Citations de Pramoedya Ananta Toer (100)
"nous donnons une part de notre vie aux sentiments, une autre à la sagesse, une autre encore à la bêtise ! Et après tout cela, notre vie... après tout cela nous l'abandonnons à la mort. Et tout le monde fait comme ça."
Un homme devient grand par la grandeur de ses actes, la grandeur de ses pensées et celle de son âme.
J’avais cru jusqu’ alors qu’entre gens instruits on ne se mêlait pas de la vie privée des autres. Quelle erreur. Sous la mince couche de vernis de leur éducation et de leurs connaissances transparaissait parfois une malveillance intrusive ancestrale apparemment indélébile.
…la jalousie suit ses propres lois, elle couve comme le feu dans la balle du riz. Qu’il reste ou non quelque chose à brûler, on sent la chaleur des braises.
Pénétrer le cercle des puissants, c’est entrer dans la jungle, Monsieur Minke. Ils se battent entre eux sauvagement et, quel que soit le nombre de leurs victimes, ils ne sont jamais satisfaits. Ils sont mus par une soif inextinguible. Ils ont le cœur sec comme le Sahara, l’océan même s’y assécherait.
La peinture, c'est de littérature en couleurs. La littérature, c'est de la peinture en mots.
Heureux celui qui ne sait rien. Les connaissances et la comparaison qui permettent à l’homme de se situer par rapport à ses semblables ne lui apportent qu’ anxiété.
(Pour moi c'est à méditer, même si l'expression a été dite dans d'autres circonstances)
…plus un individu est éloigné de toute position administrative, plus son esprit est libre et spontanément critique, tout simplement parce qu’il est plus vif à penser. Il est capable d’une plus grande productivité, de créativité et possède plus d’initiative. Il n’est ni limité, ni assombri par la peur d’être congédié.
Ceux qui sont intelligents s’efforcent de l’être encore plus, les riches cherchent à accumuler plus de richesses. Il n’y a pas de place pour la gratitude dans le cœur de personne. Tout le monde court après l’existence pour se grandir… Ils souffrent tous. Leurs désirs, leurs idéaux se changent en monstres qui font la loi dans leur vie.
… les choses seront toujours plus faciles si l’on suit la pente dans le sens du courant.
Le monde est ainsi fait. Il y a des hommes et des femmes, des supérieurs et des inférieurs, le ciel et la terre, des pauvres et des riches. Toi-même, ne t’a-t-on pas appris à l’école qu’à chaque mouvement s’attachent deux polarités, plus au moins…
La pitié est le lot des gens bien intentionnés incapables d'agir. Ce n'est qu'un luxe ou une faiblesse. Celui qui mérite l'admiration, c'est l'individu qui sait passer de l'intention à la pratique.
p 76
Assurément, les grands de ce monde ont besoin d’un auditoire et ils sont tous pareils. Quand ils commencent à discourir, ils se sentent importants, et plus importants encore quand ils négligent d’écouter les autres.
... nous donnons une part de notre vie aux sentiments, une autre à la sagesse, une autre encore à la bêtise ! Et après tout cela, notre vie...après tout cela nous l'abandonnons à la mort.
La vie peut tout apporter à qui s'ouvre avec curiosité à la connaissance.
p 96
… la fille ne savait jamais à l’avance si son futur mari était un homme jeune ou un vieillard qu’on n’avait pas jugé bon de lui faire rencontrer auparavant. Une fois mariée, il lui fallait servir cet inconnu, se consacrer à lui corps et âme sa vie durant, à moins que, lassé d’elle, il ne la répudie. Il n’existait aucune autre option. Criminel, ivrogne ou joueur, elle ne pouvait découvrir qui il était avant de l’avoir épousé. Bienheureuse celle dont le prétendant retenu par le père était un homme bon.
(Zulma, p.113)
…le pouvoir a un cœur et un visage bien particuliers. Il possède plusieurs couches de morale, dont il se départit en fonction de ses besoins.
Comme la vie est belle quand on n'est pas obligé de s'humilier devant autrui.
p 33
Mourir sans avoir donné sens à sa vie, c'était avoir vécu en vain. Mon esprit et mon corps étaient le seul fondement que je possédais où ancrer ma vie.
p 264
Tu as attrapé la maladie de l’ Europe, nak, la maladie de vouloir tout pour soi, exactement comme tu l’écris à leur sujet dans tes histoires…..Un jour tu as remarqué toi- même que pour les Européens dire merci n’était qu’une façon de parler, qu’ils n’y mettaient pas tout leur cœur.