcé lors de son entrée au collège de France, en 1982, Bourdieu démontre brillamment trois choses essentielles à propos de la sociologie :



- s'il y a une Vérité, c'est que la vérité est un enjeux de luttes



- si la sociologie veut prétendre au statut de science, elle doit non seulement ne pas se laisser aveugler par les apparences, mais encore se prendre elle-même pour objet



- et donc oui, définitivement, la sociologie est un sport de combat, car comme tout sport de combat, elle demande rigueur, abnégation, humilité et combativité.



Si on lit ça et "Questions de Sociologie", on a un best-of honnête de l'auteur.

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Les héritiers : Les étudiants et la culture

Jeune étudiant en sociologie à l'UER François Rabelais de Tours, je découvrais en 1972 (sous la houlette de Roger Establet, l'auteur avec Christian Baudelot de l'Ecole capitaliste en France) l'ouvrage de Bourdieu et Passeron Les héritiers.

Véritable révélation, cette étude décrivait par le menu ce sentiment éprouvé tout au long de ma scolarité et que la crtitique de Francharb3 exprime parfaitement : "On perçoit aussi une forme de révolte, qui, en tant que lecteur, m'a presque soulagé, comme si une partie de ce qu'on n'aurait surtout pas pu dire en tant qu'étudiant se trouvait couché sur le papier."

Ouvrage d'initiation à la méthode sociologique cet ouvrage est une référence pour tous ceux qui veulent éprouver les pré-notions (comme dirait Durkheim) par l'intermédiaire d'un outillage statistique et scientifique.

Il est regrettable que par la suite, Bourdieu ait été perçu plus comme un philosophe que comme un sociologue scientifique, illustrant une fois de plus l'un de ses concepts phare "la négation de la complexité dans le discours des médias".

Plus qu'une référence, un ouvrage fondateur pour l'analyse des faits sociaux.
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Sur la télévision

Dans un essai très dense, Bourdieu condamne un système médiatique basé exclusivement sur la mesure de l'audimat, c'est-à-dire soumettant l'information à la loi du marché. Ce ne serait pas si grave si la télévision ne se présentait comme impartiale et objective et ne prenait une part si importante dans le champ journalistique, allant jusqu'à étouffer les pratiques journalistiques de la presse écrite et consacrant par sa très grande diffusion des personnalités non nécessairement reconnues par leurs pairs. C'est que plus un médium diffuse et plus il est amené à rechercher le consensus, c'est-à-dire à écarter les sujets clivants et à favoriser les "omnibus", des sujets qui n'apportent rien tels que les faits divers. Ajoutons à cela que le monde journalistique est soumis comme le reste de la société à la pression de l'urgence, il s'ensuit qu'il ne cherche pas le vrai, mais bien plutôt le rapide. Les "fast-thinkers" favorisent donc les idées reçues, celle qui ne demandent pas de temps pour être acquises. Pour parachever le tableau déjà bien noir, les journalistes, pas toujours très cultivés, vivent dans un microcosme socio-professionnel qui leur fait voir le monde à travers des "lunettes" qui leur révèle une réalité qu'ils imposent sous une forme d'objectivité comme la réalité. La pression concurrentielle et la crainte de rater des "scoops" enjoignent les lignes éditoriales à se copier les unes les autres et à ne différencier l'information que sur des vétilles invisibles au spectateur, contribuant à une information plate, vide, "omnibus", qui ne dit rien. Pire, les journalistes sont accusés ainsi de "créer" la réalité par le choix qu'ils font d'accorder du sérieux à telle ou telle personne qui se prend au sérieux. Ah, il faut encore ajouter que les débats sont souvent faussés, soit par le fait que les "invités" se connaissent et entretiennent des débats sans enjeux, soit au contraire vivent dans des mondes parallèles qui rendent le débat insensé. Alors pourquoi avec tant de médiocrité l'audience augmente-t-elle ? Et bien parce que la télévision joue sur les matières de ce qui dans le journalisme écrit est cantonné à la presse à scandale : les potins, l'exhibitionnisme, le sexe, le crime... d'où les sujets omnibus des faits divers, d'où... et la boucle est bouclée. Cette saturation de vide intellectuel ferme donc l'accès à une forme de pensée instruite et c'est ce qui rend la télévision menaçante pour les productions culturelles, mais plus encore, pour les démocraties, car tant que l'on ne parle de rien, on n'apporte pas au citoyen les outils pour acquérir l'autonomie, l'érudition et l'esprit critique dont il a besoin pour exprimer son opinion politique.



Au final, c'est l'outil même de la télévision qui est critiqué comme un fait social auquel participent consciemment ou malgré eux, ceux qui font la télé et ceux qui la regardent. Bourdieu ne semble pas enclin à admettre la possibilité d'une télévision de qualité, car c'est la télé en elle-même qui est problématique. On pense à internet qui n'est pas très différent dans son positionnement "neutre et objectif" et dont on sait que... En résumé : lisons des livres.
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La distinction

Dans des temps très anciens que seuls les boomers peuvent connaître, il existait une merveilleuse émission littéraire qui s'appelait Apostrophes. Elle passait le vendredi soir en prime time comme on ne disait pas encore

Je la regardais régulièrement et elle me poussait en général à l'achat d'un ou plusieurs livres dés le lendemain. D'ailleurs les libraires avisés proposaient un éventaire spécial Apostrophes. C'est ainsi que je fus conduit à faire l'acquisition de ce livre. A écouter l'auteur qui s'exprimait bien et savait vendre sa marchandise (ce terme ne plaira pas à ses disciples), je fus convaincu de l'intérêt du livre. A l'ouvrir, je dechantai quelque peu. L'ouvrage était en effet écrit dans un jargon à peu près incompréhensible. Et épais, avec ça !

Enfin je perseverai et je réussis (j'avais la fougue et le courage de la jeunesse), et compris à peu près de quoi il s'agissait. Selon le maître, la société et le système d'éducation visait à la reproduction des classes sociales existantes en inculquant à chacune le bagage culturel qui ce qui convenait à son état futur, telles les abeilles qui réservent la gelée royale à la future reine

Ainsi les" héritiers" aimeraient exclusivement la littérature et la musique classique à l'exception de toutes autres ( ce que le Maître appelle " le goût légitime". Ce qui leur permettrait de succéder à leurs parents sans coup férir.

Il en allait de même pour les autres classes.

Il me sembla d'abord que la substantifique moelle de cet obus, que je suai sang et eau pour extraire, aurait pu s'exprimer et se transmettre plus simplement et en moins de mots. le Maître avait-il voulu réserver sa pensée à qui saurait la déchiffrer ? Mais.. n'était-ce pas une forme d'elitisme ?

Quand à la dilection exclusive des héritiers pour la culture légitime, il m'apparut, à regarder autour de moi, qu'il n'en était pas ainsi.

Je résolus donc de ranger respectueusement mon Bourdieu sur une étagère et de n'y plus toucher.

Et puis il y a quelques années, je tombai sur"La culture des individus" de Bernard Lahire.L'auteur, Bourdieusien, souhaitait renforcer les thèses du Maîtres en interviewant un certain nombre d'individus, er en les questionnant sur leurs goûts littéraires, musicaux, en matière de distraction, espérant trouver des profils consonnants en grand nombre : par exemple un avocat de milieu bourgeois lecteur de Flaubert et auditeur de Bach, et ainsi de suite. Hélas les profils consonnants, il en trouva fort peu, certains bourgeois s'obstinant à aimer le Rock et à lire Stephen King, alors que certains ouvriers appréciaient Beethoven et lisaient Zola.

Lahire changea d'avis sur le maître ? En aucune façon : ces expressions, pour nombreuses qu'elles soient, ne pouvaient infirmer la pensée du Maître, d'autant plus que cette dernière, sortie toute armée de son puissant cerveau, ne s'appuyait sur rien d'aussi grossier qu'une enquête de terrain. Comme disait Rousseau au début de l'un de ses livres,"Écartons tous les faits, ils n'ont aucun rapport avec la question"
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Esquisse pour une auto-analyse

Dans "Esquisse pour une auto-analyse", Bourdieu tente de faire, selon ses propres termes, "une auto-analyse sociologique".

Disons-le tout de suite, si l'idée de base est intéressante, le texte de Pierre Bourdieu l'est moins.

Il n'est pas dépourvu de maladresses : trop de description de son environnement, pas assez de sa position vis-à-vis de celui-ci ; trop peu de moments où Bourdieu parle de son expérience de passage entre plusieurs classes sociales, etc.

Du point de vue de l'auto-analyse sociologique, c'est raté.

Toutefois, il reste quelques passages intéressants sur la sphère intellectuelle durant les années où Bourdieu étudia. Il décrit cette sphère très précisément et c'est fort intéressant.

Opinion mitigée, donc.
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La domination masculine

Cela fait déjà quelques années que je m’oppose aux mouvements féministes, et encore davantage aux femmes qui font du féministe un vrai cheval de bataille. (Petite précision, je suis une femme). Ainsi, je me suis dit quoi de mieux que de lire La domination masculine de Bourdieu ; livre, qui à sa sortie a défrayé la chronique, et quelque peu agité les féministes.



Alors que retenir… Disciple de Bourdieu, j’avais en tête les principaux mécanismes de domination, notamment ceux que perpétuent des institutions comme l’Etat au sens large, mais aussi l’Ecole et la famille pour ne citer que celles-ci. De fait, les femmes ont intériorisé, incorporé la domination masculine et plus largement cette vision androcentrique ou dichotomique masculin/féminin.



Toutefois, il ne faut pas y voir une forme de fatalisme ; bien au contraire ! Si Bourdieu nous met en garde contre le fait qu’une seule prise de conscience de cette domination ne suffira pas à inverser la tendance (point que je partage hautement avec l’auteur), il y a encore des moyens d’agir ou de réagir. C’est pourquoi je ne comprends pas pourquoi certains courants de féministes ont crié au scandale quant cet ouvrage est sorti.



En effet, les féministes sont pour moi, et par extrapolation des propos de ce cher Bourdieu, les plus dominés. En crachant sur la domination masculine, elles sont les premières à entrer dans ce jeu de domination pour reprendre les concepts de Bourdieu. Il faudrait qu’elles se libèrent et se détachent de ces conceptions avant tout.



De même, si on analyse bien cet ouvrage, on peut s’interroger sur une chose… La virilité n’est-elle pas complexe à assumer, à honorer ? N’est-elle pas un signe de faiblesse également ? Dans le sens qu’elle résulte d’un processus de peur à l’égard d’une éventuelle féminisation…



En somme, un ouvrage passionnant, un vrai régal, et surtout qui donne à réflexions.

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Questions de sociologie

Questions de sociologie regroupe l'ensemble des interventions orales de Bourdieu (lors d'interviews ou de conférences) ce qui rend son propos beaucoup plus accessible car il est "parlé" plus qu'écrit. Il y évoque ses principaux concepts (champ, habitus, capital...) ainsi que sa méthode et les problèmes épistémologiques et philosophiques que pose la science sociale. Cet ouvrage constitue une excellente introduction à son œuvre.
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La domination masculine

Ce livre explique comment le "masculin" domine depuis des siècles le "féminin" : une fois qu'un système est construit, il suffit de le répéter à toute occasion : dans l'éducation des enfants, dans les expressions courantes, dans tous les actes symboliques de la vie, et on finit par accepter cette construction comme seul schéma possible, comme naturelle. Même ceux qui tentent de bousculer la situation utilise des arguments provenant de cette domination (qui n'a jamais entendu des phrases du style "Il faudrait plus de femmes au pouvoir car elles apporteraient plus de douceur et d'empathie dans ce milieu" ?)



L'ouvrage est bien documenté, mais il y a quand même quelques points qui m'ont déplu. Je ne l'ai pas trouvé particulièrement accessible : le vocabulaire est assez technique (mais enfin, je suis plutôt habitué au œuvre de vulgarisation), et le style est un peu lourd (beaucoup de phrases très longues notamment). Et enfin, j'ai été déçu de ne pas trouver de commentaires sur la construction de cette domination : on part sur l'idée qu'elle existe, mais sans savoir comment elle s'est mise en place. Ça me semble dès lors compliqué de sortir d'un système si on ne sait pas d'où il vient exactement.



Livre à lire donc, mais seulement si on a déjà été sensibilisé au problème, et qu'on a quelques connaissances sur le sujet ("Le deuxième sexe" par exemple comble beaucoup de lacunes du livre). Le prendre comme introduction me semble être une mauvaise idée.
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Sur la télévision

Synthétique, concis, percutant.

Ce court texte issu d'un cours de sociologie tenu par l'auteur déconstruit les mécanismes sociaux, comme notamment le jeu de la concurrence, qui sous-tendent le fonctionnement du "champ journalistique", de la presse papier à la télévision.



On y comprend pourquoi la course à l'audimat (au sein du jeu de la concurrence qui ne laisse pas vraiment le choix) mène à la course au médiocre : recherche de contenus vendeurs c'est à dire spectaculaire, les scoops, consensuels de manière à intéresser tout le monde et in fine personne vraiment... en foulant au pied toute déontologie du métier de journaliste qui voudrait la recherche d'une information "pure" et non pas bassement soumises aux intérêts économiques de l'audimat et du marché publicitaire.

On voit aussi comment la télévision, en s'imposant comme média prédominant, tire l'ensemble du champ journalistique, et au delà bien des champs culturels (art, sociologie... et même science) vers le bas.



Une arme d'autodéfense intellectuelle indispensable dans le monde de l'information (et paradoxalement donc de la désinformation).
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Raisons pratiques : Sur la théorie de l'action

Biberonné au culte de l'élu et de l'exclu et conscient de l'être, l'auteur parvient au sommet de l'élite scolaire, l'Ecole Normale Supérieure, mais sa carrière prend une légère inflexion, lorsqu'il choisit la sociologie plutôt que la noble voie de la philosophie. Ce sera sa première expérience d'un champ scolastique, un monde à distance du monde, l'un de ces champs sociaux qui génèrent l'universel.

Son regard de sociologue se portera ensuite systématiquement sur ces différents champs autonomes - religieux, littéraire, scientifique, bureaucratique – où partout s'observe la formation d'une certaine noblesse (la noblesse d'état, …).

« Il faut chercher l'origine de la raison non dans une "faculté " humaine, c'est à dire une nature, mais dans l'histoire même de ces microcosmes sociaux singuliers où les agents luttent, au nom de l'universel, pour le monopole légitime de l'universel ».

Ses premières études de terrain sur la société kabyle, les familles béarnaises,… avaient contribué à réduire sa propre distance au monde. Ce livre est l'occasion de découvrir les principaux concepts qu'il a dégagés au fil des années, en particulier celui de l'habitus pour tenter de comprendre « comment cette construction sociale arbitraire paraît se situer du côté du naturel et de l'universel ». L'habitus fonctionne chez les agents sociaux parfaitement intégrés à leur univers comme chez le joueur qui « ayant intériorisé profondément les régularités d'un jeu, fait ce qu'il faut faire au moment où il faut le faire, sans avoir besoin de poser explicitement pour fin ce qu'il y a à faire. ».

Le point commun de tous les univers étudiés ici par Pierre Bourdieu est qu'ils « se constituent sur la base d'une inversion de la loi fondamentale du monde économique. ». L'échange de dons et contre-dons dans la société pré-capitaliste kabyle en donne un exemple subtil, plein d'euphémismes. Un autre exemple est donné avec la loi du champ bureaucratique, du sacrifice de l'intérêt particulier au profit de l'intérêt général.

La question centrale devient « Un acte désintéressé est-il possible ? ».

La démarche de ce livre, participe en quelque sorte à sa propre démonstration de la « Realpolitik de la raison ». C'est en effet dans le champ scientifique (des sciences humaines), en se livrant à l'exercice de la critique par ses pairs, que l'auteur trouve un bon exemple de cercle vertueux.

« La possibilité de la vertu peut être ramenée à la question des conditions sociales de possibilité d'univers dans lesquels des dispositions durables au désintéressement peuvent être constituées et, une fois constituées, trouver des conditions objectives de renforcement constant, et devenir le principe d'une pratique permanente de la vertu; et dans lesquels du même coup, des actions vertueuses existent régulièrement avec une fréquence statistique décente et pas sur le mode de l'héroïsme, pour quelques virtuoses. On ne peut pas fonder des vertus durables sur une décision de la conscience pure, c'est à dire, à la manière de Sartre, sur quelque chose comme un serment. »

L'auteur propose « les instruments rationnels de connaissance permettant d'analyser rationnellement la domination et tout spécialement la contribution que la connaissance rationnelle peut apporter à la domination. ». (ou comment Kant et d'autres avec lui ont fait partie du problème). le dernier chapitre sur l'illusion scolastique sera prolongé par le livre « Méditations pascaliennes » où la « Realpolitik de la raison » sera la réponse opposée à « l'hypocrisie mystificatrice de l'universalisme abstrait».

« On peut tenir pour une loi anthropologique universelle qu'il y a du profit (symbolique et parfois matériel) à se soumettre à l'universel, à se donner (au moins) les apparences de la vertu, à se plier, extérieurement, à la règle officielle. »

Cette théorie de l'action repose sur l'intérêt plus ou moins inconscient dans le jeu, illusio, de ceux qui « génèrent l'universel » autant que ceux qui s'y soumettent...

... jusqu'au point où cet équilibre se désajuste.
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