"_Ne t'inquiète pas trop, dit-elle. Les gens qui s'aiment vraiment finissent toujours pas se retrouver.
_Tu en es sûre ?
_Non, mais je préfère croire que c'est vrai, dit-elle avant de l'embrasser une dernière fois."
"_Vous allez me manquer. Je vous aime bien, avait-elle dit.
Soudain, les derniers mots de la gardienne avaient ressurgi.
Ces mots ne pouvaient être sincères. Personne ne pouvait l'aimer, après ce qu'il avait fait. Sienne les avaient prononcés par compassion, peut-être même par pitié.
Je vous aime bien.
Sam ne se sentait pas prêt à l'entendre, encore moins à l'assumer. Il devait rester seul, marcher, jusqu'à ce qu'il retrouve cette petite estime de soi qu'il avait perdue."
"La seule chose réellement importante, c'est l'harmonie. Etre en harmonie avec soi-même. Avec l'univers. Pouvoir sourire à son reflet dans le miroir, quand on en a un. Par-delà le bien et le mal, comme le disait Nietzsche. Nous sommes tous pareils et tous différents."
"Durant sa longue incarcération, Sam avait renoncé à toute forme de sexualité, ou même de tendresse. Il avait enfoui ses désirs au plus profond de son être, en attendant des jours plus propices. Depuis sa libération, il vivait avec l'angoisse de ne plus rien ressentir, de ne plus savoir comment s'y prendre. Il ignorait ce qu'il devait dire et ne pas dire, faire et ne pas faire, pour séduire une femme et obtenir ses faveurs. Il se sentait terrorisé à l'idée de ne plus jamais plaire autant qu'à l'idée de plaire."
"A chaque pas, Sam sentait son cœur battre plus fort contre sa poitrine. Le début de sa nouvelle vie se trouvait là, devant lui, une nouvelle vie qui l'attirait autant qu'elle l'effrayait."
"_Je te dois des excuses, Sam, dit le vétérinaire. Je sais que je n'ai pas été très accueillant avec toi. En fait, je me méfie toujours des gens qui débarquent dans ce genre d'endroit. Souvent, ce sont des profiteurs qui veulent se rapprocher des animaux sans savoir qui ils sont vraiment.
_Et qui sont-ils pour toi ?
_Des êtres vivants complexes et sensibles. Des êtres vivants fragiles qu'il faut apprendre à connaître avant de les approcher. Des êtres vivants qu'il faut respecter en toutes circonstances."
"_Ici, j'ai tout ce qu'il me faut, continua-t-elle. J'ai des livres, de la musique, enfin, d'habitude j'ai de la musique. J'ai de quoi manger, de quoi boire, je vie au milieu d'un décor fabuleux, dans lequel je me promène, presque tous les jours. J'ai de la visite, de temps en temps. Des connards parfois, mais une majorité de gens sympas, ouverts et qui sont contents d'être là. Et en plus, tous les mois, on me donne un peu d'argent pour être là. Comme disait mon grand-père, c'est la vie de château, pourvu que cela dure."
"Pour y parvenir, il était prêt à se battre, à trimer, à apprendre, à enfoncer des portes. Une seule qualité essentielle lui manquait, la patience, une vertu qui lui aurait évité de chercher à brûler les étapes et de s'engager parfois dans des raccourcis dangereux."
"_Si vous me dites comment vous avez fait ça, dit-il, vous êtes mon invité.
_Vous savez garder un secret ? dit Sam après s'être penché vers l'aubergiste.
_Bien sûr ! répondit-il, sûr de lui.
_Moi aussi, murmura Sam, un sourire faussement embarrassé aux lèvres."
"_Je ne t'ai même la posé la question, dit Jo en donnant à Sam les clés du 4X4 de la Réserve. Tu sais conduire au moins ?
_En théorie, oui. Mais je manque forcément de pratique.
_Fais gaffe. La caisse est indestructible, mais pas toi."