Jobie Hughes

- […] S’ils ne veulent pas que vous appreniez à connaître les humains, c’est parce que ça deviendrait plus dur pour vous de les tuer. C’est comme avec moi.
- Comment ça, c’est comme avec toi ?
- Je veux dire que tu m’aimes bien, au fond. Ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient, en t’envoyant ici. Si tu avais su tout ça sur moi plus tôt, est-ce que tu aurais quand même voulu me tuer ?

Je rejoins le motel à pied, en faisant de mon mieux pour effacer mon sourire de victoire. Pendant une seconde, je ressens l’envie puérile de me vanter de mes exploits auprès de ma Cêpane, bien qu’elle m’ait formellement interdit de jouer. Malgré moi, j’accélère la marche, et c’est presque au pas de course que je rejoins notre chambre, prête à fanfaronner.
La porte n’est pas verrouillée et je la pousse vivement en souriant toujours comme une idiote.
Pas pour longtemps.
Il y a dix hommes dans la pièce – des Mogadoriens. Katarina est ligotée à la chaise, un bâillon dans la bouche et du sang sur le front. Lorsqu’elle m’aperçoit, ses yeux se remplissent de larmes.
Je songe d’abord à m’enfuir, mais c’est alors que je les vois. D’autres hommes, dans des voitures ou simplement debout au milieu du parking. En tout, il doit y avoir une trentaine de Mogs.
Nous sommes piégées.

"Je sais que pour elle, je serai toujours Six. Dans mon cœur aussi. Ces pseudonymes successifs ne sont que des coquilles vides, ils ne reflètent pas mon intériorité. Je suis certaine que, sur Lorien, j'avais un nom, un vrai, et pas juste un numéro. Mais ça remonte à si loin, et entre-temps j'ai tellement changé d'identité que je ne me le rappelle pas. Six, voilà mon vrai nom. Voilà qui je suis."

Des années se sont écoulées.
J'ai mené une vie instable, sans cesse en mouvement, de ville en ville. Je fuis tout lien et tout échange pour me concentrer sur mes facultés de combat et mes Dons. Après l'invisibilité, c'est la télékinésie qui s'est manifestée puis, ces derniers mois, j'en ai découvert un nouveau : je peux maîtriser et manipuler la météo.
Je me sers peu de celui-là, car c'est surtout un bon moyen d'attirer l'attention, ce que je dois à tout prix éviter.