Avec Gerard Guerrier pour son livre Eloge de la peur aux éditions Paulsen (préface Bertrand Piccard). Au Salon du livre de Genève à Palexpo avec le Club du Livre https://club-livre.ch
Pour mieux comprendre ces peurs choisies, Gérard Guerrier s'est tourné aussi bien vers des philosophes que vers des neuroscientifiques et des psychiatres. Surtout, il s'est entretenu de longues heures avec de nombreux aventuriers et sportifs de l'extrême, comme Isabelle Autissier, Pierre Mazeaud, Géraldine Fasnacht, Loïck Peyron, Stéphanie Bodet, Bertrand Piccard. Ici, philosophes et sociologues, base-jumpers et freeriders, explorateurs, montagnards et marins dialoguent par-delà l'histoire et la géographie, le temps et l'espace sur la peur, leurs peurs. Et, comme en la matière, rien ne vaut l'intime, Gérard Guerrier nous livre également ses peurs vécues... de la simple appréhension à la terreur pure.
REMERCIEMENTS
SALON DU LIVRE DE GENEVE @salondulivregeneve http://www.salondulivre.ch Laurence Brenner, Maud Couturier
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Manuela Nathan @Manuela.nathan , Aurelie Garcia @aurelieautheatre , Williams Mouriere, Yves Jaques, Michael Bouvard @Michael_Bouvard
Interview de l'Auteur : Manuela Nathan
Prod/Post-prod Interview de l'Auteur : Williams Mouriere, WM Productions
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Ce jour fur merveilleux. Longueur après longueur, je vivais la lutte de Comici, des frères Dimaï. Quelle paroi magnifique ! Passages difficiles, surtout la sortie des difficultés où l'on m'avait indiqué une corde que je ne trouvais pas : le vent la jetait à l'horizontale. Sans prise, sans assurance, je fis un rétablissement désespéré qui me sortit finalement du vertical et des difficultés. Ensuite, j'eus le cœur serré, vers la traversée sommitale, pensant au récit du jeune Allemand tombé quelques années auparavant. Pas un pas sans histoire...
Rapidement, marchant ensemble, c'est le sommet, la traversée de l'arête et l'arrêt au Bâton Wicks pour jouir de notre course. Moments merveilleux que la fin d'une première, sécurité, joie, amitié !...
Que seraient les hommes s'ils n'avaient pas de passion ?
Là, en altitude, il n'y a plus de barrières. Les hommes se livrent tels qu'ils sont. Même les sentiments les plus secrets apparaissent. Quelle expérience humaine que de passer ainsi plusieurs mois avec les camarades que l'on croit connaître et qui se révèlent souvent différents dans la souffrance, dans l'ennui ou dans la joie !
Sans avoir eu besoin de parler, hors les mots techniques nécessaires, nous étions amis ; amitié scellée rapidement par ces premières difficultés vécues ensemble.
Je me trouve seul, bonheur exceptionnel en ce lieu fantastique, personne ne pouvant me rejoindre des camps inférieurs car les conditions sont encore trop mauvaises.
Alors seul, je pense. Que faire d'autre, seul dans sa tente pendant des heures si longues ? Bien sûr, je lis, je tombe sur l'un des Rois maudits − mon ami Druon s'étonnerait peut-être de savoir que je l'ai lu à 6 400 mètres !
Que de nuits merveilleuses passées en ce camp 1. Il nous arrivera de comparer notre tente au Hilton et notre imagination nous conduira à donner des noms à tous les camps futurs, y compris le 6, qui ne verra cependant jamais le jour, et qui pourrait s'appeler «Sheraton Everest » avec vue imprenable, piscine, bain de soleil − artificiel si besoin est.
Il entre de l'orgueil dans notre démarche, oui, mais il y a tant d'autres sentiments, tant d'autres motivations. Seule parfois la souffrance peut nous faire hésiter. Alors le souvenir de nos camarades disparus nous rappelle les réalités : ils ont donné leur vie, non point par orgueil, mais par amour pour ce qu'ils faisaient, aussi par goût du risque, aussi l'ivresse de vaincre...
Hormis nous-mêmes, les sherpas et les porteurs, c'est toute une population qui, au courant de l'expédition, vient voir le toubib. Que de maladies, parfois graves, que de blessés pour Jean-François. Il soigne, il opère -nous espérons qu'il guérit. Combien le Népal a besoin de médecins. Je pense que là, dans ce domaine notamment, la France pourrait jouer un rôle éminent.
L'Everest nous usera totalement, nous prendra tout. Nous devenons fous. Je peux dire que pour la première fois j'ai eu peur...