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Radio France
L’écrivaine et journaliste espagnole Almudena Grandes est décédée samedi 27 novembre à l’âge de 61 ans, victime d’un cancer.

« Nous perdons une des écrivaines de référence de notre temps. Engagée et courageuse, et qui a raconté notre histoire récente avec un point de vue progressiste. Ton souvenir, ton œuvre, seront toujours avec nous, Almudena Grandes », a tweeté le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez.

En 2010, elle s'était lancée dans un projet ambitieux en six volumes racontant les années d'après la guerre civile en Espagne.

Militant pour de nombreuses causes, les femmes ou encore l'aide aux migrants, elle avait pris en 2010 la défense du juge Garzon accusé d'avoir voulu enquêter sur les crimes amnistiés du franquisme, signant un manifeste avec le cinéaste Pedro Almodovar et le poète communiste Marcos Ana.
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Radio France
■ Madagascar : un concours de lessive pour la 'Journée des Femmes' fait des vagues.

A l’occasion de la Journée des droits des femmes, le 8 mars prochain, la Commune urbaine d’Antananarivo a organisé ce week-end un concours de lessive. Si l’initiative a été applaudie par les concurrentes, elle a aussi provoqué un tollé sur la Toile, avec des internautes qualifiant la compétition de « machiste et rétrograde ». RFI s’est rendue au lavoir d’Amparibe, en plein cœur de la capitale, pour savoir ce qu’en pensent celles dont c'est le métier.

Toute la journée, elles frottent, rincent, essorent. Dans la capitale malgache, elles sont quelques milliers de lessiveuses à laver une centaine de pièces par jour pour 1,60 euro environ.

Holiniaina et Lalao sont lavandières depuis vingt ans. Ce fameux concours de lessive, toutes les deux en ont entendu parler. « D’après moi, si on célèbre les femmes le temps d’une journée, ce devrait être pour les rendre heureuses, un genre de fête où on leur propose une activité inhabituelle comme du reboisement. Mais pas du travail comme tous les jours, estime Holiniaina. Cependant, j’aurais été contente de participer au concours, parce qu’en rapidité, je sais que je ne suis pas mauvaise. »

« Si j’avais eu du temps, j’y serais allée aussi, assure Lalao. Ce concours, pour moi, ce n’est pas quelque chose de négatif : ça met en avant notre métier. De toute manière, les gens qui critiquent, ce ne sont pas eux qui la font, la lessive. Ils pensent que c’est un mauvais travail, mais c’est un travail qui nous nourrit. »

Pour elles donc, le concours n’a rien de scandaleux ; elles ne se sont senties ni rabaissées ni discriminées. Sur les réseaux sociaux, si certains ont qualifié l’initiative d’originale, beaucoup en revanche l’ont vertement critiquée.

Cette internaute se désole, par exemple, de l’association faite entre ce concours et la journée du 8 mars. « Je trouve ça vraiment, vraiment inadmissible, déplore-t-elle. Comme si ça voulait dire que nous, les femmes, tout ce qu’on sait faire, c’est la lessive ou la cuisine. Franchement, ils auraient pu proposer un autre type de concours. Je pense qu’on n’a jamais vu ça nulle part ailleurs. Il n’y a qu’à Madagascar qu’on peut proposer un concours de lessive pour célébrer les femmes. »

Choc générationnel ? Choc de classes sociales ? Un peu des deux sans doute. En attendant, les prix seront remis aux gagnantes ce vendredi 8 mars par Madame la maire de la capitale.

• article de RFI, 05/03/2019
>> http://www.rfi.fr/afrique/20190304-madagascar-concours-lessive-journee-femmes-vagues
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Radio France
■ Barbe Bleue : le féminicide dans la culture populaire
- par Elsa Mourgues - France Culture, 06/04/2021
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Vieux de plus de huit siècles, Barbe-Bleue n’en finit pas de terroriser ses lecteurs. Et pour cause : secret, punition, trahison, suspense, violence... Les éléments (presque) parfaits d’un conte pour enfants.
Mais ce qui se cache derrière cette sombre histoire de féminicides nous aide à comprendre comment la culture populaire représente la violence conjugale et l’initiation sexuelle des jeunes femmes.
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• Henri VIII, Gilles de Rais, source d'inspiration ?
"C’est un encouragement je trouve ce conte, dans une lecture contemporaine. C’est un encouragement à prendre notre destin en main."
Elisabeth Lemirre, autrice, spécialiste des contes
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Vous connaissez peut-être La Barbe bleue de Charles Perrault, écrivain à la cour de Louis XIV, connu pour ses contes merveilleux. Dans sa version, une jeune fille épouse un homme laid et riche. Alors qu’il s’absente et lui interdit d’ouvrir une pièce du château, elle enfreint la règle et découvre les corps pendus de ses précédentes épouses.
Une légende populaire y voit une inspiration royale. Car vers 1500, Henri VIII, roi d’Angleterre, a eu six épouses et en a tué deux, exécutées par décapitation. Une histoire vraie connue de Charles Perrault.
Autre origine souvent prêtée à Barbe Bleue : Gilles de Rais, baron du XVème siècle, pédocriminel et tueur d’enfants.
"Il tuait des enfants lors de pratiques magiques dans son château de Tiffauges. Mais ça n’a rien à voir et certainement Perrault ne s’est pas référé à Gilles de Rais. Mais c’est vrai que ça a beaucoup circulé."
Elisabeth Lemirre, autrice, spécialiste des contes
Cet amalgame entre ce baron et Barbe Bleue s’est construit au XIXe siècle dans l’Ouest de la France. Les actes du baron étaient tellement effroyables qu’ils se sont installés dans l’imaginaire populaire.
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• Des origines bien plus anciennes.
En réalité, les origines de Barbe Bleue sont beaucoup plus anciennes et ont une double référence :
- une chanson médiévale, La Maumariée ou La Mal mariée, qui retrace l’histoire d’une femme battue
- et surtout une référence à un ancien conte oral qui circulait au Moyen Âge : l’histoire d’un cheval blanc qui tue ses femmes, la dernière découvre les corps démembrés de ses sœurs dans une pièce qui lui est interdite.
On retrouve plusieurs similitudes entre les deux versions comme la clé tachée d’un sang ineffaçable, preuve de la transgression de la jeune épouse.
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"À l’époque de Perrault il y a beaucoup de lettrés qui s’inspirent de la matière orale pour écrire et publier des contes. Mais Perrault, ses versions à lui ont été les plus gardées et les mieux diffusées, soit par le colportage, soit par les images d’Épinal. Parce qu’il a su garder l’épine dorsale du conte, les formules fortes. Alors que les autres lettrés de son époque, du XVIIe siècle, ont dilué ça en les mettant à la mode de la cour ou des lettrés auxquels ils s’adressaient." Elisabeth Lemirre, autrice, spécialiste des contes
La réécriture de Charles Perrault s'est très largement diffusée, à tel point que les animaux des versions orales ont adopté petit à petit le physique de Barbe Bleue. La barbe noire aux reflets bleus comme un corbeau est perçue comme un dernier signe de son animalité.
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• Initiation sexuelle.
Traditionnellement, ces histoires étaient racontées lors de veillées auxquelles assistaient adultes et enfants. La publication de Perrault s’adresse aux adultes lettrés, à la cour, et aux jeunes filles.
"L'interprétation je crois qui est la plus admise est celle de l’initiation sexuelle des femmes. Il semble bien que la chambre interdite, dans laquelle on ne peut rentrer, c’est le corps de la femme, le corps de la femme que seul le mari qui en a la clé peut ouvrir. À l'époque, les femmes devaient leur initiation au seul mari." Elisabeth Lemirre, autrice, spécialiste des contes.
En désobéissant, en transgressant l’interdit et pour la version orale, en sauvant ses sœurs, la jeune épouse s’affranchit de l’autorité de son mari et prend son destin en main.

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>> https://www.franceculture.fr/litterature/barbe-bleue-le-feminicide-dans-la-culture-populaire
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Radio France
■ Qu’appelle-t-on le "confort" aux XVIIe et XVIIIe siècles ?
émission du 8 juillet 2022 (première diffusion le vendredi 14 janvier 2022
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Résumé : Une des préoccupations majeures de la société occidentale du XVIIe et du XVIIIe siècles consistait à fournir aux foyers l'éclairage, le chauffage et l'eau courante. Ces apports triviaux en apparence ont été essentiels pour inaugurer un nouveau mode de vie fondé sur une certaine idée du confort.
Avec : Stéphane Castelluccio (historien de l'art, chargé de recherche au Centre André Chastel (CNRS)).
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C'est dans l'ouvrage intitulé Tableau de Paris, paru en 12 volumes entre 1782 et 1788, que l'écrivain Louis-Sébastien Mercier nous fournit un témoignage fondamental pour comprendre les difficultés quotidiennes auxquelles étaient confrontés les habitants de la capitale en matière d'urbanisme et d'hygiène. Cela nous démontre également que la notion de confort est relative à l'époque dans laquelle on vit et qu'elle n'est devenue un paradigme qu'au fur et à mesure que le progrès technique s'est mis en place dans tous les pans de l'existence, modifiant en profondeur nos modes de vie. Ainsi, le seuil de tolérance à l'obscurité, au bruit ou au froid était bien supérieur au XVIe siècle qu'au nôtre, puisque les populations devaient s'accoutumer à de très faibles niveaux d'éclairage et à l'absence de chauffage au gaz. Une certaine forme de résignation religieuse induisait d’accepter le monde tel que Dieu l’avait créé, jusqu'à ce que de nouvelles représentations du monde émergent, à la fin du XVIIème siècle, sous l'influence notamment du progrès scientifique et technique. Ce que nous prenons pour acquis constituait à l'époque un luxe qui exigeait un savoir-faire particulier, comme le principe de la combustion d’une matière végétale ou animale pour les chandelles ou la maîtrise du feu de bois, du charbon de bois ou encore du poêle pour le chauffage. En ce qui concerne l'eau, on comptait au XVIIIe siècle environ vingt mille porteurs d’eau, qui travaillaient du matin au soir et montaient deux seaux pleins, du premier au septième étage et parfois au-delà…
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>> https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/sans-oser-le-demander/qu-etait-le-confort-aux-xviie-et-xviiie-siecles-7858478
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Radio France
■ En quoi Fifi Brindacier incarne-t-elle le féminispunk, libéré des effets de mode et du conformisme ?
Au micro de Marie Sorbier, l'autrice Christine Aventin revient sur ce personnage né dans les années 1940 et ses apports à la pensée féministe.
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Fifi Brindacier, la fille la plus forte du monde qui vit sans adultes, est née sous la plume de la Suédoise Astrid Lindgren dans les années 1940. C'est aujourd'hui l'autrice Christine Aventin qui s'empare du personnage comme avatar du féminispunk. Dans son essai 'FéminiSpunk' - Le monde est notre terrain de jeu' (Editions Zones, 2021), Christine Aventin alerte sur la manière dont certains termes peuvent devenir plus conformistes qu'anti-conformistes.
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• En quoi Fifi Brindacier incarne-t-elle un féminisme libéré des effets de mode ?
• Je voulais au départ écrire un livre sur le féminispunk, sans trahir notre histoire, sans donner des outils à l'ennemi, tout en invitant d'autres femmes qui ne sont pas de ces milieux à nous rejoindre. Fifi Brindacier est pour moi un avatar expérimental qui me permet de parler de nous en ayant l'air de parler d'elle. (Christine Aventin)
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• Fifi Brindacier est créée par l'autrice suédoise Astrid Lindgren en 1943, lorsque sa fille, souffrant d'une pneumonie, lui demande de lui raconter l'histoire d'un personnage dont elle invente le nom : Pippi Långstrump, qui se traduit en français par "Pippi longues chaussettes".
• Dès 1943, dans la trilogie des romans Fifi Brindacier d'Astrid Lindgren, tout est là : l'anti-autoritarisme, l'anti-racisme, l'antispécisme, l'anti-âgisme, une égalité des genres qui ne se nomme même pas ainsi parce qu'on soit fille ou garçon, on est juste un être humain avec ses audaces, ses forces, ses faiblesses et sa vie à mener. Dans le secteur très particulier de la littérature jeunesse destinée aux petites filles, c'est un coup de maîtresse qui ne s'est jamais reproduit. (Christine Aventin)
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• Hachette, l'éditeur français de Fifi Brindacier, a beaucoup édulcoré la charge subversive de ces romans. Par exemple, le personnage connu sous le nom du Grand Hector s'appelle en réalité, dans la version originale, le Grand Adolphe. Pourquoi cette volonté d'Hachette de nier la portée politique et féministe de ce texte de la littérature jeunesse ? En tant que Belge, Christine Aventin estime que les Français ne sont pas aussi perméables aux influences venues d'ailleurs que leurs voisins et qu'ils font plutôt preuve d'un certain orgueil culturel. Phénomène qui se caractérise pour les éditions Hachette comme une nécessité de faire rentrer le personnage de Fifi Brindacier dans les normes d'une culture cartésienne et d'une langue académique. Il s'agit non seulement de raboter le côté subversif du personnage, mais aussi d'apposer des critères esthétiques à l'apparence et à la manière de s'exprimer des personnages. Outre le Grand Adolphe devenu le Grand Hector puis Arthur le Costaud, d'autres détails ont été modifiés, comme par exemple le plat préféré de Fifi Brindacier. Dans la version originale, il s'agit de la crème à la rhubarbe, ce qu'Hachette a transformé en fraises à la crème.
• Pour cet éditeur qui représente quelque chose dans le territoire de la littérature jeunesse francophone, il y a comme une impossibilité de faire de la place à ce qui paraît bizarre. Même dans les goûts alimentaires de Fifi. (Christine Aventin)
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• Alors que les réunions non-mixtes provoquent aujourd'hui des débats houleux, Christine Aventin en donne avec la figure de Fifi Brindacier une justification festive, déployant le concept de "non-mixité festive". Le personnage créé par Astrid Lindgrenest féminispunk parce qu'elle occupe un territoire culturel disqualifiant, moins légitime et associé à moins de pouvoir financier et symbolique que d'autres domaines : la littérature jeunesse. Notamment à une époque où la littérature jeunesse est séparée en deux clans distincts, dont la bibliothèque rose, spécifiquement destinée aux jeunes filles.
• En occupant ce territoire, Astrid Lindgren commet un acte d'activisme féministe. Elle met son cocktail molotov dans le rayon le plus disqualifiant de la culture populaire : la littérature spécifiquement destinée aux petites filles. A priori, il n'y a aucune chance qu'un petit garçon lise les romans Fifi Brindacier à l'époque de leur parution. Tout dans le design, les couleurs, la collection, indique que c'est pour une petite fille. (Christine Aventin)
(...)

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'Affaire en cours' par Marie Sorbier, France Culture, 7 avril 2021
>> https://www.franceculture.fr/emissions/affaire-en-cours
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Radio France
■ De quand date le phénomène des concerts de casseroles, en France ?
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Il remonte au début de la Monarchie de Juillet, dans les années 1830. Ce sont essentiellement les républicains, opposants au régime de Louis-Philippe, qui cherchent à faire entendre leur voix en empruntant en réalité à un rituel coutumier bien connu des ethnologues, qu’on appelle "charivari".
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Il visait depuis le Moyen Âge, au village, les mariages mal assortis, les veufs remariés avec des jeunes filles, qui étaient accueillis par un rituel d’humiliation fait d’un concert tonitruant de casseroles notamment, qui se terminait parfois par une amende, et une réconciliation à la fin du rituel.
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Dans ces années 1830, ce sont des députés proches du gouvernement de l’époque, gouvernement dit de résistance, de retour à l’ordre, et puis aussi des préfets, donc l’appareil d’État, qui sont visés par des concerts de casseroles sur l’ensemble du territoire. On observe même une véritable campagne nationale de charivaris pendant l’année 1832. Avec une centaine de charivaris qui durent plusieurs heures, se répètent parfois plusieurs jours consécutifs, et qui se déroulent essentiellement la nuit tombée, avec quelques dizaines de personnes dans le cas des rituels les plus mineurs, et parfois plusieurs milliers de personnes avec un écho véritablement national.
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'De la Monarchie de juillet à Emmanuel Macron, petite histoire de la casserole comme outil politique' - Hélène Combis, 20 avril 2023
• https://www.radiofrance.fr/franceculture/de-la-monarchie-de-juillet-a-francois-fillon-petite-histoire-de-la-casserole-comme-outil-politique-3995953
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Radio France
Comment adapter au cinéma le récit de l'emprise destructrice d’un auteur de 50 ans, adoubé par ses pairs et couronné par les prix littéraires avec une jeune fille de 14 ans ? Comment ne pas être voyeur ni aveugle ?
C’est toute la problématique du film de Vanessa Filho, qui avait pour lourde tâche de transposer sur les écrans 'Le Consentement' de Vanessa Springora, sorti en janvier 2020. Véritable choc littéraire et phénomène de société, celui-ci racontait la manipulation et l’abus de l'auteur Gabriel Matzneff alors qu’elle n’était qu’une adolescente, et racontait la question du consentement : être consentant empêche-t-il d’être abusé ?
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- Vanessa Filho est-elle parvenue à rendre toute la puissance du récit de Vanessa Springora ?
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L'avis des critiques :
- Antoine Leiris décrit un film très difficile à voir et à critiquer. En tant que spectateur, dit-il, c'est “un film qu’on n’a pas vraiment envie d’aller voir” en sachant ce qui va être montré. “La littérature peut raconter des choses que le cinéma peut simplement montrer" : alors que vouloir faire une adaptation littérale de ce livre nous amène selon lui à regarder quelque chose "d'immonde”, le livre de Vanessa Springora permettait d'entrer dans l'intimité du cerveau de l'adolescence abusée.
- Charlotte Garson souligne que “le cinéma ne doit pas être une espèce de voiture-balai des succès littéraires et des succès de témoignage”. Si on fait un film, ajoute-t-elle, il faut une nécessité et être à la hauteur du sujet. Ici, elle pointe notamment une recherche superficielle et peu substantielle.
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https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture/debat-critique-le-consentement-adapte-au-cinema-un-sujet-de-societe-plutot-qu-un-bon-film-1281285
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Radio France
■ 'Je ne serais pas arrivée là si…' - avec Virginie Despentes
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Elle écrit des best-sellers au scalpel, traversés de fulgurances. Les filles qui ont lu son "King Kong théorie" l’ont immédiatement adopté comme la bible d’un féminisme décomplexé. Entretien avec l'écrivaine Virginie Despentes.
(...) Elle est assurément l’une des voix les plus puissantes du roman français. Cette fille au regard clair, tatouée et vraie gentille, est une écorchée douce.
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"Je ne serais pas arrivée là si..."
Si je n’avais pas arrêté de boire à 30 ans. L’alcool a probablement été l’une des défonces les plus intéressantes et les plus importantes de ma vie, mais je n’aurais pas pu écrire "King Kong théorie" et tous mes derniers livres si je n’avais pas arrêté.
(...)

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intégralité de l'itw sur
https://www.franceculture.fr/emissions/je-ne-serais-pas-arrivee-la-si-entretiens-avec-annick-cojean
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Radio France
■ Des collégiens de Valence écrivent au Président. "Je ne pouvais pas garder ces petits trésors pour moi" explique leur prof de Français (article de D. Mazzola, avec C. Personnaz & S. Hyvon, 21 janvier 2022).
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"On est sur qu'il les a reçues depuis mardi", explique Ingrid Vyon, professeure de Français. Des courriers rédigés par des élèves du collège Jean-Zay de Valence ont été envoyés en début d'année à l'Elysée. Les courriers sont adressés directement au chef de l'Etat Emmanuel Macron. Tous commencent par la même phrase : "Monsieur le Président". Ces jeunes de classe de 3e ont puisé leur inspiration dans la chanson de Boris Vian, 'Le Déserteur'. Et ils ont des choses à dire.
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Le premier blocage passé, les 48 collégiens se sont lâchés sur le papier, s'exprimant pêle-mêle sur ce qui leur tenait à cœur. Des faits de société aussi divers que le réchauffement climatique, la pollution, le confinement, les discriminations ou encore les violences faites aux femmes.
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Toutes commencent invariablement avec les trois mêmes mots. Dans sa lettre, l'une des élèves se demande : "Monsieur le Président, comme s'aimer quand tout nous rabaisse autour de nous, sans cesse ?". "Monsieur le Président, je vous fais cette lettre, pour vous expliquer mon mal-être, car il est bien surprenant, qu'en ayant quatorze ans, mon avenir reste inquiétant. Il y a une urgence écologique...." Sur le même thème, une autre proclame : "Laissons la Nature respirer, laissons la Nature prospérer...". Un troisième adolescent évoque les heures sombres du confinement : "Notre jeunesse volée, emprisonnée...". "Ma mère m'a appris à me battre contre l'injustice, alors au nom de chaque femme, on n'arrêtera pas le combat..." s'exclame une jeune fille.
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L'occasion pour ces élèves de classe de 3e de travailler le programme sur l'engagement. Ils ont mis tout leur cœur dans ces missives adressées à l'Elysée. Et leurs copies ont bluffé leur professeur. "Je me suis dis que je serais moi-même incapable d'écrire des choses pareilles," explique le professeur de Français.
"La qualité de l'écrit m'a fait dire qu'il faut que ça aille plus loin. Je ne peux pas me contenter de garder ces petits trésors juste pour moi ! Il faut que tout le monde les lise et d'abord leurs parents" assure Ingrid Vyon qui a découvert les écrits de ses élèves pendant les vacances de Noël. En discutant avec les élèves, l'idée a germé d'envoyer les lettres au Président. "Comment est-ce possible qu'à cet âge-là ils arrivent à écrire de si belles choses ?" s'interroge encore l'enseignante qui n'a pas hésité à faire lire les lettres à ses proches. Aujourd'hui Ingrid Vyon ne cache pas sa fierté.
"J'essaie de les faire débattre tout le temps. Je ne me contente pas leur apprendre l'imparfait du subjonctif ou de leur faire lire du Chateaubriand. Mais mon objectif premier, c'est d'en faire de bons citoyens qui, dans trois ans, vont voter," explique Ingrid Vyon. Et surtout leur donner les moyens intellectuels de "réfléchir par eux-mêmes".

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>> https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/drome/valence/des-collegiens-de-valence-ecrivent-au-president
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Radio France
■ 'Et si la Petite Sirène était en fait un homme ?' - Hélène Combis, France Culture, 09/07/2019.
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Une actrice noire qui prête sa voix à La Petite Sirène dans le prochain Disney, et certains crient au scandale ! Et si en plus ils apprenaient que la douce Ariel était peut-être née de l'imagination d'un Andersen sous le coup d'un chagrin d'amour pour... un homme ?
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"Je refuse qu'elle devienne noire. Elle doit rester blanche aux cheveux rouges !", "On va pas mettre un mannequin pour jouer dans le bossu de Notre-Dame point barre, ou encore une petite blonde pour jouer Pocahontas !"...
Des commentaires estampillés du hashtag #NotMyAriel déferlent sur les réseaux sociaux depuis l'annonce, par Disney, d'un remake live du film d'animation La Petite Sirène, où l'héroïne parlera à travers la voix de la jeune chanteuse noire Halle Bailey. Suite à l'indignation des militants antiracistes face aux propos tenus, d'aucuns tentaient de se justifier en invoquant les origines danoises - et donc forcément blanches - du conte d'Andersen.
L'occasion de revenir sur une interprétation possible de La Petite Sirène, qui ferait peut être hurler ces mêmes défenseurs autoproclamés du conte originel paru en 1837 : les correspondances d'Andersen et son rapport tourmenté à la sexualité peuvent en effet laisser penser que la jeune Ariel serait la personnification du conteur lui-même. Et le prince ? Il s'agirait du jeune Edvard Collin, fils du bienfaiteur d'Andersen, pour qui le conteur nourrissait des sentiments non-réciproques.
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• Perdre sa queue, sa famille et sa voix pour pouvoir être aimée du prince.
"Tu veux te débarrasser de ta queue de poisson, et la remplacer par deux de ces pièces avec lesquelles marchent les hommes, afin que le prince s’amourache de toi, t’épouse et te donne une âme immortelle", s'écrie la sorcière du conte d'Andersen en s'adressant à Ariel, avant de lui proposer de lui préparer un élixir :
> "Aussitôt ta queue se rétrécira et se partagera en ce que les hommes appellent deux belles jambes. (...) Mais souviens-toi, continua la sorcière, qu’une fois changée en être humain, jamais tu ne pourras redevenir sirène ! Jamais tu ne reverras le château de ton père. (...) il faut aussi que tu me payes ; et je ne demande pas peu de chose. Ta voix est la plus belle parmi celles du fond de la mer, tu penses avec elle enchanter le prince, mais c’est précisément ta voix que j’exige en payement."
Est-il besoin de s'appeler Bruno Bettelheim pour saisir la métaphore de la perte de la queue et de l'ancien monde (le palais du "peuple de la mer", sacrifié pour la découverte du "monde d’en haut et [d]es hommes qui l’habitent"), la difficulté du changement de nature ? Elle ne fait en tout cas aucun doute pour l'autrice, journaliste et docteure en anthropologie Agnès Giard, qui écrivait sur son blog "Les 400 Culs", en janvier 2013 :
> "Hans Christian Andersen était laid. Il était d’origine modeste. Il était homosexuel. Il était amoureux du fils de son bienfaiteur. Et le fils de son bienfaiteur, à qui il écrivait des lettres parfois traversées d’aveux, ne s’intéressait pas à lui… Faute de pouvoir vivre librement son homosexualité, Hans Christian Andersen se masturbait et se complaisait dans l’écriture de contes cruels, imprégnés de morale chrétienne."
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• Des lettres d'Andersen qui laissent peu de place au doute.
> "Je me languis de toi comme d'une belle fille de Calabre. Mes sentiments pour toi sont ceux d'une femme. Mais la féminité de ma nature et notre amour doivent demeurer un secret", écrivait Hans Christian Andersen à Edvard Collin en 1835, alors qu'il était âgé de 30 ans. C'est Edvard Collin lui-même, le fils de Jonas Collin, membre du comité directeur du Théâtre Royal et bienfaiteur d'Andersen, qui rapportait ces aveux amoureux dans ses propres Mémoires, parues après la mort d'Andersen. Et d'y préciser : "Je me trouvais dans l'impossibilité de répondre à cet amour, et cela a fait beaucoup souffrir Andersen."
Dans Le Dictionnaire historique des homosexuel.le.s célèbres, publié en 1997 et réédité en 2017, Michel Larivière rapporte ces éléments de correspondance et met aussi en exergue le "seul aveu - si discret qu'il passe inaperçu" d'Andersen, dans 'Le Conte de ma vie', autobiographie de l'écrivain danois :
> "Mon seul ami est l’un des fils de M. Collin, le futur conseiller Édouard Collin. Bien que mon cadet, il était plus mûr que moi et son esprit positif contrastait avec ma nervosité féminine. Je sentais en lui un ami très sûr qui agissait dans mon intérêt, même si je ne comprenais pas ses bonnes intentions."
Dans cet ouvrage, l'écrivain Michel Larivière souligne aussi qu'Andersen avait certainement témoigné de ses déboires sentimentaux dans un autre de ses textes : non pas un conte cette fois, mais un roman, 'O.T.', publié en 1836, année du mariage d'Edvard Collin avec Henriette Thyberg... quelques mois avant la parution de La Petite Sirène :
> "Il décrit l’intimité de deux étudiants qui entreprennent ensemble un long voyage. Un pauvre étudiant au caractère très féminin (lui-même) et son alter ego, le riche étudiant (Édouard), qui ne comprend pas que son camarade veuille lui témoigner plus que de l’amitié. Compte tenu du contexte puritain, l’écrivain ne pouvait aller plus loin dans la description d’un amour homosexuel refoulé parce que refusé."
Le philosophe François Flahault, auteur d'une thèse intitulée : "Fictions et spéculation sur les contes de tradition orale et les contes d'Andersen" (1985), se dit au courant de cette "interprétation qui court notamment dans les pays anglophones", mais affirme n'être "pas tellement convaincu" :
> "Andersen avait tendance à s’enticher de personnes d’un milieu social favorisé, que ce soit des femmes ou des hommes. Il s’est beaucoup intéressé à la sœur de ce jeune Collin, aussi. Ce genre d’intrigues était dans l’air à l’époque romantique : l’amour contrarié, le personnage qui aime désespérément quelqu’un qui lui échappe... on trouve ça dans "Les Travailleurs de la mer", de Victor Hugo, qui n’était pas du genre à avoir des amours contrariées ! Donc je ne suis pas sûr que la biographie soit une clé. Il avait certainement des côtés homosexuels, mais il était surtout un peu asexué ce brave Andersen et n’avait jamais touché ni homme, ni femme."
Concernant la lecture symbolique de La Petite Sirène, et la question de la nécessaire perte de la queue de poisson, François Flahault y voit une lecture chrétienne de renoncement : "Le sens global est totalement chrétien : ça veut dire 'Tu renonces au sexe et tu gagnes le ciel', c’est aussi simple que ça”." Mais un tel renoncement de la sexualité chez Andersen ne pourrait-il pas justement s'expliquer par une orientation refoulée ? "Pourquoi sa vie sexuelle était empêchée ? Mystère et boule de gomme. Donc il était d’autant plus porté à adhérer au message chrétien, qu’il ne risquait pas tellement de s’épanouir sexuellement. C’est resté un grand enfant toute sa vie… comme un curé en fait", répond François Flahault, qui reconnaît quand même que l’aventure personnelle d’Andersen a certainement donné à sa plume plus d’intensité émotionnelle, même s'il estime que l'intrigue de La Petite Sirène aurait vraisemblablement été semblable, "même si Andersen n’avait pas eu cette déception" :
> "La Petite Sirène" a un succès absolument mondial, et on ne peut pas l'expliquer uniquement par la biographie de l’auteur. Il faut qu’il y ait une résonance avec tout un chacun.
(...)

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pour l'intégralité :
https://www.franceculture.fr/litterature/et-si-la-petite-sirene-etait-en-fait-un-homme
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