Si tu sais garder les yeux clos,
Quand tant d'images te font signe,
Et surprendre le chant secret
Qui se cache parfois sous les mots,
Tu verras naître tous tes rêves.
Si tu veux t'imposer le silence
A l'instant d'écouter la nuit,
Peut-être entendras-tu monter
Dans le ciel de l'immense été
Comme un chuchotement d'étoiles.
Alors ,tu pourras t'avancer
Sur les chemins du monde ,
Plus libre de tes yeux ouverts,
Plus riche de chaque parole,
Puisque tu connaitras
Le prix du rêve et du silence.
(" Déjà l'aube d'un été " 1988)
De tous les sentiers que la neige efface,
Sauras-tu trouver, au bord du matin,
Le seul où tes pas laisseront leur trace,
Le sentier secret parmi les jardins
Où l'enfant perdu te prendra la main?
(" Les voix perdues")
Une branche
Une branche sur un bout de ciel,
Effaçant le même nuage,
La même vague revenue
Depuis le fond des âges
Frapper le sable du rivage.
Écoute, regarde, tais-toi:
Le monde a des milliers d'années,
Pourtant il vient de commencer,
Rien que pour toi.
( Anthologie " C'était hier et c'est demain ")
Au-dessus de la flaque d'eau
Il s'est penché pour voir le ciel
Où glissent de grands vaisseaux blancs.
Un arbre y parle de merveilles,
Et tous les oiseaux se sont tus.
On dirait que le monde s'attarde
Dans une paix d'avant le monde
Et que le temps n'existe plus.
Puis il voit, à ses pieds, lui sourire
Un visage semblable au sien.
Alors, il se dit que tout est plus beau
De l'autre côté du miroir,
Que rien n'est plus vrai peut-être
Que cet arbre, ce ciel, ces oiseaux
Et cet enfant qui lui ressemble.
Il a pris tout son souffle, et soudain
A sauté dans la flaque à pieds joints.
(" Chaque aube tient parole")
Bonheur simplement d'être là.
Parmi les pluies, les mots visibles,
Sur la terre un instant rassemblée
Dans l'odeur des prodiges,
D'éprouver le sang dru sous l'écorce,
La soif et ses ruisseaux d'épines ,
Et de taire la vie pour l'écouter
Parler, d'être là, justement
Où la lumière tremble et se divise,
D'appartenir à cet essaim de joie
Qui m'assaille et m'enclôt comme un fruit,
Puis me disperse au vent de vérité.
Regarde bien les yeux du chat
Il rêve, il fait semblant
Il dort tout éveillé
Pourtant c'est toi
C'est bien toi qu'il épie .
Mais plonge tes yeux dans les siens
Ne les laisse pas t'échapper
Très lentement tu vas glisser
Dans l'eau dorée de ce regard,
Glisser sans fin
Jusqu'à t'anéantir dans son immensité.
LAISSE ICI TON BAGAGE D'ESPOIR...
Extrait 2
Toutes les routes sont promises
À qui les rêve sans les voir.
L’une s’ouvre à tous les voyages,
L’autre avec toi s’enfonce au cœur du temps,
La troisième fait don d’une enfance
À celui qui n’en avait plus,
Une autre encore à l’errance t’incite
Vers une terre en friche où naisse enfin
L’espoir sous la parole et toute paix
Dans le regard des hommes.
Tu t’inventes, les yeux fermés,
Le seul chemin qui ne mène qu’à toi.
Ce que le monde te raconte,
Préserve-le comme un secret
Scellé sous l’écorce de la chair.
Au fond de tes yeux veille encore
L’innocence du premier regard.
Chaque syllabe en toi fait don
De sa lumière au jour qui la suscite
Et, d’un souffle, renait pour mourir
D’une autre vie, d’elle-même jaillie.
L’été, la nuit, tout t’habite à jamais,
La neige, le galet, l’oiseau perdu
Et cette flaque où le ciel nu respire.
La dernière pomme
À la branche du givre
Une pomme s’accroche encore.
Elle sait que bientôt
Elle lâchera prise,
Que la neige l’engloutira.
Pourtant, sur le ciel de l’hiver,
Elle brille de tous ses feux
Comme un soleil têtu
Qui ne veut pas mourir
Espoir ( extrait)
Je dis: chaque aube tient promesse,
Elle te rend ce que la nuit
Avait effacé pour toujours,
Les fleurs, l'espoir, le goût du vent
Sur les plages bleues du matin.
Je ne dis pas: les sources sont taries.
Je dis que rien jamais n'est perdu,
C'est à toi de creuser plus profond,
Pour que l'eau pure à nouveau jaillisse.
La nuit venue …
Extrait 14
Au bout de cette nuit
Nous saisirons entre nos doigts
La première lueur qui naîtra
D’un regard, d’un silence.
Mais saurons-nous la préserver.
Cette lumière toute neuve,
Plus fragile que flammèche au vent,
Afin que sa beauté mûrisse en nous
Et nous éclaire jusqu’au bout
De cette autre nuit qui guettait,
Plus noire encore, et meurtrière,
//L’atelier imaginaire. Poésie