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Critiques de Pierre Jourde (255)
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La Littérature sans estomac

Un assassinat hilarant de la vacuité en littérature. Brillant et jouissif !
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Le voyage du canapé-lit

Je me suis ennuyée tout le long du chemin. Je n'ai pas été sensible à l'humour caustique de l'auteur, je me suis sentie perdue dans la chronologie. Bref seules les 50 dernières pages ont réussi à m'accrocher, peut-être parce que j'arrivais enfin au bout.

Alors oui il y a de l'humour, de l'autodérision, de belles descriptions du Cantal et de ses habitants mais l'écrivain m'a crispée. Je n'ai pas trouvé de fluidité dans son écriture. Une déception, j'ai l'impression que j'ai perdu mon temps.
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La cantatrice avariée

Mauvaise digestion...C'est rare, j'ai une santé de fer ou presque en tenant compte de mon grand âge, mais là...

Là, vraiment non.

Faut dire que je me suis laissée piéger par la quatrième de couverture, comme une bleue, une auvergnate un peu trop chauvine, c'est bien fait pour moi .



Cela commence dans un château délabré, hanté par des voix et des

courants d'air,à la sortie d'un bourg noir, prés de Clermont-ferrand.



l'avait dit l'autre là, le copain à Sarko, les auvergnats et les arabes c'est pareil, on est pas bien malins c'est connu...

Donc, j'ai commencé, et j'ai pas pu.

Page 10, j'ai ronchonné sur le style délicieusement ampoulé,

page 12 sur la longueur extraordinaire de chacune des phrases, complètement incompréhensibles à une auvergnate de souche et fière de l'être.

Page 15, j'ai pourtant lu:



Les longues banlieues de Clermont traversées de bout en bout, à grand

bruit et grande vitesse,ils arrivèrent à Lempdes, stoppèrent à la

sortie du bourg, devant une maison...



C'est chez moi, un peu plus ces cons s'arrêtaient devant ma maison...

Page 25, j'ai claqué le bouquin, déçue et légèrement incommodée par l'idée vraiment très bête qu'il me manque peut-être quelques neurones pour bien appréhender un tel chef-d'oeuvre.

Et pis d'abord, y a pas de bourgs noirs en auvergne, ils sont couleur lave, les banlieues de clermont sont fleuries et vertes, sans longueurs excessives, les châteaux rutilants et fiers de leurs courants d'air.

non mais.
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Paradis noirs

ISBN : 9782070459575



Si vous n'avez jamais entendu parler de Pierre Jourde, si, plus encore, vous n'avez jamais lu aucun de ses textes, "Paradis Noirs" risque de vous poser problème. Bien qu'il n'atteigne pas, en format poche, les trois-cents pages, bien qu'il fasse intervenir un nombre relativement réduit de personnages, bien qu'une identique sobriété s'observe quant à la toile de fond - l'Auvergne, entre le Passé et le Présent, et en particulier Clermont-Ferrand - ce livre est d'une complexité rare. J'irai même plus loin : à côté de "Paradis Noirs", "Festins Secrets", à la construction pourtant si particulière, littéralement hanté par la nuit et les brumes, fait presque figure de roman clair et ensoleillé qui pose d'emblée et sans aucun complexe les questions que l'auteur voulait aborder.



Dans "Paradis Noirs" au contraire, le lecteur met un peu (beaucoup ? trop ?) de temps à définir les thèmes centraux. La cruauté bien sûr, tout spécialement la cruauté enfantine, se détache sans trop difficultés au premier plan mais n'est-ce pas l'arbre destiné à nous cacher une forêt bien plus profonde, bien plus ambiguë ? ... Le héros - ou l'anti-héros - du roman, François, qui obsède le narrateur au point que celui-ci finit par le voir apparaître régulièrement à ses côtés (mort ? vivant ? est-il si intéressant de le savoir, au fond ?) et à se lancer avec lui dans de longues conversations, va au-delà de la cruauté. En fait, sauf erreur de ma part (c'est un livre difficile, je le répète et une relecture s'imposera un jour ou l'autre ), la cruauté qu'il sème autour de lui lui permet à François de ne plus souffrir. Cela va bien au-delà d'un Bien et d'un Mal qu'il relativise avec autant de facilité qu'il laisse monter en lui la rage, et n'est pas sans évoquer, dans cette atmosphère dominée par l'enfance catho à mort des protagonistes, la très polémique question du nirvana oriental : atteindre le nirvana, cet état où il nous devient impossible de ressentir la moindre souffrance parce que nous avons réussi à nous détacher de tout ce qui faisait notre vie, y compris et avant tout nos plaisirs. Pas forcément les grandes jouissances mais aussi les petits riens sur lesquels nous nous bâtissons et qui nous permettent d'avancer. Seul problème : atteindre le nirvana implique de ne plus percevoir la souffrance d'autrui. La légende de la déesse Kuan Yin qui, sur le point d'ccéder au nirvana, le refusa pour continuer à percevoir les souffrances de ses frères humains et les soutenir sur leur dur chemin terrestre, résume l'ambiguïté terrible de cet adieu sans retour à la souffrance au prix de la compassion.



L'enfance de François est comme la nôtre, remplie de petits riens. Des petits riens qu'il aimait et même qu'il vénérait, en dépit de leurs imperfections. Plus ou moins abandonné par sa mère, il est élevé par l'aïeule (c'est cette femme, servante toute sa vie, qui permet à Jourde de ponctuer son texte de la répétition lancinante de trois des vers les plus fameux de Baudelaire) qui l'aime comme son enfant. Le samedi et le dimanche - disait-on le "week-end" en ces temps si lointains ? - il allait chez ses deux grands tantes, l'une complètement sourde, l'autre toujours en train de rire, de chantonner, de faire gâteaux et crêpes pour les enfants du quartier. C'était modeste, le confort que nous avons appris à appeler moderne, manquait çà et là - surtout chez l'aïeule - mais il faisait bon, il faisait chaud : François était un enfant quasi normal, faisant face pour la première fois à la cruauté lorsque, sans raison, il tue un jour le vieux crapaud qui rendait de si grands services à l'aïeule.



Mais la cruauté fait partie de nous. Nous le savons tous. Et nous apprenons à la domestiquer, à la maîtriser, à la refouler.



Ou nous n'apprenons pas. Surtout si la cruauté nous permet de nous sentir mieux, de nous sentir plus, et puis de ne plus nous sentir du tout.



Mais il en va de la cruauté comme de toutes les drogues : elle détruit celui ou celle qui se livre à elle. Elle a, sans aucun doute possible, détruit François, adolescent brillant et même étincelant. Pire, elle a peuplé sa vie et son univers mental de regrets éternels. Celles, ceux qu'il a trahis - l'aïeule la toute première - sont devenus les compagnons, muets et pleins de reproches, de cette route qu'il s'est choisie parce que, au début, il pensait n'y trouver que ce qu'on pourrait nommer son "confort", une route dont, dans la seconde moitié du récit, le narrateur nous donne l'impression qu'elle n'est qu'une boucle enténébrée, qui répète sans cesse ses méandres et ses spirales comme, jadis, se déroulaient sans répit pour l'imagination des élèves, les couloirs, les angles perdus, toute cette architecture occulte du collège Saint-Barthélémy. Le collège où ils ont "tué" Serge, qui voulait tant être de leurs amis - Serge, dont on saura à la fin du livre que François avait une raison secrète de le haïr, ce qui le fait, en somme trahir aussi la cruauté puisque, dans ce cas-là au moins, elle cesse d'être gratuite - le collège où leur trio - Boris, François, le narrateur - est né, le collège qui porte le nom d'un martyre qui fut écorché vif.



Sous la plume de son "narrateur" - dont j'ai parfois eu l'impression troublante qu'il était un peu le "double" de François, comme un Dr Jekyll qui aurait finalement vaincu Mr Hyde, ou alors qu'il parlait carrément à une hallucination peut-être née des exigences de son métier puisqu'il est ... écrivain - "Paradis Noirs" oscille, avec une détermination redoutable, entre le passé, les grandes interrogations majeures mais ici traitées à la Jourde, si l'on veut bien me permettre cette expression, sur le Bien et le Mal dont nous sommes tous constitués, un présent qui ne fait vraiment que de très brèves (et très cartésiennes) apparitions, et à nouveau, le passé, le tout barbotant avec des difficultés sans nom dans une cruauté sourde ou calculée, une noirceur systématique, quelques éclairs fulgurants de bonté et de compassion pures, parmi des silhouettes plus fantomatiques les unes que les autres et les brumes qui les escamotent (la dernière fois que le rencontre le narrateur, dans une forêt vide, sur une route vide, François est là et puis, d'un seul coup, il n'est plus là : on ne le voit pas disparaître, il n'est plus là, c'est tout ), bref, dans une ambiance pesante, obsessionnelle, avec, pour faire bonne mesure, les remarques d'un narrateur qui, avançant en âge, se demande parfois non sans naïveté s'il se rappelle bien ...



"Paradis Noirs" est un livre auquel on s'accroche comme à un wagon fou, lui-même traîné par une locomotive monstrueuse, vers une direction dont on ne sait rien. On ne sait même plus comment diable on a pu prendre ce foutu train ... Et quand on débarque au terminus, il n'y a personne pour vous attendre. Et le plus étrange, c'est que vous voyez la locomotive et ses wagons déments trembloter dans l'air souterrain et puis, d'un seul coup, il n'y a plus rien.



Enfin si, il vous reste vos questions. Selon votre nature, acquise ou innée, d'omnilecteur ou de lecteur, disons, plus classique, vous en ressentirez de l'excitation ou de la frustration. Cela si vous ne décrochez pas en route. Il y en aura certainement pour le faire : ils ne s'apercevront pas que, en fait, c'est le wagon déjanté lui-même qui les a éjectés dans un tournant bien dangereux. Et cela vaut mieux : car ce wagon l'aura fait avec cette cruauté tout à la fois froide et pleine de rage qui est la marque du personnage principal.
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Pays perdu

Invité chez Busnel, Pierre Jourde a présenté son livre ‘La première pierre’ où il expliquait qu’il était retourné dans le village décrit dans ce roman. Lui, sa femme et ses enfants en ont été chassés à coups de pierre. J’ai donc voulu savoir ce qu’il y avait dedans.

Eh bien pas grand-chose : il n’y a pas vraiment d’histoire, seulement des descriptions à n’en plus finir sur la crasse des campagnards et leur alcoolisme. L’impression d’assister à du commérage. Je lirai quand même La première pierre, puisqu’il a eu le prix Jean Giono.

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La première pierre

N°708 - Décembre 2013.

LA PREMIERE PIERRE – Pierre Jourde – Gallimard.[2013]

C'est bien la première fois que je lis un livre qui est le compte rendu et le commentaire d'un autre livre que je n'ai pas lu. De qui s'agit-il donc ?

L'auteur, Pierre Jourde, romancier, critique littéraire et universitaire est originaire de Lusseaud, un petit village d'Auvergne où il revient chaque année passer ses vacances dans la maison de famille. Il a, en 2003, publié un livre, « Pays perdu » qui, selon ses dires, se voulait être un hommage à ce terroir et à ses habitants, des individus ainsi devenus des personnages de roman dont les noms avait été, bien entendu, transformés. Dans ce premier livre il parlait de la rudesse de la vie montagnarde, de la solidarité qui cimente les gens, tout cela à l'occasion de la mort de la fille d'un voisin. Il se demande d'ailleurs comment « un livre publié chez un petit éditeur par un auteur peu connu »avait bien pu parvenir chez des gens qui pourtant lisent peu. Le paradoxe fut sans doute que parmi ses nombreux détracteurs, peu avaient effectivement lu ce récit et que d'autres parmi eux l'avaient trouvé peut-être naïf mais pas méchant. L'ennui c'est qu'une partie de ces derniers qui y avaient pourtant vu au départ « un beau livre » y ont lu une attaque personnelle inacceptable, une incursion dans leurs vies et cette fiction les a « rendu fous de rage ». L'auteur fit donc l'objet de critiques qui nourrirent une polémique et son retour estival a rapidement dégénéré en une lapidation, un véritable lynchage, quelques allusions précises à un adultère ancien de sa grand-mère, la filiation douteuse de l'auteur et des remarques acerbes sur sa vie privée personnelle. Un peu comme si de longues années de jalousie et de haine éclataient enfin en cette journée estivale, sous les yeux de sa famille, un peu comme si Hugo était rossé par les les Thénardier, comme si Zola était bastonné par les Rougon-Macquart ! Tout cela se termine en bataille rangée, un contre tous, mais l'auteur qui pratique la boxe ose se défendre ce qui, dans l'esprit des autochtones aggrave son cas. Sa mère lui avait pourtant conseillé de ne pas répondre si on l'agressait.

Bien entendu, il y a dépôts de plainte de part et d'autre, procès-verbaux de police parfois laborieux, instructions contradictoires, mauvaise foi ordinaire, négations des faits pourtant patents et finalement audience devant le tribunal d'Aurillac avec constitution d'avocats, effets de manches et finalement verdict condamnant tout le monde à des amendes et à de la prison avec sursis. Mais puisque l'auteur est un écrivain, la presse locale et nationale s'en mêle, prend partie, tout comme les réseaux sociaux de sorte que ce qui aurait pu être un épiphénomène devient rapidement une affaire où s'opposent deux conceptions. D'une part un type de la ville, universitaire et écrivain qui, sous couvert de ragots dont il s'est fait l'écho, a violé une communauté paysanne à laquelle il ne comprend rien, montrant l'arrogance des citadins et surtout des intellectuels face aux vrais valeurs de la France rurale incarnées par des paysans désarmés, autant dire une notion pétainiste de la terre « qui ne peut mentir ». D'autre part ceux qui ont aimé ce livre et qui insistent sur l'illustration de la beauté des campagnes et de la vie paysanne, prônent la liberté d'écrire et la sacralisation de la littérature face à des analphabètes. La polémique était donc totale et chacun y allait de son commentaire.

Le problème se posait donc à l'auteur qui, dans la rédaction de « La première pierre » s’interpelle lui-même sous le vocable de « Petit bonhomme ». Il prend conscience, à la lumière de ces faits que la littérature a au moins une fonction, celle de « tenter d'opposer, à toutes les fictions rudimentaire, la complexité du réel » mais ce n'est pas suffisant, il sent qu'il doit s'expliquer plus avant, dégonfler cette baudruche qu'il a contribué naïvement peut-être à créer et que d'autres se sont chargés de gonfler. C'est qu'il a écrit ce livre avec son cœur, surpris par la polémique qui a suivi, nourrie par exploitation partisane de passages sortis volontairement de leur contexte ou mal interprétés dans le seul but de choquer, un peu comme si ce livre ressemblait malgré lui à un os offert à ronger, une sorte d'occasion donnée aux autres de se venger de celui qui certes était d'ici mais qui avait réussi, habitait la ville, écrivait des livres, ne grattait plus la terre et donc ne leur ressemblait plus ! On aurait sans doute voulu qu'il fût, s'autocensurant, moins lui-même, plus consensuel et coopératif avec ceux qui étaient ses personnages, qu'il restât dans les limites « correctes » de la littérature. De ce qui n'était à l'origine qu’une nouvelle relatant les obsèques d'une enfant il a voulu faire un livre où il parlait des gens, de leur histoire, de ce terroir qu'il n'avait pas assez idéalisé, donnant des détails qui ne tissaient pas forcement « une bonne image » de l'Auvergne. Ce faisant, il avait touché aux morts et cela devenait « dégoûtant ». Il fallait donc le lui faire payer. Alors on lui avait renvoyé au visage l'opprobre d'une bâtardise qu'il n’ignorait cependant pas. Et tout est ressorti à partir de là, la faiblesse de ce père tardivement reconnu par le mari de cette mère infidèle et bafoué par elle, l'héritage qui avait fait de lui un riche propriétaire dont des générations de pauvres fermiers trouvaient ainsi, par delà le temps, l'occasion de se venger. Pour eux, les riches dont Jourde fait partie ne pouvaient qu'être mauvais et ce livre était une occasion à ne pas manquer de le dire, malgré les verres entrechoqués, les fêtes données au village, les messes entendues et les coups de main donnés par l'auteur lui-même, pour les travaux des champs. Il était accepté bien qu'il soit définitivement « un étranger ». Ainsi Pierre Jourde se sentait investi d’une mission, celle de rendre à son père sa fierté et c'est avec ce livre qu'il entendait le faire de sorte que « la mort du père menait à l'écriture du livre, ce tombeau ».

Quant aux révélations qu'il fait sur les habitants, le « petit bonhomme » les assume puisque, même si elles sont tragiques, elles n'ont rien de mystérieux, sont connues de tous mais doivent rester secrètes. Pierre Jourde ne se destinait pas à écrire sur ce pays, seul les obsèques de cette jeune fille ont été le déclencheur et dans son livre il évoque le village, l'histoire clandestine de sa famille et « l’incapacité à dire » de l'auteur « avait produit le livre » parce que dans un village tout se sait, même si des choses restent secrètes au sein même d'une famille. Maintenant, après tout cela, quand il revient à Lussaud on l'ignore , il est une non-présence, sauf peut-être quelques-uns que cela ne concerne pas. Il éprouve pour lui ce qu'est le non-pardon mais qui s'étend aussi à tous ceux qui l'ont soutenu, même à ceux qui depuis ont acquis une maison au village et même à leurs enfants ! Pour faire bonne mesure il y a eu une pétition, des menaces, des intimidations, des petites bassesses qui signifiaient à l'auteur que même dix ans après il n'était plus chez lui.



J'ai lu ce livre passionné et passionnant par le problème qu'il soulève mais aussi par la manière lumineuse dont il est écrit. Je l'ai lu comme une autre manière de se libérer, d’exorciser cette haine, malgré le risque de rallumer les querelles à cause des noms cités [« En même temps il faut bien que les choses soient dites »]. Je l'ai lu comme un plaidoyer en faveur de l'écriture qui est une catharsis. Elle est un droit et même un devoir pour l'écrivain parce que qu'il porte en lui doit être exprimer, la sanie qui coule de sa blessure doit être épongée même s'il doit pour cela convoquer des fantômes. L’écrivain n'a pas forcément quelque chose à vendre, il porte en lui un message qu'il doit exprimer avec des mots, quoiqu'il lui en coûte, même s'il bouscule un peu sa famille. Et le « petit bonhomme » doute «  Mais qu'est ce que tu dis là, tu dis ce qu'on ne dit jamais... tu sais que le silence est plus digne...tu installes la honte dans ta maison. La littérature est une honte » mais il s'exprime en voulant surtout ne faire de mal à personne. Il règle des comptes, il aggrave son cas en quelque sorte avec ce deuxième livre, mais il a gardé cette maison au village et je trouve cela plutôt bien, une manière de dire à tous qu'il a fait ce qu'il avait à faire !

©Hervé GAUTIER – Décembre 2013 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Le Maréchal absolu

Je suis enfin venu à bout du Maréchal absolu, le roman somme que Pierre Jourde a publié à la rentrée. Je l'avoue, cette lecture a été longue et laborieuse. Il m'aura fallu plus d'un mois pour l'achever. A ma décharge, il faut dire que ce pavé se lit difficilement, pas tellement à cause de sa longueur (un peu plus de 750 pages), mais plutôt de son contenu, qui déroutera plus d'un lecteur par son ambition et sa démesure. L'auteur lui-même s'en inquiète dans une interview donnée au Salon littéraire début septembre. Plus récemment, il a reconnu à demi-mot sur son blog que le roman n'a pas rencontré son public. C'est bien dommage, car malgré ces difficultés, l'ouvrage mérite qu'on lui accorde un peu d'attention.

Construit sous la forme d'une tétralogie, le livre raconte la fin d'une dictature post-coloniale dans un pays imaginaire. Le premier chapitre s'ouvre sur un monologue dans lequel le tyran assiégé par les rebelles dans la capitale s'adresse à son fidèle secrétaire particulier avant de finir les vertèbres brisées dans une scène de pendaison qui rappelle fortement celle de Saddam Hussein. Dans le deuxième chapitre, le lecteur apprend avec stupeur que l'homme qui a été pendu n'était qu'un des innombrables sosies du Maréchal. Le vrai, lui (mais peut-être ne s'agit-il là encore que d'un double...), commente la chute du régime depuis l'une de ses innombrables abris secrets. Dans le troisième, c'est un personnage jusqu'alors secondaire qui prend la parole : cinquante ans après la chute du régime, l'agent des services spéciaux Schlangenfeld raconte à un journaliste les évènements auxquels elle a assisté et met en scène le rôle trouble joué par les services secrets dans l'ascension et la chute du despote. Enfin, dans le quatrième et dernier chapitre, c'est le secrétaire particulier lui-même qui, encore bien des années plus tard, se remémore depuis son lit d'hôpital les derniers jours du Maréchal et sa tentative désespérée pour reconquérir le pouvoir.

Vous l'aurez deviné à la lecture de ce résumé : Le Maréchal absolu est un récit complexe, polyphonique et multiple. Il fait se croiser une série de points de vue différents sur des événements par nature confus, navigue entre le passé, le présent et l'avenir dans un tourbillon vertigineux qui laisse le lecteur étourdi. Cette narration sophistiquée pousse jusqu'à son paroxysme un jeu de reflets dans lequel nous venons à douter de la réalité et de la fiction. Qui parle ? Qui est le vrai Maréchal parmi tous ces sosies ? Qui se cache derrière ce "tu" destinataire ? Comment se retrouver dans ce délire égotiste ?

L'ouvrage porte le nom de roman, mais, à y regarder de plus près, il appartient en fait à une multiplicité de genres littéraires : l'épopée, le récit fantastique, le manuel de sciences politiques, le roman d'apprentissage, le roman historique, le récit picaresque, le roman d'espionnage, la farce rabelaisienne, le roman burlesque et même le théâtre comique entrent dans sa composition. Il y a du Machiavel dans ce récit, par la manière dont il met à nu les rouages de la mécanique du pouvoir, mais aussi une réflexion philosophique sur les rapports entre la réalité et la fiction, une synthèse historique des régimes dictatoriaux issus de la décolonisation et de la guerre froide, une farce burlesque à la Ubu roi, un plaidoyer humaniste pour la libération de la femme dans les régimes soumis à la loi islamique…. Ce roman touche à tout est un objet à l'ambition démesurée. Pas étonnant qu'il ait dérouté les lecteurs et la critique.

Pour ma part, je l'avoue, j'ai dû me faire un peu violence pour l'apprécier véritablement. Dans un premier temps, j'ai été rebuté par la trivialité et la truculence dont il se réclame. Il est vrai que le corps y est omniprésent, de préférence laid, obscène, obèse, difforme, gangréné, répugnant, déliquescent et putréfié. Mais une fois parvenu à rentrer dans l'univers de l'écrivain, je me suis pris au jeu, et au moment de refermer le livre, je n'ai pas regretté mes efforts.
Lien : http://www.marcbordier.com
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Festins secrets

Que demande-t-on à un romancier ?


1) De raconter une histoire de façon passionnante. Peu importe s'il pioche pour cela dans sa vie personnelle pourvu que le lecteur ne s'en rende pas compte et que le projet dépasse l'habituelle ambition (très) bornée de la contemplation hypnotique de son seul nombril.


2) De posséder un style qui mérite ce nom et dont on puisse se souvenir.


3) Eventuellement, de rendre un hommage, discret ou pas, aux écrivains dont les textes ont nourri le romancier.


4) et si, en plus, le romancier parvient à "coller" aux questions sociales du moment, alors là, il n'est pas loin de pouvoir prétendre à rejoindre le club des Très Grands.


Eh ! bien ! Pour moi, la chose ne fait aucun doute : Pierre Jourde et "Festins Secrets" remplissent largement les trois premières parts - et même la quatrième - de ce contrat.


Au départ, un homme - Gilles Saurat, professeur de collège - en route pour un premier poste dans la ville de Logres (tout un programme, ce nom). Il sommeille à demi au fond d'un train sur laquelle la nuit tombe. En face de lui, un petit homme qui, jadis, lui aussi, fut professeur à Logres. Une conversation - ou plutôt un monologue - s'engage. L'ancien professeur est intarissable sur Logres, ses notables, son lycée, sa racaille. Mais à vrai dire, Saurat n'écoute qu'à moitié - quand encore il écoute ...


... ...


(Non, je ne vous raconterai pas tout ce qui se déroule dans ce train qui semble rouler à l'aveugle. Mais un conseil si vous vous décidez à lire ce roman : soyez attentif à TOUT. Wink)


... ...


Le voilà sur le quai, puis hors de la gare, à la recherche de la maison de Mme Van Reeth chez qui il a loué une chambre. Mme Van Reeth est veuve d'un homme d'affaires qui se doublait d'un collectionneur d'érotiques du XVIIIème. Une aubaine peut-être pour Saurat qui doit préparer sa thèse ...


Sur l'ensemble, une nuée de voiles opaques, de la pluie, froide, obstinée, des ombres qui vont, qui viennent, qu'on croit déjà connaître et qui, pourtant, à bien les regarder, ne vous disent plus rien, des voix mêmes ...


Dès le début, quelqu'un d'ailleurs s'adresse à Saurat comme s'il le regardait vivre - ou comme s'il l'avait déjà vu vivre ? ...


On pense bien sûr à Kafka, à ces villes glauques qui hantent des romans comme "Le Golem" ou "La Cité de l'Indicible Peur" ou encore certains films muets allemands. On pense aussi à "La Foire des Ténèbres" de Bradbury et à tous ces films dont le héros se rend compte trop tard qu'il fait partie d'un mystérieux spectacle. On pense en fait à beaucoup de choses mais le coup de maître de "Festins Secrets", c'est d'allier cette richesse romanesque et culturelle à un portrait précis de notre société dans ce que celle-ci a de plus noir.


Avec un courage que je trouve admirable, dans une langue qui semble toute simple et pourtant très travaillée, sans jamais sombrer dans le jargon pédantesque qui est le propre de tant d'universitaires contemporains, Pierre Jourde aligne un par un les dangers qui guettent le XXIème siècle : la violence banalisée, la violence pratiquée au nom du respect d'une religion rétrograde, la violence excusée par les médias et les "intellectuels" au nom de principes qui datent de l'immédiate après-guerre et qui ne sont plus en phase avec les réalités économiques et sociales de notre pays ; le racisme le plus abject justifié par la politique israélo-palestinienne et absous par la gauche bien-pensante ; la volonté de nier l'être humain, notamment quand il est de sexe féminin ou trop faible pour se défendre - un procédé bien connu des nazis, Jourde a le cran d'établir le parallèle ...


Il vise, il tire et il fait mouche. C'est du grand art.


Croyez-moi : lisez "Festins Secrets" qui restera dans notre littérature non seulement en raison de ses qualités techniques ou de sa façon d'évoquer les problèmes de société tout en tenant son lecteur en haleine mais aussi parce que, en ce début des années 2000 et depuis déjà trop d'années, les vrais romans se font rares en France et que celui-là en est un - oui, un sacré bon roman ! ;o)
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La tyrannie vertueuse

J'ai déjà consacré plusieurs chroniques à divers ouvrages attaquant le wokisme, et suis en train de lire celui de Pierre Jourde, où il manifeste ses qualités habituelles d'analyse, s'attachant particulièrement aux manifestations du monstre dans la sphère littéraire et intellectuelle.

Pour préparer une future critique de cet ouvrage, j'ai fait quelques recherches sur Internet sur Pierre Jourde et ses engagements j et je suis tombé sur une polémique qui l'a opposé à quelques collaborateurs de Médiapart sur le concept d'islamophobie. Une polémique de plus sur ce sujet, et je n'en aurais pas parlé si elle n'avait pas donné lieu à cette phrase "magnifique " dans un article dudit journal :

"Une religion a nécessairement une conception et une acceptation du Sacré. Pour autant, cette conception est parfaitement compatible avec différentes opinions, avec différents engagements politiques, et surtout avec une pensée scientifique qui n’est pas inférieure, ne vous déplaise, à celle de ceux qui ont relégué les religions à une naïve explication des événements du monde."

Oui, vous avez bien lu, et tout est dit : les explications religieuses du monde valent bien les scientifiques; et la créationnisme vaut bien l'évolutionnisme.

Alors lions ce livre, par respect pour un homme qui ose lutter contre ÇA.
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La grande solderie

Concernant l'humour, les éditions Wombat avaient pour moi fait leurs preuves, avec le génial et méconnu (en France en tout cas) Opération renard du désert du comique anglais Spike Milligan, qui m'a laissé un souvenir ébloui.

Je n'avais donc aucune raison de me méfier de ce recueil de trois parodies dialoguées de Pierre Jourde.

Autant dire que je suis tombé de (très) haut.

Il y a deux catégories de personnes. Celles qui apprécient les calembours, et celles qui les trouvent consternants. Malheureusement pour Pierre Jourde – et je ne crois pas pour autant être un pisse-froid –, je fais partie de la deuxième catégorie.

La parodie de La grande librairie m'a à peine arraché quelques rictus de coin de bouche, notamment quand il est question de Christine Angot, mais tout a été instantanément vendangé par des calembours miteux.

— Alors, Philippe Saint-Nectaire...

— Non, Philippe Salers, je vous prie...

(Et il refait le même avec tous les fromages d'Auvergne)

Dans la parodie du film "Alien", on touche le fond. C'est d'une nullité crasse, et il est rare que j'emploie un tel mot pour qualifier un bouquin.

L'alien devient l'alein, et on va avoir le droit à toutes les variations de l'alein fraîche, l'alein chargée, l'alein fétide... Ce n'est qu'un exemple parmi des multitudes.

Dans la parodie de la Belle au bois dormant, le niveau remonte un tout petit peu, je dis bien un tout tout petit peu. C'est-à-dire que c'était tellement bas que de toute façon il ne pouvait plus creuser encore. Quant aux contrepèteries ailleurs vantées, il s'est juste agi de replacer celles mille fois rebattues et qu'on trouve sur internet en tapant "contrepèteries". Genre : "brouille l'écoute". Voilà voilà.

Je remercie quand même Wombat et Babelio pour ce livre acquis dans le cadre d'une masse critique, mais en ce qui me concerne, la seule vertu que je lui ai trouvé, c'est d'être très court.

Il va maintenant rejoindre La grande solderie.
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Le Jourde et Naulleau : Entreprise de nuisa..





Lu incidemment Naull'eau.

J'ai dû lire une chronique de Naulleau à cause d'un ivrogne qui sévissait sur babelio ; chronique consacrée à Cher connard de Virginie Despentes publiée dans Marianne tout récemment.



Naulleau descend en flammes le dernier livre de Virginie qui fait polémique en cette rentrée littéraire plutôt fade : "ce n'est pas de la littérature, ce sont des impostures", et patati et patata.. sur un ton désagréable de procureur..

Bon, moi Naulleau, il ne me serait jamais venu à l'idée de lire du Naulleau, il m'était déjà pénible de l'entendre dans les médias, je réservais donc une oreille distraite à ses badineries, dirais-je avec civilité.



J'émets un avis à la lecture de Naulleau encore pire qu'à l'entendre : écriture intello médiocre persillée de glaires bien éloignée de la littérature. Visiblement pas à la hauteur du talent de Virginie qu'il a prise pour cible. Intellectuellement affligeant !
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Le Jourde et Naulleau : Entreprise de nuisa..

Pastiche du manuel de littérature française à l'intention des classes secondaires célèbre sous le nom de ses auteurs, le Lagarde et Michard, ce pamphlet salutaire décape la production littéraire de ces dernières années, et prend pour cible les auteurs à succès ou ceux qui sont en vue sur la scène de l'édition parisienne. Il est difficile après la série d'éclats de rire provoqués par les commentaires comiques et les faux sujets de dissertation de passer encore devant les rayons d'une librairie de gare, voire ceux de vendeurs de livres aux prétentions plus sérieuses, sans éprouver des contractions abdominales ou pouffer discrètement. Le pire reste les citations, la plupart du temps authentiques, ou plus vraies que nature, d'ouvrages qui sont de nos jours portés au pinacle. Heureusement on ne s'en afflige pas mais, avec le Jourde et Naulleau, on apprend à garder ses distances. Une île lucide dans un océan de médiocrité.
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La cantatrice avariée

Lu il y a 5 ans...



Bolo et Bada sont les protagonistes de cette histoire.

A vrai dire, je serai bien en peine de résumer ce livre ! Ces deux jeunes hommes se promènent et font telle ou telle chose mais j'ai été plusieurs fois perdue dans les délires de l'auteur, je ne voyais pas du tout où il voulait en venir, même si par moments, certains passages révèlent une pointe d'humour. Un récit absurde que j'ai vraiment eu du mal à suivre !





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C'est la culture qu'on assassine

Pierre Jourde (1955- ) est un écrivain et critique français.

Connu pour ses pamphlets contre les médias, il est surtout l'auteur d'essais sur la littérature moderne et d'une abondante œuvre littéraire exigeante.

Depuis 2009, il tient le blog "Confitures de culture" sur le site littéraire du Nouvel Observateur où il publie régulièrement ses prises de position sur des sujets de société.

"C'est la culture qu'on assassine" parait en 2011.



Pierre Jourde nous soumet un recueil de chroniques portant sur la situation culturelle en France.

Un constat dramatiquement alarmant qui semble irréversible.

"La culture, c'est la télévision. L'empire de la connerie triomphante et fière d'elle-même". La recherche du spectaculaire, le mépris des faits au profit de l'image.

Le pays de l'ironie, de la satire, de l'esprit frondeur tend à devenir le royaume des béni oui-oui...

Le monde est dévenu télévision.

Pierre Jourde aborde la destruction de l'enseignement, le mépris de la recherche; qui entraînent montée de l’illettrisme.

"Visser boulons le jour, avaler Cauet le soir".

Il fait l'éloge des petits éditeurs et règle ses comptes avec quelques écrivains (...) populaires.

Musso, Levy, Moix, Angot, Beigbeder, Gavalda, Jardin, Weber en prennent pour leur grade.

La médaille d'Or étant remise à Philippe Djian qui se fait tailler un costard sur mesure (à lire... c'est du miel !)

Jourde nous livre l'envers du décor; les petits arrangements entre amis lors de la remise des prix littéraires.



J'ai adoré ce recueil, incisif, mordant. Quelques gouttes de nitroglycérine qui font voler en éclat les préjugés et remettent à leurs justes places les situations établies.

Un vent de fraîcheur, de sincérité. Un grand coup de pompe dans la fourmilière de la "Culture à la française" qu'il va falloir s'habituer à orthographier avec un petit (tout petit) c.

Précipitez-vous vers cette bombe à fragmentation politiquement incorrecte.
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C'est la culture qu'on assassine

Pierre Jourde enseigne la littérature à l'université et a publié un recueil de chroniques de son blog nommé "Confiture de Culture". Ceux-ci évoquent l'actualité culturelle dans sa globalité, celle des années 2010.



J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque pour m'ouvrir à d'autres lectures. La 4ème de couverture m'attire, je le prends et m'empresse de le commencer, tout en continuant ma lecture de fiction en parallèle.



J'ai appris pas mal de choses, j'ai compris aussi que je n'étais clairement pas la cible de ce livre. A la page 46, l'auteur propose un mini-quizz à ses lecteurs. La question était de retrouver l'auteur des lignes qu'il citait. Les auteurs proposés étaient : Jean-Paul Brighelli, François Bégaudeau, Alain Finkielkrault et Philippe Meirieu. Je ne donnerai pas la réponse mais je suis désolée de dire que je n'ai pas trouvé pour la simple et bonne raison que seul Alain Finkielkrault me disait quelque chose. L'auteur a donné la réponse en affirmant que si les lecteurs répondent telle ou telle réponse, ils "vivent vraisemblablement dans une grotte au Birobidjan". On se sent tout de suite à l'aise en apprenant ça...



Il critique aussi le fait que pour accéder à la fonction publique, la culture n'est plus privilégiée et qu'elle est considérée comme élitiste. Personnellement, je suis fonctionnaire, et j'ai passé plusieurs concours. Savoir que tel poème a été écrit par tel poète en telle année ne fera jamais de moi le meilleur fonctionnaire de l'année.



Plusieurs chapitres abordent différents thèmes : la politique culturelle, l'éducation, les réformes universitaires, l'écrivain, le monde de l'édition, ...



Encore une fois, pour la partie intitulée "le livre et l'écrivain", j'étais un peu perdue. Mais a priori, on est loin de lire la même chose. Ce qui me gêne là-dedans, c'est que la plupart des personnes qui remettent en cause les lectures d'une certaine partie de la population, évoquent rarement ce qu'ils leur semblent bon de lire selon eux. En attendant, je ne fais peut-être pas partie du bon côté selon lui, mais j'ai lu son livre et je n'ai pas pour autant l'impression d'être complètement inculte.



Pour la note positive, il y a plusieurs points sur lesquels je suis en phase avec Pierre Jourde : l'explication de la perte d'autorité des professeurs à l'école, la critique sur la lourdeur administrative pour les enseignants-chercheurs à l'université, le vide intellectuel à la télévision de quelques programmes, ...



Il y a deux chroniques que je retiendrais de ce livre : celle de la galère des chercheurs à la BNF (j'ai bien ri) et celle intitulée "A quoi sert la littérature ?".



Au final, je vais retourner à ma grotte. J'y suis bien dedans.
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Le Maréchal absolu

Le Maréchal Absolu, roman conséquent (plus de 700 pages) de Pierre Jourde, raconte par le biais de différents points de vue et perception le règne et la déchéance d'un dictateur d'un pays fictif, l'Hyrcasie, pouvant s'identifier à un pays du Moyen-Orient du fait de sa complexité ethnique et les relations conflictuelles entre voisins.

Ainsi, nous sommes successivement dans la tête du sosie du maréchal, du maréchal lui-même, d'un agent féminin des services réalisant les basses œuvres du régime et enfin du serviteur délirant du dictateur.

Ce livre nous apporte une analyse quasi clinique de la dictature et de tous les effets sur la vie des gens, sur son irréalité entre cauchemar et absence de morale ou d'éthique. La réalité du pouvoir y est décrite de manière juste et incisive.

A l'inverse, le livre se perd dans des longueurs qui n'apportent rien aux thèses défendues et transmettent une exaspération certaine au lecteur. En outre, pour les âmes sensibles, certains passages (dont les derniers chapitres) sont particulièrement durs et n'ont pour moi aucune valeur ajoutée.

Je sors un peu déçu de la lecture de ce livre malgré des qualités certaines ; j'ai positionné une note défavorable car en plus d'être déçu, j'en suis sorti également soulagé de l'avoir terminé, ce qui n'est pas un signe évident de plaisir dans la lecture...

Je salue toutefois l’œuvre de création de l'auteur et espère le retrouver dans des ouvrages plus concis et inspirés.
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La présence

Le peur nocturne, les vieilles maisons silencieuses, le silence pesant, les réminiscences de l’enfance, le parquet qui craque, la porte qui s’ouvre et se ferme comme d’elle-même. Pierre Jourde dans ce court texte revient sur ses peurs anciennes et toujours présentes. Ces peurs que je connais si bien, depuis l’enfance aussi, irraisonnées, incontrôlables, comme Jourde j’ai en mémoire de ces nuits d’insomnie passées la lampe de chevet allumée toute la nuit, les livres lus, les lettres écrites pour faire diversion, et l’endormissement aux premières lueurs du jour perçant à travers les volets non clos. J’ai fini ce texte ce matin, la maison était silencieuse et déserte, cette maison qui est la mienne, que je connais bien, et pourtant, malgré le jour, les angoisses de Jourde ont su répondre aux miennes. Peur, de la mort, du silence, de ceux qui ne sont plus, de ce que nous ne serons plus, un jour.
Lien : http://leslivresdegeorgesand..
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La présence

Je ne connaissais de Pierre Jourde que les essais. La littérature sans estomac avait été l'occasion de bien des rires chez moi, et je me souvenais avec enthousiasme de Petit déjeuner chez tyrannie. Ce livre m'a permis de découvrir le romancier qui vaut le détour...

Il nous convie ici à un étrange retour au monde de l'enfance et de l'adolescence. Une nuit d'insomnie angoissée dans une maison pourtant familière embraye le processus mémoriel qui va engendrer l'inflation de l'imaginaire.

Si certains partent à la campagne pour se ressourcer, le narrateur, lui, cherche à se "vautrer" dans l'imaginaire... au risque de réveiller de bien sombres monstres qui sommeillent dans la "chambre du fond", lieu de tous les possibles, lieu de l'inhumain en devenir. Car cette présence qui donne son titre au recueil, c'est celle d'un étrange personnage au faciès de clown, mais qui peut aussi porter bien d'autres masques.

Ce très beau texte inaugure une nouvelle collection de la maison d'édition Les Allusifs, Les Peurs. Dans un court texte, un auteur doit évoquer l'une de ses peurs. Ici, Pierre Jourde évoque celle des maisons vides. Le récit est émaillé d'instants aux frontières du fantastique. La terreur irrationnelle qui habite l'écrivain se développe à la nuit tombée, ce qui teinte l'ensemble d'un onirisme certain. Il sait à merveille faire parler les rais de lumière, les grains de poussière et les traces du temps jadis. Il se livre ici avec pudeur, dans un texte à l'écriture fort littéraire, comme je les aime...


Lien : http://bruitdespages.blogspo..
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Le Tibet sans peine

Je partais dans l'optique de lire un vrai récit de voyage tel que nous les connaissons, tel un journal de bord ou des souvenirs... Au départ, je n'ai pas vraiment fait attention à la forme employée, au style et j'ai commencé à engloutir les pages.

J'aime beaucoup d'ailleurs l'écriture de Pierre Jourde et vous en copie un petit passage :

_« Pourtant, entre les rochers, sur les rochers, grouillent des centaines de corps enveloppés dans de longues couvertures brunes, ou bien presque nus. Des hommes dressés, infiniment maigres, le regard fiévreux sous les longs cheveux bouclés. De vieilles femmes accroupies qui semblent avoir été modelées dans la poussière. Ils nous regardent passer comme des troupeaux de pingouins dévisageant l'explorateur antarctique, comme des ascètes bibliques laissant passer la caravane du monde, comme les survivants d'un désastre. » _
Lien : http://www.ciao.fr/le_Tibet_..
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Le voyage du canapé-lit

Lors du décès de sa propre mère, la mère de Pierre Jourde, qui a eu toute sa vie une relation exécrable avec cette femme égoïste, décide de ne conserver de cet héritage encombrant qu’un antique et inconfortable canapé-lit. Elle demande à ses deux fils de le transporter dans la maison de famille en auvergne. Ce souvenir d’une relation conflictuelle trouvera sa place dans cette maison où s’entassent déjà aux yeux de ses fils maints objets inutiles.



C’est donc le prétexte pour les deux frères et la belle-sœur à se retrouver coincés pendant un long trajet dans une camionnette de location, et surtout le prétexte à égrener des souvenirs. Souvenirs en particulier de la relation apparemment assez compliquée entre les deux frères. Et l’auteur de les égrener page après page ces souvenirs, de voyages – l’Inde, un coiffeur grec rencontré dans les rues de Londres – de chutes, de maladies, d’ennuis gastriques, de conflits familiaux ou professionnels, avec entre autre une scène où apparait Christine Angot perdue dans quelques salon littéraire de province.



Est-ce là une thérapie familiale sur fond de canapé ? Il semble qu’avec Pierre Jourde, le décès d’un proche soit un excellent déclencheur pour une introspection intime à partager avec le lecteur. Ce roman est me semble-t-il écrit au décès de sa mère. Son roman précédent était empreint de tristesse, celui-ci se veut franchement désopilant. Winter is Coming était un roman difficile, tellement intime, tellement tragique en un sens. J’imagine qu’il n’est pas aisé de se remettre à l’écriture à la suite de ce deuil, alors pourquoi cet autre livre sur la famille ?



chronique complète en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/02/28/le-voyage-du-canape-lit-pierre-jourde/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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