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3.92/5 (sur 6 notes)

Biographie :

Professeur à l’Université de Gand en Belgique en littérature française, Pierre Schoentjes a fait de l’ironie et de la représentation de la Grande Guerre ses sujets de prédilection. Ses premiers travaux ont en effet porté sur l’ironie dans l’œuvre de Proust intitulés Recherche de l’ironie et ironie de la Recherche, où il étudie les rapports entre l’ironie, la subjectivité et la vérité. Suivra en 2001 Poétique de l’ironie. Ne se cantonnant pas au domaine littéraire ou celui du verbe, il étend son domaine de recherches aux conversations quotidiennes, aux situations de la vie et se confronte également à la psychanalyse, la philosophie, l’histoire.
Par ailleurs, il se passionne pour le traitement littéraire de la Première Guerre mondiale, prouvant avec Fictions de la Grande Guerre : variations littéraires sur 14-18, que le roman oscille entre le récit de la barbarie des conflits et, par contraste, la sublimation des opérations d’artillerie.
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Source : Etonnants Voyageurs
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Conférence de Pierre SchoentjesUn cycle de rencontres explore les questions écologiques portées par la littérature, dans le prolongement du Prix du roman d'écologie décerné depuis 2018. Des écrivains et des philosophes y évoquent l'inspiration écologique et la littérature engagée, ou encore l'histoire des liens entre littérature et écologie, depuis la tradition américaine de la wilderness jusqu'aux écritures contemporaines. Pierre Schoentjes, professeur à l'université de Gand, revient sur les liens qui unissent littérature et écologie.


Citations et extraits (10) Ajouter une citation
Dans sa recherche de vérité, la maïeutique ne craint pas d'user, voire d'abuser, des ficelles de l'art oratoire. Dans ce contexte, l'ironie est une des techniques les plus efficaces : la fausse naïveté est redoutable parce qu'elle fait baisser la garde à l'adversaire. Socrate tire sa force du fait qu'il feint la faiblesse.
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La question centrale demeure : le roman a-t-il quelque chose à apporter à la cause environnementale dans une époque où l’image est omniprésente et apparaît comme le moyen de sensibilisation le plus efficace ? Un film touche un public infiniment plus large qu’un livre et certaines œuvres cinématographiques, documentaires ou fictions, n’ont rien à envier sur le plan artistique à la meilleure littérature. À cela s’ajoute que quiconque cherche à se familiariser avec la problématique environnementale trouve sur le Net des renseignements précis, souvent bien structurés et qui relayent les constats – et les inquiétudes ! – des scientifiques spécialisés. L’action concrète, quant à elle, est facilitée par l’existence de nombreuses associations, nationales ou internationales, qui fédèrent les bonnes volontés dans les domaines les plus divers de la protection de l’environnement.
Si ce n’est à l’évidence pas le roman qui sauvera le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui, l’on veut croire que la littérature peut peser en raison de sa capacité à faire levier sur un imaginaire qui se développe dans le temps long. Son rôle pourrait d’ailleurs être d’autant plus central dans les années à venir que les sciences humaines, qui ont un temps accompagné les grands mouvements réformateurs, traversent aujourd’hui une crise. Triomphantes dans les années 70 à l’époque du structuralisme où elles touchaient un public bien au-delà du monde académique, elles peinent dorénavant à se faire entendre. Si l’on excepte l’histoire – domaine qui depuis les années 90 est devenu un enjeu commercial majeur et dans lequel les publications ne cessent de se multiplier – les sciences humaines ne font plus recette. Comme dans le même temps notre société de la connaissance en est venue à valoriser surtout les disciplines STEM (science, technology, engineering, mathematics), les passerelles entre la recherche scientifique, le monde de la pensée et celui de l’art sont moins nombreuses que naguère.
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Devant un mur des abeilles aux alvéoles inoccupées un promeneur inquiet interprétera le vide comme l’indice de la mort annoncée de l’espèce, voire de la disparition de l’humanité s’il prête foi à la prophétie attribuée à Einstein qui accordait quatre ans à l’homme après la disparition de la dernière abeille. Un observateur moins pessimiste ou plus volontaire aura le désir de redonner vie aux ruchers. Pareille démarche se met d’ailleurs actuellement en place à La Poëmellière, près de Saint-Lô, où un des plus grands apiers de France est en cours de réhabilitation.
Mais l’imaginaire peut embrayer sur d’autres associations encore. Par sa forme, le mur des abeilles fait en effet puissamment penser à des rayons de bibliothèque en attente de livres. L’étude que l’on va lire s’est attelée à cette tâche de remplissage : le lecteur découvrira dans chaque alvéole tantôt une problématique, tantôt un auteur, un roman ou un récit spécifique. À la différence des apiers, notre mur des livres ne sera évidemment pas linéaire mais répondra à une construction plus complexe. Contrairement encore au mur des abeilles, qui voit les insectes revenir toujours vers leur propre ruche, nous considèrerons qu’aucun livre n’est clos sur lui-même et qu’il importe de donner toute leur place aux réseaux qui se tissent entre les œuvres. Les lectures croisées seront donc nombreuses et une même œuvre pourra apparaître dans différents chapitres, considérée à chaque fois sous un angle différent.
Soucieux d’écologie, l’étude qui suit n’est pour autant pas militante. Plutôt que de chercher à convaincre, elle s’efforcera de rendre visible l’éventail complexe de sens que toute littérature digne de ce nom déploie.
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Ce topos de la rencontre les yeux dans les yeux, décliné depuis longtemps aussi bien par la littérature romanesque que par des témoignages, prend aujourd’hui une valeur particulière. »
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Les romanciers disposent de plus de latitude que les essayistes ou les militants pour problématiser le recours à la violence dans une perspective écologiste. Ils sont moins susceptibles de se voir accuser de faire l’apologie de la violence, même quand ils affichent une complicité avec l’action de leurs personnages. Toutefois, à notre époque de terrorisme islamiste unanimement condamné, l’exercice reste malgré tout plus délicat qu’il y a cinquante ans et plus. À l’époque, le contexte idéologique pouvait, on l’a vu, légitimer l’action brutale voire meurtrière dès lors qu’elle était au service de l’autodétermination de peuples colonisés ou d’une plus grande justice sociale. L’écologie n’est pas une cause suffisamment partagée pour que des militants puissent s’autoriser d’elle pour conduire des actions violentes, fût-ce dans l’univers imaginaire du roman.
Les fictions engagées dans l’écologie et qui cherchent à faire une place à la violence cherchent donc des moyens détournés pour l’aborder. Ferney refuse la violence envers les personnes : même si Watson a coutume de demander à ses équipages qu’ils soient disposés à donner leur vie pour une baleine, la vie des grands mammifères marins ne justifie en aucun cas la mort d’un matelot sur quelque navire-usine de la flotte baleinière japonaise ou norvégienne.
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Ainsi, une profondeur historique plus grande nous aide non seulement à rendre compte de l’émergence progressive d’une conscience environnementale en littérature, elle nous garde aussi du présentisme dans lequel versent certaines approches de la littérature de l’extrême contemporain. La distance incite également à prendre la mesure de la plasticité idéologique de l’engagement environnemental. L’histoire de la réception de certaines oeuvres et l’évolution personnelle des écrivains illustreront la complexité qui caractérise la manière dont la défense de la nature s’inscrit dans l’univers romanesque. Le retour aux années 30, 40 et 70 sera aussi l’occasion de noter que le progressisme, que nous associons spontanément à l’écologie, ne s’est pas toujours défini selon les lignes qui nous apparaissent évidentes aujourd’hui.
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Chacun des écrivains cités à tourné le dos à l’illusion lyrique qui permettait aux romantiques, mais aussi encore à Giono de célébrer la nature en restant aveugles à la misère sociale et à celle des animaux, deux des fléaux du 19e siècle. Si certaines écritures contemporaines peuvent néanmoins parfois être qualifiées d’arcadiennes, ce n’est jamais dans un sens qui réactiverait l’idée de paradis perdu mais bien celle qui implique un partage de la nature, et qui inclut le principe de solidarité.
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Notre enquête s’efforce d’interroger ce lien avec les animaux, devenu plus ténu au fil du temps, à partir d’une scène particulière : celle dans laquelle le regard d’une femme ou d’un homme s’attache à celui d’une bête, la confrontation muette et immobile qui rapproche brièvement mais avec une intensité particulière un animal humain est un animal non humain.
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Le miel du matin est une joie pour toi ... quand il arrive sur la table mais il faut en laisser aux avettes endormies si tu veux que ta joie se renouvelle et demeure. Elle demeurera si tu sais entretenir la vie autour de toi; souviens-toi que les dieux la soumettent à ta puissance d'amour. (p.10-11, citation de Giono, Les Vraies Richesses)
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Or, c’est aussi par le contact direct avec les animaux que nous nous définissons comme êtres humains, en prenant conscience de ce qui nous lie à eux et de ce qui nous différencie
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