Raoul Dufy. La promenade des Anglais
L'oeuvre achevée est admirable, en vérité. Toute l'histoire de l'Electricité y est retracée de l'Antiquité à nos jours. Au centre, au-dessus d'une gigantesque étincelle jaillie d'une centrale électrique, les dieux de l'Olympe ordonnent et contemplent la marche du progrès. (p. 20)
Peindre, c’est faire apparaître une image qui n’est pas celle de l’apparence naturelle des choses, mais qui a la force de la réalité.
Chacun sait que Raoul Dufy a exécuté pour le pavillon de l'Electricité de l'Exposition Internationale de 1937 une décoration de six cents mètres carrés qu'il appelait La Fée Electricité. Cette peinture a une longue histoire qui mérite d'être évoquée. (...) (...)
Gabriel Dessus, directeur de la C.P.D.E., lui [Charles Malegarie, directeur général de la C.P.D.E ] suggéra de confier la construction du pavillon à l'architecte Mallet-Stevens et d'en faire exécuter la décoration par Raoul Dufy. Charles Malegarie se rallia à ce projet. Mallet-Stevens conçut son Palais de la Lumière en laissant au peintre une place quasi prépondérante et lui offrit de peindre une surface unique de six cents mètres carrés. C'était une gageure dans l'histoire de la peinture. Aucun artiste au monde n'avait jamais couvert une telle surface.
Il ne lui était pas imposé de sujet; il devait seulement glorifier l'Electricité. La tâche aurait paru aride aux plus grands, mais Raoul Dufy réfléchit , relut Lucrèce et élabora, en trois semaines, un projet qu'il soumit à la C.P.D.E; ce projet approuvé (...) il lui restait moins d'un an pour exécuter le plus grand tableau du monde. (p. 6)
On peint [...] par un désir de s'augmenter, d'approcher ce qui nous dépasse.
Mes yeux ont été faits pour effacer tout ce qui est laid.
Peindre, c'est faire apparaître une image qui n'est pas celle de l'apparence naturelle des choses, mais qui a la force de la réalité.
Carnet (Editions de la Galerie Carré)