belamri rabah p1`
Rabah Belamri, né le 11 octobre 1946 à Bougaa, dans la région de Sétif, en
Algérie, et mort le 28 septembre 1995 à Paris, est un écrivain algérien
Sofiane Belkadi
si dans tes yeux
la mer rallie les blés
je convierai la main
à cueillir le fruit d'ambre
sur ta peau
Ton odeur s'éloigne
la porte se ferme
l'espace resserre ses barreaux
sur le silence
dans la neige des mots
la maison est vide
ton nom seul dort
sous la cendre avec la braise
ton nom mûri de désirs
comme une prière de moisson
Le peu de vision qui lui resta jus qu 'à ce jour d' octobre où son père rapporta du souk un bâtonnet de sulfate de cuivre .Hassan se cabra , puis , cédant aux prières de sa mère qui lui demandait d 'essayer rien qu' une fois pour voir , il passa le bâtonnet entre ses paupières longuement , méticuleusement ,comme s' il voulait provoquer l' irréparable ,sortir de la nébuleuse où il se trouvait depuis neuf mois , entrer franchement dans '
l' opaque puisque guérir s'avérait impossible .L 'effet fut foudroyant : les yeux de Hassan se mirent à couler comme des sources et ,peu à peu ,la nuit se posa sur les paupières, vaste ,traversée par un serpent de turquoises qui semblait relier le ciel à la terre ,qui dansait .Au fil des jours , le noir absorba
le serpent bleu et vert libéra une myriade de points de lumière insaisissable.
-C' est péché de croire ce que racontent ces voleurs .Comment ces mécréants pourraient-ils entrer dans les desseins de Dieu ! ( page 173 )
Le lendemain, en ouvrant le coffre, la princesse s'étonna : le petit oeuf avait grossi au point de doubler de volume. Il continua à grossir et, au bout d'une semaine, il devint aussi volumineux qu'un oeuf de dinde. Un jour, pendant que Hind le regardait, la coque se fendit et il en sortit un serpent mince et long. La princesse, effrayée, voulut appeler au secours, mais le serpent, agile, s'enroula autour de son cou.
- Si tu cries, je t'étrangle. Je suis le malheur que tu as acheté pour une mesure de semoule. Tu dois me servir jusqu'à ta mort, car je suis ton maître
- Ne me tue pas, serpent, je ferai ce que tu désires.
dans la maison
mon père est étendu sur la natte
frêle comme un chagrin d'enfant
le jardin dort sous la fenêtre
sur sa gorge couverte de cendres
le soir pose un songe d'eau
là-bas
entre l'oued et la falaise des désespérés
la tendresse de ma mère se mêle aux racines du thym
une mémoire de larmes me prend par les épaules
p.97
3
même le ciel des prophètes prend feu
à ta crinière
ô Boraq de désir
tes ailes bleuies d'audace
inversent l'œil de la mort
4
ce matin
l'île penche sous son poids de lumière
une fillette court sur la dalle des prières
je reçois les embruns de son rire
poème inédit (extrait 2)
Le guérisseur demanda vint-cinq mille -de quoi nourrir décemment une famille entière pendant un mois .Youssef qui faisait effort sur lui-même pour ne pas sauter à la gorge du charlatan ,ne discuta pas : il lui remit cinq mille et
le congédia sans cérémonie . Sa colère , il la retourna contre sa femme .
- Pourquoi prie-t-elle pour son retour ?
- Le sein, mon enfant. Le sein qu'il a tété lui a tout pardonné. Ainsi sont faites les mères. Leur foie saigne pour leurs enfants, fussent-ils des brigands, fussent-ils des ingrats.
se couvrir de mots magiques
comme le prince blessé d’amour
remonter le temps
par une route oblique
revenir au théâtre d’innocence
dans les racines de l’amandier
reprendre le geste
qui met le feu à l’âme