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3.6/5 (sur 402 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) : 1976
Biographie :

Rafaële Germain est une écrivaine québécoise . Elle est la fille de Georges-Hébert Germain et de Francine Chaloult, ainsi que la filleule de Luc Plamondon, la demi-sœur de Dominique Chaloult et la nièce de Suzanne Lévesque.

Elle fait ses études secondaires au Collège Marie de France et choisit les études françaises à l’Université de Montréal. Elle est recherchiste, et scriptrice à la télévision. Elle a fait partie de l’équipe de La fin du monde est à sept heures, du Grand Blond avec un show sournois, En attendant Ben Laden et Libre Échange.

Depuis septembre 2002, elle signe dans La Presse une chronique hebdomadaire : Je t’aime moi non plus. À Radio-Canada, elle écrit des textes pour l’émission d'humour 3600 secondes d'extase et a été chroniqueuse pour des émissions de radio: Je l’ai vu à la radio, Jamais deux sans vous, Christiane Charette.

Elle fait partie du mouvement littéraire Chick lit.
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Source : Wikipédia
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Deux folles et un fouet


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" Je suis ici, dans une rue de New York, en train de te dire que je suis en amour avec toi. Et ça m'est jamais arrivé de ma vie, je te signale, alors, c'est pas comme si j'avais pas vraiment, mais vraiment réfléchi à toute cette affaire. Pendant huit mois. Chloé, il y a juste près de toi que je me sens comme ça. On dirait que je vois mieux, on dirait que, tout d'un coup, tout a un sens."
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CHAPITRE 1

Ça n'allait pas bien. Il n'y avait plus de jus dans le frigo, toutes les oranges avaient été pressées, et par les grandes fenêtres de l'appartement, je pouvais voir de mauvaises giboulées de neige qui reflétaient parfaitement mon état intérieur. Pas question de sortir. Il n'avait d'ailleurs pas été question de sortir pendant presque dix jours, depuis que Florian m'avait annoncé qu'il me laissait pour une autre femme. Il avait quitté l'appartement, son appartement, où je vivais avec lui depuis quatre ans déjà, en me disant qu'il ne voulait surtout pas me bousculer et que je pouvais prendre le temps que je voulais pour partir. Brave type.
Mais il n'y avait plus de jus et il me fallait quelque chose pour allonger ce qui restait de la bouteille de vodka que Catherine m'avait charitablement apportée quatre jours plus tôt et qui avait été consommée dans un marathon d'apitoiement sur moi-même et de délectation morose. J'avais donc eu la brillante idée d'ajouter à la vodka un restant de sorbet à la mûre qui traînait dans le congélateur depuis des lustres. Le sorbet, c'est un peu comme du jus congelé, non ? m'étais-je dit dans un pathétique élan de justification. Sauf que la durée du séjour du sorbet en question dans le congélo et son contenant moyennement hermétique lui avaient donné un solide arrière-goût qui venait distinctement du paquet de crevettes voisin. Ma vodkamûre- crevette me navrait jusqu'aux larmes, mais je la buvais tout de même avec diligence, comme un enfant malade avale son sirop Buckley's. Non, vraiment, ça n'allait pas bien.

Florian était parti. C'était un fait accompli, qui avait eu lieu à 20 h 17 précises le mardi de la semaine précédente mais qui, me semblait-il, ne cessait d'arriver depuis.
À 4 h 42 du matin, alors que je me réveillais dans la nuit et que pendant quelques secondes suspendues je retrouvais la tendre innocence des semaines d'avant, jusqu'à ce que celle-ci vienne se fracasser contre l'absence de Florian à mes côtés.
À 11 h 31, quand je me traînais péniblement hors du lit et que j'éprouvais un véritable vertige en réalisant que l'homme qui partageait ma vie depuis bientôt six ans était parti pour ne jamais revenir.
À 14 h 03, alors que j'appelais Catherine en larmes pour lui répéter la dernière conversation que j'avais eue avec Florian ¿ conversation qu'elle connaissait déjà par coeur puisque je la lui redisais dans son entièreté au moins une fois par jour, dans l'espoir ridicule qu'une de nous deux y découvre soudain l'antidote à mon malheur (« Quand il a dit ¿mais¿, il a vraiment dit ¿mais¿, mais il avait l'air de dire ¿et¿... qu'est-ce que tu penses que ça veut dire ? »).
Vers 16 heures, lorsque l'ivresse des premiers verres de vodka-pamplemousse (il y avait encore du jus dans le frigo à cette glorieuse époque) se faisait sentir et que pendant un bref moment je parvenais à me convaincre que c'était mieux ainsi, pour m'effondrer en larmes quelques minutes plus tard.
À 19 h 24, alors que dans un cercle vicieux totalement absurde le simple son de mes sanglots suffisait à me faire sangloter de plus belle.
Autour de 21 heures, heure à laquelle Catherine tentait de me faire avaler quelque chose avant de retourner chez elle, non sans avoir pris soin de nourrir mes deux chats qui étaient devenus de véritables petits mouchoirs ambulants tellement je pleurais sur eux.
À 23 h 58, alors que le générique d'un épisode de Grey's Anatomy me laissait dans un bain de larmes qui n'avait rien à voir avec la mort tragique d'un petit garçon qui avait courageusement combattu un cancer rarissime mais plutôt avec le fait que, pendant un instant, j'avais littéralement envié le petit garçon courageux, ajoutant à mon désespoir de femme délaissée un sincère dégoût de moi-même qui était aussi désolant que prévisible.
...
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Rafaele Germain
S'est-elle demandé si ceux qui la torturent avec des images de leur parentalité irréprochable ne sont pas eux-mêmes motivés par le besoin de paraître, par la nécessité de voir leurs choix acceptés et validés par la masse? Peut-être ont-ils seulement été plus vites qu'elle sur le piton. Montre-toi beau et bon avant que ton voisin n'ait le temps de la faire...
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-Gabriel! a lancé Julien en le voyant revenir, tu veux pas être mon Cyrano?
-Hein?
-Ça serait la première fois que Cyrano est plus cute que Christian, a dit Jeff.Julien lui a donné un coup de coude pendant que je me penchais dur l'épaule de Laurent pour rire. «Tu veux pas? a-t-il poursuivi. Juste à te cacher derrière le divan et à me souffler mes répliques.
-Il est sérieux, hein? m'a demandé Gabriel.
-C'est malheureusement possible,oui.
Jeff s'est de nouveau passé une main sur le visage. Il avait l'air fatigué et vaguement ennuyé par nos propos et la situation en général. Il va falloir qu'on se parle, ai-je pensé. On ne peut faire semblant de rien et mettre tout cela derrière nous en espérant que, en ignorant toute l'histoire, nous allons finir par l'oublier. Nous méritons mieux que cela.

Les plats principaux venaient à peine d'arriver quand son téléphone a sonné. Il l'a sorti de sa poche et l'a regardé d'un air intrigué. «C'est ta mère», m'a-t-il dit. Puis, sur un ton légèrement paniqué: «Oh my god,c'est ta mère.» Non, ai-je pensé. Elle ne peut tout de même pas... Frédéric ou Élodie auraient-ils? Non...Laurent et Julien, qui avaient évidemment eu la même idée, regardaient Jeff, qui s'est finalement décidé à répondre.
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" Je t'aime ,Chloé. J'ai jamais été sûr de quelque chose comme ça dans ma vie. Jamais. Et je sais que tu m'aimes. Je le sais."
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La journée avait plutôt mal commencé – je m’étais réveillée à quatorze heures, un peu étonnée d’être dans mon lit, et sans aucun souvenir de comment je m’y étais rendue. J’avais un mal de tête terrible, une vague nausée et la nette impression d’être couchée dans un nuage de vapeurs d’alcool, sans compter les dommages collatéraux d’usage: cheveux ternes et secs, sentiment lancinant de culpabilité et d’angoisse par rapport à ce que j’avais pu dire et faire la veille, et une morsure d’origine inconnue sur ma cuisse gauche. Au moins, il n’y avait pas un étranger ronflant à côté de moi, c’était toujours ça de pris, comme aurait dit ma mère.

Au bout d’une heure, je m’étais traînée jusqu’à la cuisine pour me faire frire quelques tranches de bacon, que je comptais arroser d’un grand verre de Gatorade – du gras, du sel, des électrolytes: le remède idéal contre la gueule de bois. Je m’étais assise sur la machine à laver, regardant tour à tour le bacon et le liseré tout effiloché de ma vieille robe de chambre, et portée comme toujours en ces matins-là à l’introspection, j’avais réfléchi (quoique mollement) à ce que j’étais devenue: 28 ans, célibataire (irrémédiablement, joyeusement et fièrement célibataire), recherchiste pigiste, vivant dans un quatre et demie pas vraiment moderne avec trois chats et un bac à recyclage rempli de bouteilles vides de Gatorade – aucune de ces bouteilles, il faut dire, n’ayant été consommée dans un contexte sportif.

À seize heures, j’étais encore en train de digérer mon bacon quand je suis arrivée chez Stéphanie, à Verdun, pour sa maudite épluchette de blé d’Inde annuelle. Elle avait décoré la cour selon une thématique assez douteuse, avec des ballots de foin et des nappes à carreaux – l’idée étant sans doute de créer un effet «retraite champêtre» qui, malheureusement, se mariait plutôt mal avec la ruelle sordide qui passait juste derrière sa clôture, et où un chat pouilleux jouait avec une canette de bière vide.
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«Manifeste du célibat:

Nous, Chloé Cinq-Mars, Antoine Bertrand et Juliette Beauchemin, voulons :

-Être et demeurer célibataires.
-Redonner ses lettres de noblesse au célibat.
-Être parfaitement et joyeusement autosuffisants.
-Rejeter la dictature que l'amour exerce sur nos sociétés oisives et comblées.
-Propager la bonne nouvelle qu'il n'est pas nécessaire d'être en couple pour être heureux.
-Honorer régulièrement la mémoire de Casanova.
-Défendre le célibataire, ses droits et son estime personnelle.

Ça allait jusque-là, mais Juliette s'était ensuite un peu emportée et avait ajouté:

-Acquérir l'usine de Guinness de Dublin.
-Fourrer avec Johnny Depp....»
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«Je suis contente que vous soyez ici, a repris Stéphanie, parce que, ce soir, Charles et moi aimerions vous annoncer une grande, grande nouvelle.»

Oh! mon Dieu, me suis-je dit. Elle est enceinte. Mais elle avait un grand verre de vin dans une main, ce qui rendait cette explication peu plausible. Un nouvel emploi, peut-être? Une maison en banlieue?

«Charles et moi, a dit Stéphanie, on va se marier.»

QUOI? Tous les yeux se sont tournés vers moi. Apparemment, j’avais parlé à haute voix. J’ai pris un air un peu idiot: «J’ai renversé mon verre. Oups.» Et je me suis penchée vers le sol, où il n’y avait, évidemment, absolument rien.

Il y a eu un bref temps mort, puis une explosion selon moi fort exagérée de joie, d’applaudissements et de cris stridents de filles. Pourquoi, me suis-je demandée, pourquoi est-ce que les filles sont toujours surexcitées quand une d’entre elles se marie?

«Chloé?» Je me suis retournée pour apercevoir Charles, tout souriant, qui tirait doucement sur ma manche. «Tu avais l’air dans la lune, m’a-t-il dit. Es-tu contente pour nous?» Cher Charles. Il était, lui, au bord de l’extase. «J’en reviens pas, a-t-il baragouiné. J’en reviens pas qu’elle ait dit oui!»
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«Au fond, a dit Juliette, si ça les rend heureux de se marier…

— Ils vont divorcer dans trois ans, a continué Antoine, et ça va juste être plus plate et plus compliqué. Ils ont aucune raison de se marier, ces deux-là. Ils font tous les deux autant d’argent, et c’est pas comme s’ils étaient super cathos, ou quelque chose du genre. C’est juste pour faire comme tout le monde.

— Ça dépend, ai-je dit en me servant un autre verre de vin. On peut voir ça comme quelque chose de très postmoderne, genre, je le sais que c’est cucul et inutile, et je me marie justement pour ça. C’est comme acheter une lampe vraiment laide au marché aux puces, parce que, en fait, elle est tellement kitch que ça fait cool.

— Non, a répliqué Antoine. Personne se marie au deuxième degré. Ce serait comme faire un enfant au deuxième degré. Ridicule.

— Moi, j’ai rien contre le mariage, a dit Juliette. J’en vois juste pas du tout la nécessité. On est au XXIe siècle, câlisse. Ton couple sera pas plus fort, ou plus stable ou plus cute, parce qu’uni par les liens sacrés du mariage. Les gens qui disent le contraire sont des hypocrites.»
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J’avais peur, en fait, peur de Luc, peur de moi avec Luc, peur de moi sans Luc. J’ai songé à Antoine, qui faisait rire la petite rousse en l’embrassant dans le cou et j’ai pesté contre lui aussi, pour la forme, parce que j’enviais son insouciance. Puis, j’ai essayé, sans trop de conviction, de m’imprégner de cette insouciance, et d’envisager mon rendez-vous du lendemain comme quelque chose de simple et de léger, un plaisir sans conséquences, que l’on ne déguste qu’au présent. Mais c’était peine perdue: je souriais, toute seule sur la banquette arrière, je souriais à la pensée de Luc craquant pour moi, je souriais à un cortège d’images romantiques et un peu sottes. Tant pis pour Juliette, ai-je pensé. Tant pis pour moi et mes angoisses puériles. Demain, j’ai un rendez-vous, et je serai fabuleuse.
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